La suppression des cours sur la civilisation occidentale constitue l’un des nombreux changements radicaux survenus dans le monde universitaire américain au cours des dernières décennies.
Symboliquement, le changement a débuté en janvier 1987, lorsqu’au cours d’une manifestation grotesque mais aux conséquences fondamentales, des étudiants de l’Université de Stanford emmenés par Jesse Jackson [pasteur baptiste noir américain, NdT] ont scandé des slogans appelant à en finir avec la culture occidentale (“Hey-hey, ho-ho, Western culture’s got to go”).
Et pour en finir, c’en est fini. Dans son livre The Lost History of Western Civilization [L’Histoire perdue de la civilisation occidentale], Stanley Kurtz écrit que ces étudiants ont non seulement réussi « à démembrer le cours obligatoire de Stanford sur l’histoire et les grandes œuvres de la civilisation occidentale … mais ont également contribué à lancer un mouvement ‘multiculturaliste’ qui a balayé le cours de civilisation occidentale de la plupart des universités américaines et établi les conditions de nos luttes culturelles pour les décennies à venir. »
Les cours de civilisation occidentale sont importants parce qu’ils aident le citoyen et l’électeur intelligents à comprendre trois sujets : la façon dont les choses sont arrivées ; ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas ; la place où on s’insère dans le monde. La suppression de tels cours amenuise les capacités des dirigeants de demain.
À la fin des années 1970, bien avant que Jesse Jackson ne défile dans les rues de Palo Alto, j’enseignais cette matière en utilisant comme texte de base l’ouvrage de mon mentor, William H. McNeill, History of Western Civilization: A Handbook (University of Chicago Press, 1969). Ce n’est que rétrospectivement, après avoir observé la propagation du multiculturalisme, que je reconnais maintenant à quel point McNeill était confiant en la culture occidentale. Une Europe dont il a sereinement passé en revue les grands événements en assumant spontanément leur importance et leurs retombées, et dont il a tout naturellement établi les réalisations en posant comme postulat incontestable leur caractère positif.
Dans l’ère post-manif, cependant, j’en suis venu à penser qu’une histoire non multiculturelle de la civilisation occidentale doit être traitée différemment. On ne peut garder cette réserve qu’avait McNeill : il faut au contraire se lancer dans la mêlée et combattre ce nouvel ennemi. Pour que cela fonctionne, j’ai en cherchant un livre de ce type-là, trouvé la remarquable étude de Rodney Stark parue en 2014, How the West Won: The Neglected Story of the Triumph of Modernity (ISI Books) (Comment l’Occident a gagné : l’histoire négligée du triomphe de la modernité).
Le titre à lui seul fait voir que l’ouvrage est une réponse ambitieuse, audacieuse, retentissante et pugnace au multiculturalisme. Alors que McNeill consacre des dizaines de pages à la Russie, Stark ne la mentionne que deux fois en passant. La Russie n’a aucun rôle dans le triomphe de l’Occident. La Renaissance correspond à dix-sept pages de l’histoire de McNeill mais Stark ne la mentionne pas une seule fois car il la trouve sans importance pour son histoire. Idem pour Napoléon, avec douze pages chez Mc Neill et aucune mention chez Stark. À l’inverse, alors que McNeill survole l’âge d’or et d’argent de l’Empire espagnol, Stark y consacre six pages. De façon moins évidente, Stark promeut un message pro-chrétien étranger à McNeill mais qui correspond exactement à cette ère de choc des civilisations.
Contrairement à McNeill, qui ignore benoitement les autres historiens et leurs interprétations, Stark conteste souvent ouvertement certains éléments d’une sagesse conventionnelle mais erronée, que ce soit la valeur de la culture viking ou le rôle du christianisme dans l’essor de l’Occident. Au cours de ces disputes, il s’en prend à des personnalités intellectuelles aussi éminentes que Fernand Braudel, Henri Pirenne et Max Weber. Si McNeill s’appuie tranquillement sur ses prédécesseurs, Stark les défie. Là où McNeill écrit une histoire du consensus, Stark compose un récit révisionniste.
Pour en venir aux détails, Stark ignore l’esprit anti-occidental dominant dans le monde universitaire et définit la modernité comme l’ensemble des avancées qui caractérisent l’Occident. Il ose affirmer que, hormis quelques « bribes », la modernité est « tout entière le produit de la civilisation occidentale ». Et il va même plus loin quand il déclare que « d’autres cultures sont restées pauvres et arriérées dans la mesure où elles n’ont pas réussi à adopter ne fut-ce que les éléments majeurs des méthodes occidentales ». Il ne fait pas de quartier et avec lui, l’Occident est à la fête.
