Etant personnellement engagé dans le dialogue judéo-chrétien à Genève depuis des décennies, il m’avait été demandé il y a une vingtaine d’années de rédiger une préface à une brochure officielle contre l’antisémitisme, en compagnie de M. Bloch, président de la fédération des communautés israélites suisses.
Cette brochure pédagogique a alors été distribuée par la CICAD à tous les établissements scolaires de Romandie.
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Aujourd’hui, apparaît clairement la nécessité de poursuivre la dénonciation de l’antisémitisme et plus positivement de manifester la solidarité des chrétiens avec le peuple juif. Le combat contre l’antisémitisme n’est pas un bouclier en faveur des juifs, c’est un combat pour toute l’humanité.
La rue du Grand-Mezel est un site historique de Genève. C’est surtout un lieu de mémoire qui concerne directement les relations entre chrétiens et juifs au 15ème siècle. Et ces situations d’autrefois doivent encore nous interpeller aujourd’hui.
Dans l’évocation du passé des juifs à Genève, il est question du cancel. C’est le mot latin cancellus qui signifie barrière, ou limite. Ce mot a été utilisé la première fois à Genève en 1428 par le Conseil de la ville dans le but de créer un quartier juif fermé, séparé du reste de la population. Il faut souligner ici le fait que ce cancel a été instauré 88 ans avant le ghetto de Venise qui date de 1516. Le cancel exprime la volonté d’assigner à résidence la communauté juive. La présence des juifs à Genève était perceptible depuis 1396, avec des familles établies dans le quartier de st Germain entre la place du Grand Mezel et la rue de l’Ecorcherie. Il s’agissait de commerçants, de banquiers, de médecins, de professeurs. Ils avaient remis en valeur des bâtiments anciens, or les réussites sociales suscitent des jalousies. Au début du 15ème siècle, les juifs bénéficient de la protection du Comte de Savoie Amédée VIII car ils sont des acteurs reconnus dans les activités commerciales et culturelles de la ville. Cependant, en 1408, le chanoine Pierre de Magnier, curé du lieu, adresse une demande au comte de Savoie pour restreindre les libertés accordées aux juifs. Il va même jusqu’à exiger une tenue distinctive obligatoire en vertu des résolutions du concile du Latran en 1215. La tenue distinctive imposée aux juifs n’était pas une nouveauté, puisque déjà imposée lors des conquêtes islamiques en Orient après le 7ème siècle (selon le pacte d’Omar concernant les dhimmis : couleur jaune pour les juifs et bleue pour les chrétiens). Malgré la réticence du comte de Savoie envers cette mesure stigmatisant les juifs de Genève, c’est le pape Benoit XIII d’Avignon qui appuie la demande discriminatoire du chanoine De Magnier. C’est ainsi qu’en mai 1428 le Conseil de Genève décide de concentrer la trentaine de familles juives dans un quartier délimité. Les juifs peuvent exercer leurs métiers librement le jour mais ils doivent réintégrer le cancel à la tombée de la nuit. Les portes sont alors fermées.
La situation dégénère puisque le 6 avril 1461 au moment de Pâques, les juifs sont attaqués durant la nuit par une meute d’assaillants genevois et leurs domiciles sont pillés. Le duc de Savoie Louis 1er condamne formellement cette agression et interdit toute initiative vexatoire envers les juifs. Mais les tensions s’aggravent et le 30 novembre 1490, les juifs sont informés qu’ils doivent quitter Genève dans les dix jours. Ce rejet ne sera pas remis en cause lorsque Genève adopte la Réforme de Calvin en 1536, et les juifs ne seront accueillis par la suite qu’en 1779 sur le territoire carougeois du Royaume de Sardaigne. Et c’est seulement en 1857 que la citoyenneté genevoise sera accordée aux juifs résidant dans la ville.
