Publié par Gaia - Dreuz le 22 octobre 2020

Source : Fdesouche

Après l’assassinat du professeur Samuel Paty par un islamiste radical présumé, l’écrivain algérien Boualem Sansal estime qu’il faut que les démocraties occidentales prennent enfin conscience de la nature de la menace. Il appelle au sursaut. 

Avez-vous été étonné lorsque vous avez appris qu’un nouvel attentat avait eu lieu en France, en l’occurrence contre le professeur Samuel Paty ?

J’ai bien sûr été horrifié mais aussi fou de colère. Le problème, c’est que les démocraties occidentales ne comprennent pas à quel ennemi elles ont affaire. L’islamisme est conçu comme un courant religieux. Mais l’islamisme ce n’est pas que cela, c’est aussi une organisation politique. Son but est d’imposer ses idées et de prendre le pouvoir. Il faut repenser l’islam non seulement comme une religion mais aussi comme une civilisation. Et aujourd’hui la France se le refuse.

Selon vous, nous nous aveuglons ?

Oui, peut-être un peu par peur, parce que les pays occidentaux ne veulent pas se mettre à dos des pays puissants comme le Qatar et l’Arabie Saoudite. Mais aussi à cause du “politiquement correct”, les démocraties sont des sociétés policées. C’est une bonne chose, mais du coup, à table, on ne dit jamais “merde”. Il est temps de dire qui est vraiment l’ennemi.

Emmanuel Macron, parle de séparatisme religieux. Serait-ce le bon terme ?

C’est du baratin ! Il ne s’agit pas d’un couple qui se sépare, il n’y a ni union ni divorce. Les islamistes veulent prendre le pouvoir. Pour eux, il y a deux options : ou je vous impose mes idées et vous convertis, ou je vous liquide et prends votre place.

Que peuvent alors faire les démocraties occidentales ?

La France, seule, ne s’en sortira pas. Il faut penser la lutte contre l’islamisme au niveau transnational, c’est-à-dire européen. Il faudrait créer une structure composée de politologues, de philosophes, de sociologues, de savants, qui seraient chargés de répondre à cet islamisme. Et pour commencer, de le nommer clairement. Souvenez-vous, Camus disait que “mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde”.

L’Algérie a elle-même fait face à l’islamisme durant les années 1990… Cette attaque a-t-elle eu un écho dans votre pays ?

Pas tellement, vous savez, les Algériens sont préoccupés par d’autres choses. Et surtout, chez nous, la problématique était d’un autre ordre. D’abord, il n’y avait pas de dimension civilisationnelle, car nous sommes nous-mêmes un pays musulman.

Et puis c’était d’une autre nature, il y avait alors cinquante attentats par jour. Face à cela, l’État usait de bien d’autres méthodes : la torture, des arrestations de masse, les exécutions extrajudiciaires. C’était répondre à la terreur par la terreur. C’est ainsi que la guerre a été gagnée. C’est impossible, heureusement, en démocratie.

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