En dépit des passions, un exercice intellectuellement intéressant consiste à comparer deux candidats et programmes sur le fond. Se forcer à prendre de la distance face aux “news” pour contempler les programmes et axiomes ; les convergences qui sont tues par-delà le fracas des divergences revendiquées.
Prenons le cas de la prochaine élection présidentielle américaine, qui se jouera selon toute vraisemblance entre MM. Donald J. Trump et Joe Robinette Biden (c’est son nom).
Les deux candidats sont favorables au capitalisme. Certes, l’influence du communiste Bernie Sanders sur le programme Démocrate n’est pas mince ; mais la « plate-forme » sur laquelle s’appuie M. Biden ne questionne en aucune façon le caractère foncièrement capitaliste de l’économie américaine.
De ce point de vue, les Démocrates ne sont pas moins capitalistes que les Républicains — même s’ils se gardent bien de le claironner à tous les coins de rue, car cela pourrait susciter des malentendus avec la frange marxiste de leur électorat.
Capitalistes, les deux candidats le sont. Ils sont, en outre, favorables à la même version monstrueuse du capitalisme, consistant à distribuer de l’argent « public » à tout-va sous mille prétextes : les dépenses publiques fédérales américaines explosent, la dette fédérale de même, puisant dans les forces vives des générations à venir — qui offrent l’avantage de ne jamais se plaindre, ni voter — sur une échelle sans précédent.
De ce point de vue, le capitalisme Républicain est désormais identique — quoi qu’en aient les Républicains qui ne jurent que par la « réduction » des dépenses publiques ! — au capitalisme Démocrate.
L’économie étant au fondement de toutes choses — nous devons boire et manger avant de songer à ouvrir un livre, ou nous pâmer devant une œuvre d’art — il n’existe, sur l’essentiel, virtuellement aucune différence entre Républicains et Démocrates. La seule variable est de savoir qui « régale » — quels sont les contribuables les mieux vampirisés par l’omnivore étatique — et qui se régale : quels sont les citoyens qui bénéficieront des miettes de Pantagruel.
Le « marxisme » de certains Démocrates est aussi risible que le libéralisme tempéré des Républicains. En actes, sur ces sujets, leur convergence est totale : l’Obèse Etat régale sans limite, la trame économique reste capitaliste en diable (créant une contradiction qui devra se résorber, dans un sens ou l’autre).
La divergence entre candidats s’accuse dans le domaine de la politique étrangère. Les Républicains, sous l’influence de Trump et d’intellectuels visionnaires tels Stephen Bannon, définissent la Chine comme grand rival stratégique, sinon l’ennemi, des Etats-Unis au XXIe siècle ; quant à eux, les Démocrates restent rivés à une vision héritée de la Guerre froide qui institue la Russie en rival n°1. Ces questions ne sont pas secondaires, moins encore de détail ; elles sculptent la face du monde pour le siècle à venir. Un binôme Etats-Unis—Russie face à la Chine enfanterait un autre monde que celui dans lequel Russie et Chine feraient un partenariat stratégique face à l’Occident (ie, l’Amérique + le Green Reich européen, lâche et pusillanime).
Les Républicains sont désormais non pas isolationnistes — contrairement à ce que soutient bêtement une certaine presse française — mais partisans d’un interventionnisme moins forcené que les Démocrates. L’administration Trump n’a pas hésité à mettre fin ou réduire l’engagement des troupes américaines sur plusieurs théâtres d’opération — Syrie, Afghanistan — et rappeler à l’ordre les membres ouest-européens de l’Alliance en fraude de leurs engagements financiers. L’Allemagne, qui méconnaît fièrement son obligation financière à l’égard de l’OTAN et qui dans le même temps achète l’énergie de l’adversaire nominal de l’Alliance — la Russie — vient d’être sanctionnée par le départ du quartier-général des forces américaines en Europe, de Stuttgart vers Mons, Belgique. Il ne faut pas mésestimer la portée structurante de ce type d’évolution. L’Amérique Républicaine est un allié comme Israël n’en a jamais eu ; l’Amérique Démocrate est désormais une menace pour la seule démocrate constitutionnelle du Proche-Orient. On pourrait multiplier les exemples, tant il est vrai que Démocrates et Républicains n’ont pas la même vision du monde.
La divergence entre les camps Républicain et Démocrate s’accuse davantage encore sur les questions dites « culturelles », tels l’avortement, l’action « affirmative » — politique au fondement racial que favorisent les Démocrates — la liberté d’expression ou le droit de détenir des armes.
Les Démocrates considèrent toute différence de résultats entre races — économique, criminelle — comme la preuve définitive d’une injustice voire du « racisme systémique » — odieux concept non réfutable par excellence — et préconisent par conséquent des politiques raciales dans tous les compartiments de l’activité humaine. Inégalité réelle = injustice. Ce néo-racisme revendiqué, odieux à la Constitution des Etats-Unis, est désormais l’un des marqueurs de la Gauche Démocrate.
Leur radicalisation a éloigné sur ces questions les Démocrates du prescrit constitutionnel des Etats-Unis, tandis que les Républicains énergiquement s’y rivent.
Les divergences hurlées — et réelles — entre Républicains et Démocrates sont aussi nettes que leurs convergences inavouées. Qui l’eût cru, qui le dit ?
Drieu Godefridi, PhD.
