Publié par Sidney Touati le 15 octobre 2020

Lorsque l’on est un homme public, le simple fait d’être mêlé à une affaire délictueuse ou criminelle, entraîne ipso facto une sorte de dégradation médiatique qui fait perdre la crédibilité nécessaire à l’exercice de toute fonction élective.

La victime du lynchage médiatique est frappée de la peine de bannissement intérieur. Elle doit se retirer. Même innocentée par les tribunaux, elle ne peut plus se présenter ou se «représenter» devant le public. Elle tombe sous le coup d’une indignité nationale informelle implicitement prononcée par les médias.

Le tribunal médiatique prend la forme d’une «justice immanente» prononçant dès qu’un élu comparait devant lui, des condamnations définitives et sans appel.

La machine dans laquelle cet étrange scénario se joue a soif de victimes. Un rite sacrificiel se met en place, qu’il faut alimenter sans cesse. Il y a toujours un «elu» à déchoir. Sous la Vème République, leur nombre est impressionnant.

Le processus de sélection des futurs dirigeants est étroitement articulé à ce scénario macabre.

Certains, ils sont rares, parviennent à surmonter l’infamie et à conserver la confiance des électeurs ou la sympathie du public. Patrick Balkany, maire de Levallois, s’est maintenu pendant trente ans, en dépit de campagnes médiatiques récurrentes. La justice a fini par l’éliminer définitivement en lui infligeant une peine exceptionnelle précisément parce qu’il avait survécu politiquement si longtemps. Bernard Tapie est resté populaire. Il a su renverser l’infamie médiatique à son profit. Même les condamnations judiciaires ne sont pas parvenues à le faire tomber. Véritable incarnation du mythe de Gavroche, ou de celui du gladiateur dont la mort ne veut pas, seule la maladie a pu le terrasser sans toutefois le faire sombrer dans le trou noir de l’oubli.

Seuls les êtres les plus rusés, les plus machiavéliques pour ne pas dire les plus pervers, parviennent à passer au travers des mailles du filet tendu par le moloch des temps modernes. La perversité est contagieuse : elle contamine médias, rédactions, prétoires.

Ceux qui savent utiliser à leur profit le tribunal des médias éliminent ainsi leurs adversaires politiques. La gauche en a fait sa spécialité.

La médiocrité du corps politique français est en partie imputable à ce pouvoir médiatique qui s’exerce sans contre-pouvoir. Mais ces «assassinats ciblés» laissent un goût amer.

Sur ceux qui échappent au Moloch pèse le soupçon d’avoir su habilement l’utiliser.

Le corps politique dans son ensemble, les inclus et les exclus, les vainqueurs et les perdants, sortent dégradés de cet effroyable système, de cette étrange peste transmise par les médias : «Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés». (La Fontaine).

Le sceau de l’infamie semble gravé sur le front des survivants. Le crime de forfaiture pèse au-dessus de leur tête. Le drapeau de la Republique perpétuellement endeuillée est en berne. «Vous qui entrez, laissez toute espérance» (Dante) est la devise du corps politique.

Les citoyens français ont tout à coup l’angoissante sensation, de ne plus être représentés que par des seconds couteaux. Les grands ne jouent pas dans la cour des nains.

Privée de la confiance populaire, qui seule confère une légitimité à ce qui est légal, la machine du gouvernement tourne folle. Le citoyen réduit à l’état de fantôme obéit mécaniquement à des ordres auxquels il n’adhère pas. Le citoyen joue, les yeux grand ouverts, dans un scénario sur lequel il n’a rigoureusement aucune prise, comme dans les pires cauchemars.
Chacun se demande alors : quand vais-je me réveiller ? Quand vais-je sortir de ce labyrinthe ?

Quand le pays va-t-il se guérir de cette peste ?

La réponse à cette lancinante question dépend du combat de géants qui se livre chez nos amis américains.

Seul Trump est animé par la farouche volonté de sauver la démocratie libérale. Les autres ont choisi de nous faire vivre dans «la ferme des animaux».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.

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