Publié par Manuel Gomez le 21 septembre 2020

En 2018, elle demandait à l’Armée Nationale Populaire algérienne d’exterminer les Kabyles qui menaçaient la sécurité de l’Algérie. 

La députée islamiste algérienne Naïma Salhi, de l’Assemblée Nationale Populaire, qui prônait la polygamie, avait demandé au ministre de la Défense, le général Ahmed Gaïd Salah, (aujourd’hui décédé) de «réagir et de combattre ces agissements dangereux qui portent atteinte à la stabilité du pays : le rôle de l’armée est de combattre le terrorisme», concluait-elle.

Elle n’hésitait pas à s’adresser aux plus hautes autorités algériennes afin qu’elles prennent cette menace très au sérieux et d’agir pour «éradiquer ce terrorisme géré par les alliés du Berbéro-sionisme et cela pour ne pas tomber dans l’extrémisme et éviter ainsi que des massacres se produisent, tel qu’a été le cas en Birmanie.»

Naïma Salhi menaçait même de «tuer» sa propre fille si elle l’entendait parler le kabyle, qu’elle avait appris dans une école privée.

Dans un entretien téléphonique, avec un journaliste d’un média électronique, elle n’hésitait pas à traiter les Kabyles de «Travestis, de chiens et de traîtres»

(Source : Observalgérie du 4 mai 2018).

Pourquoi tant de haine contre les Kabyles ? S’agit-il d’une nouvelle révolution en Algérie ? D’une guerre civile ? D’une manifestation violente, comme celles qui se produisent en France actuellement ?

N’ont-ils pas été suffisamment «massacrer» durant la conquête de ce territoire, qui n’était pas encore l’Algérie, entre le VII° et le 15° siècle ? Quand ils ont été obligés de se convertir à l’islam ?

Etait-ce une nouvelle révolution ? Qu’allez-vous chercher là ! Il ne s’agissait que d’une réaction épidermique contre les supporters de la JSK (Jeunesse Sportive de Kabylie) qui avaient osé «tourner le dos» à l’hymne national algérien, lors de la finale de la coupe d’Algérie de foot. Insultant ainsi les responsables, à l’époque, du gouvernement algérien.

Naïma Salhi avait perdu le sens de la mesure, elle débloquait totalement.

Il est vrai que les Kabyles n’apprécient pas particulièrement les Arabes, et ce n’est pas cette déclaration qui allait améliorer la relation.

Les Kabyles sont le premier groupe ethnique, par le nombre, en Algérie, environ 15 % de la population, soit plus de six millions (alors que plus de la moitié de la population d’Algérie est d’origine berbère).

Ils revendiquent leur identité berbère et se battent, quelquefois jusqu’à la violence, pour exiger la reconnaissance du berbère comme langue officielle.

Au cours de l’été 1998, après l’assassinat du chanteur Matoub Lounès cela a «chauffé dur», surtout contre la loi qui imposait la langue arabe dans tous les domaines.

Nouvelle flambée de violence au mois d’avril 2001, après l’assassinat d’un jeune kabyle, Massinissa Guermah, par des gendarmes.

La langue kabyle est devenue officielle depuis le 1er janvier 2016.

Est-il nécessaire de rappeler que les Berbères ont été les premiers habitants du Maghreb, qui ne s’appelait pas encore Algérie et qu’ils ne se considèrent pas comme «Arabes».

Pour les Berbères, les Arabes, à travers l’histoire du pays, sont ceux qui ont exploité, pillé, torturé, assassiné, violé, et cela depuis qu’ils ont colonisé le Maghreb.

Lors de la conquête de l’Algérie par la France, la Kabylie n’a été occupée qu’en 1857.

A l’époque bénie des colonies, la relation, entre Arabes et Berbères, était bien plus apaisée, la France et les Pieds-Noirs servaient de tampon.

Leur plus célèbre leader, Hocine Aït Ahmed, l’un des pères fondateurs du FLN, en était parfaitement conscient. Il n’avait pas hésité à contester, dès 1963, l’autorité et les décisions prises par son parti.

Interrogé, en 1989, sur l’Algérie indépendante, il avait affirmé sans ambiguïté sa profonde conviction du désastre causé par les gouvernements FLN successifs :

* «Chasser les Pieds-Noirs a été plus qu’un crime, une faute, car notre chère patrie a perdu son identité sociale. N’oublions pas que les religions, les cultures juives et chrétiennes se trouvaient en Afrique bien avant les arabo-musulmans, eux aussi colonisateurs, aujourd’hui hégémonistes. Je reconnais que nous avons commis des erreurs politiques et stratégiques. Il y a eu envers les Pieds-Noirs des fautes inadmissibles, des crimes de guerre envers des civils innocents et dont l’Algérie devra répondre au même titre que la Turquie envers les Arméniens. «Avant, du temps de la colonisation, du temps de la France, mais l’Algérie c’était le paradis ! Des fleurs, des fruits, des légumes et partout des restaurants. C’était la Côte d’Azur.»

Un historien algérien, Yassin Temlali, pourtant plus à gauche, si c’est possible, que Benjamin Stora, le constate également, et le regrette : «La nostalgie de l’époque coloniale est, malheureusement, réelle en Algérie.»

Les Kabyles représentent plus de 40 % de la population algérienne émigrée actuellement en France. Ils sont également très nombreux au Canada et en Belgique.

Les manifestations se sont apaisées en Algérie, à cause de la pandémie «Covid», mais elles reprendront de plus belle dès le calme sanitaire revenu et les Kabyles seront au premier rang car ils se méfient, avec juste raison, de l’ingérence de la Turquie d’Erdogan en Algérie (son objectif : que les Frères musulmans refassent surface et reprennent leur offensive dévastatrice).

Les Kabyles ne se sentent pas chez eux en Algérie, un pays qui était pourtant le leur.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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