Publié par Abbé Alain René Arbez le 6 avril 2021

Plusieurs lecteurs ont avancé l’idée que le grand théologien St Thomas d’Aquin aurait été sur la même posture de rejet avec les juifs qu’avec les adeptes de Mahomet. Cela vaut la peine d’y regarder de plus près, sans faire d’anachronisme.

Il est clair que le grand théologien médiéval ne pouvait tenir sur les juifs et Israël le même langage que celui qui est devenu habituel dans l’Eglise depuis le récent virage de Vatican II, il y a un demi-siècle, et en vertu des documents du Magistère qui ont suivi.

Rappelons cette étape conciliaire déterminante où la théologie de la substitution et l’accusation de déicide ont été abolis, et où il a été demandé aux chrétiens de respecter la vocation pérenne d’Israël. Jean Paul II a déclaré plus tard que l’alliance entre D.ieu et Israël n’avait jamais été annulée, car ile Dieu créateur et Sauveur ne reprend pas ses promesses.

St Thomas d’Aquin est quant à lui encore marqué par la vision de son époque, le 13ème siècle, selon laquelle l’Eglise a pris le relais du peuple d’Israël. Mais il ne tient en aucun cas les mêmes propos envers les juifs initiateurs de l’histoire du salut qu’envers la religion de Mahomet qu’il considère explicitement comme une manipulation satanique.

Malgré l’antijudaïsme largement présent dans la pensée de son temps, St Thomas exige qu’il n’y ait pas d’hostilités envers les Juifs, qu’il n’y ait jamais de conversions forcées d’adultes et encore moins de baptêmes d’enfants, dont les seuls responsables sont les parents, précise-t-il.

Il refuse tout credo imposé, fidèle en cela au droit canonique. Il cite dans ses travaux des propositions de Maïmonide, qu’il nomme Rabbi Moysès, et il insiste pour qu’on n’interdise jamais aux Juifs de célébrer le sabbat.

On trouve cependant chez lui des mises en garde par rapport au culte assez courantes à l’époque, car il craint – avec sans doute de bonnes raisons – que les chrétiens peu formés soient séduits par l’éloquence des rabbins et par la beauté des offices de la synagogue.

St Thomas exprime une certaine reconnaissance envers la communauté juive lorsqu’il dit que les Juifs ont reçu la foi, et qu’il n’est donc pas nécessaire de chercher à les contraindre à croire. Il affirme : « Ils sont les gardiens providentiels de la Sainte Ecriture et les témoins des prophètes ».

St Thomas demande également que, dans un tribunal, les Juifs puissent témoigner en toute liberté contre des chrétiens si un procès devait avoir lieu.

L’historien Simon Deploige résume ainsi l’attitude qui prévaut envers les Juifs dans la pensée de St Thomas d’Aquin :

« C’est mal connaître l’Eglise catholique que de lui supposer le désir de faire du prosélytisme à la manière de Mahomet qui apportait sa doctrine « au bout d’un sabre » (Lacordaire) ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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