Jésus a mis en valeur et a pratiqué intensément la célèbre phrase du Lévitique « Aime ton prochain comme toi-même ». Il a montré jusqu’au bout combien l’amour du prochain est connecté à l’amour de Dieu, fondement de toute réalité, proclamé dans le Shema Israël : « Ecoute Israël, le Seigneur est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces et de toute ton âme… ». (Deutéronome).
Et Jésus insiste pour affirmer que « la loi et les prophètes dépendent de ces deux commandements ». En d’autres termes, par son enseignement, il montre le but ultime de la loi de Moïse, en reliant définitivement Dieu et l’humain, dans la logique de l’alliance accomplie. Ainsi s’éclaire la complémentarité vitale de ces deux pôles que sont l’amour de Dieu et l’amour du prochain. Une authentique relation à Dieu implique en effet l’amour du prochain, car comment aimer Dieu sans aimer autrui ? Mais alors se pose la question :
de quel « prochain » s’agit-il ? Et comment « aimer », sinon en prenant ses responsabilités ?
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Dans les discours ecclésiaux l’amour du prochain semble souvent être une tarte à la crème concernant tout et son contraire. Jésus prince des bisounours ? Sa position nous engage-t-elle à accepter passivement et inconditionnellement tout ce qui se présente à nous, sans exercer de discernement et de choix volontaire ? L’amour véritable n’abolit jamais le libre-arbitre ! Et si le « prochain » n’était que celui dont on choisit de se rendre proche ?
Par conséquent, sans remettre aucunement en cause l’hospitalité ou la compassion, il faut d’abord clarifier la dimension historique des mots qui évoquent l’amour selon la tradition biblique. Le mot « aimer » du Lévitique et le mot aimer du Deutéronome sont les mêmes : ahava. Aimer Dieu, aimer le prochain : c’est le même terme, ce qui induit l’importance connectée de la question.
Mais qui sera alors « le prochain » ? Dans le cursus biblique, on constate au plan social que le compatriote membre du peuple d’Israël n’est pas le seul « prochain » concerné : même le guer, l’étranger venu de loin, l’étranger de passage, est accueilli avec considération, à condition qu’il respecte les lois du pays d’accueil et, s’il y demeure durablement, qu’il s’assimile. C’est l’exigence de base pour pouvoir être « proches ».
L’accueil de l’autre est honoré mais il n’est jamais inconditionnel : il y a toujours eu en Israël des sentinelles pour avertir sur les dangers d’importer des pratiques exogènes et idolâtriques. Ces influences extérieures infiltrées par l’arrivée d’étrangers hétérodoxes risquaient de provoquer rapidement de graves problèmes dans la communauté. Ces avertissements n’étaient pas le fait de sectaires rabat-joie, mais plutôt de défenseurs avertis de la survie communautaire. Car la « diversité » ne peut pas être un faux fuyant pour affaiblir les acquis spirituels et dissoudre l’unité d’un peuple.
Aujourd’hui, la défense militante de la planète et de sa biodiversité ne peut en aucun cas être instrumentalisée comme prétexte idéologique à la disparition progressive des nations spécifiques qui la peuplent. On ne peut pas, au nom d’une idéologie mondiale, effacer le sens et la valeur du local et du particulier, car l’universel n’existe pas sans les particularismes propres à chaque peuple qui le constitue.
L’amour du « prochain » est donc un objectif majeur dans le premier comme dans le nouveau testament. Aime ton prochain « comme toi-même »… La précision est essentielle : si un être ou un peuple ne s’aime pas soi-même, il sera bien incapable d’en aimer un autre, dans tous les cas de figure où il pourrait se rendre proche d’autrui.
