Monsieur le Président de la République
Palais de l’Elysée
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 PARIS

Saint-Rambert d’Albon, le 9 octobre 2020

Monsieur le Président de la République

Je fais suite à mon précédent message par mail du 27 juillet référencé B100724 relatif à la nomination par vos soins en date du 24 juillet de Monsieur Benjamin Stora pour accomplir une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie » en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien ».

Certains reprochent à Benjamin Stora, né le 2 décembre 1950 à Constantine, d’être trop jeune pour maîtriser son sujet !

Jean-Jacques Jordi est né en septembre 1955 à Fort-de-l’Eau : on lui doit pourtant Un silence d’État : les disparus civils européens de la guerre d’Algérie en 2011.

Guy Pervillé est né en 1948 … mais on pourrait lui reprocher de ne pas être né en Algérie !

Mais je pense qu’il faut essayer d’être objectif et s’attacher, s’attaquer au travail, à l’œuvre de Benjamin Stora, plutôt qu’à sa personne.

Qui suis-je pour oser m’attaquer à l’œuvre de Benjamin Stora ?

• Personnellement, je ne suis pas né en Algérie, qui plus est après l’indépendance de ce pays
• Je n’ai pas la formation, les qualifications de Monsieur Stora
• Je n’ai pas eu accès, comme lui, à certaines archives

Mais cela ne m’a pas empêché de relever de nombreux éléments qui « disqualifient » Monsieur Stora pour cette mission.

Ses quatre premiers ouvrages ont pour sujet (on pourrait parler de fixation ?) « le nationalisme algérien » :

• Dictionnaire biographique de militants nationalistes algériens, 1926-1954 en 1985
• Messali Hadj : pionnier du nationalisme algérien en 1986
• Nationalistes algériens et révolutionnaires français au temps du Front populaire en 1987
• Les sources du nationalisme algérien : parcours idéologiques, origine des acteurs en 1989

Sur plus de 40 ouvrages, il a aussi écrit en 1997 Appelés en guerre d’Algérie, en 2006 Juifs d’Algérie … 

Mais il n’a jamais écrit un seul ouvrage sur les pieds-noirs ni sur les harkis ! Pourquoi ?

Il faut attendre 1991 pour que Benjamin Stora livre un ouvrage un peu plus généraliste avec son Histoire de l’Algérie coloniale 1830-1954 (éd. La Découverte collection Repères mai 1991), premier ouvrage que j’ai tenté d’analyser.

J’ai ensuite analysé successivement six autres ouvrages, plus récents : La dernière génération d’octobre (2003), Les trois exils Juifs d’Algérie (2006), Les guerres sans fin (2008), Le mystère de Gaulle : son choix pour l’Algérie (2009), Mitterrand et la guerre d’Algérie (2010), les Clefs retrouvées (2015).

Ce qui ressort de l’analyse de ces sept ouvrages :  oublis, volontaires ou pas, contre-vérités, mensonges à peines dissimulés, erreurs, parti-pris, partialité des sources et des références …

• Benjamin Stora est anticolonialiste, c’est son droit, mais il minimise systématiquement l’action de la France et des Français d’Algérie, notamment en matière d’éducation et de santé !
• Benjamin Stora est anticolonialiste, c’est son droit, mais il minimise systématiquement l’action de la France et des Français d’Algérie, notamment en matière d’éducation et de santé !

Mais qu’est-ce qui empêchait les musulmans d’en demander le bénéfice ? Renoncer à la polygamie, la répudiation, le privilège des mâles en matière de succession ? N’est-ce pas ce que vous avez indiqué lors de votre déclaration du 2 octobre 2020 sur l’islamisme radical, les séparatismes ?

• Pour Benjamin Stora, qui avoue pourtant à plusieurs reprises ne pas connaître cette communauté, les pieds-noirs sont au mieux « inconscients », mais plus souvent nationalistes, voire carrément pétainistes et racistes !  

• A longueurs d’ouvrages, Benjamin Stora accuse les membres de l’OAS, sans aucune preuve, d’être des « anciens de Vichy », des « fascistes » !

• A l’inverse, Benjamin Stora comprend, excuse, défend le nationalisme du FLN allant même jusqu’à en minimiser l’action terroriste, à la limite de l’apologie !

Voilà Benjamin Stora, celui à qui vous avez confié le 24 juillet 2020 une mission sur « la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie » en vue de favoriser « la réconciliation entre les peuples français et algérien » !

Je finissais la rédaction de mon travail d’analyse de l’œuvre de Benjamin Stora lorsque j’ai pris connaissance de la diffusion sur une chaîne publique le mardi 6 octobre du documentaire « décolonisation : du sang et des larmes » avec comme invités Benjamin Stora et une poseuse de bombes qui a causé la mort et l’amputation de plusieurs enfants !

Comprenez dès lors que je ne me fais aucune illusion quant à la suite qui sera donnée à mon courrier. 

Veuillez croire, Monsieur le Président, en l’expression de mes salutations respectueuses.

Eric Safras