Le 1er janvier, nous célébrons Marie sous le titre de « mère de Dieu ». Bien sûr, le Dieu Père, transcendant et créateur du monde n’a pas besoin de mère humaine. Mais Marie est mère de Jésus, le Fils en qui le Père nous a rejoint en notre humanité pour accomplir pleinement l’alliance entre Dieu et l’humain.
Quand nous affirmons Marie mère de Dieu, nous ne faisons rien d’autre que célébrer Jésus, en qui Dieu a été reconnu pleinement présent. Car Jésus n’est pas un homme qui se serait hissé par lui-même à la hauteur de Dieu, à la manière des héros grecs de la mythologie tel Prométhée. Mais, à l’inverse, Dieu a choisi le visage et l’humanité de Jésus – grâce à Marie – pour nous rejoindre en notre condition terrestre et nous révéler, de l’intérieur de nous-même, la force de son amour.
Ce titre de mère de Dieu n’est pas une invention, et il ne provient pas – comme certains esprits rationalistes l’ont un peu vite déclaré – de la mythologie antique : en effet, certains ont parfois pensé que le titre de mère de Dieu donné à Marie au concile d’Ephèse s’expliquait par le culte de la déesse-mère Artémis célébré dans la même ville : or il se trouve que l’expression préexiste déjà dans la tradition juive, puisque, dans un targoum du Cantique des cantiques, ou dans le midrash Sifra lev, on découvre que la cité sainte de Jérusalem est considérée comme mère de Dieu, par le fait qu’elle recèle en elle la présence divine et qu’elle dispense la vie à ses enfants.
A partir de cette tradition ancienne, c’est même tout Israël qui est surnommé mère de Dieu, du fait que le peuple choisi est comme une matrice spirituelle qui dévoile au monde le mystère de la présence divine et ses bienfaits. Si l’évangile d’aujourd’hui nous propose d’admirer Marie, vraie fille d’Israël, avec son nouveau-né dans l’étable de Bethlehem, c’est bien pour insister sur l’incarnation, et donc sur le concret de ces événements. Nous retrouvons la proclamation de la bonne nouvelle de la nuit de Noël :
Dans la nuit étoilée, animée par le chant des anges, Jésus couché dans la crèche est reconnu comme avenir de son peuple, non par des notables ou des officiels, mais par les bergers du voisinage. Voici devant eux un petit enfant, fragile, offert à Israël comme un cadeau riche de sens – comme l’avait annoncé Isaïe – chargé de toute une espérance pour l’ensemble des nations. Sa royauté n’est pas de ce monde, elle est digne des plus hautes valeurs de la tradition d’Israël qui met Dieu au centre de tout. Cet enfant, jour après jour, va “grandir en taille et en sagesse“… sous le regard aimant de sa mère Marie et de celui qui la soutient dans cette mission particulière, son père adoptif Joseph.
Si Jésus est né à Bethlehem, c’est que ce hameau est le lieu d’origine de David, lui-même petit berger devenu roi. Il s’agit de Bethlehem de Judée (c’est à dire pays des Juifs), et Jésus grandira et sera éduqué à Nazareth, en Galilée, au sein d’une famille observante, pratiquante. C’est à partir de là que Jésus va peu à peu s’imprégner des rites et des coutumes de l’Alliance, ce qui le préparera à devenir par la suite un rabbi, un homme de parole et d’actionpour lequel la cause de Dieu et la cause de l’homme ne font qu’un.
Car si l’enfant Jésus est couché dans la mangeoire de l’étable, c’est parce qu’il viendra donner son enseignement et même sa personne en nourriture à son peuple. Comme l’avait été le roi Salomon d’après le livre de la Sagesse, Jésus qui est né dans la cité royale de David, est lui-même soigneusement, royalement, emmailloté dans ses langes. Nous voyons bien que ces détails ne sont pas anecdotiques mais surtout bibliques et théologiques, pour rappeler la continuité. Jésus est né dans l’extrême simplicité, sur la terre battue d’une étable, mais il naît aussi et surtout sur le terrain biblique qui est celui de sa famille et celui des anawim.
