On raconte tellement de choses autour de cette journée symbolique, mais on oublie les événements qui l’ont précédée et peut-être préparée…
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L’épisode sanglant et horrible de la Saint Barthélémy est devenu un symbole anti-catholique. A partir de cet événement produit par une conjoncture très particulière, les historiens anticléricaux du 19ème s. ont forgé le mythe d’une Eglise catholique systématiquement prête à tuer pour défendre ses positions.
Il vaut donc la peine de resituer ce qui s’est passé ce 24 août 1572 à la lumière de faits historiques antérieurs, occultés pour la cause.
En 1517, le moine catholique Martin Luther expose ses thèses qui, en dénonçant des abus majeurs au sein de l’institution, va déclencher une onde de choc en Europe que ni l’autorité pontificale, ni les pouvoirs temporels ne pourront maîtriser. Des princes allemands vont adhérer à la Réforme plus souvent par intérêt que par conviction, pensant acquérir une indépendance au sein d’alliances changeantes et complexes.
Il est vrai que la papauté du 16ème s. , même si elle porte au-delà de ses dérives le flambeau des principes chrétiens, est empêtrée dans ses prétentions théocratiques. Le mouvement réformateur se met en place et prend une telle ampleur que cela suscite d’importants remous politiques. Des guerres civiles ensanglantent la France, l’Angleterre et l’Ecosse. C’est le commencement de ce qu’on appellera « guerres de religion » (de 1559 à 1598) mais qui sont aussi d’évidents conflits d’intérêts antagonistes au cœur d’un tissu social déchiré. Les jeux d’alliances entre puissances européennes et pouvoirs locaux conduisent à instrumentaliser les controverses théologiques. On peut se demander si les affrontements interconfessionnels sont les causes ou les conséquences du désordre général surgi des évolutions politiques en cours en Europe, mais on voit que la redistribution des cartes s’opère à travers des flots de sang.
C’est pourquoi, pour comprendre comment la Saint Barthélémy a pu avoir lieu, il faut prendre en compte les événements qui l’ont précédée. Dans le cadre des conflits entre les Habsbourg et les Valois pour la suprématie en Europe (entre Charles-Quint et François 1er) le saccage de Rome creuse un abime entre catholiques et protestants.
Le sac de Rome, 1527
La Rome catholique est attaquée et pillée par les lansquenets protestants, mercenaires de l’empereur Charles Quint. La garde suisse du pape Clément VII est massacrée, le souverain pontife s’enfuit de justesse pour se réfugier au Château St Ange où il restera emmuré 6 mois jusqu’au paiement d’une forte rançon pour sa libération. Conduits par Georg von Frundsberg, commandant luthérien déterminé, des milliers de soldats protestants s’emparent du Borgo au Vatican puis ils se déchaînent dans toute la ville mise à sac : les églises sont vandalisées et pillées. Rome leur avait été présentée par leurs chefs comme la Babylone renégate, et le pape comme la figure de l’antéchrist. Les assassinats se multiplient dans la population avec une cruauté hors du commun : viols de femmes, tortures de jeunes gens, actes sacrilèges, profanation de tombes, destruction de reliques. Des cardinaux et des évêques sont vendus comme esclaves, et des groupes de soldats organisent des processions au cri de « Vivat Lutherus Pontifex » ! Ils élisent alors un « pape Luther » et font des sarabandes dans la ville, accoutrés d’ornements sacerdotaux.
Les massacres se poursuivent durant un an. La population de Rome était recensée au nombre de 55000 personnes avant l’attaque, ils ne sont plus que 12000 lorsque les 15000 lansquenets luthériens se retirent en 1528. Les innombrables cadavres jonchent les rues et ne sont pas enterrés, ce qui déclenche la peste dans la ville.
La Michelade de Nîmes
Autre épisode sanglant précédant la Saint Barthélémy : la « Michelade de Nîmes » en 1567. Le jour de la St Michel, grande fête locale, des émeutiers protestants décident de prendre la ville aux catholiques. Ils se mettent d’abord à piller toutes les églises catholiques de la ville. Dans le feu de l’action, ils en arrivent à rassembler une centaine de catholiques dans la cour intérieure de l’archevêché et ils les massacrent sans pitié. Il s’agit de notables civils, religieux et militaires. Parmi les premières victimes, le père Jean, prieur des Augustins. Tous sont appelés par leur nom, un par un, certains sont égorgés sur place, d’autres sont jetés dans des puits.
