Publié par François Sweydan le 2 janvier 2024

Initialement publié le 24 octobre 2020 @ 09:50

À la mémoire de Samuel Paty

C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal.

Hannah Arendt

Suite à l’assassinat religieux et terroriste, ignoble et terrible, de l’enseignant Samuel Paty, professeur d’histoire-géographie et d’enseignement moral et civique, le 16 octobre 2020, il semblerait que la France d’une bonne partie de la classe politique et des médias n’aient toujours pas compris les vrais enjeux, ni le sens des mots qu’ils utilisent au sujet de la radicalité islamique, celle de l’islam tout court.

Résumons-nous en quelques mots, sans tergiverser, sur la sémantique orwellienne de l’État français, du CFCM (Conseil français du culte musulman) et des médias… Ces derniers, depuis des décennies, ont favorisé le discours des islamo-gauchistes, bras armé à la source de la « banalité du mal » (Hannah Arendt [1]), conséquence de la soumission aux ordres des complices intellectuels de l’idéologie fascisante et son autorité.

Islamisme politique ou islam radical ?

Dans la bouche de nombreux politiques et des médias on entend parler d’ « islamisme politique »/ « islam politique [2] » : c’est un pléonasme pour s’abstenir de dire « islam radical » ou « fondamentaliste » ou « islam » tout court. Car l’islam en tant que système religieux est déjà politique, juridique et social, mais pas seulement. Par le passé récent, dans le domaine des sciences humaines, le mot « islamisme » désignait la religion et la civilisation islamique. Or, en désignant la radicalité comme étant de l’ « islamisme », on sous-entend la dimension idéologique dans son exclusivité. Un abus langagier lorsque l’islam est foncièrement une idéologie [3], un fondamentalisme dynamique qui ignore et refuse la laïcité et la sécularisation puisque c’est la transcendance divine d’Allah qui régit le politique, le juridique et le social. Point de séparation. En bref, l’islamisme est le jihad offensif-défensif de l’islam.

Dans son nouveau livre polémique L’islam conquérant, Shafique Keshavjee [4] écrit à juste titre que l’islam n’est pas qu’une religion communautaire, mais un projet politique et une stratégie militaire. Il met en lumière sa structure conquérante comme système global. À la lumière des textes fondateurs et son histoire, Keshavjee montre que l’islam porte une vision hégémonique contraire aux valeurs occidentales.

À la lueur de ce qui précède, le discours contre le « séparatisme islamiste » qu’Emmanuel Macron a prononcé le 2 octobre 2020 aux Mureaux (Yvelines) sur la « radicalité » est donc grevé d’une aporie, reprise en boucle par les médias. Cette utopie française fait une distinction erronée et une séparation artificielle entre une idéologie politique totalisante et son enracinement dans le fait religieux, en lui-même, total en islam.

Islam de France ?

À ces conditions, impossible d’enraciner l’islam dans un moule républicain (ou autre) de laïcité, encore moins dans un « islam de France », comme le soutient Jean-Pierre Chevènement à la suite de Jacques Berque, sa référence dépassée par le réel de l’islam ultra orthodoxe. Car, étymologiquement parlant, « islam » veut dire « soumission » totale à la loi d’Allah et à son projet politico-juridique. De là, la guerre qu’a déclarée l’islam radical à la France et de tenter d’abattre son modèle de laïcité dont elle porte l’étendard en Europe.

Recep Erdoğan vient de rappeler une fois encore à Emmanuel Macron et consorts leurs errements sémantiques pour ne pas appeler un chat, un chat. En effet, il n’existe pas un islam – qui serait de France – et un islamisme. Et Erdoğan de marteler à Macron :

« Qui es-tu pour parler de structurer l’islam ? » « C’est de l’insolence et c’est dépasser les bornes » [5]. D’autres oulémas de l’islam arabe vont dans le sens du sultan néo ottoman.

