Ce lundi 1er février à 11h45, en direct sur KTO, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France a signé une déclaration qu’il remet solennellement au Grand Rabbin de France, au président du CRIF et au président du Consistoire central.
La déclaration a été signée par la Présidence de la Conférence des Evêques de France ainsi que par Mgr Didier Berthet, évêque de Saint-Dié et Président du Conseil pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme. Ce dernier est accompagné de Mgr Thibault Verny, évêque auxiliaire de Paris, et membre de ce conseil épiscopal.
Cette exhortation des évêques français reflète « les liens qui nous lient à nos frères juifs », souligne le directeur du Service National pour les relations avec le judaïsme, le père Le Sourt.
Cette déclaration a été remise solennellement au siège de la conférence épiscopale au Grand Rabbin de France Haïm Korsia, ainsi qu’au président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), M. Francis Kalifat et au président du Consistoire central, M. Joël Mergui. La signature de la déclaration a été précédée d’un temps de travail à huis clos entre les autorités juives et catholiques en France.
Dans cette déclaration rendue publique ce lundi et qui se veut historique, les évêques de France redisent aujourd’hui leur “volonté de travailler avec tous ceux et toutes celles qui sont engagés dans la lutte” contre l’antisémitisme.
La déclaration (texte intégral)
“Lutter ensemble contre l’antisémitisme et l’antijudaïsme sera la pierre de touche de toute fraternité réelle”
Au lendemain des meurtres terroristes de Samuel Paty et de trois personnes dans la basilique Notre-Dame-de-l’Assomption de Nice, les évêques de France, réunis en Assemblée plénière, ont interpellé notre société française sur le respect mutuel. Relayant l’appel du pape François à la fraternité universelle, ils insistaient sur le devoir qui s’impose à chacun de tenir ensemble liberté d’expression et respect fraternel de l’autre, même de celui dont on veut critiquer un travers. Cette interpellation était d’autant plus urgente que, depuis quelques années, nous assistons à une inquiétante banalisation de la violence avec la multiplication de paroles et de gestes exprimant discrimination et racisme.
Les réseaux sociaux qui, en eux-mêmes, représentent une formidable chance de communication et de transmission, sont également un espace d’expression individuelle et collective qui ne connaît pas de limite, qui bénéficie de l’anonymat, ce qui conduit trop fréquemment aux pires excès.
Dans ce contexte, les évêques appellent à être particulièrement attentifs à l’inquiétante résurgence de l’antisémitisme en France. Avec force, ils redisent aujourd’hui combien la lutte contre l’antisémitisme doit être l’affaire de tous et ils affirment leur volonté de travailler avec tous ceux et toutes celles qui sont engagés dans cette lutte.
Pour nous catholiques, cette préoccupation trouve son origine dans notre « lien spirituel » unique avec le judaïsme. Plus que jamais, il faut rappeler l’importance des racines juives du christianisme. « Nous ne pouvons pas considérer le judaïsme simplement comme une autre religion : les juifs sont nos “frères aînés” » (saint Jean-Paul II), nos « pères dans la foi » (Benoit XVI) ». Souvenons-nous que Jésus, le « Verbe de Dieu » a lui-même prié les Psaumes, lu la Loi et les prophètes. Au cœur même de nos actions liturgiques et de notre prière personnelle, par la réception et la proclamation des textes de l’Ancien Testament, avec l’apôtre Paul, nous nous souvenons que « les dons et l’appel deDieu sont irrévocables » (Rm 11, 29). Si la foi en Jésus nous distingue et nous sépare, elle nous oblige aussi, dans la mémoire des heures terriblement sombres de l’histoire et en gardant le souvenir des victimes de la Shoah et des assassinats antisémites de ces dernières décennies, à reconnaître ceci : guérir de l’antisémitisme et de l’antijudaïsme est le fondement indispensable d’une véritable fraternité à l’échelle universelle. Cette guérison est un chemin exigeant dans lequel tous les humains doivent s’entraider. Elle commence par la « résistance spirituelle à l’antisémitisme ».
