Publié par Gilles William Goldnadel le 22 septembre 2020

À la tête de la BBC depuis le 1er septembre, Tim Davie veut rééquilibrer la représentation à l’antenne. « Et Radio France, c’est pour quand ? », s’interroge Gilles-William Goldnadel.

Qui osera être le Tim Davie de Radio France ? Le Figaro, par la plume de son correspondant à Londres Arnaud De la Grange, a publié vendredi dernier un article bien instructif sur sa page consacrée aux médias. Son titre est édifiant: «Le patron de la BBC recadre les humoristes de gauche». ; son sous-titre ne l’est pas moins: «à la tête de l’institution publique depuis le 1er septembre, Tim Davie veut rééquilibrer la représentation à l’antenne».

Avant son entrée en fonction, la presse britannique avait annoncé le désir du nouveau patron de «recadrer» l’antenne publique et notamment, de supprimer certaines émissions humoristiques trop «gauchisantes».

La BBC est en effet accusée d’être partisane et trop à gauche. Le journal Telegraph a révélé que même le présentateur principal de la radio publique britannique Andrew Neil -pourtant sévère à l’égard du premier ministre conservateur Boris Johnson considérait que la BBC penchait trop vers la gauche.

Celui-ci avait estimé que l’émission satirique en soirée relevait de «la propagande de gauche auto satisfaite et hermétique aux critiques» ou qu’une autre émission phare ne produisait plus que des «commentaires idéologiques artificiels». Parmi les exemples de l’outrance unilatérale gauchisante, certains «humoristes» ont suggéré plaisamment de «jeter de l’acide de batterie» sur le bien à droite et très anti-européen Nigel Farage.

Si vous souhaitez être un éditorialiste borné ou un militant partisan sur les réseaux sociaux, c’est un choix qui se respecte, mais vous ne devriez pas être à la BBC.

Tim Davie, patron de la BBC

Comme a désiré le synthétiser leur nouveau patron: «Si vous souhaitez être un éditorialiste borné ou un militant partisan sur les réseaux sociaux, c’est un choix qui se respecte, mais vous ne devriez pas être à la BBC.»

Le gauchisme médiatique aujourd’hui teinté de culture de l’annulation importée des États-Unis a sévi récemment et a déclenché une tempête marine autour des hymnes patriotiques.

Depuis des temps immémoriaux, les somptueux et entraînant Rule Britannia! Et Land of Hope and Glory sont chantés en choeur lors de la dernière soirée annuelle de concert dans la prestigieuse salle du Royal Albert Hall. Mais cette année, dans l’effervescence indigéniste et racialiste, l’ancienne direction par révérence anticolonialiste avait décidé de diffuser la musique sans les paroles. Devant la levée de boucliers, dont le pavois du premier ministre, la BBC avait renoncé à son projet de censure tout en imposant, sans doute pour donner moins de voix, un nombre plus restreint de chanteurs.

La reprise en main du service public audiovisuel coïncide avec une réflexion menée par Boris Johnson de ne plus vouloir financer par une redevance obligatoire payée par l’ensemble du peuple britannique une radio publique partiale.

Il faut ajouter que cette reprise en main par un partisan de la neutralité et du pluralisme intellectuel du service public audiovisuel n’est pas non plus financièrement désintéressée. Elle coïncide avec une réflexion menée par Boris Johnson de ne plus vouloir financer par une redevance obligatoire payée par l’ensemble du peuple britannique une radio publique partiale.

Je me demande le pourcentage de Français qui, à la lecture de cet article sur le tropisme déséquilibré du média public d’outre-Manche, n’ont pas immédiatement songé à leur radio publique nationale.

À l’attention des distraits qui n’auraient pas opéré un rapprochement réflexe immédiat, je m’en vais à mon tour les édifier un peu.

Ceux qui veulent bien me suivre savent en effet que j’en ai fait l’un de mes combats culturels quotidiens. Certainement pas par esprit de vindicte: j’entretiens avec certains journalistes de la maison circulaire, qui comprend nombre de gens de qualité, des rapports d’estime et d’amitié.

Mais pour une double raison de principe: le refus d’absence de pluralisme et du dressage intellectuel et moral sur des ondes essentielles que je finance et dont je suis donc l’un des copropriétaires. Plus largement, le refus de capituler devant le gauchisme intellectuel et son église cathodique encore en majesté médiatique.

