Publié par Gilles William Goldnadel le 7 août 2020

Le manque d’équité de la quasi-totalité des grands médias américains dans leur traitement de la campagne présidentielle en dit long sur le climat intellectuel qui prévaut outre-Atlantique.

Cet article n’entend pas s’immiscer dans la campagne présidentielle américaine en cours. Les Français ne font pas partie du collège des électeurs américains. Encore qu’à regarder, dans notre pays, certains commentaires passionnés, on pourrait penser que certains commentateurs n’en sont pas informés.

Mon propos est ailleurs : je souhaite souligner l’incroyable indulgence médiatique qui va jusqu’à l’occultation des faits, dont bénéficie l’un des deux candidats, en l’espèce Joe Biden,et qui va jusqu’à minimiser ou dissimuler les graves aspérités de sa personne apparemment lisse, y compris des affaires judiciaires qui devraient l’accabler à l’aune du moralisme américain ambiant.

Bien entendu, cette déploration est aggravée par la constatation du phénomène symétrique : l’accablement médiatique obsessionnel dont est victime l’adversaire du Démocrate, le président républicain Donald Trump.

Certes, la dilection pour les Démocrates des principaux journaux américains nationaux n’est pas un phénomène nouveau. C’est ainsi par exemple que l’on ne connaîtra que sur le tard les faiblesses et les défauts de John Fitzgerald Kennedy, encensé de son vivant. Il faudra attendre pour connaître les turpitudes de son père, Jo, sensible aux sirènes nazies dans les années 1930 lorsqu’il était ambassadeur des États-Unis à Londres, puis proche de la mafia. On ignorera longtemps le bourrage par son entregent des urnes de l’Illinois qui permit au fils volage d’entrer à la Maison-Blanche, comme l’explique Georges Ayache dans Kennedy/Nixon. Les meilleurs ennemis (Perrin 2012).

Je n’ai jamais vu un président traité comme il l’a été. La volonté de destituer Donald Trump était déjà envisagée avant même qu’il ait mis un pied à la Maison-Blanche  !

Mais c’est un soutien et une aversion d’une tout autre nature qui caractérisent aujourd’hui la campagne présidentielle américaine. Le 17 juillet, dans ce même journal, un opposant distingué autant que déterminé de Trump, en la personne du géographe américain Joel Kotkin, reconnaissait loyalement : « Trump est un idiot qui, je l’espère, sera désavoué, car il suscite beaucoup de tensions négatives. Mais je n’ai jamais vu un président traité comme il l’a été. La volonté de le destituer était déjà envisagée avant même qu’il ait mis un pied à la Maison-Blanche ! »

Passons à présent au rideau occultant dont bénéficie le rival démocrate du président des États-Unis honni, avant tout en raison de l’attitude du courant principal de la presse américaine nationale, pratiquement hors de toute rationalité au lendemain de l’affaire George Floyd. Ces derniers effets les plus inquiétants sont illustrés par la décision du New York Times de grandir typographiquement les Noirs d’une majuscule tandis que les blancs étaient rabaissés par l’usage d’une minuscule repentante. Dans le même temps, Bari Weiss, intellectuelle indépendante de talent embauchée au lendemain de la défaite de Hillary Clinton – le New York Times ayant un temps fort bref battu sa coulpe pour sa partialité -, a été contrainte de démissionner, ses opinions trop nuancées étant portées sur le bûcher de l’intolérance radicale.

J’apprendrai donc à la grande majorité de mes lecteurs qui l’ignorent que Biden est accusé de harcèlements par sept femmes et de viol par une huitièmeune ancienne assistante nommée Tara Reade. Ainsi que l’écrivait le correspondant à Washington du Figaro le 2 mai dernier: « Promptes à dénoncer les agressions sexuelles contre les femmes, en particulier depuis le début de #MeToo, mouvement médiatique appelant les victimes à prendre publiquement la parole, les grandes chaînes de télévision américaine et les journaux nationaux ont traité avec beaucoup de discrétion l’affaire Tara Reade. Cette dernière n’a été contactée que par la chaîne conservatrice Fox News pour apparaître sur un plateau. »

Le silence de plomb, la complicité des meneurs de foule et d’opinion qui affectent tout autant la connaissance du public français constituent un scandale démocratique d’essence orwellienne

Qu’on ne se méprenne surtout pas : ce n’est pas l’avocat qui signe cet article et qui défend régulièrement sur FigaroVox la présomption d’innocence trop souvent mise à mal, qui accablera Joe Biden avant tout jugement. Mais, dans la néopuritaine Amérique, dont les féministes gauchisantes manifestaient par milliers il y a peu devant la Cour suprême contre le juge pressenti par Donald Trump, Cavanaugh, pour une accusation de harcèlement sexuel datant de ses années de lycéen, dans cette même Amérique où la presse américaine s’est jetée gloutonnement sur les accusations d’adultère d’une ancienne actrice de films pornographiques à l’encontre de Trump, non sans reproduire les gausseries de l’experte sur la forme et la taille de l’appendice viril présidentiel, le contraste est effrayant.

Entrouvrons encore davantage le rideau occultant, protecteur de Biden : en 1988, celui-ci s’était déconsidéré lors d’une précédente élection sénatoriale en plagiant servilement les discours du travailliste britannique Neil Kinnock, dont il ira même jusqu’à s’approprier faussement son origine de fils de mineur. Convaincu de tromperie, on découvre à cette occasion ses talents de copiste et ses plagiats universitaires. Récemment encore, pour se concilier l’électorat noir, Biden pose en martyr de la lutte antiapartheid et jure avoir été arrêté par la police sud-africaine alors qu’il tentait de visiter Mandela. Invention du début à la fin, comme l’expliquait Le Figaro Magazine le 10 juillet dernier. Bref, la différence de traitement entre Trump et Biden représente l’exact contraste entre le jour éclatant et la nuit noire. Le silence de plomb, la complicité des meneurs de foule et d’opinion qui affectent tout autant la connaissance du public français constituent un scandale démocratique d’essence orwellienne. L’avocat, le citoyen, mentirait par omission s’il ne confessait ressentir, par réflexe humain naturel, une sympathie pour la victime de cette désinformation par voie d’occultation, quels que soient ses défauts.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.

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