Publié par Gaia - Dreuz le 7 mars 2021

Source : Polemia

Le sondage commandé par la LICRA à l’IFOP auprès des lycéens montre l’opinion des jeunes à un moment donné sur les problèmes liés à la laïcité, mais aussi et surtout souligne une évidente évolution.

Touche pas à mon prophète !

Nous sommes en train de glisser de la génération « Touche pas à mon pote » à la génération « Touche pas à leur prophète ». Ce n’est pas encore vraiment cela et il y a encore une cassure entre les jeunes musulmans et les autres, mais le mouvement est en cours. La fracture est par contre avérée entre la nouvelle génération et les ainés.

L’enseignement laïc est en train de perdre la guerre molle qu’elle mène contre l’acceptation du communautarisme, essentiellement musulman. Dans un système éducatif où l’on a du mal à enseigner le raisonnement rationnel, la laïcité parait une notion dont la complexité et la spécificité française est de plus en plus mal comprise. Notre jeunesse est trop américanisée pour se sentir laïque. Pour nos lycéens, la laïcité doit se contenter de traiter à égalité toutes les religions. Les racines chrétiennes de la France n’entrent jamais en jeu, même chez les catholiques. Notre jeunesse est poreuse au discours de victimisation et croit davantage, finalement, à l’islamophobie qu’à l’islamo-gauchisme. C’est sans doute le plus inquiétant.

Clivage dans la population

Et ce sentiment sur la laïcité n’est pas l’apanage des musulmans (81 %) : il est également partagé par beaucoup d’élèves scolarisés en zone d’éducation prioritaire (55 %), en lycée professionnel (43 % en bac pro) ou se percevant vus par les autres comme « non blancs » (64 %). L’islamisation des esprits fonctionne à plein dans les quartiers difficiles ou limitrophes. Il y a en fait une assimilation progressive au communautarisme musulman. Le droit au blasphème lui-même est quasiment criminalisé. Plus de la moitié (52 %) de l’opinion lycéenne récuse ce droit pourtant acquis depuis plus d’un siècle (1881).

Cette question du droit au blasphème met surtout en lumière le clivage existant sur ce sujet entre les musulmans et le reste de cette jeunesse scolarisée dans le second degré. En effet, si les jeunes musulmans s’opposent massivement (à 78 %) au droit d’outrager une religion — tout comme les personnes perçues comme « non blanches » (à 65 %) ou habitant dans les banlieues populaires (à 60 %) — , ce n’est le cas que d’une minorité de catholiques (45 %), d’élèves sans religion (47 %) ou non scolarisés en REP (44 %).

La débâcle de l’école républicaine

Le recul de l’éducation républicaine tourne à la débâcle sur la question du voile qu’on croyait pourtant réglée. Pour la première fois, une enquête montre que les lycéens sont majoritairement favorables au port de tenues religieuses dans les lycées publics. Le port de signes religieux ostensibles (voile, kippa…) dans les établissements scolaires publics est désormais soutenu par plus d’un lycéen sur deux (52 %), soit une proportion deux fois plus grande que dans la population adulte (25 %). Cette adhésion à l’expression religieuse des élèves dans l’espace scolaire semble en hausse si on se fie aux données de l’enquête (2006-2009) qui montrait qu’il y a une quinzaine d’années, cette idée était encore majoritairement rejetée (à 58 %) par les élèves de 14-16 ans. Et ce hiatus entre les lycéens et le reste de la population se retrouve dans le net soutien des premiers au port de tenues religieuses par des parents accompagnateurs : à 57 %, contre 26 % chez l’ensemble des Français.

Il y a bien une distance encore entre les musulmans et les autres. Mais ceux qui nous expliquent à longueur de journées que, grâce à l’éducation républicaine, le fossé peut se réduire sont en échecs. Tout au contraire, c’est la minorité religieuse qui, en se victimisant, impose ses codes de pensées ou les rend inattaquables voire incritiquables. Cette minorité est en passe de gagner dans nos lycées la bataille culturelle mais, pour elle, la culture se résume à un dogme religieux.

Par Pierre Boisguilbert, journaliste spécialiste des médias et chroniqueur de politique étrangère

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