Publié par Sidney Touati le 30 novembre 2020

Peu ou prou, après la cure du confinement, la plupart des activités, certes soumises au carcan de normes sanitaires draconiennes, ont pu reprendre. Tous, à l’exception du secteur de la restauration (+ bar, boite de nuit).

Une telle discrimination ne peut s’expliquer par les impératifs de lutte contre la maladie, dès lors que le virus ne circule pas plus dans les restaurants que dans les grandes surfaces. Alors pourquoi une telle exception ? Pourquoi concourir activement à la destruction d’une partie de cette importante activité économique et sociale ?

Le restaurant est un lieu unique.

On s’y rend certes pour satisfaire un besoin fondamental -manger et boire- mais pas seulement. Le restaurant est le lieu où la liberté individuelle se conjugue avec la tradition. Deux éléments que le pouvoir exécutif ne domine pas.

Le restaurant est liberté, haut-lieu de la rencontre des subjectivités: liberté en acte du restaurateur qui choisit ses mets, la décoration, l’ambiance…liberté en acte du citoyen qui opte pour tel ou tel établissement, savoure ce moment privilégié.

Le restaurant est une sorte de creuset civilisationnel ou s’opère l’épanouissement des citoyens autour de la transformation créatrice des produits venus de la nature. Il est par essence, rencontre, échange, moment unique, parenthèse enchantée. Lieu où la relation avec l’autre et avec la nature, se passe dans la sphère du plaisir et de la joie.

Le biocrate contre le restaurant.

Le restaurant classique, dans son infinie diversité, est la négation de la vision hygiéniste du biocrate qui tend à assimiler nourriture et médicaments. Quand ce dernier mange, il se soigne. Le biocrate se focalise sur quelques produits jugés essentiels. Il calcule quand il se nourrit: vitamines, glucides, protéines…il juge mauvais tout ce qui est bon. Le plaisir, la joie, la jouissance passent au second plan, voire sont absents de ses préoccupations.

L’utilité stricte guide le biocrate. C’est un être sans goût. La nourriture est un outil, un moyen, jamais un acte qui possède en lui-même sa propre finalité. Le biocrate pense le corps comme maillon de la grande chaine du vivant. Il est obsédé par l’équilibre des espèces. Il réduit le bon à la stricte utilité; il mange triste, voire haineux. Il rêve de voir ces lieux de folles dépenses, disparaître.

Les biocrates ne protestent pas contre le pouvoir qui ferme les restaurants, les bars, boites de nuit… ils sont adeptes d’une morale ascétique, celle qu’exigerait à leurs yeux, la stricte conservation de la vie. Tout excès, toute dépense inutile, les rebutent. Les biocrates sont avares.Toute création les angoisse. Ils pensent « laboratoire » quand le restaurateur pense cuisine. Ils sont dans le contrôle et la maitrise de cycles indéfiniment répétés. Seul l’identique les apaise quand le restaurateur, même respectueux de la tradition, innove, crée, cherchant la distinction et la subtile différence.

De la table familiale à la haute gastronomie, la restauration classique fonctionne dans un ordre hautement hiérarchisé, dans un processus de différenciation et d’élévation qui prend sens dans la pratique de l’art de recevoir, d’accueillir.

Le biocrate est enfermé dans la morne et horizontale identité. Il nivelle par le bas. Prenant comme modèle une nature fantasmée, qu’il croit toujours bonne, il déteste l’art, par définition imprévisible.Le restaurant représente tout ce que la biocratie déteste.

Le restaurant est liberté.

Lieu où l’homme fait l’expérience d’une relation heureuse avec la nature, avec lui-même et ses semblables. Il est aux antipodes de l’activité froide, technocratiquement calculée, planifiée, standardisée de la grande distribution, où des millions de gens se croisent sans jamais se rencontrer.Au restaurant, la médiation avec la nature se fait par l’intermédiaire du cuisinier et des serveurs, qui expliquent, conseillent, recommandent. On y a ses habitudes. On est un peu « chez soi ».

Forme la plus riche de la rencontre sociale, où se tissent, se renforcent les liens amicaux, amoureux, professionnels, c’est elle que le nouveau pouvoir veut détruire pour imposer son ordre glacial, maladif, médicamenté.

Seul et ultime espace où le virtuel est inconcevable, le restaurant, riche de nombreuses traditions, conjugue joie, plaisir, vie avec ouverture et sociabilité.La France rayonne dans le monde, entre autre, par le plaisir de la table dont elle a fait un art total.Dans ce temple, tous les sens concourent à la production du plaisir: la vue, le touché, l’odorat, l’ouïe, le goût … Les sinistres biocrates au pouvoir conjuguent la vie avec la méfiance, l’isolement, la peur, la maladie, la mort.Le nouvel ordre mondial qui prétend gérer la planète selon des normes identiques, est en soi, le symptôme d’une pathologie criminelle. Les nouveaux « maîtres du monde », ces apprentis dictateurs, veulent détruire la diversité humaine en réduisant l’existence au seul paramètre du vivant. Leur objectif? Que tous ingurgitent à la même heure, les mêmes substances. Se prenant pour des dieux, ils prétendent détenir les moyens de protéger, de prolonger indéfiniment la vie.

Pour les biocrates, le « salut » passe par la soumission absolue de tous aux normes sanitaires concoctées dans leurs laboratoires.

L’extrême diversité de la restauration, le foisonnement des cuisines, sont antinomiques avec leur macabre projet d’un univers aseptisé, régulé, robotisé, aux conduites standardisées.

La victime émissaire.

Le sort réservé aux restaurateurs par le pouvoir biocratique, relève, non des impératifs de la lutte contre le Covid-19, mais d’un nouveau rite sacrificiel, dont la première phase consiste à les isoler puis à les séparer, du reste de la population.C’est ainsi que le restaurant (bar, boite de nuit) est présenté comme l’ultime lieu dangereux, qui propage la maladie et la mort.

Cette marque infamante est indispensable pour faire du restaurateur la victime émissaire dont le sacrifice permettra de restaurer l’ordre que la « maladie » avait gravement perturbée. Tout le monde sait qu’une partie importante des restaurateurs ne pourra pas supporter l’épreuve de la fermeture jusqu’en janvier 2021; qu’ils seront nombreux à disparaitre.

Comme dans tous rites sacrificiels, une fois qu’elle a été diabolisée, puis éliminée, la victime émissaire pourra être célébrée et devenir objet d’un véritable culte. C’est ainsi que le ministre propose cyniquement de faire de l’année 2021, l’année de la gastronomie.Par cette perspective d’une valorisation post-mortem, on invite les « parias » à accepter leur rôle de victime émissaire.On promet qu’après cette saignée, la société apaisée, pourra reprendre une vie « normale », c’est-à-dire fonctionner selon les nouvelles normes sanitaires.

A défaut, les biocrates exigeront de nouvelles victimes, de nouveaux sacrifices…

Nous ne sommes qu’au début d’un cycle continu, chaotique de destructions au terme duquel, le vieil humanisme aura disparu.

La « cellule mondialisée », aura remplacé le citoyen libre et responsable.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Sidney Touati pour Dreuz.info.

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