La manière dont cette fête a pu se produire constitue le sujet de son ouvrage écrit dans un style vif et alerte. Même s’il mérite d’être lu intégralement, voici un avant-goût de quelques-unes des idées maîtresses de cet ouvrage :
« Très peu de choses ont eu lieu » dans les empires des temps anciens. Interrompus uniquement par la répression de révoltes occasionnelles, les dirigeants capricieux et prédateurs ont impitoyablement exploité le travail et la richesse de leurs sujets opprimés.
La Grèce classique a brisé ce moule avec ses petites cités-États indépendantes enserrant plusieurs mers comme des « grenouilles autour d’un étang ». Leurs méthodes de guerre à succès, fondées sur des hommes libres combattant pour leur famille, leur ont conféré la liberté de développer des idées extraordinaires dans des domaines aussi divers que l’économie, les arts et la philosophie.
Ces idées ont ensuite influencé les Juifs évoluant dans l’orbite culturelle grecque. Les deux rameaux ont fusionné dans le christianisme, version hellénisée et universalisée du judaïsme. « C’est le concept de Dieu tel que développé entièrement par les Juifs … qui a façonné la théologie chrétienne et servi de base à l’essor de l’Occident. » À cette base, la philosophie grecque a ajouté la raison et la logique. Le mélange a produit une idée du progrès sans pareille dans aucune autre civilisation. La science, à son tour, est née « parce que la doctrine du créateur rationnel d’un univers rationnel a rendu possible la recherche scientifique ».
Contrairement aux historiens qui attribuent la prédominance de l’Europe à sa géographie ou à une invention majeure comme les armes à feu ou le capitalisme, Stark insiste sur la primauté des idées et le rôle qu’a joué dans celles-ci la tradition judéo-chrétienne. Dans ce qui constitue peut-être le passage-clé de son livre How the West Won, Stark affirme que « la conception chrétienne de Dieu en tant que créateur rationnel d’un univers compréhensible … a continuellement poussé l’Occident sur la voie de la modernité. » On peut presque entendre s’étrangler les adeptes du multiculturalisme.
Finalement, ces éléments exceptionnels de civilisation ont été étouffés par une succession de nouveaux empires au premier rang desquels le triste et morne Empire romain que Stark rejette en le considérant « au mieux comme une pause dans l’essor de l’Occident, et, ce qui est plus plausible, … comme un revers ». Adeptes de la répression, les Romains excellaient non pas dans l’innovation mais dans les réalisations technologiques, fruit de leur domination politique et de la pratique généralisée de l’esclavage qui fournissait une main-d’œuvre abondante et bon marché. L’une des plus grandes de ces réalisations, le Colisée, a été le théâtre d’environ 200.000 meurtres, un symbole approprié de son âme dévastée.
Le sentiment rafraîchissant de répulsion qu’éprouve Stark à l’encontre des empires le conduit, de manière peu conventionnelle, à célébrer la prétendue destruction de l’empire de Rome par les Barbares et la reprise du « glorieux voyage vers la modernité ». Les « siècles pas si obscurs » allant d’environ 400 à 1000 après J.-C. ont marqué une époque où plus d’un millier d’entités politiques indépendantes sont apparues en Europe et ont engendré une ère bénie de diversité culturelle et de morcellement politique. Cette situation « a permis une vaste expérimentation sociale à petite échelle et déclenché un esprit de compétition créatif. » La disparition de l’élite romaine parasitaire et de ses goûts de luxe payés par des impôts oppressifs, a permis une élévation du niveau de vie des masses, comme le montrent l’amélioration de la qualité de la nourriture et de la taille des corps.
En effet, l’époque a été l’une des plus innovantes de tous les temps, le début des « avancées technologiques et intellectuelles de l’Europe qui lui ont fait prendre l’ascendant sur le reste du monde ». À titre d’exemples, on notera la charrue, le harnais pour chevaux, les moulins à eau et à vent, les voiliers et une technologie militaire inégalée, l’essor du commerce et des réalisations culturelles telles que les peintures à l’huile, la musique polyphonique et les cathédrales élancées vers le ciel.
La période médiévale tardive a vu d’autres développements notables, dont l’abolition de l’esclavage, l’essor du capitalisme (sorti des grands monastères dès le IXe siècle) et les débuts de la démocratie représentative.
De manière saisissante, Stark établit un lien entre la technologie et les développements historiques, comme le suggère cette phrase non atypique : « Un certain nombre d’innovations peuvent vraisemblablement être attribuées au petit âge glaciaire [vers 1350-1850] : fenêtres vitrées, contre-portes, skis, patins à glace, lunettes de soleil, … liqueurs distillées, pantalons, vêtements tricotés, boutons et cheminées. » Dans un aparté fascinant, il fait un lien entre les cheminées et la construction de petites pièces, ce qui a amené le sexe à évoluer d’activité semi-publique à activité privée.