Ces événements ont marqué l’histoire locale et ont été le révélateur d’une crise profonde dans les relations entre le monde chrétien et le peuple juif. Nous en connaissons les raisons qui se sont développées en Orient et en Occident au cours des siècles. Le contentieux a été très lourd et s’est souvent écrit en lettres de sang. L’antijudaïsme chrétien a fait des ravages et a alimenté l’antisémitisme politique. Hitler a publié des pages entières de Martin Luther contre les juifs pour justifier son industrie de la mort. Certes les chrétiens n’ont pas été responsables de toutes les horreurs, mais ils y ont contribué pour beaucoup, institution ecclésiale comprise. C’est seulement après la shoah, en 1947 que des intellectuels chrétiens et juifs réunis à Seelisberg en Suisse ont pris l’initiative d’établir l’état des lieux. Ils ont élaboré ensemble une plateforme démontrant qu’il ne serait plus possible de faire de la théologie comme dans les siècles précédents. Le processus de refondation de nos relations entre chrétiens et juifs était en route et allait s’appuyer sur la recherche biblique en pleine expansion dans l’après-guerre.
Le tournant pour l’Eglise catholique a été la déclaration Nostra Aetate promulguée par le Concile Vatican II. Elle était le fruit d’un travail sur l’histoire et la théologie, et le résultat de colloques prospectifs au plus haut niveau, comme par exemple l’initiative de Jules Isaac auprès du pape Jean XXIII. L’institution catholique affirmait alors que l’Eglise ne se substitue pas à Israël et que le peuple juif n’est pas déicide. Ces reformulations de la foi par un retour aux sources se poursuivirent dans des documents officiels éclairants durant les années qui suivirent.
Dans les Eglises de la Réforme, la même démarche fut enclenchée avec des actions de repentance pour aboutir à de nouvelles formulations théologiques. En 2001, la communion de Leuenberg réunit à Belfast 104 églises réformées afin de publier une prise de position affirmant l’importance du dialogue judéo-chrétien. Ce texte est une déclaration affirmant l’attachement des Eglises de la Réforme à la tradition d’Israël qui constitue la racine du christianisme, l’olivier franc dont parle l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains.
Dans l’Eglise catholique, le dicastère au Vatican qui gère les relations œcuméniques interchrétiennes est aussi celui qui anime les relations avec le judaïsme. Ceci afin de rappeler que le tronc commun qui nous unit tous est l’alliance de Dieu avec Israël, et que la réussite de l’œcuménisme passe par la prise en compte de nos origines communes. Le pape Jean Paul II a beaucoup oeuvré dans ce sens durant les 28 années de son pontificat. A chacun de ses nombreux voyages dans le monde, il rencontrait systématiquement la communauté juive locale. Et en 1980, il a une formule-choc ; il déclare : « qui rencontre Jésus-Christ rencontre le judaïsme ». Et à Mayence, il affirme : « l’alliance avec Israël n’a jamais été révoquée ». Ce témoignage est essentiel, car encore trop de chrétiens s’intéressent aux juifs d’il y a 3000 ou 2000 ans, en oubliant les juifs de notre temps…
Globalement, c’est le regard chrétien sur les origines spirituelles et liturgiques de la foi qui a changé de paramètres. Les travaux théologiques et scripturaires de la part de spécialistes protestants et catholiques y sont pour beaucoup. Des théologiens juifs se sont joints à cette remise en valeur de l’héritage commun et par exemple le professeur David Flusser n’hésite pas à écrire que Jésus lui apparaît comme un juif pratiquant et observant, et il ajoute que rien de ce que Jésus a enseigné ne lui semble opposé au judaïsme.
Il y a à Genève un groupe de dialogue entre chrétiens et juifs qui se réunit chaque mois. Les échanges sont instructifs, fraternels et encourageants. Il s’agit de prendre diverses initiatives pour poser les jalons de relations nouvelles. Un cancel de la pensée ne doit plus perdurer au début du 21ème siècle !
Fin 2015, le dernier document romain promulgué suggère aux juifs et aux chrétiens d’approfondir ensemble leurs traditions spécifiques afin de s’enrichir mutuellement dans la compréhension de la Parole. Une approche juive des textes bibliques est recommandée. Le texte est intitulé : « Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables » et c’est pourquoi il met en valeur la phrase-clé de l’évangile de Jean 4.22 : « le salut vient des juifs », sans oublier de mentionner en parallèle l’acte de foi positif de Paul dans l’épître aux Romains « Tout Israël sera sauvé ! »
Le pape François a montré qu’il entend poursuivre l’engagement de ses prédécesseurs Jean Paul II et Benoît XVI : il a renouvelé l’avertissement qu’un chrétien ne peut en aucun cas être antisémite.