Sans estime de soi, l’ouverture à l’autre est illusoire. Ces carences de l’être facilitent toutes sortes de déviations malsaines. De ce fait, un pays qui renie sa propre identité (histoire et culture) n’est plus en mesure d’assurer un accueil effectif à des étrangers, ou même de défendre ses intérêts dans des accords de partenariat avec d’autres nations. On se retrouve dans cette configuration sans issue lorsque, paradoxalement, des autochtones submergés en arrivent à devoir eux-mêmes se faire « accueillir » dans leur propre pays par des individus ou des groupes venus d’ailleurs, et imposant leurs pratiques hostiles à la culture locale, ou encore lorsque la mondialisation dévitalise les valeurs du travail autochtone. Suite aux dérives que l’on constate dans la cohésion d’une nation accueillante bon gré malgré, les carences du pouvoir et les territoires perdus ont prédisposé les régions à leur perdition et à des fractures irréversibles.
Certains diront : mais la parabole du bon Samaritain nous démontre qu’on peut se faire le prochain de celui qui au départ ne l’était pas ! En effet le Samaritain, cité en exemple par Jésus, a fait le choix de se faire le prochain du Judéen blessé à terre, alors que tout s’y opposait en raison de la mésentente entre les deux collectivités. Précisément, on peut, comme dans cette histoire évangélique, décider en âme et conscience de se faire le prochain d’un autre, mais ce n’est possible que justement par un libre choix, et non par automatisme passif joué d’avance. Ce Judéen blessé devient le prochain du Samaritain parce que ce dernier, ayant évalué la situation, l’a voulu. Cette proximité qui n’allait pas de soi ne lui a pas été imposée, elle a été choisie volontairement par le Samaritain, eu égard à cette détresse individuelle qui l’a touché. Mais comment aurait-il réagi s’il s’était trouvé face à mille blessés à secourir ?
Le respect de l’altérité est une constante dans toute la tradition biblique, or cela suppose une colonne vertébrale, et du discernement, car nul n’est tenu à accueillir tout et son contraire! Ne deviennent des « prochains » que ceux dont on a décidé qu’ils le seraient, pour des raisons éthiques ou des motivations pratiques, souvent dans l’urgence.
Si l’on transpose l’enjeu au niveau collectif d’une immigration massive, le raisonnement s’oriente différemment. Beaucoup de graves tensions existent aujourd’hui lorsque la présence de familles ou d’individus venus d’ailleurs est imposée de force sans l’assentiment des citoyens du pays d’accueil, et sans conditions préalables de réciprocité dans les droits et les devoirs. C’est alors que le sentiment d’insécurité monte en flèche. Et que les faits divers illustrent quotidiennement ce décalage et ce danger mortifère. C’est pourquoi il serait intellectuellement malhonnête d’instrumentaliser « l’amour du prochain », sans tenir compte du nombre. Et cela pour faire accepter naïvement toute pression migratoire sans aucun critère éthique ou législatif. Le refus de toute régulation au nom de bons sentiments religieux ou humanitaires n’amène que de graves désillusions et amplifie indéfiniment les distorsions.
« Aimer son prochain comme soi-même » est un bel idéal de vie, individuel et collectif. Les rappels à la compassion et à l’hospitalité ne sont pas hors-sujet lorsque menace le repli égoïste sur soi ou la phobie maladive de l’autre. Ils peuvent être salvateurs dans des situations extrêmes où une prise en charge s’avère conforme à l’éthique de solidarité. Mais le laxisme ne peut s’instaurer au nom d’un « vivre ensemble » idéologique…
En effet, pour un individu comme pour un peuple, s’aimer soi-même est prioritaire si l’on veut assumer des situations d’accueil, et si l’on veut être capable d’apprécier des hôtes véritablement choisis et non subis! Ce qui signifie préalablement : ne pas démissionner de son libre arbitre, garder une conscience vive de son histoire et de son identité, défendre ses valeurs propres et ses acquis pour gérer les situations de mixité sociale. C’est alors que – comme dans la parabole – l’accueil du « prochain » choisi et non subi prend du sens dans une réciprocité possible. On voit combien le spirituel et le politique s’entremêlent !