Généralement dévalorisée et considérée comme une occupation de religieux sentant le renfermé, la théologie est ici mise à l’honneur. Dans leur quête intellectuelle sur la nature de Dieu et de sa relation avec les hommes, Stark soutient que ses praticiens, les scolastiques, « ont fondé les grandes universités d’Europe, formulé et enseigné la méthode expérimentale et fait décoller la science occidentale ». Depuis la fondation de la première université de Bologne en 1088, ces institutions ont cherché à dépasser la sagesse reçue. Leur estime pour l’innovation les a conduits à mettre l’accent sur l’empirisme. Chose étonnante, la liberté académique est née en 1231, lorsque le pape a exempté l’Université de Paris du contrôle des autorités civiles.
À l’opposé de cet hommage aux institutions médiévales d’enseignement, Stark fustige la « révolution scientifique » des années 1550-1700, qu’il considère comme une imposture « inventée pour discréditer l’Église médiévale ». Par exemple, il montre comment l’héliocentrisme copernicien, qui postule que la terre tourne autour du soleil, n’est pas né de rien à cette époque mais constitue l’aboutissement de trois siècles de recherche et d’innovation de la part de prêtres et de moines tels que Robert Grosseteste, Johannes de Sacro Bosco, Albert le Grand, Roger Bacon, Campanus de Novare, Théodoric de Fribourg, Thomas Bradwardine, Guillaume d’Ockham, Jean Buridan, Nicole Oresme, Albert de Saxe, Pierre d’Ailly et Nicolas de Cuse.
Sur un plan plus pratique, Stark fait remonter la révolution industrielle à l’Europe médiévale et son « essor de la banque, des réseaux élaborés de manufactures, des innovations rapides dans la technologie et la finance, et un réseau très actif de villes commerçantes. » En fait, cette « révolution » était plutôt une évolution qui a commencé en Angleterre avec la mécanisation de l’industrie textile il y a environ mille ans. En particulier, la période 1200-1500 a vu des progrès technologiques « remarquables » dans des domaines-clés tels que la métallurgie, la construction navale et l’armement.
Plutôt que de parler, comme il est généralement convenu, de la révolution scientifique de 1550-1700, Stark est d’avis que cette époque constitue seulement l’âge de maturité de la science et souligne deux points. Premièrement, il s’agissait d’un phénomène purement européen : par exemple, alors que de nombreuses civilisations possédaient l’alchimie, « ce n’est qu’en Europe que l’alchimie s’est muée en chimie. » Deuxièmement, la majorité des éminents scientifiques étaient de fervents chrétiens engagés dans la compréhension de la Création. En d’autres termes, comme à l’époque médiévale, « le christianisme était essentiel à l’essor de la science ». En effet, «la conception judéo-chrétienne de Dieu encourageait et même exigeait » la recherche scientifique.
Ces avancées ont donné aux Européens les moyens d’explorer le monde pour le commerce et la conquête. Ils ont d’abord caboté sur la côte de l’Afrique puis se sont lancés dans l’Atlantique pour finalement s’aventurer sur les vastes océans et naviguer sur le globe.
L’impact majeur immédiat de ces voyages est venu de l’immense trésor ramené au pays par la domination espagnole des Amériques centrale et du Sud. Néanmoins, Stark critique cet empire espagnol qui n’était que faussement riche car fondé sur un approvisionnement quasi inépuisable d’argent et d’or et non sur une véritable richesse. Cet empire a fait que l’Espagne est demeurée une « nation féodale sous-développée ». L’argent à la pelle ne compensait pas les coûts de son empire, qui « saignait la richesse » de l’Espagne. Avec le temps, les empires capitalistes néerlandais et anglais ont facilement supplanté l’Espagne.
Puis a suivi la phase haute de la révolution industrielle, lorsque la productivité agricole, l’énergie bon marché, les faibles taux de natalité, les salaires élevés et les perspectives commerciales ont incité les Britanniques à construire des machines qui pourraient remplacer « l’homme comme principal moyen de production ». Les moteurs à vapeur et les produits manufacturés bon marché ont permis la montée en flèche du niveau de vie, le doublement de la durée de vie et le début d’une urbanisation massive. C’est alors que les États-Unis ont pris le pas sur la Grande-Bretagne en devenant leader sur le plan des ressources, de l’éducation, des salaires, de l’inventivité, de la technologie et de la productivité. C’est ainsi que la vie occidentale moderne est arrivée à l’apogée d’un processus qui avait commencé près de trois millénaires plus tôt en Grèce.