Et il a précisé : « Attaquer les juifs ou Israël relève de l’antisémitisme. Il peut y avoir des désaccords politiques, mais l’Etat d’Israël a parfaitement le droit d’exister dans la sécurité et la prospérité » Le pape a encore insisté pour que les chrétiens approfondissent leurs racines juives : « Avec les juifs, indifférence et opposition du passé se sont muées en collaboration et bienveillance : d’adversaires et étrangers, nous voici devenus amis et frères »
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, Membre de la JRJK, Commission de dialogue judéo-catholique (conférence des évêques suisses et fédération des communautés israélites suisses), pour Dreuz.info.
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Excellent !
Surtout quand leVatican œuvre pour un état Palestinien…
Excellent !! Je ne peux pas dire mieux. Merci à vous Monsieur Patrick et merci à Monsieur L’Abbé.
Ben moi je n’ai rien fait du tout. C’est uniquement le Père Arbez. Je voudrais juste ajouter que je regrette vivement qu’il n’y ait pas ce genre de manifestation, de célébration, de reconnaissance mutuelle et de dialogue judéo-chrétien Belgique francophone. Cela aurait plutôt de quoi donne la pêche à la Foi !
C’est dans ses papiers historiques que l’abbé est le meilleur.
tiens vous autorisez aujourd’hui les commentaires? étonnant! l’abbé aurait il un bon karma les jours impairs?
l’abbé n’a pas de pouvoir! A la différence de Pierre qui a reçu des clés, il n’a pas l’ouverture ou la fermeture des commentaires …
Si un Chrétien est antisémite c’est qu’il N EST PAS CHRETIEN !
l’Antisemitisme et l’anti protestantisme chez les catholiques qui se disent chrétiens est rien d’étonnant et faisait partie de cette idéologie qui était la seule de se rendre au paradis…oui ou non? Je me faisait encore appeler un athée (Heide) en Haute Valais et ceci ne fait pas si longtemps et on portait l’uniforme de l’armée Suisse.
Hans-Juerg Bangerter, triste effectivement………..
abbé alain rené arbez, humblement humoristique …………rires
puisque les commentaires sont fermés à ‘article suivant, permettez moi de dire combien cet article sur le chapelet est intéressant
On pense a Jean XXIII: sa bonte, sa bienveillance envers tous … et a Jean-Paul II: sa droiture, son courage, sa force … Le monde aurait-il ete different si, dans leur ensemble, les papes qui les ont precedes leur avaient ressemble ?
Je vais demander pardon, car je vais exprimer une chose certainement déplaisante.
Je ne suis pas si emballée que cela, car je doute franchement des visées du Pape François et donc je ne m’attends qu’à du vent…
Si des avancées peuvent se faire, et j’en vois qui percent… Je reste persuadée que le Pape doit y mettre des bâtons dans les roues.
Si quelques réussites il y a, je ne le créditerais pas d’une once venant de lui.
Vous avez le droit d’avoir une préférence marquée pour Benoìt XVI, je la partage.
Mais le rapprochement judeo-chrétien ne se résume pas au pape, c’est l’affaire de tous les chrétiens rappelés à leur vérité originelle et de tous les juifs qui sont sensibles à cet enjeu.
Bien entendu que j’ai une préférence marquée pour le Pape Benoit…. Dont j’espère qu’il n’a pas été la victime de vilaines manœuvres pour qu’il se soit retiré…
Et en tant que Juive croyante d’un Dieu Unique, aujourd’hui (en oubliant les misères subies justement en raison de l’acharnement Chrétien dès sa naissance), c’est que personnellement, si je pense que le Tout Puissant à un pouvoir infini, cela ne me gêne pas d’envisager qu’il ait pu se matérialiser sur Terre en Jésus… Après tout, pour lui ce ne serait qu’un petit miracle.