Des événements graves de troubles publics s’accélèrent dans les démocraties et obligent à regarder en face ces problématiques. Bien des responsables politiques et religieux, plutôt que de continuer dans la fuite en avant, indifférents au coût humain de leurs opérations, devraient méditer cette phrase lucide de l’évangile, afin de ne pas être des « aveugles qui guident d’autres aveugles » :« si l’on veut construire une tour, on s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir si l’on a les moyens d’aller au bout de son projet ». (Luc 14, 28)
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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” Mais alors se pose la question :
de quel « prochain » s’agit-il ? Et comment « aimer », sinon en prenant ses responsabilités ?”
Bonne question.
la réponse est dans Luc 10. 29 à 37:
29Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: Et qui est mon prochain? 30Jésus reprit la parole, et dit: Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi mort.31Un sacrificateur, qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre.32Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre.33Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit.34Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui.35Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte, et dit: Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour.36Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands?37C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit: Va, et toi, fais de même.
Segond, L. (1996). La Sainte Bible (Lc 10.28–37). Oak Harbor, WA: Logos Research Systems, Inc.
vous répétez ce que je mets en lumière dans mon article, pourquoi pas?
Alors là, tout est dit, parfaitement d’accord.
Quand le pouvoir est malade ment, son cœur insensible ne veut plus rien entendre et ne veut plus rien voir. Il entraîne le pays à la catastrophe.
Ce n’est pourtant pas faute de lanceurs d’alerte comme de courageux médias, Dreuz, Europe Israël News. .., des journalistes comme Claire Coç. , des maires, des militaires …
J’entends Esaïe crier dans le désert, Esaïe 6.8 à 10.
Et la suite n’est pas drôle !
Quand le pouvoir est malade spirituellement…
“Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un infidèle.” 1 Timothée 5:8
Une autre recommandation de la Parole qui confirme la justesse de votre analyse. Prendre soin du prochain est sélectif. Il y a un ordre de priorités.
Nous sommes d’accord, la responsabilité n’est pas un automatisme.
Texte parfait, as usual
A propos de l’Amour du Prochain, quelqu’un sait-il ce qu’il s’est passé tout récemment avec Mère Marie Ferréol qui vient d’être expulsée de son couvent et qui doit quitter son habit de Dominicaine définitivement après 55 ans de vie religieuse et ce apparemment sur base d’une décision prise en très haut lieu à laquelle Garcimore Bergoglio lui-même ne serait pas étranger? Cependant, la raison exacte est apparemment toujours inconnue de l’intéressée et de son entourage. Même “Le Monde” a fait une enquête et n’a pas pu percer ce qui reste un mystère. A ce qu’on sait, elle n’a pas perdu la Foi et n’est pas au coeur d’un scandale financier ou sexuel au sein de sa communauté. En lisant entre les lignes, il se pourrait qu’elle aurait osé critiquer la politique de Garcimore Bergoglio, notre canon qui tire à l’envers. Mais qu’en est-il exactement?
Ce serait peu vraisemblable.
C’est peut-être une réaction de l’autorité à une emprise excessive sur les novices.
Effectivement mais le sujet m’intéresse. J’aime beaucoup votre texte. D’ailleurs, j’aime beaucoup vos textes en général. Ici on parle de l’Amour: Dieu est Amour mais tout amour n’est pas Dieu. C’est très bien vu. Nous ne connaissons pas le fond de l’affaire mais il est permis de s’interroger. En effet, l’Eglise prêche l’Amour mais dès qu’il s’agirait de l’un des siens, en l’occurrence, l’une de ses servantes, Elle le ou la renie sans problème et sans transparence puisque l’intéressée dit ne pas comprendre. Si ce que vous dites est exact et c’est fort possible, l’Eglise aurait pu déplacer la soeur dans un autre couvent où il n’y a pas de novice. Mais bon je ne suis pas l’Eglise et ne veux pas m’y substituer. Cependant, quand on prône la Justice et l’Amour, il faudrait peut-être commencer par soi-même. C’est toujours plus facile quand il s’agit de juger l’emprise, le rejet ou la haine que les autres ont envers telle ou telle personne ou groupe de personnes. Et on dirait que l’Eglise n’y échappe pas. Ceci n’aide pas son crédit vu qu’on ne comprend pas et c’est dommage car l’Eglise n’est pas une organisation ou institution comme les autres. Maintenant pour en arriver là, il y a sans doute des choses beaucoup plus graves que nous ignorons. On verra bien.