Cet article ressemble à une ébauche d’un sujet assez vaste et complexe qui pourrait faire l’objet d’un livre et n’était pas vraiment prêt à être publié en l’état. Les deux partis ont respectivement leurs DINOs (à l’extrême-gauche et les “centristes”) et leurs RINOs (“centristes”). Oui, bon, et après. Ce n’est pas le meilleur article de Drieu Godefridi car cette analyse est, à mon sens, incomplète ou superficielle. Certains raccourcis ne sont pas acceptables intellectuellement ex. sur l’économie de marché, la fiscalité et le rôle de l’état dans l’économie car l’approche de chacun des partis est radicalement différente même si l’on peut y déceler certains points communs (par ex. l’âne et l’éléphant ont tous les deux quatre pattes). Je suis perplexe.
Absolument. Et puisque in fine démocrates et républicains doivent en passer par les élections pour jouir du pouvoir, ils instrumentalisent idéologiquement le peuple affaibli par les taxes. Il ne s’agit pas de ce que “le meilleur” gagne, mais “le plus fort” pour terrasser l’autre, le challenge est entre eux.
Et si le peuple à bout de souffle se détourne de l’élection (très peu de personnes votent en fait) et pense, à juste titre, “tous pourris”, c’est encore au peuple qu’on fait honte en lui collant l’étiquette d’ “anti-élites” .
Geneviève Boyer, que se passera-t-il lorsqu’une immense majorité – 9/10 par exemple – de votants boycotteront les élections ?
Que feront les überélites financières ? Une grande guerre ?
L’article est très bon ; j’aime beaucoup l’expression “le Green Reich européen, lâche et pusillanime”.
On a donc selon Godefridi des différences réelles, parfois très nettes, entre Démocrates et Républicains, sauf sur l’économie, où les dépenses et la dette s’envolent autant sous les uns que sous les autres. J’ai l’impression que – comme pour les politiciens français de “droite” – il s’agit sur ce plan davantage de lâcheté, d’esprit de facilité, que d’autre chose. On n’a pas le courage de tailler dans les dépenses publiques, car cela entraînerait suffisamment de mécontents pour perdre l’élection suivante. Et tant pis pour les générations suivantes ! (tant pis aussi pour la génération actuelle, car la dépense publique d’aujourd’hui pèse aussi sur l’économie d’aujourd’hui)
En ce sens, je ne dirais pas que l’économie est au fondement de toutes choses, car ce qui est au fondement de toutes choses est la vision que l’on a de la vie, de l’être humain ; l’économie en étant un aspect très important, mais comme on dit en maths, je dirais que c’est une condition nécessaire mais non suffisante. Les Républicains doivent donc se méfier, car à terme cette question peut devenir cruciale. Exemple : la planche à billets largement utilisée par les USA, depuis des décennies, a abouti, entre autres, à ce que la Chine détient aujourd’hui des réserves considérables de dollars. Et que fait-elle de ces réserves ? Les utilise-t-elle pour l’amélioration du sort des Chinois ? Non, elle s’en sert pour racheter des ports et des infrastructures dans des pays étrangers endettés, plaçant de facto ces pays sous dépendance ; et hop ! la route de la soie – i.e. la mainmise de la Chine communiste sur le monde – se développe un peu plus.
Donc question argent, presque tout le monde s’entend sauf sur :
“QUI VA PAYER QUOI, COMBIEN ET A QUI ?” !
oui il y a toujours eu de la convergence sauf que l’élection de 2016 et 2020 sont différent car Trump veux simplement faire le ménage de la corruption car les 2 camps sont impliquer EX: les avoirs personnel de nancy pélosi totalise 26 millions de $$$ mais la vérité est que c’est impossible d’avoir accumuler cette somme en travaillant au Congrès
michel boissonneault, une citation d’Alphonse KARR dit “qui veut gagner sa vie travaille, qui veut devenir riche fait autre chose”….Que fait Mme Pélosi ?
rien pour le peuple mais tout pour ses amis
En surface, et de loin, les différences entre les 2 partis peuvent paraître faibles – surtout si l’on se concentre sur les questions contemplées par Mr.Godefridi – telles les questions économiques rendues problématiques suite au covid-19.
Pourtant, les différences entre les 2 partis sont profondes sur le plan social (avortement, préférences raciales, liberté d’expression, immigration, lois fédérales vs droits des États fédérés, justice pénale, aides sociales, “equal pay”, assurance santé, pouvoir des syndicats, liberté de choisir l’école de ses enfants, bons d’études pour l’école choisie, intrusion gouvernementale minimale, etc).
En fait, nous pourrions presque examiner chaque amendement de la Déclaration des droits (Bill of Rights) et trouver des divergences entre les deux partis sur l’interprétation de chaque amendement. La doctrine de chaque camp est claire, les Démocrates estiment que les êtres humains sont faibles et incapables de s’auto gérer, ils doivent donc être supervisés et contrôlés par (de préférence) les autorités fédérales.
Les Républicains sont au contraire favorables au “constitutionnalisme” c’est à dire aux écrits et droits garantis par la Constitution telle qu’elle fut écrite, suivant les intentions et droits énoncés par les Pères Fondateurs – et non pas assujettie aux idées socialo-communistes du moment.
En gros les républicains pensent que le gouvernement se doit de laisser les êtres libres d’aller de l’avant afin qu’ils puissent réussir par eux-mêmes – dans l’ensemble, les démocrates pensent le contraire. D’ailleurs, si l’on regarde le programme des démocrates, on peut apprécier à quel point ces gauchistes sont devenus interventionnistes et radicalisés. https://democrats.org/where-we-stand/
Ces ensembles de valeurs de valeurs appliquées ont un effet profond sur la vie de tous les jours. Ainsi, quelles que soient les “convergences” entre les partis politiques, pour l’Américain moyen, ce sont les divergences qui ont un effet profond sur la vie privée, les droits, la prospérité et la liberté.