C’est pourquoi je respecte les Chrétiens… Sauf quand ils commencent à réciter comme des mantras leurs chapelets de versets violents et infects sur les Pharisiens (dont il était probablement un membre) qu’ils attribuent au Christ. Ainsi que leurs volontés si l’Apocalypse arrivait, de convertir de manière aussi horrible qu’on force les conversions, dans une autre religion.
Si c’est barbare pour eux, alors pourquoi le serait-ce moins, venant d’un désir du Christ ?
Sans se mettre dans le contexte, sans comprendre que l’on ne peut prendre à la lettre des écrits qui ont subis des transformations de copies de l’araméen au grec ou à l’hébreu, et sans envisager non plus, la valeur de paroles prononcées à une époque si lointaine, que la portée pouvait avoir de nettes nuances.
@Aline: “Sauf quand ils commencent à réciter comme des mantras leurs chapelets de versets violents et infects sur les Pharisiens (dont il était probablement un membre) qu’ils attribuent au Christ”. Où avez-vous ça?
@Patrick Boulechitey,
Où ?
Je(ne) dénonce pas – Lol
Mais il y en avait des paquets qui pesaient des tonnes !
Des bigoteries folles, dignes de la Maman du film “Carrie” de Brian de Palma.
Bonne soirée,
je ne crois pas qu’historiquement on puisse affirmer qu’il y a eu “acharnement chrétien dès sa naissance”…Le mouvement chrétien est né vers les années 35, le judaïsme rabbinique a été défini en 90 à Yavné, et a excommunié les minim ( dont les disciples de Jésus). L’acharnement n’était pas là où l’on croit.
L’Abbé parle de rapport entre chrétiens et juifs et oubli carrément de spécifier protestant et catholiques. Ca fait pas si longtemps qu’au Haut Valais un fermier nous bernois protestant a appelé des “Heiden”(athées-païens )et nous etions veus de l’uniforme de l’armée Suisse. L’ Anti-semitisme et l’ Anti-Protestantisme des catholiques Suisses était enseignés par le clergé Suisse de l’eglise catholique. Aussi Genève était 500 ans sous le protectorat des seigneurs de Berne des protestants qui ont forcé l’ évêque de Genève de quitter la ville, et Genève est devenue prospéré à cause du protestantisme et aujourd’hui redevenu majoritaire catholique Genève est en faillite. Ne faut pas se tromper la tolérance et liberté des cultes et d’autres en Suisse était forcé par les vainqueurs protestantes, les catholiques étaient l’ANCIEN REGIME anti démocrate et anti liberté.l’Eglise catholique avec ses frères aristocrates a fait de la population paysanne d’Europe des serfs-esclaves, le protestantisme les a libérés.
quel délire!
si vous voulez, il y aura un article fourni sur l’anticatholicisme des protestants et l’antiprotestantisme des catholiques qui a suivi?
Oh! Oui, je veux!
Je fais suivre cet article très intéressant paru sur Causeur ;
Identité française: un sursaut est-il encore possible? : https://www.causeur.fr/nantes-notre-dame-catholicisme-identite-179532
@ Fleur de Lys :
Merci pour ce lien vers un article aussi consistant, incisif, quasi exhaustif.
Article discutable sur plusieurs points :
– il réduit l’Église à l’Église catholique : sympa pour les autres, du reste il englobe les protestants et les Juifs dans le “même sac” que les francs-maçons et autres laïcards athées, tous ces bons à rien qui ont créé la République par pure opposition à l’Église catholique, laquelle n’a évidemment jamais rien eu à se reprocher, notamment à l’égard desdits protestants, Juifs et autres non-catholiques…
– en bonne logique, il égratigne à plusieurs reprises les Anglo-Saxons (majoritairement protestants), parle de “sous-culture américaine” et fustige le libéralisme sans la moindre nuance
J’ai en lisant cet article la même impression qu’en lisant ou en écoutant Zemmour : des choses justes sont dites, mais mélangées avec des choses fausses, des amalgames grossiers, un esprit anti-Anglo-Saxons primaire, comme si nous en étions encore à l’époque où la France avait pour principal ennemi l’Angleterre. Cette forme de nostalgie de la France de Louis XIV, puissance dominante, se retrouve chez bien des gens parmi les “élites”, parfois inconsciemment, quand – notamment au Quay d’Orsay – elles adoptent une posture systématiquement anti-américaine, dans la lignée d’un de Gaulle voire d’un Pétain. Certains devraient ouvrir les yeux, voir que le monde a changé, analyser la France et son Histoire avec un minimum d’esprit critique, et éviter de jeter le bébé avec l’eau du bain : cela affaiblit leur message.