Le 8ème jour après sa naissance a lieu une première fête : Jésus, fils de Marie, adopté par Joseph, et de lignée davidique, reçoit son nom : Yehoshua (le Dieu d’Israël sauve). Toute la parenté et ses amis réunis célèbrent alors dans la joie sa brith mila, la circoncision, comme le signe qui marque son entrée dans l’Alliance avec Dieu, c’est à dire son statut de membre du peuple d’Israël, héritier d’Abraham sur la terre promise et attentif à la loi de Moïse. Puis, 31 jours après sa naissance, 2ème événement : Jésus sera porté au Temple pour sa présentation, le pidyon ha Ben, rite par lequel l’enfant premier-né est “racheté” en mémoire de la Pâque, cela pour rappeler qu’Israël est le peuple premier-né de Dieu, appelé à entraîner à sa suite les autres peuples vers leur propre naissance à la vérité.
On comprend comment, par ces démarches religieuses pédagogiques, Jésus va trouver sa place et assumer sa propre destinée à travers des repères spirituels forts: les prières, les célébrations, les fêtes et les pèlerinages. Tous ces gestes significatifs l’auront enraciné chaque jour un peu plus dans l’appartenance au peuple saint et sacerdotal dont nous parle l’Ecriture.
Marie joue un rôle majeur dans ces étapes de la vie de Jésus. C’est sans doute pour anticiper ce qui advient qu’elle est, comme toute maman, en contemplation devant son enfant. Mais elle médite intérieurement ce qui lui est arrivé, à elle la comblée de grâces, elle réfléchit surtout à ce qui s’annonce au sein du peuple de Dieu et elle est dans l’expectative.
Luc précise : Marie retient tous ces événements et les médite en son cœur…Méditer en son cœur, c’est une expression typiquement biblique, fréquente dans le Premier Testament : Dieu qui sonde les reins et les cœurs.
Les reins et les cœurs symbolisent ensemble ce qu’on appelle la vie intérieure du croyant. Dans la spiritualité biblique, les reins, ce sont les émotions et les passions. Le cœur, c’est tout ce qui relève de la conscience.
On réagit avec ses reins, et on réfléchit avec son cœur, on médite et on prend des décisions avec son cœur. Marie qui médite en son cœur est l’exemple même du croyant qui intériorise les événements afin d’en tirer des conclusions constructives pour sa vie. Il est vrai qu’aucun événement qui nous arrive n’est insignifiant, même le plus banal, même le plus éprouvant peut déboucher sur d’heureuses conclusions.
Nous voici au seuil d’une nouvelle année, et après les vicissitudes de 2020 nous ne savons pas ce que 2021 nous réserve. Ne soyons pas comme les fatalistes qui s’imaginent que tout est déjà écrit d’avance !
Comme si le scénario de notre vie était déjà fixé par la Providence et qu’il ne restait plus qu’à enfiler le costume pour tenir le rôle! En réalité, notre temps sera aussi fait de nos choix et de nos décisions, la qualité de notre vie sera le fruit de nos engagements et de nos efforts, comme réponse aux offres de Dieu.
Avec Marie, préparons-nous à vivre ces mois à venir comme des opportunités qui nous seront offertes par Dieu : rien n’est impossible à Dieu et comme avec Marie il peut féconder en nous ce qui semblait inconcevable, il peut réveiller dans nos cœurs des qualités et des capacités insoupçonnées qui restaient en sommeil.
En célébrant Marie la mère de Dieu fait homme, demandons à Dieu d’incarner sa Parole dans le déroulement de nos existences, une parole libératrice qui, à travers nous, sera communicative de son amour et fera de nous des artisans du Royaume à venir.
Amen
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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Chez les catholiques, le 1er janvier était appelé la fête de la Circoncision ou la Circoncision, soit huit jours à compter du et y compris le 25 décembre, date fixée, par convention, au ive siècle pour la célébration de la naissance de Jésus. La scène de la Circoncision est fréquemment représentée dans l’art du Moyen Âge. Le Saint Prépuce est vénéré en tant que relique, que certaines églises affirment détenir. Cette célébration a été remplacée par la fête de Sainte Marie, Mère de Dieu par le Pape Paul VI en 1974.
Circoncision de Jésus — Wikipédia (wikipedia.org)
Amen !
La première en chemin…
Je ne comprends pas cette appellation “Mère de Dieu”. Marie (Myriam) donne son humanité à Yéchoua, le Messie qui est parfaitement Dieu et Homme. Dieu n’a pas de mère. Myriam est la mère de Yéchoua, de l’incarnation, Dieu fait Homme.
Theotokos, terme grec utilisé à Ephèse, dans le but de formaliser l’incarnation divine dans une formule brève.