On ne demande pas un certificat de perfection à une personne qui veut devenir religieux/se ou prêtre, ni même à un laïc qui prend une responsabilité en Eglise. Chaque baptisé est de l’Eglise et son chemin de sanctification l’encourage à s’améliorer jour après jour. Il y a dans toute communauté des limites humaines à gérer.
Absolument !
Vous vous souvenez du Père Corapi?
Merci mon père Comme cela fait du bien de vous lire ! Nous avons besoin de racines et de nous connaître nous mêmes avant d’accepter les autres
“« si l’on veut construire une tour, on s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir si l’on a les moyens d’aller au bout de son projet ». (Luc 14, 28)”. L’Evangile fournit de nombreuses clés pour une bonne hygiène de vie morale. Son enseignement est unique. Cet extrait me fait rejoindre l’idée que le Christ est un Libéral. Il ne s’agit pas de gagner de l’argent envers et contre tout et tous. Mais on voit ici la prudence avec la dépense qui proviendra des deniers des autres dont il faut respecter le travail et le fruit de celui-ci : « fruit de la Terre et du travail des hommes ». Et “ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse”.
Ensuite, avoir les moyens de sa politique sur le plus long terme, c’est aussi respecter l’autre. On ne peut faire contribuer dans le vide pour en arriver à ceci : « tout ça pour ça » càd. “l’éléphant qui accouche d’une souris”. En cela, nos gouvernants d’aujourd’hui sont vraiment de très pauvres pécheurs. A quelques exceptions près, sont-ils si différents de leurs prédécesseurs?
“C’est alors que – comme dans la parabole – l’accueil du « prochain » choisi et non subi prend du sens dans une réciprocité possible. On voit combien le spirituel et le politique s’entremêlent !” – Ben oui, mais le spirituel ne les intéressent guère. Seuls leur ego et leur petite carrière ont de l’importance.
Merci pour cette excellente réflexion.
Ce qui est sûr, c’est que le dialogue sur DREUZ nous enrichit mutuellement!
Bonne suite…
Selon l’évangile l’amour de Dieu se limite aux baptissés et au baptisables à conditions que ces candidats fassent le nécessaire.
Comme disait la pub “bata” sur les chaussures et l’espoir d’un pied tout petit bien remplissant, faudrait être folle en marche pour en demander plus.
Dieu ne se limite absolument pas aux baptisés!
Son projet sur le monde serait un vaste échec si c’était le cas!
L’Esprit de Dieu souffle où il veut et chez qui il veut…De même que le roi Cyrus qui n’était pas juif a agi selon la torah et fait le bien au point d’être surnommé “messie” par Israël, de même des personnes non baptisées font le bien, s’engagent pour les autres et seront considérées comme membres de la bergerie céleste dont Jésus est le bon pasteur!
Absolument d’accord 👍
//Mais comment aurait-il réagi s’il s’était trouvé face à mille blessés à secourir ?//
Pestalozzi a dû se poser la question…
Dieu est propriétait de toutes les âmes qui sont ses petits créés et qu’il aime, mais qui aime bien chatie bien les mondains moqueurs et oiseleurs qui veulent l’âme des enfants.
Si l’amour ne se limite pas aux baptisés, la règle est la règle et le monde entier est au courant et ne pourra pas dire au jugement dernier à JC je ne savais pas, j’étais trés gentil avec les autres, j’ai donné un as pour deux moineaux, contrairement à mao, parce que pour les 5 vierges folles il est bien dit :”je ne vous connais pas, revenez aprés avoir patiemment montré patte blanche”.
Concernant l’esprit de Dieu qui se reconnait à tous les colombidés surprenants, je me demande si parfois quelques saint possédés ne font pas des leurs au service de la sainteté quand on voit l’ennemi, tous ces pourris portant des appellations des missels qui jouent des impostures de vierges effarouchées.
Il devient évident qu’aprés les tartes tatins viendront les tartarinades sur les queues de lions.