L’allusion négative à Eric Zemmour me semble injuste. En général, ceux qui prétendent que Zemmour a un discours faux n’aiment pas entendre certaines vérités…
C’est-à-dire ?
Je ne prétends pas que Zemmour a un “discours faux”, simplement que parmi pas mal de choses justes, il lui arrive de se tromper lourdement. Du reste, je suis loin d’être le seul, ici, à dire cela…
Je suis loin d’être le seul à dire qu’heureusement il y a des chroniqueurs comme Eric Zemmour, avec ses limites peut-être, mais surtout sa connaissance des sujets et sa répartie intelligente.
@ Jacques Ady
Je connais votre aversion pour une France trop catholique qui a longtemps rejeté Juifs et protestants. L’intérêt de cet article est ailleurs pour moi : la déchristianisation de la France a commencé bien avant mai 68 et l’avènement de la République porte en lui les germes de la destruction de l’identité française dont nous subissons aujourd’hui les effets meurtriers.
Et puisque vous citez Zemmour, je vous renvoie à ce passage relatif aux Juifs et protestants dans son discours à la convention de la droite. Comme lui, je pense que des Juifs et des protestants, en jouant la carte de l’accueil fraternel de l’islam, par haine plus ou moins consciente de l’Eglise catholique, n’ont pas mesuré les conséquences de leurs préférences. Et pour faire expier au catholicisme ce qu’il a fait de pire, on en est aujourd’hui à renier ce qu’il a fait de meilleur. Jeu extrêmement dangereux..
“Les juges conditionnés par la propagande de gauche dès l’école de la magistrature, sont devenus les relais et souvent les complices des associations diverses, à qui elles servent de bras armé pour racketter les dissidents et terroriser la majorité autrefois silencieuse et aujourd’hui tétanisée. Tous ceux qui se sentaient à l’étroit dans l’ancienne société régie par le catholicisme et le code civil. Tous ceux à qui on avait fait miroiter une libération et qui y avaient légitimement cru : les femmes, les jeunes, les homosexuels, les basanés, les juifs, les protestants, les athées. Tous ceux qui se sentaient une minorité mal vue au sein de la majorité des mâles blancs hétérosexuels catholiques et qui ont joyeusement déboulonné la statue, aux rythmes saccadés des déhanchements de Mike Jaegger. Tous ceux-là ont été les idiots utiles d’une guerre d’extermination de l’homme blanc hétérosexuel. Non pas un mouvement de libération des femmes, non pas un combat pour l’égalité entre hommes et femmes, non pas même un abaissement de tous les mâles au non d’une revanche universelle contre le patriarcat. Rien de tout cela : le seul ennemi à abattre, c’était l’homme blanc hétérosexuel catholique. Le seul à qui on fait porter le poids du péché mortel de la colonisation, de l’esclavage, de la pédophilie, du capitalisme, du saccage de la planète, le seul à qui on interdit les comportements les plus naturels de la virilité depuis la nuit des temps, au nom de la nécessaire lutte contre les préjugés de genre, le seul à qui on arrache son rôle de père, le seul qu’on transforme en mieux en seconde mère, ou au pire en gamète, le seul qu’on accuse de violences conjugales, le seul qu’on balance comme un porc.”
“des Juifs et des protestants, en jouant la carte de l’accueil fraternel de l’islam”
Ah bon, et des catholiques, on n’en a pas à la pelle des comme ça en France ? Qu’est-ce que c’est que cet amalgame douteux ?
Faisons donc un sondage parmi les différentes confessions chrétiennes françaises – les chrétiens de base – et voyons ce que ça donne : je crois que certains ici seront surpris.