En tant que chrétien protestant. Lorsqu’on lit les
Évangiles, on peut voir Marie qui me croit pas en Jesus pendant un moment car lorsque la
Famille de
Jesus vient le voir au moment où il est présent avec la foule.
Celui-ci répond : qui sont ma mère et qui sont mes frères si ce n’est ceux qui font la volonté de mon père”
Les frères se Jesus présuppose aussi que Marie ne connut pas
Joseph jusqu’à la naissance de Jesus.
Il faut arrêter de diviniser les saints alors que tous les croyants sont “mis à part” selon la lettre de 1 et 2 pierre et la lettre aux hébreux. Retournons à la parole sainte et ne prions que Dieu le père et son Fils Jesus comme les premiers chrétiens!
Merci, cher M. Abbé Arbez, votre pensées forment un début profond 2021! Bonne Chance à vous et l’équipe de Dreuz.
Sauf que Jésus n’est pas né un 25 Décembre mais un jour entre fin Septembre et début Octobre pendant les 5-6 jours de rattrapage de l’année qui marque la fin d’une année Juive seul calendrier de l’époque, le calendrier actuel n’existe que depuis 1000 ans.
Quelle importance qu’il ne soit pas né le 25? aucune!
Ce qui compte c’est l’événement et la suite qui en découle. Le choix pédagogique du solstice quand la lumière va augmenter est un beau symbole pour le peuple.
Bonne année à vous Monsieur l’abbé , vos articles sont toujours très enrichissants .
le 25 décembre était la célébration du “solis invictus”, fête païenne par excellence. Le Fils né de Miryam est venu au monde pendant la période de Soukkoth (fête des cabanes en général fin septembre début octobre) de l’an -6 ou -7 grégorien. Cette fête annuelle revêt le symbole de l’entrée de l’humanité dans le Royaume terrestre piloté par Israël et sous l’autorité du Fils ! Il y a en somme une importance déterminante à ne pas sacraliser une fête païenne au détriment d’une réelle fête prophétique instituée par le Père Lui-même, car agir ainsi revient à ignorer et rejeter la prophétie par une entourloupe de calendrier à priori sans conséquence mais qui élude la Parole dont il est dit : “tu n’y ajouteras rien et tu n’en retrancheras rien” … Quand la religion interprète jusqu’à modifier les écrits selon sa “tradition”, la foi ne peut que se dégrader dans son expression, c’est bien cela que le Seigneur reprochait aux pharisiens, les religieux de son époque…
Cher Abbé, merci pour vos écrits, mes salutations des plus fraternelles en Celui qui nous a réconciliés au Père et qui revient bientôt. Bonne année à vous, continuez à instruire, c’est important pour un nombre non négligeable de nos frères et sœurs.
Sol Invictus comme fête “païenne par excellence”dites-vous? Que l’Eglise ait posé au solstice d’hiver- plutôt qu’à l’équinoxe d’automne- la naissance du Christ dans son auge, paraît bien plutôt que dégrader la foi dans son expression,la poser à sa juste place, l’Espérance, malgré la nuit la plus longue, la lumière la plus courte. Cela dit, Eudes, je me joins à vos remerciements à l’Abbé Arbez.
Le rabbin messianique Jonathan CAHN opte pour Nissan, soit mars avril, quand les bergers passaient effectivement quelques nuits dehors pour veiller au bon déroulement et au tri lors des naissances des agneaux, une fois l’an; Bethléem était en Israël le lieu par excellence où les brebis étaient élevées pour leurs agneaux nés à Bethléem, comme Boaz premier des rédempteurs connus et plus tard le Roi David et ces agneaux étaient tous destinés aux sacrifices du Temple voisin à Jérusalem!
Une belle logique divine que je prends! Noël mis en place par Constantin le grand chef des antisémites romains a surtout tenu a déjudaïser tout ce qui était possible dans son christianisme de remplacement paganisé…
Toute les formes de la création sont Dieu dans la forme… dans l’humanité, bien peu en ont conscience et le vivent instant après instant avant que forme ne meure.
Jean 2 : ..3 Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit: Ils n’ont plus de vin. 4 Jésus lui répondit : Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi? Mon heure n’est pas encore venue
Luc 8 :… 19 La mère et les frères de Jésus vinrent le trouver; mais ils ne purent l’aborder, à cause de la foule. 20 On lui dit: Ta mère et tes frères sont dehors, et ils désirent te voir. 21 Mais Il répondit: ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.
AMEN AMEN AMEN
Merci Mr l’Abbé pour vos enseignements très riches et très justes !
