Source : Lefigaro
Avant comme après l’apparition de l’islam, les textes antiques ont été étudiés et conservés par les érudits chrétiens de l’Empire gréco-romain, qui diffusèrent ce savoir en Europe.
Cette idée de «sauvegarde et transmission» par l’Islam est un autre mythe. Tout d’abord, les textes classiques n’ont jamais été «perdus» puis «récupérés» pour être gracieusement «transmis» à un Moyen Age européen ignorant. Ils ont été commentés et conservés dans l’Empire chrétien gréco-romain («byzantin») pendant des siècles avant et après l’apparition de l’Islam. Michael H. Harris observe ainsi dans History of Libraries in the Western World que les textes classiques étaient toujours disponibles pour les peuples de l’empire et les Occidentaux qui avaient un contact diplomatique et culturel avec eux. Au moins 75 % des classiques grecs que nous connaissons aujourd’hui proviennent de copies réalisées sous l’empire. L’historien John Julius Norwich observe quant à lui qu’«une grande partie de ce que nous savons de l’Antiquité – en particulier la littérature hellénique et romaine et la loi romaine – aurait été perdue pour toujours sans les érudits et les scribes de Constantinople».
Les intellectuels musulmans, propagandistes du même calife qui fut le pionnier de l’inquisition islamique, affirmèrent à maintes reprises que le christianisme avait empêché les Rum (les habitants de l’Empire gréco-romain) de profiter du savoir classique. Cela ne correspond pas aux faits, comme l’ont montré Speros Vryonis et d’autres, et comme le prouve l’essor donné, par les chrétiens de l’empire, au savoir grec antique. Les Arabes goûtèrent d’ailleurs ce développement lorsque leurs vastes flottes furent écrasées par le fameux «feu grec» de la marine grecque chrétienne, moins imposante en nombre mais technologiquement supérieure.
Les Grecs eux-mêmes étaient conscients de la supériorité de leur civilisation et de la propagande que les musulmans menaient contre elle. Quand, au IXe siècle, saint Cyrille, l’apôtre des Slaves, fut envoyé par l’empereur romain en ambassade auprès des Arabes, il les étonna par ses connaissances philosophiques et scientifiques. L’historienne Maria Mavroudi raconte: «Lorsqu’ils lui demandèrent comment il lui était possible de savoir autant de choses, il [Cyril] fit une comparaison entre la réaction musulmane à son érudition et la fierté de quelqu’un qui gardait l’eau de mer dans une outre à vin en se vantant de posséder un liquide rare. Finalement, il rencontra un homme provenant d’une région en bord de mer, qui lui expliqua que seul un fou se vanterait du contenu de l’outre, car les gens de sa région possédaient une abondance infinie d’eau de mer. Les musulmans sont semblables à l’homme possédant l’outre, et les [Grecs] à l’homme du bord de mer parce que, comme concluait le saint en réponse, tout apprentissage émanait des [Grecs].»
Grâce aux traductions réalisées au monastère du Mont-Saint-Michel, les érudits médiévaux n’avaient guère besoin de traductions depuis l’arabe.
Saint Thomas d’Aquin lut Aristote grâce aux traductions réalisées directement du grec au latin par Guillaume de Moerbeke (1215-1286), un dominicain qui fut évêque de Corinthe. Ce dernier effectua plus de vingt-cinq traductions d’Aristote en plus de traductions d’Archimède, de Proclus, de Ptolémée, de Galien et de beaucoup d’autres penseurs grecs. Plusieurs ouvrages d’Aristote étaient à la disposition des érudits chrétiens du Moyen Age dans des traductions latines remontant à Boèce (VIe siècle) et à Marius Victorinus (IVe siècle). La Columbia History of Western Philosophy nous rappelle qu’à la fin du XIIe siècle, «les auteurs de l’Occident latin connaissaient bien la logique (Organon) d’Aristote». Sylvain Gouguenheim a montré que, grâce aux traductions réalisées au monastère du Mont-Saint-Michel, les érudits médiévaux n’avaient guère besoin de traductions depuis l’arabe.
En réalité, ce sont les érudits chrétiens qui transmirent le savoir grec aux musulmans, après la conquête par l’Islam des régions (Moyen-Orient et Afrique du Nord) où une riche civilisation chrétienne grecque s’était développée – une civilisation que l’Islam s’attacha bien entendu à détruire.