La Saint Barthélémy, 1572
C’est lors du mariage interconfessionnel controversé entre Henri de Navarre, futur Henri IV, avec Marguerite de Valois, que les tensions commencent à s’échauffer à Paris, ville notoirement anti-huguenote. Le parlement de Paris est opposé à ce mariage à Notre Dame, et c’est à l’extérieur de la cathédrale qu’il est contracté. Les festivités s’ensuivent et prennent une allure paganisante qui froisse les sensibilités catholiques. Les clans affûtent leurs intrigues et après attentats et assassinats réciproques de notables autour d’enjeux de pouvoir, l’étincelle finale met le feu aux poudres. Les chefs catholiques s’organisent, et les protestants sont pour la plupart défenestrés. On comptera environ 3000 victimes à Paris. Le conflit meurtrier embrase ensuite des villes de France comme Meaux, Orléans, Bourges, Saumur, Angers, Bordeaux, Toulouse, Albi, Lyon, Valence, etc. On dénombre 15000 victimes en dehors de Paris, et le choc sociétal ainsi créé devient une bombe à retardement aux multiples mèches.
Aujourd’hui, heureusement, catholiques et protestants ne s’entretuent plus. Ils cherchent même comment agir ensemble au cœur des défis de notre temps au nom d’une éthique commune. Toutefois, les événements récents de l’Irlande du Nord (guerre territoriale entre catholiques et protestants) manifestent clairement que les divergences théologiques ne sont pas la base réelle des affrontements, mais que ce sont bien les enjeux politiques qui enclenchent les conflits interconfessionnels.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.
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Et voilà comment plus de 450 ans après (quatre cent cinquante années), certains “chercheurs” essaient de donner une toute nouvelle “explication” bien orientée.
parce que, avant, ça n’était pas du tout orienté, n’est-ce pas…
Ce qui aurait été juste de mentionner aussi, c’est l’interdiction au peuple et ecclésiastiques de l’époque de lire ou posséder la bible ( durant une période de rien de plus que 1500 ans ). Ceci afin de mieux tenir le peuple dans l’ignorance et enrichir l’église à l’aide des indulgences et autres.
Ce qui rejoins votre réponse à une éventuelle “orientation”.
Tout à fait, tenir le peuple dans l’ ignorance convenait parfaitement au système catholique !!!
Article sélectif et orienté ( selon votre post ci-dessus )s’il en est.
Il manque des informations capitales, comme par exemple l’interdiction de lire ou posséder la bible ( et ce pendant une durée des plus importantes: 1500 ans ) pour le peuple, comme pour les ecclésiastiques.
C’est pourquoi les “réformateurs” comme Luther, Calvin et bien d’autres se sont levés quand ils ont pu lire la bible et comparer les écritures avec ce qui leur était enseigné.
Laisser le peuple dans l’ignorance était bien arrangeant pour le maintenir sous contrôle et le spolier en lui faisant croire qu’acheter des indulgences et autres “grigris” lui éviterai le “purgatoire” qui n’existe que dans l’esprit de ceux qui s’attachent à tordre les écritures.
Je connais des personnes très interessantes ayant un discourt équilibré, qui, cependant ont un chapelet dans chaque poches pour se protéger du protestant que je suis quand nous nous rencontrons.
Ces répétitions incantatoires non seulement sont fausses mais sont totalement hors sujet!
C’est comme si je vous disais que Calvin a fait brûler Michel Servet à Genève, tout en connaissant les Ecritures, ou que le Grand Conseil devenu protestant n’a rien fait pour les Juifs…
Merci monsieur l’Abbé,chacun sait que les réformés sont des enfants de choeur.
Le comportement de martin Luther ne fut guère édifiant lors de répressions à l’encontre de pauvres paysans Allemands .
L’émancipation des catholiques en Grande-Bretagne, ainsi qu’en Suède et au Danemark ne date que du milieu du XIX° siècle.
Nous n’en sommes plus là,mais le dialogue oecuménique semble toujours à sens unique!
J’ai déjà entendu cette histoire. Vous avez des sources ?
Vous trouverez beaucoup d’informations sur cette adresse:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_du_D%C3%A9sert
mais plus encore à condition de faire des recherches approfondies sur les origines du protestantisme.
Pourquoi “explication” , alors qu’il s’agit d’une mise en perspective , d’une contextualisation bien utile après des siècles de désinformation ?