Enfin, et en dépit de tous les problèmes qu’il a engendrés, le colonialisme européen a répandu la modernité – particulièrement l’éducation et l’État de droit – dans une grande partie du monde et a ainsi amélioré la qualité de vie des colonisés. Ironie du sort, le colonialisme a profité à certains éléments des métropoles impériales mais a été, dans l’ensemble, « une solution perdante » pour l’Européen moyen. Plus largement, pendant l’apogée du colonialisme, de 1870 à 1914, « les nations européennes ont dans leur ensemble perdu de l’argent sur leurs colonies ».
Spark termine son ouvrage How the West Won en ces termes : « Sans aucun doute, la modernité occidentale a ses limites et ses côtés déplaisants. Pourtant, elle est bien meilleure que les alternatives connues – non seulement, ou même principalement, en raison de sa technologie de pointe, mais en raison de son attachement fondamental à la liberté, à la raison et à la dignité humaine. » L’étude vigoureuse, solide et rafraîchissante de Stark répond à merveille à la haine de soi et à la misanthropie culpabilisante du multiculturalisme.
Pour avoir enseigné cette matière au bon vieux temps, je reconnais que les comparses de Jesse Jackson ont, sans le vouloir, fait de la civilisation occidentale un sujet plus passionnant qu’auparavant. Désormais, les étudiants doivent profiter de ce nouvel esprit. Le défi consiste à intégrer des livres comme How the West Won dans le programme universitaire, là où il reste un long chemin à parcourir. Selon le moteur de recherche Open Syllabus Explorer, il n’est repris que dans trois cursus aux États-Unis.
Daniel Pipes
Maintenant pour visiter le Colisée on attend 3 heures sous le soleil et les romains nous vendent des bouteilles d eau dans les files. Non pas les romains, les roumains.
@ Lafage
Sauf si vous réservez en ligne une visite guidée…
à quoi bon enseigner une civilisation qui meurt par suicide de ses zélites, honteuses de leur passé, de leurs moeurs, de leurs traditions
En France, pour moi, il me semble que tout commence avec le renoncement de l’assimilation des migrants, à l’immigration massive que l’État ne contrôle plus, ainsi qu’à l’abandon des idées conservatrices par la droite qui s’est alignée sur les dogmes de gauche avec toutes les dérives idéalistes que cela entraîne, particulièrement dans l’égalitarisme outrancier que l’on voit, notamment dans les examens, mais en général sur l’ensemble du système éducatif et à la démission des parents.
A ce régime là, passer les bornes il n’y a plus de limite. Les pertes consenties (où voulues) de nos valeurs occidentales permettent à toutes les minorités, gauchistes comme immigrés, d’ imposer leurs idéaux nihilistes, racialistes etc. pour les uns, et leurs codes religieux ou autres de leur ancien pays pour les autres. A chacun d’en tirer le meilleur profit…. . « L’ensauvagement », que personnellement je trouve plutôt être « le retour des barbares », n’en est que la suite logique et ce n’est certainement pas fini. Cela ne pourra cesser qu’avec le retour d’un pouvoir fort.
Quel point de vue intéressant. Comme toujours, point de vue que je n’ai jamais entendu
parler,sauf en vous lisant.
Continuez votre excellent travail de nous faire réfléchir.
« Très peu de choses ont eu lieu » dans les empires des temps anciens. Interrompus uniquement par la répression de révoltes occasionnelles, les dirigeants capricieux et prédateurs ont impitoyablement exploité le travail et la richesse de leurs sujets opprimés.
Sur cette phrase je ne suis vraiment pas d’accord. L’auteur oublie l’extraordinaire apport de la civilisation sumérienne et babylonienne. Leur influence sur le monothéisme est impressionnante. Ce qui ne doit laisser croire pour autant que celui-ci est un simple copier-coller. Il t
constitue lui aussi une pensée originale. On retrouve l’influence du polythéisme sumérien et babylonien dans la Torah avec la Genèse, la tour de Babel, le Déluge, la naissance de l’Homme à partir de l’argile, l’Eden qui se situe entre le Tiger et l’Euphrate etc. Contrairement à la cyclisation égyptienne , on n’y lit aucune critique à leur égard. Comme si les anciens juifs admettaient implicitement qu’ils leur étaient… redevables…
La civilisation occidentale ne va pas bien… La preuve: la chanteuse has-been Madonna partage une vidéo de l’antisémite radical Louis Farrakhan :
http://actualite-israel.com/une-video-de-louis-farrakhan-partagee-par-madonna-a-ete-visionn-724139/
🇺🇸 😪
Juste un fait à rétablir en faveur de Rome : Le droit romain est considéré comme l’un des premiers systèmes juridiques de l’histoire de l’humanité.
…Un “droit juridique” qui envoie les présumés coupables se faire bouffer direct dans l’arène par des lions affamés… oui c’est un point de vue, mais heureusement ça a nettement évolué ! 😇
Vous partez d’un cas particulier pour en faire une généralité.
