Publié par H16 le 26 avril 2021

Voilà, tout se déroule comme prévu, c’est-à-dire mal : alors qu’en début d’année, le gouvernement peinait comme un charlot à trouver des doses de vaccin, qu’il devait les payer fort cher et dans l’urgence après avoir peigné la girafe pendant des mois durant, le voilà qui peine à présent comme un charlot à les écouler.

Heureusement, le gouvernement a plus d’un tour dans son tonneau des Danaïdes sac pour régler rapidement le petit souci avec le brio qu’on lui connaît, ce qui ne manque pas de déclencher une hilarité modérée chez le contribuable qui paye pour ce spectacle.

C’est ainsi qu’une partie du spectacle se déroulera… à Disneyland, avec l’ouverture d’un vaccinodrome au sein du centre de conventions qui accueille d’habitude des événements professionnels.

Si l’on peut saluer l’utilisation judicieuse par le gouvernement des moyens disponibles, on ne peut s’empêcher de trouver l’emplacement un peu particulier, le mélange « rêves d’enfants » et « picouses à gogo » laissant symboliquement songeur.

Le Monsieur Loyal du spectacle (nom d’autant plus drôle qu’il est fort mal porté par Olivier Véran) nous gratifie par exemple de discours ciselés permettant de faire une retape un peu grasse composée à 10% de statistiques, à 40% de mouvements de mentons et 50% d’émotion pure avec laquelle on peut – par le truchement pratique des ondes radios – manipuler le bulbe cervical de la ménagère de moins de 50 ans.

Pour le minustre de la Santé, pas de doute : il faut absolument aller se faire vacciner tant cette distribution de picouses est une bénédiction et, surtout, que les vaccins ne comportent qu’un risque infime de provoquer des effets désagréables. Pour lui,

« Ce risque, si vous traversez l’Atlantique en avion, il est cinquante fois plus élevé que si vous vous faites vacciner par AstraZeneca. »

Ceci est bel et bon, mais il n’en reste pas moins que cette comparaison délicate tente de faire oublier que comme prendre l’avion, la vaccination doit toujours rester un acte non obligatoire et, surtout, dont l’évaluation des risques est strictement personnelle.

Ce risque est apprécié par chacun en fonction non pas de statistiques, mais d’un vécu, d’une expérience, de son propre passif médical et absolument aucun ministre ne pourra remplacer ses émotions et ses impressions statistiques par celle de l’individu concerné. C’est peut-être regrettable, mais c’est ainsi et c’est aussi pour cela que certains refuseront toujours de prendre un avion, quoi qu’on puisse penser des statistiques pourtant excellentes de ce moyen de transport, notamment en comparaison avec la marche à pied … Qui, bien que dangereuse, est plus souvent choisie pour aller faire ses courses que prendre l’avion (eh oui, si Véran sait faire des comparaisons boiteuses, tout le monde peut).

Le fait, pour Véran, d’en recourir à des statistiques et des comparaisons ne camoufle pas le fait que c’est bien lui qui a décidé d’arrêter la distribution de ce vaccin en cours de route pour la reprendre ensuite, que c’est aussi lui qui en a limité la distribution aux plus de 55 ans, et que l’accumulation de ces messages confus et contradictoires, en quelques semaines, rend ses petits tours de pistes émotionnels ridicules et le font passer pour un vendeur de tapis (pas doué).

Si la retape gouvernementale s’arrêtait là, ce serait probablement supportable puisqu’elle se situe dans les mêmes rangs de niaiseries et d’absurdités que ce qu’on a subi depuis plus d’un an maintenant sur ce sujet. Malheureusement, d’autres membres du gouvernement s’y sont mis aussi.

D’un autre côté, il aurait été inconcevable que l’ex-ministre de la Santé Roselyne Bachelot, devenue depuis ministre de la Culture (sans doute pour la récompenser de ses surperformances radiotélévisées) et ayant elle-même contracté la maladie, ne s’épanche pas dans la presse pour y raconter son aventure médicale.

