L’apôtre Paul est parfois affublé de tous les travers : il serait misogyne, il aurait inventé un Christ dogmatique, aurait élaboré une théologie éloignée de la pensée authentique de Jésus de Nazareth qu’il n’a pas côtoyé, etc…
A la suite de sa conversion à la présence de Dieu dans la personne du Ressuscité, Schaoul, surnommé Paulus, le petit, (ha qatan) a été le formidable maïeuticien des communautés nouvelles qui sont nées de façon fulgurante dans toute la diaspora du Proche Orient et d’Asie Mineure, après les années 30.
Il a été le passeur de la foi biblique aux cultures païennes, et a ainsi permis à son peuple, le peuple juif, d’accomplir une part essentielle de sa vocation élective dans le monde : être le peuple germinal porteur du message créateur et réconciliateur destiné à l’humanité entière. Comme les prophètes l’avaient maintes fois exprimé, le monothéisme hébreu féconde aussi les cultures païennes, son Messie Jésus faisant tomber le mur qui séparait les uns et les autres.
Claude Tresmontant, dans son ouvrage « Shaoul qui s’appelle aussi Paulus », nous permet de retrouver la texture hébraïque des lettres de Paul, l’apôtre du Christ ressuscité. Selon le bibliste – aujourd’hui décédé – Paul aurait dicté ses épîtres en hébreu et celles-ci auraient été, peu après, traduites dans un grec rempli de tournures sémitiques. C’est donc là un retour vers l’expression originelle de l’apôtre des nations, juif pharisien et citoyen romain.
Tresmontant montre que Paul développe la théorie de la transformation, ou métamorphose, de l’être humain. A la différence des systèmes de pensée gnostiques qui prétendent que l’âme humaine, pure au départ, n’a été souillée que par sa descente dans un corps humain, Paul développe sa réflexion selon un registre tout autre. Il ne raisonne pas comme un Grec mais comme un Hébreu : selon lui le monde n’est pas une matière éternelle immuable mais une création sensible à la temporalité et qui donc se détériore au fil des années et des siècles, d’où le besoin d’une régénération spirituelle.
Dieu ne se confond pas avec cette création et l’univers n’est pas incréé. De ce fait, l’homme est en évolution et le Christ est son modèle à imiter. S’unir à Dieu dans le Christ est la vocation de l’homme qui s’accomplit pleinement.
Cette transformation par l’Esprit du Christ, pour Claude Tresmontant, voilà la conviction de base de Paul. Une telle métamorphose de l’humain est évidemment en opposition avec la pensée grecque matérialiste ou encore avec les idées de type gnostique aujourd’hui recyclées.
Tresmontant recherche également les lignes-forces de la jeune communauté judéo-chrétienne pour mieux saisir la pensée paulinienne. Il recoupe sa réflexion sur les Lettres avec ce qui ressort des Actes des apôtres.
Les rationalistes ont douté de la véracité du CREDO des premiers chrétiens. Or, comment expliquer que les jeunes communautés de croyants aient pu se constituer si rapidement autour du mémorial de leur rabbi crucifié ? D’où provenait l’énergie phénoménale de leur développement dans tout l’Orient et au-delà ? Comment ont-elles trouvé la force incroyable de braver les dangers, de parcourir des distances considérables pour annoncer la Bonne Nouvelle, si la foi pharisienne en la Résurrection n’était pas pour elles une conviction mobilisatrice ?
Tresmontant montre que Paul et Jean parlent en fait le même langage. C’est la vision mystique des épousailles célestes entre le Christ et la communauté des fidèles, nouvelle Jérusalem à venir. Paul et Jean tout en dépassant certains aspects des observances de la Thora, affirment néanmoins que le Christ assume profondément la Tradition hébraïque parce qu’il reste fidèle à l’alliance. Les 10 commandements sont toujours la colonne vertébrale de leur vision du monde.
Shaoul de Tarse, apôtre pharisien des nations païennes, comment cela est-il possible ? Parce que – nous dit Tresmontant – il y a dans la Bible le livre de Jonas et celui d’Isaïe. La lumière d’Israël est celle d’un Dieu qui aime tous les êtres humains, qui veut faire de son Temple une maison de prière pour tous les peuples.
Cette force créatrice de vie doit donc être portée aux goyim qui découvriront, selon lui, que la circoncision est d’abord celle du cœur et avant d’être celle de la chair. Ainsi toutes les nations éclairées par Israël seront prêtes pour le Jour de Dieu dont l’échéance se rapproche inexorablement de nous. Mais le salut – offert généreusement- ne passera que par des libertés humaines transfigurées par la grâce.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
Philippiens 3 : 12,14
Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus-Christ. Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.
Romains 12 : 2 Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.
Amme è cusì sia ! Amen et qu’il en soit ainsi ! (en corse) //;-))
OUI AMEN AMEN AMEN !
Vraiment très intéressant!
Merci
monsieur l’abbé,
merci pour ce texte brillant comme vous en avez le secret.
je vous savais homme de foi, historien et en plus vous mériteriez
d’être rabbin.
encore bravo, puissiez-vous nous instruire longtemps
Ir ruft mir rebbe aun ikh danken ir far im. Varim Iehoshua iz gerufn rabbi durkh zeyn slmidim, aun der galekh iz an ander krist.
alors là je suis bluffé.
encore bravo, j’attend avec impatience votre
prochain commentaire
Dommage je ne peux comprendre votre commentaire, mais il me semble en deviner le sens et la nature….
Shalom !
Très belle réflexion dont je rejoins l’idée-maîtresse : celle de la transformation. Je regrette toutefois que M. l’Abbé Arbez ne soit pas allé jusqu’au bout de sa logique démonstratrice… Si cela l’intéresse, je me propose de lui faire parvenir gracieusement mon ouvrage Sh’ma Israël qui va dans le sens profond du principe de transformation.
? pourquoi ne comparez-vs pas le Mashiah à Adam avant la faute …
A la lecture de ses épîtres, parfois on dirait que c’est lui qui parle, parfois on dirait que c’est l’Esprit Saint, un savoir au-delà du terre à terre.
Après avoir été interpellé directement par Jésus; il est parti tout seul annoncer la bonne nouvelle, pour être devenu aussi fort il a du parfois faire des miracles et s’étonner.
Il devait avoir tout celà en lui, d’ailleurs dans le film “Impitoyable”, il est invoqué les bonnes surprise que parfois procurent les tous petits maigrichons.
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