Nous connaissons tous le dicton populaire : « je suis comme St Thomas, je ne crois que ce que je vois… ! » Quand à savoir si c’est vraiment le sens de cet évangile, rien n’est moins sûr !
Nous sommes peut-être surpris de constater que Thomas montre des réactions de doute. Certes, il n’est pas dans la salle lorsque le Ressuscité vient à la rencontre des apôtres. Mais on se dit qu’il pourrait faire confiance à la conviction des autres apôtres…
Aujourd’hui nous sommes environnés d’une mentalité moderne qui exige des preuves pour tout. On a tendance à vouloir systématiquement contrôler ce qui est de l’ordre de la confiance habituellement accordée aux personnes. On instrumentalise facilement. Ainsi, à notre époque les médias fonctionnent en mettant en avant le doute et la suspicion, et la religion n’y échappe pas, comme tout ce qui représente une autorité.
D’une manière générale, on dirait que dans les mentalités la démarche de foi s’est inversée par rapport au passé : en effet, autrefois, l’homme ressentait personnellement les conséquences du péché et il cherchait comment se justifier aux yeux de Dieu. Aujourd’hui, c’est à Dieu qu’on demande de se justifier, parce qu’il y a trop de problèmes dans sa création, et lui en serait le seul responsable ! Ce qui voudrait dire que le Christ n’aurait pas souffert pour effacer le poids du péché des hommes, mais pour effacer les manquements de Dieu envers nous ! C’est la tendance de notre temps où les clichés à courte vue se sont emparés des questions métaphysiques les plus partagées, et où se diluent dans le relativisme les questions existentielles qui se posent à chacun.…
Dans l’évangile de Jean, même si Thomas est quelqu’un qui doute, on constate cependant qu’il a beaucoup d’attachement envers la personne de Jésus, et au fond de lui, il désire que ce témoignage du Christ, vraiment exceptionnel, n’ait pas été réduit à néant par la mort en croix. Or les réactions et les interrogations de Thomas nous donnent l’occasion de discerner qu’il existe en réalité deux sortes de doutes : d’une part un doute destructeur, préjugé de méfiance et d’approche négative, et, d’autre part, dans une autre logique, un doute positif qui correspond au désir d’approfondir et de vérifier la validité de ses convictions. Et ce doute-là a le mérite d’éclairer la foi et de la conforter. C’est précisément ce qui se passe avec Thomas, puisqu’il aboutit en fin de récit à une confession de foi intense.
En même temps, on découvre l’objectif principal de cet évangile qui est une catéchèse : il s’agit de faire le lien entre la première génération de disciples, (qui ont connu le Jésus historique) et la deuxième génération, ceux pour lesquels la foi au Christ ressuscité ne s’appuie que sur l’affirmation des premiers témoins. (Et nous en faisons partie).
Il y a d’ailleurs une grande cohérence dans les différents récits d’apparition du ressuscité : on retrouve un schéma identique dans les quatre évangiles: des femmes se rendent au tombeau de Jésus et là, elles découvrent la pierre roulée, la tombe est vide. Avertis par elles, les apôtres viennent constater que, de toute évidence, Jésus ne fait plus partie du séjour des morts. Et c’est ensuite que lui, le Vivant, vient personnellement à la rencontre de ses amis pour manifester sa présence sous la forme nouvelle d’un corps glorieux qui ne dépend plus des lois de l’espace et du temps.
Le récit d’aujourd’hui permet surtout à St Jean d’introduire sa conclusion, destinée aux générations futures, à ceux qui n’ont jamais côtoyé le Jésus historique : heureux ceux qui croient sans avoir vu! Notre culture moderne est très marquée par un rationalisme réducteur. Or, dans le domaine spirituel et surnaturel, comme d’ailleurs dans le domaine des relations humaines : en amitié, en amour, plutôt que de se focaliser formellement sur des preuves matérielles, il est préférable de savoir interpréter les signes, afin de laisser de l’espace à la confiance.