Je ne sais si la citation que vous rapportez est de Zemmour, peu importe, en tout cas c’est exagéré, comme souvent avec Zemmour quand il aborde cette question. C’est comme si on disait que les femmes qui ont demandé le droit de vote il y a 75 ans sont les mêmes que celles qui aujourd’hui militent chez LGBT ou les Femen : certaines se sentiraient insultées, à raison.
Je regrette, mais l’article de Causeur ne fait pas du tout la part des choses entre christianisme et catholicisme, et sa lecture m’a dérangé tout du long.
Et pourtant, je ne suis pas du genre à passer mon temps à taper sur les catholiques, je pense que vous l’avez remarqué.
L’auteur de cet article a une vision étriquée des choses, je le maintiens.
C’est extraordinaire quand même : les protestants et les Juifs français ont passé des siècles à réclamer une chose très simple : la liberté de pratiquer leur culte ; on la leur a refusée pendant des siècles, discriminations et parfois persécutions à l’appui. Et le jour où cette liberté de base leur est enfin accordée, on vient les accuser de détruire la France, en les amalgamant sans discernement ou dois-je dire sans vergogne avec des anti-chrétiens, antijuifs et nihilistes d’ultra-gauche ?
Non, Jacques Ady, ce n’est pas ce que je dis, en citant Zemmour.
Les Juifs et les protestants ont vu le musulman et l’immigré au travers de leurs propres passés de persécutés. Ils se sont reconnus en eux et ont donc contribué à faire accepter l’islam en France. Bien évidemment, ils n’étaient pas seuls et des catholiques, au nom d’un universalisme fraternel, ont egalement été largement aveuglés.
Nul ne dit que Juifs et protestants sont accusés d’avoir détruit la France, bien évidemment. Mais que de nombreuses minorités ont eu tort de voir dans le musulman le nouveau Juif errant.
Dernier point : je ne suis pas d’accord quand vous mettez Juifs et Protestants au même niveau dans une même demande de liberté de culte ( Les Juifs étaient persécutés partout, en terre protestante comme en terre catholique. Ils étaient rejetés et n’étaient tolérés que de manière provisoire et aléatoire). Le rapport Protestants/Catholiques est tout autre. Les catholiques des pays protestants, eux aussi, voulaient la liberté de culte au 16ème siècle. Vous savez bien que le problème était tout autant politique que religieux et qu’il y avait des enjeux de domination : ni les catholiques ni les protestants n’étaient prêts a accepter la tolérance de l’autre. L’édit de Nantes est à cet égard, un acte magnifique.
cher Monsieur, plutôt que de m’accuser d’avoir une vision “étriquée”, je vous conseille de relire mon article et de faire un petit effort pour comprendre quel est le sujet abordé ici. Ces lignes, je les ai prononcées publiquement dans la vieille ville de Genève, devant une foule majoritairement protestante, et cela concerne spécifiquement des étapes historiques de la vie des juifs dans la cité de Calvin (période catholique et période protestante). Or personne ne m’a fait de remarque du genre de la vôtre – dont je ne saisis pas bien l’arrière-pensée. Mais enfin vous avez l’air d’y tenir, c’est votre problème.
@ Abbé Alain René Arbez
Jacques Ady critiquait la pensée étriquée de l’auteur de l’article de Causeur que j’ai transmis, en aucun cas la vôtre.
Je suis désolée, mon père, que cette interférence ait abouti à ce malentendu. J’ai transmis cet article parce qu’en vous lisant retracer des faits historiques antijuifs de la part de l’Eglise, je me faisais la réflexion suivante : pourquoi l’Eglise et beaucoup de ses disciples ont-ils pu être si longtemps inhumains, cruels et injustes, et maintenant que l’Eglise est à bien des égards exemplaire, proclamant la vie et la dignité humaine sur toute la planète, elle est salie, deconsiderée, attaquée ? Je pense que l’article de Causeur y répond en partie, en montrant qu’il y avait des enjeux politiques et philosophiques à dechristianiser la France, indépendamment de ce que l’Eglise pouvait faire – avoir fait – de mal. Je suis en désaccord avec l’interprétation de Jacques Ady sur cet article, ce sont des choses qui peuvent attirer entre commentateurs de Dreuz, cela fait partie du débat.