Bonjour, Savez-vous ou trouver le livre de Stark en francais?
D’avance merci
Je rêverai d’un cours sur ce thème décortiqué de la 6ème à la 3ème. Ou comment retrouver le plaisir d’être fier de sa civilisation et savoir l’enseigner.
Lisez les 3 tomes du “Théâtre des Opérations” de M.G. Dantec, vous serez servis.
Quand la civilisation occidentale disparaitra, cela sera la FIN. L’apocalypse et l’arrivée de la Bête. Cela sera fini de notre monde, et Satan habitera cette terre. L’Occident judéo chrétien qui est une civilisation basée sur des valeurs divines issue de la bible, de l’enseignement des juifs et de la Thora et du nouveau testament. Je ne vois que l’arrivée de la tribulation, les 7 ans de guerre, et l’antéchrist au pouvoir. LA CHIENLIE. Voilà de quoi parle ce charmant monsieur qui se sert de la bible pour détruire 2000 ans d’histoire. A croire que l’homme est définitivement con et mauvais. Certains feraient mieux de la boucler avant de parler. Il sera peut-être un des premiers à passer sur l’échaffaud en cas de tribulation. Ne jamais sous estimer le mal.
Les universités sont “infiltrées” par l’idéologie gauchiste en majorité, cela va être un véritable combat titanesque, que d’essayer d’ouvrir les esprits des professeurs et de leurs étudiants, la gangrène est déjà bien avancée…..peut-être en coupant ….. très court ….
Depuis la Genèse les occidentaux ont toujours eu les territoire les plus difficiles et ils ont réussi à s’élever alors que les autres ont toujours été uniquement préoccupés par leur reproduction, la propreté de leurs femmes et l’argent que ramènent les enfants.au père.
La réponse est donc :”Par la loi de l’évolution qui est permise par la création les malades de la démographie comme arme d’invasion et qui se prennent pour des guerriers ne valent absolument rien à la guerre et ils existent que comme preuve qu’il y a des merdes ignorées dans la création””.
Moi, au contraire, j’estime que le monde romain nous apportait une avancée de civilisation comme il n’y a pas eu avant sinon en Egypte et en Grèce, pour nous.
Par contre, les invasions dites barbares nous ont plongé dans un millénaire de gestation pour retrouver le monde d’avant. Il faut un millénaire pour retrouver le Paris de Lutèce et encore, on avait besoin de tours et de remparts !
Par ailleurs, j’estime que le Moyen Age travaille avec Byzance jusqu’à la fin de l’époque au XVème siècle moment où on peut vraiment situer notre histoire actuelle. Je puis citer tous nos ducs de Bourgogne dans leurs dates mais aucunement nos ducs de Brabant. Je ne sais pas trop avec Philippe le Hardi et Jean sans Peur mais la suite est plus nette, je sais comment trépasse Marie de Bourgogne et où se trouve son mausolée. La suite avec les Habsbourgs c’est pratiquement de l’histoire récente…
Les bâtisseurs des cathédrales au XI et XII siècles ne peuvent en aucun cas être de simples barbares. Cela suffit à prouver que le moyen-âge n’a pas été qu’un âge des ténèbres comme on voudrait nous le faire croire.
D’ailleurs ne parle-t-on pas de renaissance carolingienne (avec Pépin le Bref) ?
https://journals.openedition.org/rhr/7315
La Revue de l’histoire des religions (RHR),
4 | 2009 : Varia Comptes rendus
Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison :
POURQUOI LA RÉUSSITE DU MODÈLE OCCIDENTAL EST LE FRUIT DU CHRISTIANISME
Traduit de l’anglais (américain) par Gérard HOCMARD
Paris, Presses de la Renaissance, 2007, 357 p; The Victory of Reason : How Christianity Led to Freedom, Capitalism and Western Success, New York, Random House, 2005.
Frédéric Schwindt
p. 673-678
Texte intégral
1.Dans son premier numéro de 2007, la Revue de l’Histoire des Religions regrettait voilà peu que le sociologue américain Rodney Stark fût encore si méconnu en France. Cette lacune est à présent comblée par la traduction de son dernier ouvrage : Le triomphe de la Raison. Provocateur, le sous-titre tend à relier de manière univoque au christianisme le succès du modèle occidental de civilisation. Le titre américain est encore plus explicite puisqu’il détaille les éléments de ce succès : la liberté et le capitalisme, tout en insistant davantage qu’en français sur la notion de « choc des civilisations ». C’est l’achèvement d’une trilogie consacrée au développement du monothéisme, d’abord dans l’Antiquité puis aux époques médiévale et moderne, où il distingue l’impact du judaïsme et de l’islam de celui du christianisme, dont il fait notamment le seul accoucheur de la science (One True God – Historical Consequences of Monotheism, Princetown-Oxford, Princetown University Press, 2003 ; For the Glory of God – How Monotheism led to Reformations, Science, Witch-Hunts and the End of Slavery, Princeton, Princeton University Press, 2003). L’ouvrage recensé aujourd’hui est foisonnant et riche car l’auteur dépasse la seule sociologie en empruntant à l’histoire, à la théologie ou aux sciences économiques pour argumenter autour de ses problématiques favorites.
