Publié par Abbé Alain René Arbez le 5 août 2020

Abbé Arbez : l’association Sabeel que préside le révérend Naïm Ateek est un groupement de chrétiens palestiniens très opposés à Israël, inspiré par la « théologie de la libération ». Cette association militante est reconnue et soutenue par le Conseil œcuménique des Eglises (350 églises protestantes et orthodoxes) et développe son réseau de soutien dans le monde entier. Des activistes comme l’ancien patriarche catholique Michel Sabbah ou l’archevêque orthodoxe Attalah Hanna lui apportent leur appui.

Bat Yeor : ce mouvement s’en prend à la souveraineté d’Israël et reprend dans sa déclaration des thématiques connues. Le fait que l’Etat d’Israël soit déclaré « Etat juif » lui est insupportable.

Abbé Arbez : Naïm Ateek va jusqu’à affirmer qu’Israël est un état « raciste », ce qui rejoint les accusations d’ « apartheid » habituelles chez les mouvements pro-palestiniens.

Bat Yeor : Un Etat qui affirme son identité juive n’est pas pour autant raciste, car l’identité juive n’est pas raciste : ce sont les juifs qui ont dit que tous les hommes étaient égaux parce que « à l’image de Dieu », et que toute vie est sacrée. Je n’ai pas lu cette déclaration dans le coran ! Tous les pays musulmans affirment leur identité musulmane. La Russie affirme son identité orthodoxe, de même la Grèce. Attaquer Israël sur cette base, c’est faire preuve de racisme anti-juif et d’antisémitisme.

Israël n’est pas un état arabe, cette langue est la langue du djihadisme conquérant qui a détruit les cultures indigènes de la région. La Grèce, la Bulgarie, la Roumanie, la Serbie, la Macédoine, la Hongrie qui furent des colonies turques n’ont pas gardé le turc comme langue nationale.

Abbé Arbez : le premier § de la déclaration insinue que l’Etat juif a des intentions sournoises et dangereuses parce qu’il ne définit pas ses frontières. Or l’histoire montre que la question des frontières disputées ne peut pas être interprétée de la même façon de part et d’autre. Au cours des décennies depuis 1948, la partie arabe a toujours refusé les offres de négociations et a développé une approche belliqueuse contre Israël.

Bat Yeor : cette suspicion rappelle le style malsain des Protocoles des Sages de Sion et l’attitude nazie. Laisser entendre que les juifs veulent conquérir des territoires pour dominer le monde est un thème antijudaïque récurrent. Ce fut d’ailleurs l’argument fondamental du nazisme pour perpétrer la Shoah.

Abbé Arbez : le § suivant remet en cause le fait qu’Israël dans sa constitution affirme garantir l’accès de tous les cultes aux lieux saints de chaque religion. Il prétend que cette prise en compte était dictée par des concepts laïques alors que la définition récente d’un Etat juif s’appuie sur des considérations religieuses. La nouvelle loi serait selon Ateek éloignée de la charte des Nations Unies.

Bat Yeor : on revient ici à l’antisémitisme chrétien qui a toujours voulu expulser les juifs de leur capitale et a combattu la souveraineté d’un Etat hébreu. Maintenant, ces antisémites rebutés par la résurgence d’Israël qu’ils ont toujours combattu, soutiennent la colonisation islamique à laquelle les Eglises arabes s’accrochent misérablement pour pouvoir survivre en milieu musulman. On voit ce qui se passe avec Ste Sophie et il en sera de même avec le St Sépulcre à Jérusalem.

Abbé Arbez : en s’appuyant sur une citation biblique du prophète Michée évoquant le « respect du droit et la vigilance dans la marche avec Dieu », Naïm Ateek en appelle à la « résistance » contre l’Etat-nation d’Israël. Il est étonnant de voir comment ces milieux militants habituellement marcionites se raccrochent aux livres hébraïques pour fonder leur idéologie.

Bat Yeor : pourquoi rappeler le prophète Michée ? Les juifs connaissent leurs prophètes mieux que lui et savent ce que veut dire « droit, amour, marcher avec Dieu ». Ces mots dans le judaïsme n’ont pas le sens que les antisémites chrétiens et les musulmans haineux veulent leur donner. Qu’ils cherchent le sens de ces mots dans l’islam, surtout dans la relation avec les dhimmis : juifs et chrétiens.

Abbé Arbez : l’ancrage militant de ces groupements arabes chrétiens s’est fait autour de l’activisme panarabe, avec une forte dominante islamique. Cela semble être toujours le fil conducteur de ces instances locales connectées avec des réseaux anti-israéliens dans le monde chrétien occidental.

Bat Yeor : lorsque des Arabes se déclarent les ennemis d’Israël et menacent de le détruire, l’Etat hébreu a le devoir de neutraliser la dangerosité des criminels. Ne sous-estimons pas l’influence de l’idéologie nazie à laquelle adhèrent des chrétiens arabes de Palestine, Irak et Syrie, car des collaborations se sont poursuivies après la 2nde guerre mondiale.

Ateek n’a pas encore compris, même après tous ces conflits, qu’Israël est un Etat juif indépendant, qu’il s’est affranchi de tout statut discriminatoire, surtout de la dhimmitude islamique, et qu’il peut choisir ses immigrants comme tout autre état. Beaucoup de non-juifs vivent en Israël et respectent ses lois. Les Arabes qui depuis 1964 se revendiquent palestiniens sont originaires des pays arabes et ils peuvent y retourner s’ils ne sont pas heureux en Israël.

Abbé Arbez : on est frappé de constater combien les chrétiens de Terre sainte comme ailleurs dans le monde sont partagés dans la reconnaissance de l’Etat d’Israël, et qu’un travail d’explication à la fois historique et théologique reste indispensable dans les milieux d’Eglise. Même si côté catholique le Vatican rappelle régulièrement que la légitimité d’Israël est non négociable, et qu’un chrétien ne peut pas être antisémite, le poids du passé reste impressionnant dans les mentalités. Mais il y a surtout le rôle des médias orientés et la progression de l’antisémitisme musulman qui pèsent sur les consciences.

Bat Yeor : Malheureusement, des chrétiens, surtout ceux d’Israël, continuent à semer et propager la haine antisémite dans le monde. Comme si les victimes juives des crimes rituels, des massacres, des génocides ne leur suffisaient pas.

Merci chère Bat Yeor, pour cet entretien. Espérons très fort que le dialogue judéo-chrétien, partout où il existe, renforcera les liens fraternels et la recherche de la vérité, dans le respect de nos traditions.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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