Nous sommes bien d’accord. Mais parfois la confusion des destinataires provient du manque de précision dans les formules. Ce n’est pas grave, cela fait partie du dialogue et chacun rectifie le tir en conséquence.
L’analyse des déviances et dérives de l’institution Eglise à certaines époques n’est pas simple à élaborer. Il y a les aspects politiques qui ont empiété (à tort) sur la mission spécifique de l’Eglise, et il y a les aspects spirituels qui peuvent être gravissimes et fatals, y compris pour notre époque. L’Eglise n’est celle de Jésus Christ que lorsqu’elle est signe du monde nouveau en cours d’édification (le Royaume de Dieu), sinon elle se ressemble à une secte paganisée. La Sainte Eglise est pure, mais ses membres humains sont aussi pétris d’humanité, ce qui veut dire le meilleur et le pire.
Jacques Ady, cet article m’a émue autant qu’il a pu gêner d’autres, comme vous. Et d’ailleurs, voici la réponse d’un autre intervenant de Causeur qui n’est pas d’accord avec l’auteur de l’article. Vous verrez qu’à la fin, l’auteur du premier article (Nicolas Levine) réagit de nouveau.
Non, ce n’est pas la République qui a tué l’âme catholique de la France! : https://www.causeur.fr/republique-identite-francaise-catholicisme-179657
Pour ma part, je ne suis pas d’accord avec ce deuxième article en réponse au premier. Certes, je suis royaliste, donc j’admets avoir une aversion spontanée pour la République. Mais je pense aussi que l’auteur commet l’erreur de croire que si la France est en décadence, c’est à cause de la faillite des valeurs de la République et de l’humanisme des Lumières. Je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas la République qui est absente dans les zones de non droit, c’est la France tout simplement et celle-ci est d’essence chrétienne. Je ne parle pas de foi, mais de mœurs, de traditions, de coutumes et c’est le christianisme qui a fait que nos codes et nos rites ont pu acquérir une légitimité normative au fil des siècles. Toutes les sociétés s’agrègent autour d’une religion. Et c’est parce que la nôtre disparaît de nos vies que l’islam remplit le vide. Je ne crois ni en la laïcité ni en des “valeurs ” de la République pour lutter contre l’islamisation et le relativisme. En se polarisant sur des attitudes et choix hautement condamnables de l’Eglise au 19ème siècle, l’auteur de ce deuxième article mélange le politique et le spirituel. Il oublie que le but de l’Eglise a toujours été de nous préserver du materialisme et d’un individualisme qui détruisent l’intérêt général et le sens commun. On en voit les effets pervers aujourd’hui dans tous les domaines.
Enfin, oui la citation est bien de Zemmour. Je ne comprends pas ce qui vous gêne dans cette citation. Des minorités ont cru bâtir une société plus tolérante en contribuant à affaiblir l’Eglise en soutenant l’islam et l’immigration. Zemmour dit que le résultat sera pire. Et il a raison. Comme ces Juifs qui continuent de voter démocrate alors que ce parti ne cesse de s’afficher de manière antinomique par rapport aux Juifs.
Quant à votre remarque sur le droit de vote des femmes et les femen et néo féministes d’aujourd’hui, c’est effectivement un point qui me “travaille” ces derniers temps. Y-a-t-il une filiation de Badinter à aroline de Haas, comme il y a une filiation de 1789 à la Terreur, c’est une vraie question. Pourquoi des idées au départ nobles et des combats légitimes deviennent pervertis quelques années plus tard, j’avoue ne pas avoir la rréponse. Mais c’est un sujet de débat intéressant.
Je ne lutte pas contre l’antisémitisme.
Je m’emploie à faire grandir l’amour chrétien envers le peuple juif.
Je témoigne que notre religion est une branche de l’arbre juif.
Le Christ ressuscité a dit: “Allez parmi toutes les nations et faites des disciples!”
Les nations… (signifie les non-juifs)
Je rêve qu’un jour, un hassidique, avec son chapeau et ses papillotes, vienne faire la première lecture à la messe. Ce serait grand!
cela s’est fait à Genève le jour du Dies Judaicus 2019…
et un rabbin a chanté le psaume en hébreu.
Un grand moment.