Les traductions effectuées directement du grec qu’appréciaient les savants occidentaux contrastent avec les traductions utilisées par des gens comme Ibn Rushd («Averroès»), qui étaient de vieilles traductions arabes réalisées par des érudits chrétiens à partir de traductions syriaques, elles-mêmes traduites par des érudits chrétiens à partir des textes grecs qui restaient dans les territoires de l’Empire gréco-romain chrétien conquis par les musulmans. Un fait qui résiste aux allégations sur «l’influence profonde» qu’auraient eue sur l’Europe les «commentaires» d’Aristote par les musulmans.
Les savants grecs de Constantinople qui enseignaient en Italie avaient pointé du doigt les erreurs commises par ceux qui se fiaient à Averroès pour comprendre Aristote.
L’humaniste Juan Luis Vives a remarqué que, dans son «commentaire» d’Aristote (dans la traduction latine utilisée en Europe), Averroès, considéré comme «le plus grand philosophe andalou», fait référence à Héraclite comme à une secte: les «Herculéens». Il affirme que le premier philosophe de cette secte «herculéenne» est Socrate. Vives constata aussi qu’Averroès confondait Cratylus avec Démocrite et Pythagore avec Protagoras. L’humaniste Marsile Ficin considérait qu’Averroès ne comprenait pas Aristote. Plus tôt, les savants grecs de Constantinople qui enseignaient en Italie avaient pointé du doigt les erreurs commises par ceux qui se fiaient à Averroès pour comprendre Aristote.
Averroès était sans aucun doute un homme doté d’une grande intelligence ; il avait même de merveilleuses intuitions aristotéliciennes, comme nous l’assurent aujourd’hui les experts en philosophie islamique. Mais son métier n’était pas d’être un philosophe (soit un praticien de la philosophia, concept inconnu des Arabes avant leur rencontre avec les Grecs, qu’ils embrouillèrent avec le mot arabe falsafa). Son métier était celui d’un éminent juge de la charia à Cordoue. Il a écrit un formidable traité d’instruction pour les juges de la charia, où il discute les opinions des clercs islamiques savants sur des sujets d’importance, comme la façon dont il faut, selon la religion, lapider une femme musulmane adultère (Averroès accepte le consensus de la jurisprudence islamique malikite selon laquelle il n’est pas obligatoire de la placer dans un trou pour la lapider). Il explique comment le pèlerinage à La Mecque devient invalide si les «deux circoncisions» (de l’homme et de la femme) sont entrées en contact. Il disserte sur le jihad, compris comme la guerre sainte et non comme «un combat spirituel pour résister à la tentation et devenir le meilleur possible».
Tout au long de l’histoire de l’Empire gréco-romain chrétien, les savants grecs ont apporté le savoir antique à l’Europe. Vers la fin de l’empire, dont l’Islam était en train de détruire la civilisation entière, cette transmission s’intensifia, tandis que de plus en plus de Grecs se rendaient en Italie, apportant un savoir et des textes précieux. Ils furent des figures clés de ce mouvement culturel que nous appelons la Renaissance.
Isodore de Seville a ecrit son “Etymologiae” (Les origines) et en 636 enseignait Aristote bien avant les arabo-musulmans. Son oeuvre est composee de 20 volumes. Au Moyen Age il y avait au moins 1000 copies de cette ouvrage encyclopedique qui a ete reedite a la Renaissance.
Très bon article qui fait une synthèse claire de l’état des connaissances sur cette transmission, et sur la fable de la transmission par les
bourricots“savants” musulmans[dans le monde islamique, “savant” se réfère aux individus qui ont une connaissance approfondie de l’islam, c’est-à-dire qui connaissent le coran par cœur et connaissent des milliers de hadiths et les récitent mécaniquement pour trancher des points litigieux de la charia et du fiqh. Rien à voir avec notre sens à nous – contresens polysémique sur lequel jouent comme à leur habitude les sophistes islamophiles. Tiens, sophiste serait une bonne traduction de “savant de l’islam”].
La cause est maintenant entendue, cette tarte à la crème, ce lieu commun diffusé à tire-larigot de “l’âge d’or de l’islam” est une baliverne destinée à donner du lustre à l’islam.
La question n’est plus de savoir si c’est vrai ou pas. C’est faux.