Et puis, l’institution d’al-Azhar, la référence première de tous les sunnites du monde ainsi que l’Arabie saoudite, elles aussi dans la totale ligne d’Erdoğan, vont-t-elles permettre cette hérésie et cette atteinte « mécréante » contre l’islam ? Après la décapitation de Samuel Paty, les oulémas de l’université al-Azhar, ont réitéré l’exigence d’une législation mondiale interdisant « la diffamation des religions ». Autrement dit, l’interdiction de l’insoumission à l’islam, car pour al-Azhar il n’est pas question qu’on prenne ses distances avec la littéralité des textes coraniques (et même de la charia, la loi islamique) ; ce qu’avait pourtant demandé en vain le Président égyptien Sissi.

L’une des deux, soit Marcon, dans sa méconnaissance dramatique de la pensée islamique, n’a pas saisi le vrai sens du texte contre le « séparatisme islamiste » qu’il lisait et les implications de ce qu’il disait, soit alors dans son impuissance il ment une fois encore au peuple français. En tous les cas, la volonté de ne pas nommer les choses par leur nom est patente.

L’ « islam de France » est un oxymore et un paradoxisme antilogique. Le drame est qu’on a abandonné la France aux manipulations et dissimulations des courants fondamentalistes conquérants de l’islam wahhabite, frériste, salafiste, islamistes du Tabligh et du Millî Görüş turc. À titre d’exemple, Ghaleb Bencheikh a succédé à Jean-Pierre Chevènement à la tête de la Fondation de l’islam de France, lorsqu’on sait le double langage de celui-ci, sa tactique de dissimulation et d’esquive (taqiya), à constamment exonérer l’islam et de nous le dépeindre idyllique, mais surtout sa rétraction quant à la liberté du musulman d’apostasier ; sans compter les ambiguïtés religieuses d’un Hakim El-Karoui [6], proche du président Macron.

À ces conditions nous sommes face à un « islam en France » et non un « islam de France » dans la mesure où le premier veut imposer la radicalité orthodoxe qui nous vient des pays islamiques manipulateurs, ceux des origines de ces musulmans (en ajoutant l’Arabie saoudite, le Qatar, la Turquie et l’Iran). Ils veulent nous imposer le modèle ruineux qu’ils ont pourtant laissé derrière eux, mais pour beaucoup dans le but de le répandre dans les pays occidentaux des « mécréants » et imposer un islam désormais « de France » qui ferait, forcément par ses précédents historiques notoires, concurrence au christianisme pour tenter de le supplanter.

Islam des Lumières ?

Dans le débat qui opposait Éric Zemmour à Jean-Pierre Chevènement le 16 octobre sur la chaîne de télévision CNews, ce dernier est encore à l’utopie naïve de l’ « islam des Lumières » [7] (invention farfelue de Jacques Berque). Zemmour a eu raison de dire que « islam des Lumières » est un oxymore, car la philosophie des Lumières prône tout simplement l’émancipation de l’individu du religieux par la raison. Tout le contraire de l’islam dans lequel il est impossible au croyant de s’émanciper, encore moins de recourir au libre-arbitre, à la raison et à la rationalité dans le sens philosophique occidental.

Quelle réforme de l’islam lorsqu’il s’agit d’un système socio-politico-juridique qui couvre le législatif et l’exécutif, religion qui se considère comme parfaite ? En effet, parfaite par son système totalitaire de soumission implacable que beaucoup de civilisations n’ont pas réussies à arrêter dans son élan barbare de violence sauf par une contre-offensive de même nature. Au-delà de ces mots, pas de salut.

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Partition, séparatisme islamique ou conquête de l’islam ?