Nous nous sommes « engagés à vivre une fraternité authentique avec le peuple de l’Alliance », parce que nous espérons ce que nous avons appris de lui : que les êtres humains, de toute origine, toute langue, toute culture, sont appelés à vivre pour toujours dans une communion où chacun sera donné à tous et tous à chacun. C’est pourquoi les évêques de France exhortent, non seulement les catholiques mais également tous leurs concitoyens, à lutter énergiquement contre toute forme d’antisémitisme politique et religieux en eux-mêmes et autour d’eux.
Fait à Paris, le 1er février 2021
Mgr Éric de Moulins-Beaufort
Archevêque de Reims,
Président de la Conférence des évêques de FranceMgr Dominique Blanchet
Evêque de Belfort-Montbéliard,
Vice-président de la Conférence des évêques de FranceMgr Olivier Leborgne
Evêque d’Arras,
Vice-président de la Conférence des évêques de FranceMgr Didier Berthet
Evêque de Saint-Dié,
Président du Conseil pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsmeMgr Thibault Verny
Evêque auxiliaire de Paris,
Membre du Conseil pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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Alléluia ! Je suis Judéo-Chrétienne, Catholique Romaine pratiquante. Bravo à nos Evêques. J’aime Israël, nous avons tous, nous Catholiques nos racines là bas.
Et les musulmans , ont ont-ils fait pareil?L’ antisemetisme est la principale base des écrits coraniques .L ‘animosité envers les juifs est forte présente dans la communauté musulmane.
Je ne suis pas antisémite mais je ne comprends pas le terme de judéo-chrétien,pourriez-vous m’éclairer?
La civilisation judéo-chrétienne accepte les racines juives du christianisme, le fait que Jésus était juif et son enseignement issu des Dix Commandements reçus au Mont Sinaï des mains de Moïse.
Judaïsme et Christianisme y sont complémentaires, comme par exemple en Amérique du nord protestante ou évangélique, très peu antisémite.
Par contre, le catholicisme s’est fondé longtemps sur la condamnation du judaïsme qui l’avait précédé et l’enseignement de la haine des juifs, “peuple déicide”, avec des conséquences criminelles. Cet enseignement s’est en principe terminé avec Nostra Aetate de 1965 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Nostra_%C3%86tate) mais des traces subsistent néanmoins d’un antisémitisme immonde qui met en péril la civilisation judéo-chrétienne et le Monde Libre.
Monsieur,
Je vous remercie de ces informations,je connais mon catéchisme!
Durant des siècles les chrétiens,y compris les réformés,n’ont pas éprouvé le besoin de se définir comme “judéo-chrétiens”,il ne s’agissait absolument pas d’antisémitisme,Notre-Seigneur nous enseigne qu’Il n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir .
Malgré ce que vous semblez croire un peu trop facilement,les communautés réformées étaient bien loin d’être judéophiles.
Je suis catholique-romain et je ne pense pas que nous ayons tous été antisémites avant le dernier concile du Vatican,je vous rappelle que les papes protégeaient les communautés juives,en particulier dans les Etats-Pontificaux ,dans le sud de la France,Carpentras,Avignon et Tarascon possèdent de très belles et anciennes synagogues.
Dans l’empire Russe les pogromes visant les juifs n’étaient pas le fait des catholiques mais des orthodoxes.
Des évêques ,des prêtres,des religieuses et des laïcs catholiques de différentes nationalités ont été déportés ou fusillés pour avoir aidé des juifs au cours de la seconde guerre mondiale,le cardinal Saliège,archevêque de Toulouse, a fait lire une condamnation des persécutions antisémites dans toutes les églises de son diocèse sous l’occupation.