La question est de savoir pourquoi on nous bourre le crâne avec ces mensonges, et pourquoi on se livre à cette réécriture révisionniste, à cette falsification de l’Histoire. Et singulièrement, tristement en premier lieu à l’école, où on raconte ces mensonges aux enfants naïfs, comme au plus beau temps des propagandes fascistes et communistes
Il est clair qu’on veut nous faire aimer l’islam, et aimer les musulmans. Pourquoi? Et pourquoi est-il nécessaire de nous mentir pour arriver à cela? Leurs mérites propres et réels ne suffisent donc pas, et ne parlent donc pas d’eux-mêmes?
[question purement rhétorique, le monde entier connaît la réponse]
Voir aussi “Aristote au Mont St Michel”…
Sylvain Gouguenheim, l’auteur, ne pouvait plus se deplacer sans gardes du corps apres la parution de son livre qui remettait en cause la doxa…
et aujourd’hui il est couramment établi que sans les immigrés nous manquerions de routes et de logements (dixit le recteur de la grande mosquée de Paris)
sans oublier l’industrie du couteau qui déclinerait.
et ce qu’on entend souvent à la radio ou à la TV – “c’est les immigrés qui ont construit la France”….. Faut-il que ces immigrés soient nuls pour vouloir nous les faire aimer à tout prix et par de tels mensonges…………
Je viens juste de me rappeler une info archeologique lu il y a une dizaine d’annee en arriere et dont personne ne parle en Europe. Des morceaux de la plus vieille faisselle au monde a ete decouverte en Pologne et date du Neolitique. (Lien plus bas et article en anglais). Alors je me demande pourquoi sur les boites de lait fermentee achetees en Europe c’est ecrit en arabe alors qu’au Neolitique ces derniers ne savaient probablement pas qu’on pouvait traire des chamelles?
https://www.discovermagazine.com/technology/remnants-of-oldest-known-cheese-found-in-neolithic-pottery
C’est récurrent chez les muzz ! Ils pillent le savoir des autres et après, ils se l’attribuent et ils le falsifient pour coller à leur infâme charia !
Un peu comme les noirs et l’ Egypte ancienne des pharaons .
Voilà un article que Jack Lang devrait lire.
Lors du débat télévisé avec Eric Zemmour, il n’a cessé de réfuter tous ces arguments qu’EZ essayait de lui démontrer….En vain.
Eh oui, il n’y a pas plus sourd que qui ne veut pas entendre!!!
PS: j’attribue une mention spéciale à l’Abbé Arbez pour son humour que je qualifierais cette fois de transperçant.
Voilà un article qui déboulonne le statut d’Averroès.Un vrai plaisir, merci
La grandeur de l’islam al Andalous, c’est un nain au sommet d’une montagne de crânes !
Averroès, “grand érudit, philosophe et savant de l’islam”, tellement fameux et une telle référence éminente dans le monde islamique qu’il est resté totalement inconnu des musulmans pendant des siècles, dès avant sa mort, et ses écrits totalement oubliés et enterrés avec lui.
Je crois même qu’il n’existe plus de copies en arabe de ses écrits, et qu’on n’a plus que les traductions en latin!
Les musulmans n’ont découvert son existence qu’au 19e siècle quand les européens le leur ont fait connaître
Sauf qu’il n’est aucunement et toujours pas une référence dans la pensée islamique. Les musulmans ne citent son nom et ne revendiquent sa personne que parce qu’il savent que ça plaît aux islamophiles occidentaux. Mais le contenu de ses écrits ils s’en tamponnent comme de leur premier turban.
Pourtant, contrairement à sa réputation béatement établie par les Occidentaux, c’était un humaniste bien islamique à géométrie variable, puisqu’en tant que cadi il demande aux chefs musulmans de participer au jihad en opprimant davantage les chrétiens qui ne sont que des mécréants méprisables. L’islam officiel l’a condamné pour ses hérésies philosophiques qui selon lui dévalorisaient la toute-puissance d’Allah sur les soumis. Mais sa reprise d’idées d’Aristote a séduit les Occidentaux qui n’ont voulu voir que la part fréquentable de son oeuvre.
Tout à fait.
Averroès a été le dernier des théoriciens musulmans à défendre l’usage de la rationnalité des philosophes grecs, mais il a été combattu, réfuté et “excommunié” par les fondamentalistes, Al-Ghazali, Ibn Arabi, et surtout Ibn Taymiyya, grand inspirateur des salafistes, des Frérots et de Daech.
Merci Auguste
J’aurais pu préciser le statut d’Averroès en Occident islamophile
Etaient-ils capables de transmettre quoi que ce soit, vu leurs instincts de destruction ????