Et cette imposture de la honteuse « partition » de François Hollande, et maintenant le « séparatisme islamique » [8] d’Emmanuel Macron ? On joue dangereusement avec les mots, d’une part, pour tenter de noyer le poisson de l’islam impérialiste et, d’autre part, que le « séparatisme », serait l’œuvre d’un « islamisme » et non celui de l’islam tout court ! Le citoyen s’y perd avec ce charabia de la novlangue orwellienne, mais l’histoire nous apprend que l’islam ne s’est jamais séparé du monde qu’il a conquis : il l’a phagocyté et cannibalisé, systématiquement partout où il s’est introduit. Il n’a jamais cherché à faire sécession, il soumet et domine, impose sa foi et sa loi aux mécréants. Et puis, avec le communautarisme islamique avancé en France nous sommes déjà, de facto, dans une sorte de séparatisme et même de près guerre « religieuse » (et non « civile », comme on le prétend). C’est l’élan de la conquête islamique qu’il faut briser. C’est cette vague ininterrompue de colonisation islamique qu’il nous faut arrêter, injonction des hauts cadres de l’État islamique-Daech.

À raison, Jean Messiha (originaire d’un pays, l’Égypte, conquis par le sabre de l’islam et dans lequel les chrétiens minorisés et dans la dhimmitude sont toujours aujourd’hui victimes du fanatisme) martèle :

« Commençons par mettre un terme à un profond malentendu : il n’y a pas de séparatisme islamiste. Il y a de fait une colonisation ethnoculturelle de la France par le monde arabo-afro-musulman. Les islamistes n’ont aucune envie de séparer les territoires perdus du reste de la République française. Ils veulent conquérir la France et en faire leur République. Et ils ont pour eux deux armes surpuissantes : le temps et l’immigration islamique [9] ».

Et l’islam dans tout cela ?

Le jihad est une composante fondamentale de la doctrine islamique de conquête dès les origines de l’islam et tout au long de l’histoire. En résumé, pour ce qui est de la France, la stratégie de conquête a commencé avec le discours victimaire, viser à inscrire l’imposture de la fausse notion d’islamophobie comme un délit, instaurer le délit de blasphème et imposer le port des signes religieux, la propagande qui voudrait que la France soit un pays anti-musulmans, etc. Elle se poursuit avec le harcèlement revendicatif constant et progressif, le chantage, l’intimidation, la menace, l’entrisme conquérant à tous les niveaux du social, dans le milieu de l’entreprise, à l’université et dans l’exercice politique… Puis est venu le temps du passage à l’acte violent contre les individus et les institutions les unes après les autres au fil des années, mais aussi celui de la récupération politique, l’indécence du prosélytisme religieux à chaque fois où la France entière a été sous le choc d’un attentat ou d’un assassinat islamique odieux. Les Frères musulmans avec l’UOIF – Union des organisations islamiques en France qui a pris en otage tous les musulmans de France et s’est métamorphosé en « Musulmans de France » par la magie de sa stratégie – et des dizaines d’associations islamiques/islamistes dites culturelles, sportives, d’actions sociales, saturent les réseaux sociaux (WhatsApp, Twitter, Facebook, etc.) et tentent d’arriver à leurs fins par leur activisme malsain et sournois, les messages fielleux et incendiaires, la propagation de la haine et catalyser les foules islamiques.

La source du problème est donc ce projet jihadiste collectif et communautaire réfléchi à moyen terme, piloté de l’étranger et intra muros en France. Depuis plusieurs décennies des musulmans endoctrinés – d’une manière indirecte par des radicaux et le discours de nombreuses mosquées fréristes et salafistes – s’attaquent régulièrement à une institution visée intentionnellement. Ce fut le cas de la presse (Charlie Hebdo), l’armée (les assassinats de Mohammed Merah), les gendarmes (l’assassinat du colonel Arnaud Beltrame), la préfecture (attentat de Mickaël Harpon), les civils (les attentats du Bataclan et de Nice), l’Église (assassinat du Père Jacques Hamel) [10] ; la police, les pompiers et les ambulanciers harcelés au quotidien, comme l’hôpital (le voile et le refus de se faire soigner par un médecin de sexe masculin), etc. Et maintenant, suite à la tuerie d’écoliers au collège-lycée juif Ozar Hatorah de Toulouse le 19 mars 2012, c’est une nouvelle attaque en réunion contre un autre sanctuaire de l’éducation et de l’enseignement avec l’assassinat de l’enseignant Samuel Paty. La fatwa (car c’est bien le cas !) a été celle qui vise la liberté d’expression, la laïcité et le modèle français de transmission de l’histoire millénaire du pays. Samuel Paty a été assassiné parce qu’il a été également abandonné par sa hiérarchie et suite aux lâchetés et à la couardise des dhimmis islamo-gauchistes de l’Éducation nationale.