Le célèbre avocat juif,Serge Klarsfeld,qui a passé une large partie de sa vie à traquer les responsables nazis après guerre,témoigne de ce que le pape et l’Eglise catholique ont fait pour sa famille et l’ensemble des juifs persécutés au cours de la seconde guerre mondiale,(Pie XII et la Shoah,le choix du silence.Pierre Téqui éditeur.Paris 2010).
Les évêques catholiques des Pays-Bas se sont élevés publiquement contre la politique antisémite allemande en 1942,le résultat fut une importante rafle des juifs dans tout le pays,voici la raison pour laquelle le pape Pie XII a préféré l’action silencieuse à une condamnation officielle qui aurait eu pour effet d’accentuer la persécution des juifs et des catholiques.
Ce même pape a donné l’ ordre d’ouvrir tous les couvents et monastères de Rome aux familles juives lorsque les nazi organisèrent les premières arrestations,le grand rabbin de la ville ,sa femme et sa fille se sont convertis au catholicisme après guerre,(et non pendant,ce qui aurait assuré leur sécurité).
En 1937 le pape Pie XI a condamné l’idéologie nationale socialiste allemande dans la célèbre encyclique “Mit Brennender Sorge”,il fut le seul à dénoncer le nazisme à cette époque,ce même souverain-pontife a déclaré que les juifs sont nos frères aînés dans la foi.
Des chrétiens de toutes confessions ont lutté contre le nazisme,toutefois nous ne pouvons nier que les communautés protestantes allemandes étaient dans leur ensemble très complaisantes envers le régime hitlérien,je vous signale qu’une église protestante nationale socialiste a même été créée.
En conclusion je dirais qu’il me suffit de me sentir et de me présenter comme chrétien,l’Alliance entre Dieu et les hommes finalisée par l’incarnation du Fils englobe naturellement toute la révélation, y compris l’Ancien-Testament et l’annonce de la venue du Messie par les prophètes.
S’il a existé,et s’il existe encore un antisémitisme,ce que nous devons combattre naturellement,il nous faut également accepter qu’il puisse exister un antichristianisme,(ou christianophobie),historique dans certains milieux juifs,un héritage du rejet du christianisme dès ses origines.
Monsieur,
Une part essentielle de la révélation, y compris “l’Ancien-Testament” et l’annonce de la venue du Messie par les prophètes est juive, de même que la Loi que Jésus voulait accomplir.
Le christianisme est donc fondé sur des bases juives, que le marcionisme, puis l’inquisition, etc… ont cherché à nier.. en accusant les juifs de “déicide” et en les persécutant.
Le catholicisme avait une dimension totalitaire lors de l’ancien régime, avec sa caution du servage et d’une justice qui viendrait dans le monde futur (“les derniers seront les premiers”...), la chasse aux “hérétiques”, etc….
On pouvait être embastillé “pour impiété” comme Diderot l’a été pour avoir été absent de la messe dominicale.
Le judaïsme était banni, proscrit.
Les manuscrits du talmud étaient brulés en place publique par charrettes entières.
Mais le christianisme français a évolué, perdu sa dimension totalitaire.
Les fidèles ne se rendent plus à la messe sous la menace mais en hommes libres (merci Diderot).
Cette liberté nouvelle est propre à cette civilisation de justice et de liberté ou chrétiens et juifs sont libres de pratiquer leurs cultes, une civilisation judéo-chrétienne, ou juifs et chrétiens partagent un espace de liberté, mais aussi les psaumes de David, les Dix Commandements, le culte consacré au Dieu unique…
Il ne s’agit pas d’une religion judéo-chrétienne, car judaïsme et christianisme sont différents et relativement indépendants, mais d’une civilisation construite par juifs et chrétiens, et qui, la première et la seule au monde, à aboli l’esclavage et interdit le racisme.
La mention de cette “civilisation judéo-chrétienne” vous dérange t elle en tant que catholique?
