Publié par Gaia - Dreuz le 25 juin 2021

Source : Leparisien

L’une des deux terroristes de l’attentat manqué aux bonbonnes de gaz de septembre 2016, Inès Madani, avait fait appel d’une première peine de 30 ans. Cette fois, l’avocat général a demandé une peine de sureté des deux tiers.

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Un procès en appel pour rien ? Voire plus sévère qu’en première instance. Après une première condamnation en octobre 2019 par la Cour d’assises spéciale de Paris, celles qui étaient le « visage du djihad au féminin » pourraient voir leur condamnation confirmée en appel. Sa « détermination » à faire « un carnage » était « totale » : l’accusation a requis ce vendredi trente ans de réclusion criminelle contre Inès Madani, jugée en appel devant les assises spéciales de Paris pour un attentat manqué aux bonbonnes de gaz près de Notre-Dame en septembre 2016. .

L’avocat général Guillaume Portenseigne a sollicité la confirmation de la peine infligée en octobre 2019 mais demandé qu’elle soit, cette fois, assortie d’une période de sûreté des deux tiers. En première instance, la Cour d’assises spéciale n’avait pas prononcé de période de sûreté à l’encontre d’Inès Madani, âgée de 19 ans au moment des faits.

C’est « une erreur », a estimé le représentant du parquet général, insistant sur l’absence, chez l’accusée, de « signes exceptionnels de déradicalisation ». Soulignant au contraire « l’évolution » d’Inès Madani en cinq ans, ses avocats Daphné Pugliesi et Tewfik Bouzenoune ont demandé à la cour « un peu d’espoir », avec une peine « un peu en dessous de trente ans, vu sa totale reconnaissance des faits, vu son jeune âge ».

Un mauvais choix de carburant, difficilement inflammable

« Elle a assumé » cette tentative d’attentat et « c’est tellement rare » dans les dossiers terroristes, a martelé Me Pugliesi. Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2016, Inès Madani et une autre djihadiste, Ornella Gilligmann, avaient garé une voiture piégée de six bonbonnes de gaz devant la terrasse bondée d’un restaurant près de Notre-Dame de Paris, et essayé de l’incendier avec du gazole.

Seul ce mauvais choix de ce carburant, difficilement inflammable, a permis d’éviter une explosion meurtrière. Ornella Gilligmann n’a pas fait appel de sa condamnation à 25 ans de réclusion criminelle, qui est donc définitive.

Pendant toute la procédure, et de nouveau lors des débats devant la Cour d’assises spéciale statuant en appel, Ornella Gilligmann et Inès Madani se sont renvoyé la responsabilité et les préparatifs de cette attaque, inspirée par le propagandiste français de l’Etat islamique (EI), Rachid Kassim.

« Il y a des vérités qui nous échapperont. J’ai envie de dire : peu importe », a balayé l’avocat général. Les deux femmes voulaient commettre « un attentat de masse », qui a été « préparé, prémédité », a appuyé le magistrat. Cette nuit-là, a-t-il souligné, « l’objectif était évidemment de faucher le plus de vies possible, de faire un carnage », comme l’a reconnu Inès Madani.

La condamner à « moins de trente ans sans sûreté serait inconcevable »

Pour l’avocat général, condamner Inès Madani, comme Ornella Gilligmann, à moins ans de trente ans de réclusion criminelle et sans période de sûreté serait « totalement inconcevable ». Alors que la seconde « s’est arrêtée là » après l’attentat raté aux bonbonnes de gaz, Inès Madani a poursuivi son projet criminel, a pointé M. Portenseigne.

Guidée par Rachid Kassim, elle avait rejoint deux autres femmes djihadistes à Boussy-Saint-Antoine pour préparer une attaque aux cocktails Molotov. Se sachant traquée par la police, Inès Madani avait été interpellée dans cette commune de l’Essonne le 8 septembre 2016 alors qu’elle se dirigeait, un couteau de cuisine à la main, vers un policier. Celui-ci a tiré à quatre reprises sur elle et l’a blessée aux jambes.

Jusqu’au bout, « sa détermination est sans faille et ne faiblira jamais. Il n’y a aucune preuve de faiblesse dans ce dossier », a estimé l’avocat général. Condamner plus lourdement Inès Madani car elle a commis plus de crimes est faire un « syllogisme arithmétique » qui « occulte » la personnalité d’Inès Madani, a déploré Me Bouzenoune.

Rejetant le portrait d’une Inès Madani « manipulatrice » dépeint par l’accusation, ses avocats ont appuyé au contraire sur le profond « mal-être » de la jeune femme, radicalisée depuis l’âge de 16 ans et immature. « Elle voulait mourir en martyr, (…) c’était d’abord un projet de mort pour elle », ont-ils assuré.

Dans un autre dossier, Inès Madani avait été condamnée en avril 2019 à huit ans d’emprisonnement pour son rôle de recruteuse de jeunes radicalisés, dont beaucoup de femmes. Sur les réseaux sociaux, elle se faisait passer pour un combattant djihadiste, n’hésitant pas à travestir sa voix. « Arme de recrutement massive de l’Etat islamique » pour l’accusation, Inès Madani avait rencontré par ce biais Ornella Gilligmann, tombée follement amoureuse de ce double masculin.

L’accusation a par ailleurs requis la peine maximale de cinq ans d’emprisonnement contre Mohamed Lamine Aberouz, rejugé dans un autre volet de l’affaire, pour le délit de non-dénonciation de crime terroriste. Son avocat Vincent Brengarth a plaidé l’acquittement. Verdict lundi.

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