Tout le monde (pourvu qu’il soit intellectuellement honnête) sait très bien que la religion catholique est attaquée depuis des siècles , et que depuis l’invention de Gutenberg la propagande anti catholique imprimée a prospéré .
Les Vaudois et les Réformés ont imprimé des énormités , du style “3000 victimes de l’Inquisition” dans un coin peuplé de 100 foyers , environ 500 personnes , à l’époque , les Révisions des Feux le démontrent !!!! Le pire étant que des “historiens” ont gobé et répercuté ça sans autre forme de procès !!! Impartiaux sans doute , de vrais scientifiques !!!
Non , franchement , l’Histoire , la “vraiment véridique” , n’est pas forcément celle qu’on enseigne , loin de là , il vaut beaucoup mieux garder un esprit critique et diversifier ses sources .
Etant de culture catholique , j’ai une tendance naturelle à faire confiance par exemple aux écrits de ces prêtres érudits nombreux au XIXème siècle , mais j’essaie de ne jamais oublier que leurs points de vue étaient parfois orientés quand il s’agit des guerres de religion ou de la révolution française .
Pas facile de démêler le vrai du faux , l’Histoire de la propagande .
Regardez , dans un autre domaine , la tendance d’Holywood (ou de Robert Paxton ! ) à minimiser le rôle de tous les non Américains lors de la Deuxième Guerre Mondiale . Pourtant , les Anglais , Canadiens , Australiens , Soviétiques , Polonais , Français Libres etc… ont fait leur part du travail , pas de la figuration !!! La puissance logistique américaine ne fait aucun doute , mais les gars qui allaient au casse-pipe et leurs officiers n’étaient pas tous des GI s , loin de là !
de toute façon, les musulmans mettront tout le monde d’accord en éradiquant les mécréants ! avec la complicité de collabos de toutes obédiences
Je me suis quelque peu interessé à l’époque des guerres de religions en Dauphiné , vu le nombre d’ancêtres que j’ai dans la région 🙂
C’est ainsi que j’ai découvert François De Bonne , duc de Lesdiguières , grand chef de guerre protestant qui a conquis cette province , y a amassé une fortune considérable grâce au pillage des églises et monastères , qui a été ensuite un remarquable organisateur et administrateur de la province , puis s’est converti au catholicisme après la conversion d’Henri IV.
J’ai découvert aussi François de Beaumont , baron des Adrets , assassin sanguinaire un coup catholique et un coup protestant , qui a amassé des richesses considérables en pillant églises et monastères en portant les couleurs protestantes . Il était catholique quand il est mort , il aurait aussi bien pu être protestant , selon son humeur le matin au réveil (j’exagère à peine).
Donc en effet , les questions de doctrine n’étaient pas , loin de là , le fondement de ces guerres , elles ont surtout servi à instrumentaliser les bons peuples au service des appétits de quelques grands !
En France notament , c’était l’occasion rêvée pour une partie de la noblesse de prendre une revanche sur le pouvoir royal qui ne cessait pas de “raboter” sa puissance depuis Philippe Auguste .
Juger le passé avec les critères du présent est de toutes façons toujours source de mensonges et d’erreurs, et contre-productif.
Je m’en aperçois déjà dans ma propre vie, alors quand il s’agit de siècles…
En Belgique, nous avons un lourd passé d’attaques constantes de protestants qui descendaient de l’actuelle Hollande jusqu’à Bruxelles et au-delà pour brûler les églises catholiques et s’en prendre aux citoyens ! Heureusement, nos moines, qui consignaient tout, ont laissé des témoignages écrits ! A présent, ceux qui brûlent les églises et les cathédrales ne sont plus les mêmes mais nous n’avons plus personne pour consigner la vérité sous peine d’être traité de raciste ou d’être sanctionné !
// personne pour consigner la vérité sous peine…//
Jésus a définitivement consigné la vérité en déclarant :
Je suis la vérité. 👍
C’est le rédacteur du 4ème évangile qui met cette parole dans la bouche du Christ du kerygme, reflet de la foi des communautés post-pascales.
L’expression “le chemin, la vérité et la vie” était attribuée à la torah. Jésus a été considéré par les disciples comme une torah vivante, d’où cette parole. De plus “je suis” est le marqueur de la divinité (Eye asher eye, au buisson ardent), la divinité de Jésus reconnue annonce le credo.