Que le Seigneur vous bénisse, ainsi que chacun des lecteurs et des coopérateurs de Dreuz !
Ni le concept, ni l’expression “Marie mère de Dieu” ne se trouve dans le Nouveau Testament.
La dernière fois que l’on parle de Marie dans le Nouveau Testament c’est dans Actes 2 le jour de la Pentecôte où elle apparaît avec ses fils.
Ensuite dans le Nouveau Testament Marie brille PAR SON ABSENCE.
Rendons à Marie ce qui lui appartient et à Dieu ce qui est à Dieu.
C’est l’Eglise qui a décidé ce que serait “le Nouveau testament”, c’est elle qui a donné ou non autorité à certains textes, c’est encore elle – assistée de l’Esprit dès la période apostolique – qui a formulé des expressions de foi, comme le credo, ou les titres du Christ et ceux de la Vierge Marie. Ne faites pas d’anachronisme!
Le débat antimarial a-t-il sa place ici?
Cher Abbé, nous sommes désormais très loin dans la pensée de “l’Eglise” du temps apostolique. La transformation de cette dernière en fait aujourd’hui une étrangère au regard de ce qu’elle fut à Jérusalem au 1er siècle, voire parmi les assemblées visitées par les apôtres… Non, l’Eglise telle qu’elle se présente aujourd’hui n’a plus de lien que ténu d’avec la révélation biblique, les conciles du 4e siècle l’en ont profondément et durablement éloignée. Les décisions et les dogmes et credo mis au point les siècles qui suivirent n’ont pas “réparé” le préjudice… au contraire !
La structuration des 27 livres de la nouvelle alliance (nouveau testament) fut certainement une des rares œuvres du Souffle (esprit) inspirée à quelques scrupuleux de l’écrit et imposée par le même Souffle aux décideurs. Effectivement cette dernière était nécessaire et Celui qui veille sur sa Parole a conduit la chose… Ainsi la Bible est constituée de 66 livres 39+27, exactement le nombre (je passe le détail) de mots des premiers versets des 5 livres du Pentateuque (en hébreu of course)… pas un de plus pas un de moins. Mettre d’accord les rabbis et les évêques à ce sujet était hors de tout propos… reste donc qu’une supra conduite ait permis cela.
Soyez béni
Je suis choquée par ce titre qui perdure encore au 21e siècle !
Dieu le Créateur du ciel et de la terre a envoyé une semence divine dans Marie. D’après la Bible elle a procréé Jésus qui est le Sauveur du monde. Ne mettons pas la charrue avant les boeufs !
Par ce titre erroné des milliers de croyants sont bloqués dans le processus de guérison aussi bien physique que spirituel car la pensée biblique mène à la guérison.
Vous avez raison: comme toute expression théologique issue de l’histoire, le titre de “mère de Dieu” mérite une réflexion. Puisque Jésus a été reconnu comme Fils de Dieu, sa divinité maintes fois évoquée dans le Nouveau Testament, il y a une logique qui veut que Marie qui lui a donné vie humaine soit elle-même la médiatrice de cette incarnation divine, ce qui résume ce titre choquant au premier abord, étant sauve la transcendance du Dieu créateur, mais aussi sauveur, donc intervenant dans l’histoire selon ses propres prérogatives.
Complètement d’accord avec vous.
Il faut arrêter, en utilisant d’ailleurs des formules “presque incompréhensibles”, non pas que je sois ignorant mais les Écritures sont à recevoir comme les reçoivent les petits enfants. Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le StEsprit. Livre de l’Apocalypse “vous ne retrancherez rien et n’ajouterez rien…”. Actes 4.12. IL Y A UN SEUL MÉDIATEUR ENTRE DIEU ET LES HOMMES…. JÉSUS CHRIST.
Merciiiiiiii
Monsieur l’Abbé Arbez, lisez donc le livre “Les deux Babylones” d’Alexandre Hislop
Merci Monsieur l’abbé pour ce très bel article..
Je suis choquée par certains commentaires qui n’ont rien de débats théologiques, mais bien plus chicaneries mesquines où la foi semble absente..juste polémiquer..très protestant comme attitude..merci luther
Sainte Marie Mère de Dieu priez pour nous, nous en avons bien besoin..
Extraordinaire votre témoignage Monsieur gloire à son Fils Jésus-Christ , je prie Marie Mère de Dieu aussi Elle est formidable son Fils l’écoute Merci pour votre très beau témoignage