Publié par Dreuz Info le 4 août 2020

Dans le numéro 1 de la revue «Front Populaire» de Michel Onfray, qui vient de paraître, figure un chapitre traitant de la laïcité, et rédigé par Mr. Henri Pena-Ruiz : «Trois boussoles pour la laïcité».

Mr. Pena-Ruiz propose une approche historique pour éclairer la laïcité. Mais il fait remonter à la Révolution française l’origine «d’une volonté de vivre ensemble selon des règles fondées sur les droits de l’être humain, et non plus sur des usages coutumiers particuliers, assortis des normes religieuses qui les sacralisaient.» Alors que le concept de la séparation de l’église et de l’état est bien plus ancien. Il a été inauguré dans l’antiquité par le peuple juif, alors que le reste du monde était soumis à des régimes totalitaires idolâtres.

L’abbé Alain René Arbez en témoigne dans un article sur Dreuz : «Le Dieu libérateur de la Bible… Le Décalogue reçu par Moïse sur le Sinaï est un code autant social que religieux, basé essentiellement sur le respect de l’autre et la prise en compte des plus faibles…»

Le chroniqueur musulman du 14ème siècle Ibn Khaldoun affirme l’apport de la laïcité par les juifs, après avoir évoqué la nature totalitaire de l’Islam :

«Dans la communauté musulmane, la guerre sainte est un devoir religieux, parce que l’islam a une mission universelle et que tous les hommes doivent s’y convertir de gré ou de force… Les autres communautés… n’ont pas l’obligation de dominer les autres nations, comme dans l’islam….Les responsables religieux n’y sont en rien concernés par les affaires du gouvernement… C’est pourquoi les Israélites, après Moïse et Josué, ne s’intéressèrent guère aux affaires du pouvoir pendant près de quatre cents ans, ayant pour unique souci d’établir leur religion… » Muqaddima,III (La Pléiade).

Nietzsche écrira :

«Je veux dire que c’est avec les Juifs que commence le soulèvement des esclaves dans la morale : ce soulèvement qui traîne à sa suite une histoire longue de vingt siècles et que nous ne perdons aujourd’hui de vue que parce qu’il a été victorieux…». Et aussi que: «le judaïsme a apporté la majesté des exigences morales absolues»). 

C’est aussi pourquoi Denis Diderot (l’auteur de La Religieuse*, qui écrivit : «Jamais aucune religion ne fut aussi féconde en crimes que le Christianisme») et ses amis philosophes, dans leur quête de la liberté par les Lumières, appelèrent leur salle de réunion parisienne chez le Baron d’Holbach «La synagogue». 

L’Amérique, dont les pères fondateurs, rédacteurs de la Constitution des Etats-Unis, étaient francs maçons ou déistes, férus d’études talmudiques, a intégré les valeurs juives de liberté et d’égalité comme héritées du Mont Sinaï, des mains du prophète Moïse. 

Dans son livre : «Il faut sauver le monde libre*», éditions Plon, Mathieu Laine, par exemple, affirme, en page 15, que le Monde Libre est «né sur les rives de la Grèce antique». Aucune mention des Dix Commandements reçus au Mont Sinaï, par le prophète Moïse, il y a 3500 ans, commandements qui interdisaient le meurtre, l’adultère, le vol, le mensonge et la convoitise, à une époque ou régnait exclusivement la force brutale dans des sociétés totalitaires. Mathieu Laine mentionne en page 32 de son ouvrage : «la morale biblique médiévale… centrée sur l’amour et la compassion… », l’amour et la compassion du servage ou de l’Inquisition pratiquée en Europe chrétienne, avec ses tortures et ses bûchers ? De même, tel philosophe résumait ainsi les racines de la philosophie dans une émission radiophonique : «C’est la Grèce plus Jésus». De nouveau, aucune mention de l’apport du Judaïsme, avec un Jésus qui semble sorti du néant, et dont la formation juive, par son maître Hillel, est commodément effacée. Ces deux exemples parmi tant d’autres sont emblématiques d’une entreprise de gommage radical des racines juives de la civilisation de laïcité, de justice et d’égalité du Monde Libre, et ce gommage pourrait bien expliquer les difficultés ressenties à sortir d’une confusion dommageable et à établir solidement la laïcité. Car comment avancer quand on ne veut pas savoir d’où l’on vient ?