2.Rodney Stark se veut aussi vulgarisateur car les exemples cités ne sont pas toujours connus du grand public. Cependant, ils sont choisis parce qu’ils lui permettent de s’en prendre à l’idée reçue selon laquelle l’Occident n’aurait enfin eu accès aux Lumières, après le noir Moyen Âge, que par le rejet du christianisme. La meilleure illustration française récente de ce topos est le Traité d’athéologie de Michel Onfray. Or, Rodney Stark démontrait déjà, dans For the Glory of God, que la chasse aux sorcières connue par l’Europe et la Nouvelle Angleterre de la fin du XVIe au milieu du XVIIe siècle – n’y a-t-il pas de meilleur exemple de l’obscurantisme chrétien ? – était en fait un dommage collatéral du progrès de la raison et de l’État moderne. Les plus grands chasseurs de sorcières de la Renaissance n’étaient pas des religieux, mais le plus souvent des laïcs, des agents de l’État ou de grands « intellectuels » férus de pensée antique, à l’image du Français Jean Bodin (1530-1596) ou du Lorrain Nicolas Rémy (mort en 1616). Pourtant, les musées de la torture qui se multiplient aujourd’hui en Italie et même en France montrent systématiquement un brutal dominicain tendant un crucifix aux touristes.
3.Rodney Stark présente d’abord les causes du succès de l’Occident. Selon lui, la théologie chrétienne et la scolastique auraient enfanté la liberté individuelle et favorisé le développement de la raison. Contre John Locke, le sociologue de l’université Baylor commence par réhabiliter la théologie médiévale généralement présentée comme un ensemble figé. Remettant en cause l’image du théologien qui risque le bûcher pour toute innovation, il insiste sur la capacité de changement des penseurs chrétiens depuis saint Augustin. Cette propension à évoluer est même pour eux une obligation morale, Dieu ayant fait don à l’homme de la raison. D’où une comparaison avec l’islam et notamment avec la rigidité du droit musulman qui s’intéresse essentiellement à maintenir l’existant, alors que la théologie chrétienne suppose à l’inverse l’idée de progrès.
4.Pour Stark, les découvertes scientifiques qui s’accélèrent à partir de la Renaissance ne sont pas la conséquence des retrouvailles avec l’Antiquité ou le signe de l’irruption de la pensée laïque mais la simple suite des découvertes de la scholastique médiévale, à l’image du recteur de l’université de Paris, Jean Buridan (1300-1358), qui anticipa largement Newton et le mouvement universel. Le sociologue rappelle combien la foi de Galilée, Kepler, Descartes ou Newton avait été fondamentale dans leurs recherches scientifiques. Dans la perspective d’un monde bien ordonné, les progrès de la recherche sont même utilisés par l’Église pour lutter contre l’irrationnel. Comme l’a montré Louis Châtellier (Les espaces infinis et le silence de Dieu – Science et Religion, XVIe-XIXe siècles, Aubier, 2003), il n’y a donc pas de hiatus entre sciences et christianisme à l’orée des Temps modernes, bien au contraire. L’affaire Galilée est ainsi davantage le fait d’une concurrence politique et scientifique au sein de l’Église romaine qu’une condamnation en soi de la science.
5.L’auteur minimise l’impact de la redécouverte des Anciens parce qu’il pense que la philosophie grecque, loin d’avoir anticipé la science, aurait au contraire retardé son avènement en raison de sa logique interne. Après avoir rappelé ce qui a également freiné le développement de la pensée chinoise, l’auteur s’attarde sur la philosophie grecque qui rejette l’idée de progrès au profit d’un éternel recommencement. L’idéalisme platonicien, l’attribution du mouvement des corps à des « motifs » et non à des « causes » ont constitué des blocages conceptuels au développement de la pensée scientifique. Or, là où il avait été précieusement conservé par les copistes, notamment dans le monde arabe et à Byzance, « le savoir grec était une barrière » qui étouffa selon Stark les progrès intellectuels. Il montre par exemple combien la pensée d’Averroès contribua à fossiliser la recherche nouvelle au profit d’une fixité du système aristotélicien.
