Publié par Albert Soued le 9 janvier 2021

Pourquoi des milliers de Juifs se sentent-ils si aliénés qu’ils rompent avec la tradition et se retrouvent sans “foyer religieux ni spirituel” ?

Il y a trois mois, avec une grande tristesse, j’ai mis fin à mon adhésion à ma synagogue. Je ne suis pas seule. Ce phénomène arrive à des milliers de Juifs conservateurs sur le plan religieux dans toute notre nation, et qui sont républicains. Pourquoi des milliers de Juifs se sentiraient-ils si aliénés qu’ils rompent avec la tradition et se retrouvent sans “foyer religieux ni spirituel” ? Quel est le degré de tristesse que cela a provoqué au sein de ce segment de la communauté juive ? Et plus important encore, quand le judaïsme a-t-il cessé d’être juif ?

J’ai rejoint une synagogue locale en 2014 lorsque j’ai déménagé à Asheville, en Caroline du Nord. Ma première conversation avec mon rabbin a été accueillante et instructive. Avec le temps, il est devenu un ami de confiance. J’ai également apprécié d’être membre pendant de nombreuses années, et tout semblait aller bien.

En 2017, je me suis liée d’amitié avec une femme juive qui était démocrate. Elle n’avait aucune affiliation religieuse, alors je l’ai invitée à un service de Shabbat. Étonnamment, elle l’office. Je me suis demandée pourquoi elle était venue. Puis, pendant le sermon de mon rabbin, je l’ai découvert. Cette semaine-là, il y avait eu un service communautaire avec différents membres du clergé dans une mosquée locale. Mon rabbin en a parlé pendant l’office. Mon amie y avait également assisté.

Après l’office, elle m’a impoliment demandé pourquoi je n’étais pas allée à la mosquée. J’ai répondu : “J’avais un autre engagement“. Elle a aboyé sans réfléchir et de façon antagoniste : “Tu es raciste !” J’ai été choquée, car elle savait que j’avais un fils juif éthiopien adopté. Notre amitié a pris fin ce jour, à cause de son mépris impitoyable pour les autres, elle qui m’a insultée dans ma synagogue lors de ce shabbat pacifique. 

Quelle est la signification de cet événement désagréable ? C’était le présage d’une culture juive en mutation, où la justice sociale et la politique identitaire signifiaient l’inclusion, et l’exclusion de la non-conformité.

Le déjeuner de Shabbat a été un moment agréable pour rendre visite à des amis. Pour honorer le caractère sacré du Shabbat, je préférais les conversations sans passion. Cela a changé après l’élection du président Trump. Lorsque des amis démocrates me posaient des questions politiques et que je répondais avec désinvolture d’un point de vue républicain, ils courbaient le dos et devenaient conflictuels. “Vous êtes une quoi ? Vous êtes une républicaine ? Vous voulez dire que vous avez voté pour Trump ? Comment avez-vous pu ?” Et puis les jurons ont commencé à s’envoler. “Elle est ceci, et cela (certains jurons étaient trop offensants pour être écrits ici).

Je refusais de me confronter le jour du Shabbat et je répondais calmement : “Le plus grand atout de ce pays, c’est que nous avons le droit constitutionnel de choisir.” Ensuite, je posais trois questions. « Votre vie a-t-elle changé de quelque façon que ce soit depuis l’élection du président Trump ? » Ils ont dit que non. « Votre 401K s’est-il amélioré ? » Ils ont dit oui. « Si vous possédez une entreprise et que vous avez maintenant un bénéfice de 14% parce que le président Trump a réduit l’impôt sur les sociétés de 35% à 21%, n’est-ce pas une bonne chose ? » Oui. J’ai expliqué que bien que je n’aie pas voté pour le président Obama et que je sois en désaccord avec sa politique, je n’ai pas personnellement attaqué n’a pas cessé, j’ai quitté la synagogue. Le caractère sacré du Shabbat avait disparu.

Les idéologies de la gauche progressiste et le discours sur la justice sociale monopolisaient les conversations et les bulletins d’information électroniques. Même les sermons contenaient des références politiques. Le « Tikkun O’lam » (améliorer le monde), par définition, ne devait pas être remis en question. En tant que républicaine, je n’étais pas d’accord avec leurs causes ou leurs programmes, si bien que, malheureusement, le sentiment de paix qui régnait autrefois dans ma “maison religieuse et spirituelle” était en train de disparaître. De nombreux amis républicains vivaient des situations similaires et ont mis fin à leur adhésion.