Un débat vigoureux

Le concept de laïcité a été vigoureusement débattu entre Paul de Tarse, fondateur de l’église chrétienne et ses contemporains juifs qui, fidèles aux idéaux de liberté hérités de la Torah, refusèrent catégoriquement sa proposition de l’imposition universelle et obligatoire de la bonne parole par un prosélytisme radical et autoritaire : ils pressentaient des dérives qui se réalisèrent malheureusement, par l’Inquisition, les conversions forcées, la Saint-Barthélemy, les persécutions antisémites, le « Sabre et le Goupillon », etc….  Furieux d’être contredit, Paul de Tarse en devint un ennemi acharné du Judaïsme et imprima fortement la haine du judaïsme dans le message de l’église, message persistant jusqu’à la déclaration Nostra Aetate, du 28 octobre 1965, au concile Vatican II, sur les relations de l’Église catholique avec les religions non chrétiennes.

De même, le Prophète Mohammed proposa à ses contemporains juifs d’imposer le monothéisme par la force et reçut, des siècles plus tard, la même réponse catégorique de refus de toute contrainte en matière de religion: vexé, il en conserva une haine virulente contre les juifs qui ne l’avaient pas reconnu comme leur prophète, et contre le judaïsme, haine présente dans les sourates du Coran qui résonnent encore dans toutes les mosquées et sont de véritables appels au meurtre (malheureusement régulièrement suivis d’effets tragiques.)

L’Islam peut-il évoluer comme a évolué le catholicisme ?

Mr. Pena-Ruiz demande: « Si le catholicisme a évolué, contraint et forcé, et pris une forme apaisée, pourquoi la religion musulmane ne ferait elle pas de même en rejetant son dévoiement islamiste ?.. »

En fait, cette évolution du catholicisme vers un apaisement, qu’évoque Mr. Pena-Ruiz est un retour aux sources juives, car le christianisme est directement issu du judaïsme laïc, qui refuse la contrainte et les conversions forcées, et tous les Papes successifs, qui demandent pardon pour les crimes abominables de l’Eglise ne  font que revenir vers le juif Jésus qui était la bienveillance même, vers « Le Dieu libérateur de la Bible … » et vers « …. Le Décalogue reçu par Moïse sur le Sinaï… code autant social que religieux, basé essentiellement sur le respect de l’autre et la prise en compte des plus faibles…  » selon la formulation de l’Abbé Arbez.

Par contre, si retour aux sources il doit y avoir, l’Islam ne peut, lui, revenir que vers le Prophète Mohammed qui menait personnellement les assauts sanglants contre les « incroyants » et fit égorger, parce qu’ils refusaient la soumission à l’Islam, 600 à 700 juifs de la tribu des Banu Kuraiza de Médine, pour piller leurs biens et réduire leurs femmes et enfants en esclavage.

Tout cela prouve qu’une démarche pour la laïcité qui consiste à mettre toutes les religions dans le même sac, en refusant d’en reconnaître la spécificité,  ne fait que semer la confusion.

Mr. Pena-Ruiz cite Charb: 

« le racisme antimusulman est un délit, mais pas le rejet de l’Islam. De même, le racisme antijuif est un délit, mais le rejet du judaïsme, c’est-à-dire de la religion de certains juifs, n’en est pas un. »

Voila donc le judaïsme qui rejette la contrainte, et l’Islam qui n’est QUE contrainte (Islam signifie soumission) mis exactement sur le même plan, pour projeter le concept même de Laïcité dans la confusion la plus totale.

Le rejet compréhensible de l’Islam violent et brutal a causé des massacres de chrétiens, de juifs, de non-musulmans ou d’apostats musulmans par des bourreaux musulmans.

Le rejet haineux du judaïsme a causé des massacres de juifs et le génocide du peuple juif par des non-juifs, bourreaux chrétiens ou musulmans.

Cette mise sur le même plan du rejet de l’Islam et du rejet du Judaïsme, des bourreaux et des victimes, est absurde et insupportable.

La cause de la laïcité n’est pas servie par une approche aussi volontairement ignorante de la nature des différentes religions, qui consiste en fait à les fourrer dans le même sac de préchi-précha aveugle, avec une allusion ambiguë au judaïsme «de certains juifs» ( Les sionistes peut-être, qui ont l’insolence de se défendre les armes à la main contre les totalitaires qui prétendent interdire leur indépendance nationale ?), et le refus obstiné d’y voir la source historique des Lumières.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Loup Mordekhaï Msika pour Dreuz.info.

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