Cet évangile a le mérite de nous faire passer par les étapes des réactions successives des premiers disciples, traumatisés après la mort brutale de Jésus, et nous voyons comment le ressuscité vient à leur rencontre, là où ils se sont repliés dans la peur, toutes portes verrouillées. Et Jésus, vivant par-delà sa mort, leur apporte la paix, (« la paix soit avec vous ! »), il les délivre aussitôt de leur abattement et de leur enfermement. Pâques et Pentecôte s’entremêlent ici, puisque Jean nous montre un Jésus ressuscité qui envoie son souffle sur les disciples, et leur confie une mission : celle de libérer les hommes du poids de leurs péchés. « Ceux à qui vous les remettrez, ils leur seront remis ! »
Quand Jésus leur montre ses mains et son côté: il donne à voir aux disciples les traces des souffrances qu’il a traversées par amour pour eux. Celui qui règne désormais auprès de Dieu dans les cieux est le même qui a mené son combat sur terre pour la vérité. Par conséquent, on ne doit jamais perdre de vue qui était le Jésus terrestre, lui qui était porteur de la tradition des sages et des prophètes d’Israël. Si on imagine comme dans les évangiles apocryphes un héros purement céleste en effaçant ou minimisant son humanité et surtout son appartenance au peuple choisi, ce serait trahir Jésus dans ce qu’il a été réellement. Ce serait transformer le christianisme en une religion parmi d’autres, et faire du message du salut une coquille vide.
Dans le récit de St Jean, Thomas est le prototype du disciple passé de l’incroyance à la croyance. Car le Jésus ressuscité qui s’adresse à lui n’est pas un fantôme, ni une projection de l’esprit humain. Thomas le reconnaît finalement en s’écriant: “mon Seigneur et mon Dieu!” Remarquons au passage que Thomas n’a finalement pas eu besoin de poser ses mains sur les plaies de Jésus, sa parole lui a suffi ! Ainsi, l’homme qui a le plus douté du Ressuscité est – paradoxalement – celui qui en fin de compte exprime la confession de foi la plus radicale…
Aujourd’hui, la même salutation nous est donnée par le Christ, comme aux disciples: “Paix et Joie!”. Le shalom biblique ouvre un cheminement d’espérance et de joie intérieure. A nous aussi, Jésus dit: “avancez votre main et mettez-là dans mon côté! = soyez en relation directe avec ma passion et ma mort pour partager ma résurrection »…et c’est dans cette mémoire vivante vécue jour après jour que nous grandirons !
Jésus envoie son souffle sur ses disciples… Comme le Créateur insufflait son haleine de vie dans le premier homme déjà constitué à son image. C’est le départ de l’homme renouvelé par le sacrifice de Jésus. Pour changer la face du monde sous l’impulsion de l’Esprit saint, pour l’humaniser, nous voici envoyés, nous aussi. Nos sociétés doivent continuer d’entendre ce message occulté par les tumultes des événements. En tant que baptisés, nous avons à cœur de nous faire l’écho de cette annonce pascale porteuse d’espérance.
Amen
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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Bonjour,
c’est un tableau fabuleux. J’aime beaucoup le choix de Caravaggio pour les apôtres: des personnes humbles issues du peuple. Et par dessus tout l’incrédulité de Saint Thomas qui tout en touchant la blessure ne parvient pas à y croire.
La Madone de Loretto (sauf erreur de ma part le modèle était une prostituée) et la crucifixion de Saint Pierre sont des chefs d’oeuvre parmi les chefs d’oeuvres. Je les ai découverts lors d’un voyage à Rome.
Cordialement
José Ribera dit lo Spagnoletto est l’un des rares cas où l’élève ne copie pas le maître mais s’en inspire pour le surpasser.
Le tableau d’Eugene Burnand “Les disciples Pierre et Jean courent au tombeau le matin de la Résurrection” est lui aussi fort émouvant.
«Heureux celui qui croit sans avoir vu*» : la particularité d’un message universel, c’est d’être intemporel, permanent, et d’apporter la Vérité aux hommes de toutes les époques. L’incrédulité radical de Thomas introduit sa conviction intégrale à venir : «Mon Seigneur et mon Dieu!». On se reconnaît tous dans cette réaction quand nos doutes s’estompent face aux Vérités bibliques. Nous aurions tous eu la même réaction.
J’ajouterais à vos deux premiers paragraphes et notamment à «la démarche de foi s’est inversée» que des pans entiers d’un cheminement dans la foi prescrit par Jésus sont récupérés par les manipulateurs contemporains, pour nous amener à adhérer au mal, comme la désinformation généralisée, les sondages alambiqués. Ces récupérations, dont le coran est l’archétype-même, ont toujours existé mais sont actuellement mises en synergie sur le plan planétaire pour tromper l’homme à venir : «Mon Monde et ma perte!»
Comme quoi il vaut mieux tenter «le pari de Pascal» que de tenter le Diable!