6.À l’inverse des autres religions qui insistent davantage sur les grandes obligations collectives, le christianisme s’était penché très tôt sur les droits individuels. L’auteur relie donc directement la recherche théologique chrétienne à la naissance de l’individualisme puisque le péché, le libre arbitre et par voie de conséquence le salut sont personnels. Dans Le Christ philosophe (Plon, 2007), Frédéric Lenoir insiste, lui aussi, sur la rupture introduite par le christianisme qui situe l’individu au-dessus du groupe, l’éthique avant le politique. Ceci explique le questionnement sur la liberté individuelle et le combat originel de l’Église contre l’esclavage qui disparaît peu à peu en Occident du fait même que chacun était admis aux sacrements. Cette analyse ne fait pas l’unanimité, Robert Fossier, Georges Duby et Robert Lopez niant la volonté de l’Église d’éradiquer l’esclavage ou attribuant sa disparition à des découvertes techniques et à une rationalisation économique. Mais l’auteur attribue ces différences d’interprétation à la force du modèle marxiste dans les années 1950-1970. Cette proposition est enfin très polémique à l’heure où l’on exige de l’Occident une repentance sur la question de l’esclavage africain.
7.La vision d’une Europe sombrant dans les ténèbres après 476 est pour lui un canular lancé par Edward Gibbon et par des philosophes des Lumières violemment antireligieux et anticatholiques. Le préjugé négatif contre les cathédrales « gothiques » date d’ailleurs de cette époque. Or, Rodney Stark souligne combien le Moyen Âge fut une époque de progrès technique et comment les grandes abbayes jouèrent un rôle décisif dans l’innovation : sélection d’espèces animales et végétales, assolement triennal, attelages, diffusion des moulins, industrialisation de la fabrication du papier, fabrication du verre, horlogerie, polyphonie et notation musicale etc.
8.Mieux, les religieux avaient posé les bases du capitalisme. D’une manière très empirique, ils ont expérimenté tout ce qui fera plus tard la grande économie, ce qui permet à Randall Collins (Weberian Sociological Theory, Cambridge University Press, 1986, p. 47) de parler d’un « capitalisme religieux ». Le même dit d’ailleurs des moines, paraphrasant Max Weber, « qu’ils possédaient l’éthique protestante sans le protestantisme ». Pour gérer leurs exploitations, ces religieux avaient dû très tôt résoudre des problèmes concrets mais aussi conceptuels relatifs à la productivité, à la logistique, à la division du travail au sein d’un réseau ou à l’utilisation des revenus. Dès le XIIIe siècle, les théologiens chrétiens avaient tranché la question du prêt à intérêt donc celle de la gestion du risque et de l’investissement qui sont à la base du capitalisme. Longtemps avant Adam Smith, saint Albert le Grand avait théorisé les notions de « juste prix » et « d’intérêt légitime » développées après lui par saint Thomas d’Aquin. Mais, comme l’affirme Maxime Rodinson, l’islam n’a au contraire jamais reconsidéré ses règles en la matière.
9.La question des origines du capitalisme et celle de la liberté individuelle amènent tout naturellement Rodney Stark à examiner les fameuses thèses de Max Weber. S’il agrée la liaison trouvée par le grand sociologue allemand entre la foi et le progrès économique, il déconstruit son modèle liant protestantisme et capitalisme pour l’étendre à l’ensemble de la civilisation chrétienne occidentale. Au passage, Stark égratigne Weber dont il rappelle les préjugés anti-catholiques mais aussi, ce qui était moins connu, les manipulations concernant ses sources.
10.Ce n’est pas tant l’écart entre catholicisme et protestantisme ou entre tel ou tel culte protestant qui explique les progrès du capitalisme et de la liberté (les deux sont toujours liés chez Stark) que la capacité du christianisme en général à endiguer les effets délétères de la tyrannie sur l’économie, en limitant le pouvoir des princes. Pour lui, le christianisme est fondateur de la liberté individuelle, de l’État de droit, de la justice et par voie de conséquence de la démocratie. Frédéric Lenoir le reconnaît en soulignant la primauté occidentale en matière de démocratie liée explicitement au christianisme. D’où le choix de décrire longuement et finement l’histoire des cités italiennes, des Flandres ou d’Angleterre afin de corréler les avancées et les reculs du capitalisme avec ceux de la liberté et du despotisme.
11.Il corrige ainsi sérieusement notre vision de l’histoire économique des Flandres. Le succès d’Anvers remonte bien avant Luther et lorsque le protestantisme s’y développa, il recruta d’abord dans les campagnes et chez les ouvriers tandis que les familles « capitalistes » restèrent pour la plupart fidèles à Rome. De même, le relais pris par Amsterdam n’est pas le fruit « de sectes protestantes à l’éthique particulière » mais il est dû à la migration des catholiques chassés d’Anvers par la guerre ou par la réglementation étouffante prise par l’Espagne en matière d’économie. Pour les mêmes raisons, certains vinrent même d’Italie. Au moment où Amsterdam arrive au zénith de sa puissance, l’essentiel de la production, du commerce mais aussi de la banque étaient d’ailleurs encore entre les mains des catholiques. Dans le même ordre d’idée, l’image du notable hollandais calviniste au sévère habit noir est davantage une création des peintres qu’une réalité, la plupart ayant conservé des habits identiques à ceux des papistes. Et puis Rodney Stark rappelle que les populations catholiques des Pays-Bas firent souvent alliance avec les protestants contre Madrid, ce qui l’autorise à ne pas parler ici d’une guerre de religion.