(Elle est menacée en ce moment, en France et dans le monde, par l’islamo-léninisme, ennemi de la liberté, etc..)
vous avez raison.
mais j’ajouterai un aspect du problème: les patriarches orientaux sont souvent restés marcionites, orthodoxes comme catholiques, alors que les occidentaux ont fait le passage vers l’approche philosémite réactualisée par Vatican II
C’est bien, il faudrait que cela soit suivi d’actes pour ne pas rester que des paroles. Commencer par demander à tous les prêtres de lire ce texte à leurs ouailles, en développant le cas échéant.
Il y a “du boulot”!…
Les évêques publient des textes contradictoires que personne ne retient,ils soutiennent encore et toujours leurs frères mahométans qui persécutent autant les juifs que les chrétiens à travers le monde!
D’autre-part nous pourrions souhaiter que les autorités religieuses juives manifestent également leur soutien aux chrétiens persécutés à travers le monde,si l’antisémitisme est une réalité,la christianophobie en est également une!
Vous avez raison de demander davantage de cohérence.
La christianophobie est présente et à l’oeuvre dans le monde musulman, mais pas en Israël, seul pays du Moyen Orient ou les chrétiens soient libres et en sécurité. La christianophobie n’est pas le fait des juifs, au contraire!
Vous évoquez une symétrie qui n’existe pas. Si l’antisémitisme a été enseigné à l’église pendant des siècles (les juifs “perfides”, le “peuple déicide”, etc…un enseignement de la haine…) la christianophobie est absente de la synagogue ou la haine n’est pas enseignée, loin de la!
Pour donner force à une lutte, il faut savoir nommer celui contre lequel on lutte.
Madame Marceline Loridan-Ivens,une cinéaste juive rescapée d’un camp de la mort a nommé celui contre lequel nous devons lutter,il s’agit de l’islam.
Cette femme décédée il y peu de temps dénonçait sur un plateau de télévision les propos d’un haut responsable religieux mahométan de Jérusalem au cours de la seconde guerre mondiale:”Nous avons Dieu pour nous au ciel,et Hitler pour nous sur terre!”
Cette ancienne militante de gauche dénonçait les musulmans qui aujourd’hui peuvent crier leur antisémitisme à la face du monde en toute impunité.
Personnellement je n’appelle pas à la haine raciale mais à la dénonciation de l’islam,des appels à la haine et à la guerre contenus dans le coran,que l’on ne nous fasse pas croire qu’il s’agisse d’une question d’interprétation des textes,l’islam ne peut cohabiter avec d’autres religions et ne peut accepter la notion de liberté de conscience.
Exact. Cette dame était à Auschwitz avec Simone Veil. Elle est morte peu de temps après son amie.
Si vous souhaitez approfondir votre connaissance du coran je ne puis que vous recommander très vivement les ouvrages de Mme Anne-Marie Delcambre,et ses entretiens sur un site internet du Québec intitulés:”L’islam sans complaisance”.
Mme Delcambre était une universitaire spécialiste de la langue arabe et du coran,une femme pleine d’humour.
Bonjour Monsieur l’Abbé,
Savez-vous si le livre ayant pour titre “Coran”, décrivant des appels à la haine des juifs et des chrétiens, a-t-il déjà un jour été porté en justice et a-t-on déjà demandé son interdiction pour provocation et incitation à la haine ?
Je suis sérieux.
Vous-même, ou des avocats comme Gilles William Goldnadel pourraient-ils nous éclairer sur cette question que je n’ai jamais entendu être soulevée ?
Bien cordialement
La question a été souvent soulevée, mais aucun aboutissement à ce jour.
Ce sont les politiques qui bloquent ce genre d’initiative.
Toute la Tradition catholique est basée sur l’antijudaïsme, qui n’est pas l’antisémitisme – Rappelons une fois pour toute que l’antisémitisme est un péché -. Donc cette nouvelle Eglise née avec la réforme du concile Vatican II, en refusant tout antijudaïsme rompt avec l’Eglise traditionnelle.
toute la tradition catholique basée sur l’antijudaïsme?
c’est inexact.
“Le salut vient des juifs!” (évangile de Jean)