Publié par Magali Marc le 23 août 2020

Kamala Harris a accepté la nomination au poste de vice-président. Cela signifie que, peu importe l’élection de novembre, elle sera en lice pour la présidence dans quatre ou huit ans. C’est elle qui représente réellement le Parti Démocrate, étant donné que Joe Biden fait tout son possible pour éviter de parler en public. Elle a beau essayer de plaire à l’aile gauche du parti sans perdre l’appui de Wall Street, tôt ou tard elle devra choisir son camp. Kyle Sammin pense que ne sera pas celui des travailleurs américains.

Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit l’article de Kyle Sammin*, paru dans le magazine en ligne The Federalist, le 20 août.

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Le choix de Kamala Harris indique aux cols bleus que les Démocrates en ont fini avec eux

Mme Harris représente un gauchisme de nantis qui se fiche des travailleurs et ne cherche qu’à gérer le déclin de la puissance économique américaine.

Lors de l’élection présidentielle de 2016, les électeurs de chacun des grands partis ont été si nombreux à ne pas être satisfaits du candidat à la présidence que nous avons assisté à un changement majeur du système bipartite.

La nomination de Joe Biden et de Kamala Harris signifie que l’élection de 2020 va renforcer ce changement.

En effet, l’investiture de Biden est moins conséquente : il n’est qu’un écran sur lequel chaque faction du Parti Démocrate peut projeter sa propre vision.

En choisissant Kamala Harris comme colistière, Joe Biden a indiqué que l’ascendant de la faction des nantis de Wall Street au détriment des factions représentants la classe ouvrière est maintenant complète.

Candidate appréciée d’Hollywood et des grandes entreprises, Mme Harris met un drapeau arc-en-ciel sur une botte du gouvernement et appelle ça le progrès.

Sa nomination à la présidence signifie que l’avenir du Parti Démocrate se jouera dans les salles des conseils d’administration des entreprises, et non dans les sous-sols des églises ou les locaux des syndicats.

Des coalitions en mutation

Le Parti Républicain a été le premier parti à s’assurer de la loyauté des travailleurs. En luttant pour l’emploi et des droits de douane élevés, le GOP de la fin du XIXe et du début du XXe siècle défendait les emplois américains.
La Grande Dépression a changé cette perception. La version américaine de cette époque tragique a commencé avec un Républicain à la Maison Blanche ce qui voulait dire que désormais un Démocrate, Franklin D. Roosevelt, pouvait tenir une rhétorique rassembleuse de son parti en tant que sauveur des travailleurs américains.

Nous pouvons ne pas être d’accord sur la question de savoir laquelle des politiques de FDR a réellement aidé les travailleurs – certaines l’ont clairement fait, d’autres absolument pas – mais son message était juste.

Dans l’esprit populaire, le Parti Démocrate était devenu l’ami de l’agriculteur, de l’ouvrier et de l’homme ordinaire, tandis que les Républicains étaient présentés comme le parti des conseils d’administration des entreprises de Manhattan et des country clubs du Connecticut.

Qu’elle soit juste ou non, cette perception s’est maintenue pendant de nombreuses années.

Depuis lors, des éléments de la grande coalition du FDR se sont effondrés.
Les agriculteurs ont disparu depuis longtemps du parti, et les mineurs aussi. Les représentants syndicaux se répartissent maintenant à parts égales entre les Démocrates et les Républicains.

Les services de police des grandes villes étaient autrefois des bastions démocrates, mais les manifestations anarchiques et la sympathie évidente du Parti Démocrate pour les émeutiers les ont refoulés.

Les personnes travaillant dans l’industrie manufacturière représentent une part de plus en plus réduite de la population, en partie à cause de l’automatisation, mais surtout à cause des politiques bipartites qui ont éliminé leurs emplois et les ont transférés en Chine.

En retour, les Démocrates ont gagné les votes de leurs anciens ennemis, les personnes riches et influentes (les gestionnaires de niveau exécutif), les studios de cinéma et les salles de rédaction.

Des politiciens habiles comme Bill Clinton ont pu franchir ce fossé et maintenir l’unité du parti malgré un fossé croissant entre les factions.
Barack Obama n’a pas su faire de même, et Hillary Clinton a présidé à l’effondrement total de l’ordre ancien.

