Publié par Gaia - Dreuz le 9 août 2020

Source : Republicain-lorrain

Depuis 2017, l’ancien hôtel Ibis, avenue de Spicheren à Forbach, était réquisitionné par les services de l’État afin de loger des demandeurs d’asile. Sans crier gare, la réquisition a été levée et les sans-papiers ont été priés de quitter l’immeuble au 31 juillet. Les riverains sont soulagés car la cohabitation était difficile depuis plus de deux ans.

Avenue de Spicheren à Forbach, de nombreuses familles de sans-papiers avec enfants avaient l’habitude de se retrouver au pied des immeubles. Mais depuis quelques jours, il n’y a plus de va-et-vient et les trottoirs paraissent même déserts. Les demandeurs d’asile qui étaient hébergés dans l’ancien hôtel Ibis Budget de Forbach ont tous été évacués. Le bâtiment est désormais vide.

Des familles hébergées précairement dans 78 chambres

La totalité des 78 chambres étaient réquisitionnées par les services de l’État depuis novembre 2017. Quelques mois auparavant, dès février 2017, l’hôtel était même déjà partiellement réservé pour loger des migrants.

À l’époque, cette réquisition décidée par le préfet n’avait pas été du goût du maire, Laurent Kalinowski , qui disait avoir été mis devant le fait accompli. Le premier magistrat estimait que l’endroit était mal choisi pour héberger cette population fragile. « Il faut trouver un autre lieu pour accueillir convenablement ces demandeurs d’asile et leur offrir un accompagnement social adapté, ce qui ne peut pas être le cas à l’hôtel Ibis. Il faut le faire pour les migrants eux-mêmes. Ils sont entassés, parfois en famille, dans 16 m². Ensuite, il y a un problème de sécurité pour les enfants, l’avenue de Spicheren étant très passante. Et enfin, il faut redonner une qualité de vie aux habitants de ce quartier de centre-ville », argumentait Laurent Kalinowski.

L’impossible cohabitation et l’invasion de cafards

Justement, la cohabitation entre riverains et demandeurs d’asile n’a jamais fonctionné. Les habitants du quartier ont manifesté à plusieurs reprises leur ras-le-bol devant les nuisances occasionnées. Il s’agissait surtout de nuisances sonores et de problèmes d’insalubrité. D’ailleurs, on sait que l’immeuble de l’ancien hôtel a été envahi par des blattes. La crèche L’Îlot Trésors, située dans le prolongement du même bâtiment, a dû fermer, d’abord temporairement, puis définitivement en 2019, pour cause de présence de cafards. La garderie d’enfants est installée, depuis cet épisode, à Bellevue.

Avenue de Spicheren, les riverains se disent soulagés. « Depuis deux semaines, on revit dans notre quartier », confie un habitant. Les demandeurs d’asile, provenant essentiellement des Balkans, ont été relogés dans d’autres structures.

Contactée, la préfecture de la Moselle n’a, pour l’instant, pas donné plus de précision sur le sort réservé à ces sans-papiers.

André Heintz : « Le bâtiment est très dégradé et n’est plus utilisable comme hôtel »

André Heintz, dirigeant du groupe Heintz immobilier et hôtels, est propriétaire de l’hôtel désormais vide.

Comment avez-vous appris la levée de la réquisition de votre hôtel à Forbach ?

« Les services de l’État m’ont prévenu il y a un mois que la réquisition, décidée en 2017, allait être levée au 31 juillet. Cela a été assez brutal pour nous car nous avions demandé à être prévenus six mois avant le départ des demandeurs d’asile. Nous savions qu’il y aurait de gros travaux à réaliser pour remettre en état le bâtiment occupé par des familles depuis près de trois ans. »

L’immeuble est-il très dégradé ?

« C’est simple, il est tellement dégradé qu’il n’est plus utilisable comme hôtel. Nous avons fait nos calculs. Il faudrait faire des travaux pour 1,7 M€ afin de rouvrir un hôtel digne de ce nom à cette adresse. C’est un chantier qui durerait 18 à 24 mois. Dans toute cette affaire, nous n’avons fait que subir. L’État a réquisitionné notre bien quand l’hôtellerie allait bien et nous le rend en pleine crise du Covid dans un état lamentable. Aujourd’hui, cet immeuble ne génère plus de revenus et nous nous retrouvons aussi avec du personnel qui n’a plus d’outil de travail. »

Qu’allez-vous faire de ce bâtiment en pleine ville ?

« Il y a trois possibilités. Soit on refait un hôtel, soit on transforme en logements ou résidence pour seniors, soit on revend le bien. Nous avons rendez-vous avec le nouveau maire de Forbach la semaine prochaine pour en parler. »

Quelle est la meilleure issue selon vous ?

« Nous sommes en pleine réflexion. C’est difficile à dire maintenant. Mais nous ne laisserons pas une friche en plein centre-ville. On fera quelque chose. Je suis un enfant de Forbach et notre groupe a vocation à investir sur le territoire »

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