Celle qui fut en charge de la pandémie de H1N1 à la fin des années 2000 a en effet récemment contracté la covid fin mars, s’est retrouvée sous oxygène pendant quelques jours, et, une fois remise, s’en est ouvert à l’une de ces chaînes d’actualité contigüe pour y expliquer toute l’horreur de sa situation.

Et si l’on peut se rassurer en notant qu’elle s’en est finalement sortie, on ne peut que remarquer l’affichage grandiloquent, impudique et volontiers excessif de l’émotionnel et l’insistance que la ministre et les médias déploient autour d’elle : l’émotion fait vendre (des émissions, des programmes politiques, … des vaccins), l’émotion fait passer des messages (« la situation est très grave », « vite, vite, vaccinons tout le monde », « quoi qu’il en coûte, endettons l’État, ça va bien se passer et le jeu en vaut la chandelle », « si l’on ne confine pas, on va tous mourir ») et l’émotion n’est pas mauvaise conseillère, voyons, qu’allez-vous imaginer là.

Bien évidemment, le spectateur avec un tant soit peu de recul comprend tout l’aspect artificiel de cette émotion violemment jetée à sa face pour donner un vernis de légitimité aux gesticulations gouvernementales qui se sont succédé depuis un an. Au-delà de cette émotion, il n’y a rien d’autre qu’improvisation. Il n’y a aucun raisonnement, aucune préparation, aucune tentative de planification ; il n’y a qu’une suite de réactions, elles aussi purement émotionnelles et, dans le cas du gouvernement, exclusivement construites sur la sauvegarde active de leurs petites miches et rien d’autre.

Illustrant à la fois ces derniers points et l’absence totale de scrupule de nos dirigeants, le pompon du ridicule est atteint lorsqu’avec un culot que seul les cuistres et les imbéciles peuvent déployer lorsqu’ils ont chopé un considérable melon sans personne pour les recadrer, le premier ministre Castex tente de faire vacciner une ancienne célébrité à des fins même pas cachées de pure communication : selon le Canard Enchaîné, avec toute la classe et la délicatesse qui sied aux butors grossiers du gouvernement, Matignon aurait chargé le service d’information du gouvernement (SIG) de proposer un plan de communication pour inciter les plus de 55 ans à recevoir leur première dose, plan notamment construit sur la vaccination de célébrités dont un premier nom, suggéré par Castex, aurait été celui de Sheila. Dans ce plan subtil, on notera que Sheila n’a pas son mot à dire : reléguée au rang de potiche pratique, elle ira bien se faire picouser pour la bonne cause et voilà tout.

Ce qui devait arriver arriva évidemment : l’intéressée, outrée, a bien logiquement envoyé Castex paître, ce dernier n’étant finalement bon qu’à mâchonner du foin.

À ce point de nullité, on doit se demander pourquoi ce gouvernement lance cette propagande ridicule dégoulinante d’émotions mal encadrées et baignée de moraline douteuse.

En effet, si les risques inhérents à la maladie sont à ce point importants, si les bénéfices du vaccin sont à ce point évidents, il n’y a pas besoin de propagande. Un vaccin à la fois très fiable et très peu dangereux n’aura aucun mal à convaincre les populations à risques de se vacciner, ce qui, assez rapidement, modifie nettement la situation sanitaire du pays.

Mais en pratique, le gouvernement joue ici sa seule carte : après avoir systématiquement éliminé toute possibilité aux individus de gérer leur santé eux-mêmes, et conscient qu’on ne pourra pas confiner la population indéfiniment, il a absolument tout parié sur la vaccination de la population, seule planche de salut pour diminuer les vexations idiotes qu’il a pourtant été seul à imposer au peuple.

Malheureusement, l’empilement de ses maladresses, compromissions, revirements et grotesqueries qu’il a enchaînées depuis un an rend tout son discours bancal, confus et immédiatement suspect.

Depuis le début de l’épidémie, l’État a systématique considéré les Français comme des mammifères mous et stupides tout justes bons à produire des impôts et payer des amendes le cas échéant. Il commence à présent à payer ce manque cruel de discernement, son absence de confiance et son dirigisme liberticide et il est probable que la facture n’a pas fini de s’alourdir.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © H16. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

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