Les partis se sont recomposés en 2016, et le changement se poursuit aujourd’hui.

Kamala Harris représente ce que Joe Biden avait l’habitude de dénoncer

Alors, Joe Biden est-il à la hauteur de la tâche ? Il parle bien et semble vraiment se soucier des travailleurs ordinaires. Dans un article paru dans Politico la semaine dernière, Alex Thompson a souligné les différences entre M. Obama et M. Biden :

M. Biden a dénoncé l’intelligentsia prétentieuse qui avait pris le contrôle du Parti Démocrate. « Il me semble que vous êtes tous devenus des technocrates sans cœur », a-t-il déclaré. « Nous n’avons jamais, en tant que parti, fait bouger cette nation par des prises de position en 14 points et des programmes en 9 points ».

En choisissant Kamala Harris, cependant, Joe Biden a concédé que l’avenir du parti est fermement lié à « l’intelligentsia prétentieuse ».

Mme Harris n’apparaît peut-être pas comme une « technocrate sans cœur », mais c’est seulement parce que des technocrates comme Obama et Hillary Clinton maîtrisent mieux la politique qu’elle.

Son style de campagne est plus émotionnel que le leur, mais il s’adresse aux mêmes groupes. Comme Nathanael Blake l’a écrit (dans The Federalist, le 17 août): « Wall Street adore Kamala Harris ».

En fait, pourquoi ne l’aimeraient-ils pas ? Sa carrière politique est parfaitement alignée sur leurs intérêts. Tout comme les entreprises ont trouvé plus facile de tomber dans le piège des causes radicales, en affichant leur appui, que de répondre aux plaintes des militants, Mme Harris s’est révélée une amie pour toutes les organisations de gauche marginales qu’elle a pu voir. Ses positions politiques, telles qu’elles sont, sont conçues pour plaire à tous les publics qui se trouvent devant elle, ce qui explique ses fréquentes volte-faces.

Elizabeth Warren « avait un plan pour cela » et Hillary Clinton était bien préparée en matière de politique, mais Mme Harris veut «vendre» ce que les entreprises américaines veulent «vendre» : un vague sentiment qu’elle aime les mêmes choses que les gauchistes. Elle ne propose peut-être pas les « programmes en 14 points » que Biden dénonçait, mais elle présente le même PowerPoint flou rempli de mots vagues des entreprises. Du bruit et même un peu de fureur, mais en fin de compte, cela n’a aucun sens.

Le nouveau Parti Démocratique

Ce n’est pas une mauvaise posture pour un candidat. Les projets peuvent être réfutés, les calculs peuvent ne pas tenir la route, mais les sentiments peuvent effacer les différences, au moins pendant la campagne. Toutefois, viendra le temps où les sentiments devront se transformer en programmes et la vérité devra émerger. En fin de compte, Mme Harris devra choisir son camp, et ce ne sera pas celui des travailleurs américains.

Le fait qu’elle ait accepté la nomination au poste de vice-président signifie que, victoire ou défaite, Mme Harris sera parmi les meilleurs candidats à la présidence dans quatre ou huit ans. Elle est déjà, à bien des égards, le porte-drapeau de son parti, puisque le candidat réel fait tout son possible pour éviter de parler en public. Cela signifie une victoire pour les Clintoniens, qui ont adopté la politique des conseils d’administration des entreprises et leur radicalisme social qui leur tient lieu de feuille de vigne. Pour les anciens partisans du Parti Démocrate dans les fermes, les mines et les usines, c’est un rejet démontrant une ingratitude choquante.

Le sénateur Bernie Sanders a peut-être tort sur toute la ligne, mais dans son cœur, il y a une grande place pour les travailleurs. Mme Harris est à l’opposé. Elle est la voix d’un nouveau gauchisme de riches qui ont renoncé à créer des emplois et qui ne cherchent qu’à gérer le déclin de la puissance économique américaine. Ils veulent vous mettre à l’aise avec une aide sociale généreuse et la légalisation des drogues. Mais si vous voulez un emploi, ils n’ont rien d’autre à vous offrir qu’un drapeau arc-en-ciel et un sourire.

* Kyle Sammin est un avocat de Pennsylvanie et l’un des principaux contributeurs au magazine The Federalist.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : The Federalist

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