Les «humoristes» de France Inter, n’ont rien à envier à leurs alter ego britanniques. Ils ricanent eux aussi la bouche en coin à gauche. Bien que payés par le contribuable, c’est toujours les mêmes qu’ils font payer: Nadine Morano, Charlotte d’Ornellas , ou encore, rien que pour chambrer leurs prénoms ou patronymes qui fleurent trop le terroir français, Philippe de Villiers, les gens de la Manif pour tous, Albéric Dumont ou Ludovine de Larochère, finement surnommée (le féminisme ordinairement vigilant n’exerçant dans son cas aucune protection): Ludovine de la Malbaise.

Sur France Inter on peut s’amuser à rêver de la mort de Trump mais pas de Erdogan. On peut aussi chanter que «Jésus est un pédé» mais non d’ironiser sur la sexualité de Mahomet. Au demeurant, après une petite tempête dans un bénitier, les homosexuels ont eu le droit aux excuses de la direction, pas les catholiques.

Je n’aurais pas assez d’un livre en dix volumes pour écrire ici ce que je consigne presque quotidiennement, bien au-delà des méchancetés pas drôles à géométrie invariable.

La question de la redevance fiscale pour obtenir un service public qui ne respecte pas son cahier des charges en matière de pluralisme et dont la gabegie était rituellement autant que platoniquement dénoncée chaque année par la Cour des Comptes devrait être posée par ceux qui prétendent combattre pour la démocratie réelle.

Dans ces mêmes colonnes, j’avais relaté cet article laudateur sur les Sleeping Giants qui se proposent d’intimider les annonceurs des journaux de droite (15/8/19). Dans d’autres, j’avais ironisé sur cette préposée aux médias qui, recevant deux journalistes d’extrême gauche, avaient dressé une liste nominative de dangereux chroniqueurs de CNews (en ce compris votre serviteur) devant lesquels il était recommandé de se signer avant de les croiser (31/5/18). Mon imagination est impuissante à décrire la réaction de la communauté journalistique si, par hypothèse impossible, le même média d’État avait procédé de la sorte à l’égard de personnalités de gauche.

Rien que dans le courant du dernier trimestre, j’ai noté que France Inter avait dû s’excuser d’avoir ouvert gentiment son antenne et sans précaution au responsable antisémite de la tribu Ka (la même bonne manière a été faite à l’égard de la radicale Ligue de Défense des Noirs). Elle s’est fait réprimander le 6 septembre par le CSA pour avoir diffusé de fausses informations non vérifiées à l’encontre d’Israël. Sa petite soeur Le Mouv’, dédiée à la jeunesse a, plusieurs fois, commis quelques dithyrambes à l’égard du rappeur aux propos antisémites Freeze Corleone.

Chaque jour, des reportages orientés sans aucune contradiction sont sélectionnés par tropisme idéologique. C’est ainsi que pas plus tard que samedi matin, à 9 heures 7 minutes, le responsable du Collectif des sans-papiers était longuement interviewé pour faire la promotion de sa Marche pour obtenir la régularisation de tous les sans-papiers illégaux. Jamais leurs adversaires identitaires symétriques, constamment dénigrés, ne pourraient bénéficier d’une telle publicité.

Pour illustrer symboliquement la situation qui règne dans l’audiovisuel français, une station de radio privée Europe 1, après une bronca, a dû refuser de mener à bien jusqu’au bout son projet d’engager comme chef du service politique un journaliste venant d’un hebdomadaire bien à droite.

Mais s’agissant de l’antenne publique, nul n’a estimé devoir se poser la question de savoir s’il était bien équilibré d’engager comme présentateur-vedette de l’émission matinale, l’ancien directeur du journal Libération et comme responsable de sa chronique de politique étrangère, l’ancien directeur de Rue89.

Je ne sais si viendra un jour un Tim Davie français. Mais je sais que la question de la redevance fiscale pour obtenir un service public qui ne respecte pas son cahier des charges en matière de pluralisme et dont la gabegie était rituellement autant que platoniquement dénoncée chaque année par la Cour des Comptes devrait être posée par ceux qui prétendent combattre pour la démocratie réelle.

Qu’avons-nous de moins que les Anglais ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel pour Dreuz.info

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