12.C’est ainsi plutôt au mercantilisme et aux excès de la monarchie absolue que le sociologue américain attribue le retard français et le déclin espagnol. Contre l’image idéale d’une monarchie espagnole très catholique alliée à la Sainte Inquisition, Rodney Stark rappelle avec justesse que les rois d’Espagne, comme ceux de France, se sont fréquemment opposés à la papauté.
13.Le dernier ouvrage de Rodney Stark est donc un livre très économique où on oublie paradoxalement parfois un peu la religion. La critique de la monarchie absolue ainsi que quelques a priori au sujet de la France choqueront peut-être l’historien hexagonal. Le livre a néanmoins la vertu d’ouvrir le débat et de poser des questions dérangeantes. L’auteur ne cache en effet pas qu’il s’inspire de la théorie libérale, ce que d’aucuns jugeront trop américain. Et il relie (oh sacrilège !) le développement de la démocratie et des droits de l’homme à celui de la liberté d’entreprise. Cela ne suffit pas à décrédibiliser sa vision des choses. La remise en cause de nos certitudes ne peut se faire que par la confrontation des points de vue. Le Triomphe de la Raison contribuera à cette démarche nécessaire.
14.Même si le livre ne s’intéresse pas directement au concept de « choc des civilisations » à la manière d’Huntington et consorts, l’idée demeure en filigrane. Comme on l’a vu, il est assez politiquement incorrect d’établir en France une relation entre religion et progrès, encore plus d’établir une gradation entre les différents cultes. Si encore comme Max Weber on sépare protestantisme et catholicisme, les choses demeurent acceptables. En revanche, opposer les religions, notamment christianisme et islam, choque. C’est peut-être d’ailleurs un des points faibles du livre, du fait de la légèreté de l’argumentation concernant la religion musulmane. Sans doute un futur ouvrage de Rodnay Stark s’attardera davantage sur ce thème.
15.Cependant, reconnaître que les religions, comme tous les systèmes de valeurs, ont pu constituer des facteurs facilitant ou freinant l’accès au progrès, à la raison, à la science, à la démocratie revient à combattre le relativisme culturel aujourd’hui dominant et qui a été popularisé à partir des universités américaines que l’auteur connaît bien. Attention, il ne s’agit pas de racismes, l’accusation serait trop facile et trop grave, puisque l’auteur n’invoque pas une inégalité en soi des peuples et des cultures. Ne revenons pas sur la polémique à laquelle Claude Lévi-Strauss lui-même dû répondre dans Race et Culture. En revanche, il est tout à fait acceptable, mais pas politiquement correct, de reconnaître que les religions ne sont pas neutres et qu’elles n’agissent pas de la même manière dans le processus de civilisation en donnant à leurs fidèles des armes différentes pour aborder l’avenir.
• 1 Frédéric Schwindt, « Religion et Mondialisation », La Mondialisation, une chance pour la France et (…)
16.Le retour des religions sur le devant de la scène, que chacun a en tête en ce début du XXIe siècle, est à bien des égards une des formes prises par la mondialisation. Le phénomène mériterait d’être analysé à partir des positions de Rodney Stark ne serait-ce que pour en évaluer, de manière stratégique, les conséquences futures1.
Notes
1 Frédéric Schwindt, « Religion et Mondialisation », La Mondialisation, une chance pour la France et pour l’Europe ? Rapport du comité 6 présenté à M. Christian Poncelet, président du Sénat, et au général de corps aérien Labaye, directeur de l’Institut, 170e session régionale de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale – Metz-Nancy, Pont-à-Mousson, 26 octobre 2007.
Pour citer cet article
Référence papier
Frédéric Schwindt, « Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme. Traduit de l’anglais (américain) par Gérard HOCMARD », Revue de l’histoire des religions, 4 | 2009, 673-678.
Référence électronique
Frédéric Schwindt, « Rodney STARK, Le Triomphe de la Raison : pourquoi la réussite du modèle occidental est le fruit du christianisme. Traduit de l’anglais (américain) par Gérard HOCMARD », Revue de l’histoire des religions [En ligne], 4 | 2009, mis en ligne le 15 mars 2011, consulté le 02 août 2020. URL : http://journals.openedition.org/rhr/7315
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