La vidéo diffusée avant-hier par le magazine Semana montre comment des terroristes, non encore identifiés, ont réussi, sans coup férir, à pénétrer et à faire exploser deux voitures piégées au sein de la XXXIIIe brigade de l’Armée à Cúcuta, blessant 34 soldats et deux civils. “L’attaque pourrait être dirigée contre les 11 soldats américains qui travaillent [sur cette base] avec les forces colombiennes sur diverses questions de sécurité”, a déclaré la radio RCN en se basant sur des sources “de renseignement”.
Le document sensationnel de Semana montre la décrépitude dans laquelle sont tombés les systèmes de sécurité des forces armées colombiennes, à la suite des décisions aberrantes que l’ancien président JM Santos a prises au cours de ses huit années au pouvoir. Ce qui s’est passé à Cúcuta est un résultat de cette politique suicidaire dont les deux autres pouvoirs sont aussi responsables.
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Santos a abandonné la politique de Sécurité Démocratique, a changé la doctrine militaire de l’armée, a démantelé les dispositifs les plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme et la lutte contre les stupéfiants, notamment en matière de renseignement militaire. Il a imposé aux combattants des réglementations absurdes qui les ont conduits au désarmement et à l’humiliation devant des foules armées ; il a mis fin à la juridiction militaire, licencié de nombreux militaires de haut rang, etc. Tout cela parce qu’il devait se plier à La Havane et au pacte pervers Santos/Farc.
Au lieu de stopper ce démantèlement systématique, le gouvernement d’Ivan Duque s’est adapté à ce que Santos avait fait et a continué à céder. Le désarmement physique et psychologique de la force publique a conduit à une série de violentes “grèves civiques” dès 2017 jusqu’à atteindre la catastrophe nationale de soulèvements et de destructions de ces 50 derniers jours qui ont montré l’incapacité de Duque à vaincre la violente offensive. Si Duque avait déclaré la commotion intérieure pour protéger le pays, l’attaque de Cúcuta aurait probablement été empêchée ou limitée.
Les images d’une caméra de sécurité à l’entrée de la brigade 33, montrées par la journaliste Vicky Dávila, ont révélé, en effet, la réponse erronée (et peut-être routinière) d’un soldat qui surveillait l’entrée et la sortie des véhicules de cette importante brigade, située à peine à quelques kilomètres de la frontière avec le Venezuela.
On y voit que le garde effectuait son travail dans des conditions absurdes : il est désarmé, sans gilet pare-balles, sans casque et sans la mini caméra vidéo réglementaire pour de tels contrôles. L’homme n’a pas fait un seul geste professionnel pour empêcher l’entrée d’explosifs dans la Brigade : il n’a pas eu la simple barre à miroir qui permet d’examiner la traction du véhicule et il n‘avait non plus -c’est le plus scandaleux- de chien spécialisé dans la détection d’explosifs, technique utilisée dans les aéroports. Le soldat portait seulement un masque noir et un gilet orange.
La caméra montre l’arrivée d’une voiture Toyota blanche. On voit le militaire s’approcher de la fenêtre du conducteur, échanger quelques mots avec lui, ouvrir aussitôt la porte du coffre, la refermer et donner verbalement au conducteur l’autorisation d’entrer dans le camp militaire. L’emplacement de l’unique caméra ne permet pas de voir le contenu du coffre, ni de savoir si le soldat l’a examiné manuellement ou s’il n’a donné qu’un coup d’œil superficiel au contenu du coffre.
La vitre avant et la vitre latérale de la voiture piégée étaient remarquablement opaques. Mais cela n’a pas intrigué le garde. Or, la même caméra montre l’intérieur des véhicules qui passent dans la rue.
On ne voit pas le soldat demander au chauffeur une pièce d’identité ou des documents spéciaux. Il le laisse passer comme si c’était quelqu’un qu’il connaissait. Était-ce le cas ? Le garde est-il complice du terroriste? Est-ce seulement la négligence qui explique son comportement étrange ? L’enquête le dira. De toute façon, la voiture n’était pas de la brigade et la seule caméra filmant l’entrée de la Brigade ne pouvait capter la physionomie d’aucun des conducteurs entrant dans cet espace militaire. Ahurissant.
Selon les autorités, la voiture est arrivée à 12h35 du 15 juin. Elle s’est garée devant une infirmerie. Deux heures et 15 minutes plus tard, le chauffeur change la position de la voiture: il l’a immobilisée devant le bureau du renseignement militaire de la Brigade. Il l’a fait sans être dérangé par personne. A 14h50, le terroriste est reparti à pied, tranquillement, par le portail principal de la Brigade. Personne n’a vérifié son identité. A 15h01, la première voiture piégée explose. Trois minutes plus tard, la seconde explose. Bilan : 36 personnes blessées dont trois qui ont dû être opérés.
Le lendemain, le président Duque et Diego Molano, ministre de la Défense, après avoir visité la base, ont estimé qu’il s’agissait d’un attentat, contredisant ainsi un sénateur qui avait suggéré qu’il s’agissait d’un auto-attentat. Le gouvernement a annoncé que le bureau du Procureur général et d’autres organismes officiels enquêtaient déjà sur ce qui s’était passé. Il a indiqué qu’un lieutenant général et deux colonels avaient été démis de leurs fonctions en raison des erreurs commises dans la protection de cette Brigade. Pire : d’autres sources affirment que Duque aurait une liste de sept militaires qui seraient “impliqués” dans l’attentat.
Washington a annoncé l’ouverture d’une enquête car il y avait des soldats américains dans la garnison attaquée. Sans aucun doute, cette explosion aura des répercussions internationales négatives pour la Colombie. C’est ce que recherchent d’ailleurs les ennemis de la coopération militaire entre la Colombie et les États-Unis. Cette opposition est menée au Sénat par deux chefs communistes: Ivan Cepeda et Gustavo Petro. Le premier a condamné l’attentat. Le second prend son temps.
Deux jours après, deuxième coup terroriste : trois policiers sont blessés dans une embuscade tendue par des bandits à Saravena, Arauca, une région frontalière avec le Venezuela où deux fronts des FARC et de l’ELN sèment la terreur. Certains médias attribuent l’attaque de Cúcuta à l’ELN.
Que penser de tout cela ? Franchement, quelqu’un doit mettre un terme à ce désordre. Quand cessera le démantèlement de la force publique ? Combien la Colombie devra-t-elle payer pour les lubies idéologiques aberrantes qui dominent l’esprit des dirigeants actuels ?
© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.
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Le gouvernement a annoncé que le bureau du Procureur général et d’autres organismes officiels enquêtaient déjà sur ce qui s’était passé.
Une simple question:
QUID de l’indépendance des magistrats et des moyens humains (officiers de police judiciaire spécialisés dans les affaires d’attentats) et financiers en 2021 en Colombie ?