À chaque fois c’est un corps spécifique de la société qui est visé, suivi de défiances orchestrées de milliers musulmans sur les réseaux sociaux et des intimidations provocatrices sur le terrain [11]. La stratégie classique et historique de la conquête est celle du harcèlement et consiste à fomenter régulièrement des attaques meurtrières qui marquent l’opinion publique. L’objectif des jihadistes est de créer un conflit civil qui favoriserait la montée par contagion de l’islam radical et une contre-offensive attendue de l’adversaire qui provoquerait une insurrection islamique. Il s’agit également d’instiller la terreur et l’effroi à petites doses, susceptibles de créer un stress social, une peur obséquieuse, la dhimmitude rampante et surtout l’autocensure généralisée [12] (limiter la liberté d’expression comme au Royaume-Uni). Car en ce qui concerne l’islam, elle permet sa propagation rapide en l’absence de toute critique et de toute opposition, et c’est ce que cherchent ces islamistes : l’écrasement de la liberté d’expression, le mutisme des Français et de ne pas évoquer le contenu ruineux pour son image d’un coran en traité génocidaire.

En conclusion

Si la France est le terrain privilégié des radicaux de l’islam fondamentaliste c’est parce son modèle social de laïcité et de liberté d’expression est le verrou à faire sauter pour une progression fulgurante de l’islam dans l’Hexagone. Cependant, ce vendredi 23 octobre 2020, les imams de France (dont le fréristes Tareq Oubrou, porte-parole des médias), ont rivalisé dans leur prêche au mensonge, au déni total schizophrénique, et dans une taqiya collective et communautaire, à condamner (à juste titre, cependant, mais hypocritement) l’assassinat de Samuel Paty. Ils savent tous, pertinemment, que la mise à mort d’un blasphémateur par décapitation (et ce n’était pas le cas de Samuel Paty !) est une injonction coranique impérative et implacable, celle du verset de l’Épée (Coran, sourate 9, verset 5) et qui fut pratiquée par le prophète Mahomet lui-même et tous ses compagnons jusqu’à leurs héritiers de l’État islamique-Daech. Alors, que penser et que déduire de cette dualité de dissimulation ?

Ensuite, la classe politique étant paralysée par ses errements frileux ne sait plus par quel bout prendre l’islam et c’est bien la quadrature du cercle au nom de l’éphémère « vivre ensemble ». Alors, on passe timidement de la démarche de l’islamo-gauchisme qui consiste au déni et à la victimisation à outrance des musulmans aux cafouillages sémantiques et aux périphrases creuses par méconnaissance de l’islam, comme par exemple vouloir instaurer un « délit de séparatisme » qui n’empêchera nullement (du point de vue juridique) la progression d’une idéologie religieuse déterminée, si on ne l’arrête pas net.

Enfin, il est grand temps du courage, de sauver et de sauvegarder la France de cette nouvelle offensive conquérante qui rêve ouvertement d’une revanche sur Charles Martel et d’une contre Reconquista des territoires perdus de la péninsule Ibérique au Moyen Âge.

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus).

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © François Sweydan pour Dreuz.info.

Notes

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