Publié par Gilles William Goldnadel le 9 mars 2021

Pour l’avocat Gilles-William Goldnadel, l’absence de réciprocité dans la reconnaissance des crimes commis lors de la guerre d’Algérie, est une illustration supplémentaire de la haine de soi pathologique, qui touche le « mâle blanc » occidental.

Cette semaine, cette chronique entend poursuivre sa réflexion inaugurée lundi dernier, exemples à l’appui, sur la folie au sens quasi psychiatrique-du monde occidental.

La semaine passée était consacrée principalement à la race et au genre, cette semaine, j’entends montrer ce qui se joue d’irrationnel, derrière la reconnaissance unilatérale par la France des crimes commis par elle en Algérie.

Je rappellerai, pour autant que cela soit nécessaire, que le Président de la République a cru devoir commander un rapport à l’historien engagé Benjamin Stora sur la guerre d’Algérie et la décolonisation qui lui a été remis le 20 janvier. Dans ce cadre, l’Élysée a publié un communiqué le mardi 2 mars ainsi rédigé : « Aujourd’hui, le Président de la République a reçu au palais de l’Élysée quatre des petits-enfants d’Ali Boumendjel pour leur dire, au nom de la France, ce que Malika Boumendjel aurait voulu entendre : Ali Boumendjel ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné »

Ainsi, après avoir déjà reconnu, au nom de la République Française, que le mathématicien communiste Maurice Oudin avait été torturé puis exécuté par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile, Emmanuel Macron poursuit donc son initiative de la reconnaissance des crimes commis par l’armée française en Algérie.

Nul, aujourd’hui en France, ne s’oppose à la reconnaissance des exactions, mais dans le cadre du principe de la réciprocité.

Je passerai rapidement sur la contestation par certains historiens des conclusions de Benjamin Stora sur le meurtre d’Ali Boumendjel telle que la résume le Figaro du 4 mars en citant notamment Pierre Pélissier qui déclare : « ce qui ne fait aucun doute, c’est qu’Ali Boumendjel avait de grandes responsabilités au sein du FLN à Alger, dont il était l’un des dirigeants et pour le compte duquel il effectuait des missions stratégiques ».

Jean Sévillia, auteur des « Vérités cachées de la guerre d’Algérie » (Fayard 2018) ajoute : « C’est justement là où se trouve tout le problème du rapport Stora, car à aucun moment il ne reconnaît que le FLN était à cette époque une organisation terroriste, ces faits sont pourtant connus et documentés aujourd’hui : en 1956 et 1957, le FLN a tué presque tous les jours à Alger des Européens et bombardait constamment les populations civiles. ».

C’est précisément là où je souhaitais en venir : l’aspect délibérément unilatéral de la reconnaissance par la France des crimes commis en Algérie. Nul, aujourd’hui en France, y compris dans les milieux des rapatriés, ne s’oppose à la reconnaissance des exactions, mais dans le cadre du principe de la réciprocité.

Comment en effet accepter ce titre du Monde du 4 mars : « Reconnaissance de l’assassinat d’Ali Boumendjel par la France: en Algérie, beaucoup d’autres familles « attendent la vérité sur leurs enfants disparus » » ?

Il se trouve, précisément, qu’en France aussi, beaucoup de familles chrétiennes et juives attendent la vérité sur leurs 453 enfants disparus pendant les massacres de juillet 1962, commis alors même que l’Algérie avait obtenu son indépendance.

Au nom de quel principe ontologique ou politique, la vie d’un musulman algérien serait plus précieuse que celle d’un pied-noir d’Algérie ou d’un harki ?

Visiblement, manque cruellement à la démarche présidentielle le principe élémentaire de la réciprocité.

Ce principe de la réciprocité est un principe humain essentiel et universel. Confirmé par la sociologie et la psychologie. Il est à la base des rapports sociaux. Fondé sur le don mutuel.

Mais il se trouve précisément, que dans l’esprit du temps présent, cette réciprocité est expressément réfutée. Je le prouve: Titre du Monde du 3 mars : « La France doit accomplir des gestes sans attendre une réciprocité algérienne » .

Article de Frédéric Bobin: question pertinente d’un lecteur :

« Reconnaissance salutaire, dans un but d’apaisement mémoriel, pensez-vous que le gouvernement algérien reconnaîtra la responsabilité du FLN dans la mort de Guy Monnerot, instituteur abattu le 1er décembre 1954, première victime, civile, de la guerre d’Algérie ? ».

Réponse du journaliste : « C’est une affaire sensible. Si la France veut avancer, elle doit accomplir des gestes de reconnaissance unilatérale sans attendre une réciprocité algérienne…».

Et pourquoi donc la France souhaiterait avancer pendant que l’Algérie renoncerait à le faire ?

Alors même que certains dans ce pays évoquent un « génocide ». Et que l’État algérien s’est bâti essentiellement et négativement sur le ressentiment à l’égard de son ancienne puissance coloniale.

C’est au demeurant, selon moi,ce qui explique fondamentalement ses déboires économiques, politiques et démocratiques. À comparer notamment son état de déréliction, avec celui de son voisin marocain.

Au nom de quel principe ontologique ou politique, la vie d’un musulman algérien serait plus précieuse que celle d’un pied-noir d’Algérie ou d’un harki ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel pour Dreuz.info

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