* Je n’ai pas retrouvé votre article Dreuz récent sur le parallèle entre «Voir» et «Croire» que j’aurais trouvé pertinent d’indiquer ici et ce n’est pas faute de l’avoir cherché. Aurais-je rêvé l’avoir lu?
Que ce dimanche soit pour tous, édifiant.
Quand Marie Madeleine, seule ou pas seule, se retourne, croit d’abord voir un jardinier, puis le reconnait à sa parole et veut l’embrasser, il lui de ne pas le toucher car il n’est pas encore monté voir son père, puis qu’il ira en Galilée.
On peut penser qu’au troisième jour il est revenu près de son tombeau, un peu immatériel, que de là il est monté voir son père, puis est revenu pour quarante jours avec un corps matériel.
C’est extraordinairement manipulé en marche depuis longtemps que l’on pense toujours que Thomas doutait et a touché les plaies, alors qu’il était juste absent et qu’il lui a suffit de le voir et l’entendre pour ne plus douter et qu’il n’a pas voulu toucher les plaies.
C’est à rapprocher de l’enseignement des paroles de Jésus qui dit aux apôtres,”vous serez avec moi pour juger les 12 tribus d’Israêl”, ce qui nous fait comprendre qu’Israël c’est le nom que Jésus donne à la terre, que le terre a 12 tribus et que ceux qui ne sont d’aucune tribu, le diversité en marche, ne seront même pas jugés, car ils sont rien, ils n’appartiennent à la création, ils sont moins que des merdes.
Il précise même que les apôtres et les héritiers du nouveau testament, quand ils seront mal reçus dans les villes d’Israël pourront changer de ville, sns être nécessairement obligés de se faire tuer et qu’ils n’auront pas fait toutes les villes avant qu’il revienne, pour le jugement dernier.
On voit bien que dans le tactique et la stratégie en marche,l’immonde progressiste se sert de l’ islam sanguinaire et bestial pour faire disparître les chrétiens de toutes les villes d’Israël, qui est le nom donné à la terre, par Jésus.
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Je ne crois pas un instant que Jésus appelait “Israël” la terre entière! la terre d’Israël fait partie de l’alliance et des promesses, et Dieu ne reprend pas ses promesses… Jésus n’est pas venu abolir quoi que ce soit, Israël c’est Israël, mais il croyait aussi que selon les prophètes, les bienfaits de Dieu s’étendraient à l’univers et aux nations.
Merci des précisions de votre réponse.
J’espère qu’au jugement dernier les crétins abolitionistes des nations, qui nous enchantent par les magies noires pour une heureuse diversité future métissée, sans altérité, avec une obligation futuriste de reproduction invitro, iront dans un monde d’ailleurs, où ils périront lentement comme ils le méritent, en servant de cobayes aux choses qu’ils auront déçus.
Et comme celui qui vit par l’épée périra par l’épée.
Cette engeance progresssite servant de cobayes à leurs maîtres se verra entourée de sparadrap pour ne pas exploser sous les assauts éducatifs de l’éducation du monde d’en bas que veulent copier toutes les éducations nationales occidentale progressistes de gauche athéiste pour voler leur innocences aux enfants dès le plus jeune âge, au nom de la révolutionon sociétale d’un plus de liberté vers l’avilissement pour lutter contre l’enfermement de la crétation, et ça commence à se voir et se savoir et la barrière du 6 ièm commndement va être revue à la baisse..
Jésus, la parole de Dieu, n’est pas venu pour régler les problèmes humains mais pour nous permettre d’avoir part à la vie éternelle et nous devons lui rendre grâce pour avoir donné sa vie dans ce but: Pour autant la condition de l’immense majorité de l’humanité est abominable, le plus souvent les hommes eux-mêmes sont responsables et auteurs des atrocités constatables à toutes les époques connues, sauf en ce qui concerne certaines pathologies comme les cancers infantiles ou les évènements cosmiques, seïsmes etc: La question se pose alors du regard de Dieu sur la tragédie humaine qui dure depuis le début des temps et en tout cas depuis trop longtemps et il est humain de poser la question de la prolongation de cette condition humaine douloureuse, car rien ne se passe sans que Dieu le permette, pourquoi une telle tolérance ? Bien sûr le souci de nos frères éprouvés et l’aide infime que l’on peut leur apporter nous ont été appris par le Levitique 19,18 “tu aimeras ton prochain comme toi-même” mais le soulagement à notre portée est sans commune mesure avec l’immensité de la souffrance humaine: Il y a pour moi un mystère douloureux: