Publié par Gaia - Dreuz le 24 mars 2021

Source : Lexpress

Une offre d’emploi antisémite publiée sur Internet a provoqué un tollé. Un cas rarissime, car si les discriminations dans l’emploi persistent bel et bien, elles s’exercent de façon beaucoup plus subtile.

Les propos antisémites arrivent comme un cheveu sur la soupe, au beau milieu de la description d’un infographiste idéal. “Personne rigoureuse”, “motivée”, “compréhension rapide des projets”, puis cette mention: “si possible pas juif(ve)”. Depuis ce lundi soir, une offre d’emploi discriminatoire, diffusée au nom de l’agence de communication NSL Studio, suscite l’indignation. SOS Racisme dit avoir porté plainte. Le portail emploi Graphic-Jobs, qui a relayé le texte, assure aussi “étudier la suite judiciaire à donner”. Tout comme NSL Studio, d’ailleurs, qui plaide le “hack” de son annonce… 

Antisémitisme assumé, malveillance ou blague plus que douteuse passée à travers les mailles de la relecture? Le texte a de quoi surprendre. Car si les discriminations des employeurs sont encore vivaces, comme le prouve le dernier rapport du Défenseur des droits, elles sont rarement aussi affichées, dès l’étape de la publication d’une annonce. “C’est du jamais vu. J’ai lu des milliers d’offres sans tomber sur ce type de cas”, s’étonne Jean-François Amadieu, sociologue et fondateur de l’Observatoire des discriminations. 

225 000 euros d’amende

Non pas que les préjugés racistes aient disparu, mais les recruteurs ont le plus souvent conscience des risques encourus, notamment sur des critères ethniques ou religieux. “Il existe des entreprises qui ne recrutent pas les candidats juifs pour faire, par exemple, des affaires dans les pays du Golfe, affirme Jean-François Amadieu. C’est assumé dans la sélection des profils, elles ne s’en cachent pas, mais elles ne vont pas aller l’écrire dans une offre, où le délit pourra être constaté.” 

Car les peines sont sévères dans des cas pareils. Les convictions religieuses font partie des nombreux motifs – âge, sexe, état de santé, opinions… – auxquels les employeurs ont interdiction de faire référence, comme le rappelle un guide de Pôle emploi. Ceux qui y dérogent “sont passibles de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende pour les personnes physiques”, ainsi que de “225 000 euros pour les personnes morales”, auxquels peut s’ajouter une interdiction d’exercer. Ces sanctions pénales valent autant pour l’entreprise qui rédige l’annonce que pour tous ceux qui la diffusent. 

Gwenaëlle Quenaon-Hervé se souvient avoir refusé, il y a plusieurs années, l’offre d’une boucherie halal qui recherchait un collaborateur musulman. “Nous ne l’avons pas diffusée, indique la directrice générale adjointe du portail RegionsJob. Nous comprenions les raisons de l’employeur, mais c’est contraire à la loi, et nous sommes juridiquement responsables.” 

“Une secrétaire”, “anglais langue maternelle”

RegionsJob charge une vingtaine de personnes de relire les offres avant publication. Le site retourne à l’expéditeur les annonces les plus discriminatoires, et assure lui-même les retouches légères. Mais sur ce “job board” payant, les discriminations constatées n’ont pas grand-chose à voir avec le “si possible pas juif”. “Des recruteurs vont par exemple demander des candidats domiciliés à Rennes, observe Gwenaëlle Quenaon-Hervé. On rajoutera ‘idéalement’ devant.” “Une secrétaire” devient “un ou une secrétaire”, un “anglais langue maternelle” est corrigé en “anglais courant”, la référence à l’âge est supprimée, etc. 

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