Puis une série d’événements se sont produits. Lorsque Tamika Mallory (une antisémite connue) a pris la parole à l’UNC, mes amis juifs républicains ont protesté pacifiquement. Dans le bulletin d’information de la synagogue qui a suivi, ils ont été publiquement critiqués. L’auteur s’est excusé auprès de la communauté noire et a espéré que cela ne nuise pas aux relations. Mes amis ont écrit une lettre préoccupante au conseil d’administration, demandant que le bulletin d’information n’ait pas de contenu politique. La lettre a été ignorée, et ils ont donc mis fin à leur adhésion. Après que des radicaux noirs aient tué deux Juifs et leur employé dans le New Jersey, et attaqué des Juifs à la machette à New York, j’ai demandé à l’auteur si la communauté noire s’était excusée auprès de la communauté juive pour ne pas nuire aux relations ? Lorsque j’ai appris que des membres de ma synagogue avaient protesté avec BLM et qu’un d’entre eux avait été arrêté, pourquoi n’ont-ils pas été critiqués publiquement dans le bulletin d’information.

Certains membres ont même essayé de me convaincre que le BLM est simplement une idée. Une idée, cela ne se voit pas ! Les idées ne détruisent pas les villes, ne pillent pas et ne nuisent pas aux gens…. Un ami chrétien républicain m’a envoyé des vidéos et un article démystifiant et exposant la doctrine marxiste radicale du BLM, parce qu’il y a aussi un exode chrétien parallèle en cours dans les églises.

Il y a six mois, un article est paru dans le bulletin de la synagogue présentant “Les Juifs Blancs et les Juifs de Couleur“. Cette terminologie de politique identitaire m’a bouleversée, car j’ai un fils éthiopien. Quand on me demande s’il est noir, je réponds : “Je n’ai jamais remarqué. Il est juif“. Pourquoi cette rhétorique qui divise notre communauté ? Qu’est-ce que cette ségrégation auto-imposée ? C’était si offensant que j’ai écrit un article intitulé “La blancheur, le nouveau mal“.

J’ai envoyé cet article à un autre ami libéral juif. Après l’avoir lu, elle a mis fin à notre relation. C’était si triste que j’ai écrit un autre article intitulé “Perdre un ami à cause de la politique“.

J’ai rencontré le conseil d’administration et j’ai abordé leurs messages sur l’inclusion, la diversité, l’équité et l’exclusivité ; leurs programmes de justice sociale soutenant le BLM et la politique identitaire ; les membres républicains étant aliénés et partant ; et pour maintenir la neutralité, le bulletin doit rester apolitique. En outre, ils se sont montrés plus soucieux des personnes extérieures au judaïsme que de leurs concitoyens juifs qui ont besoin de se sentir les bienvenus dans leur “foyer religieux et spirituel”. Mes préoccupations ont été ignorées.

Afin de préserver l’équité, j’ai demandé à ce que les liens et les articles du bulletin de la synagogue soient rédigés d’un point de vue républicain. Au lieu de placer les liens et les articles de mes organisations contigus aux liens de justice sociale d’autres membres en haut de la section de la communauté, mes articles ont été rejetés et mes liens ont été relégués tout en bas. La justice sociale, les politiques identitaires et les articles soutenant BLM sont apparus (même après que BLM ait vandalisé des synagogues), un autre sur le « Southern Poverty Law Center » présentant un poing noir. Ce n’est pas ce à quoi j’ai adhéré lorsque je suis devenue membre.

Parce que je ne me conformais pas à la double pensée orwellienne ou à la pensée de groupe de Janis, j’étais censurée, réduite au silence et mise à l’écart. Cela contredit tout ce que le judaïsme représente. Le Midrash (interprétations rabbiniques de la Bible) enseigne les différents points de vue, l’échange d’idées, le dialogue, le débat, l’enquête, l’investigation et l’interprétation. L’orientation et la mentalité de la culture juive changent radicalement. Pourquoi rester ici ? Pourquoi travailler de longues heures à la collecte de fonds pour cette synagogue et n’être pas respectée et aliénée. ?

L’éthique de la civilité a disparu. Les signaux de vertu, la rhétorique de division, les attaques personnelles (verbales et écrites) destinées à vous intimider et à vous faire taire, et l’altération du Tikkun Olam déchirent le peuple juif. Le précieux sens de la communauté, les relations chères et les aspirations communes qui, autrefois, créaient l’unité, disparaissent. L’antisémitisme est en hausse, et pourtant les guerriers de la justice sociale (des élus juifs jusqu’à la base) ignorent l’histoire des mauvais traitements infligés aux Juifs et acceptent de protéger les autres.

Pour citer Chabad.org sur la destruction du Second Temple : “Outre les troubles causés par ces puissances extérieures, les Juifs étaient également en proie à des politiques tumultueuses à l’intérieur du pays, et ils se sont divisés en factions – un phénomène qui a finalement conduit à la destruction du Temple et à l’exil tortueux de notre nation“.

Quand le judaïsme a-t-il cessé d’être juif ? Lorsqu’il a tourné le dos à lui-même.

Par Adrienne Skolnik, présidente de la section de Caroline du Nord de la Conférence des affaires juives

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Albert Soued pour Dreuz.info.

Source :

https://www.americanthinker.com/articles/2021/01/the_new_jewish_exodus.html

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