Mais la Belgique n’existait pas au XVI°siècle !!! La région a été envahie, entre autre, par les espagnols – il n’y a pas plus catholique qu’un espagnol – ils n’ont pas fait de dégât ?
Les Flandres n’ont pas été conquises par les Espagnols, ces derniers en ont simplement hérité lorsque Charles Quint succèda à sa mère Jeanne, héritière d’Espagne, et à son père Philippe le Beau, héritier par sa mère Marie (fille du Téméraire) du duché de Bourgogne, incluant alors les Flandres.
Et voilà la France encerclée au nord, à l’est et au sud par les possessions des Habsbourg, d’où la longue lutte avec la Maison d’Autriche.
Bien entendu, les Flamands ont eu ensuite de nombreux démêlés avec les Espagnols, illustrés incidemment par ce merveilleux fim plein d’humour de Jacques Feyder que je n’arrive pas à trouver en DVD “La kermesse héroïque.”
Oui, c’est vrai. Mais la lutte avec la Maison d’Autriche est moins une lutte de religion que de domination. Dans la liste de ceux qui ont posé le pied dans la région, au gré des alliances, sans doute, en plus des Espagnols, il faut noter des Ecossais, un régiment de Savoie… J’ai pu consulter des registres d’état-civil aux archives royales – il est dit dans ma famille qu’un capitaine espagnol se ballade dans les gènes – des soldats en garnison se mariaient avec des filles du coin !
Mais bien sur que la Belgique existait, César en parle dans ses livres, la Gallia Belgica est même devenue une province de l’Empire. Les Pays-Bas-Belgique avaient Bruxelles comme capitale. Sans quoi aucun pays n’existait: l’Italie n’est pas l’Empire romain, la France n’est pas le Royaume des Francs. La notion de pays n’a rien à voir avec celle des peuples qui se sont unifiés ou séparés au fil de temps et des guerres.
Peu importe…c’était les Pays-Bas espagnols !
Et donc ce n’était pas un conflit catholico-protestant mais un soulèvement contre le roi d’Espagne…
en sachant qu’il y a protestants et protestants, aujourd’hui n’est pas la réplique de l’époque de la St Barthélémy…
Merci pour ces rappels. Un paragraphe sur les exactions de Jean Calvin aurait aussi permis d’éclairer le contexte de l’époque.
Luther n’était rien de moins qu’un médiocre moine défroqué, qui n’a jamais rien compris à la théologie catholique (la scolastique lui passait par dessus la tête). Et qui était obsédé par Satan dont il a reconnu avoir été inspiré. Le monde de l’irrationalité, au sens scolastique.
Le protestantisme est l’islam de l’Occident, en fait un orientalisme incrusté en Occident.
L’opposition à toute hiérarchie ecclésiastique (avec donc la possibilité de création de nombreuses sectes “instituées” par des gourous autoproclamés), la libre interprétation des textes, le rejet de nombreux sacrements, condamnation des vœux monastiques, la pudibonderie et l’austérité excessive, l’obsession de la richesse, etc… sont les manifestations évidentes que le protestantisme n’a rien de chrétien.
“…manifestations évidentes que le protestantisme n’a rien de chrétien”
Avec le “VOUS ÊTES JUIFS et aucunement Chrétiens” du cathare de service, on est gâté cette semaine…
Quels que soient les faits regrettables liés à l’avènement du protestantisme, je peux vous certifier sur la base de mon expérience personnelle, qu’en regardant vivre mes meilleurs amis américains membres d’une église protestante, vous ne pourriez leur dénier la qualité de Chrétiens.
Charles, si ça ne tenait qu’à vous, que prescriveriez-vous concernant le protestantisme ?
Article très intéressant; il faut effectivement replacer les événements dans son contexte historique.
Abbé Arbez, merci de ce compte rendu.
Je pensais que les protestants étaient des saints…
Mais peut-être que dans les temps anciens, tout le monde était barbare…
La religion devrait être un rempart contre la barbarie, mais certains s’en servent pour commettre des actes barbares.
Les temps anciens ont tendance à se perpétuer, davantage pour le pire que dans le meilleur…
je suis protestante mais je n’ai pas d’animosité contre les catholiques . De toute façon , il y a eu dans l’ Histoire des massacres des deux cotés donc ça n’a aucun intéret de généraliser sinon de rajouter de l’huile sur le feu .
Nous ferions mieux Protestants et Catholiques ainsi que nos frères Juifs de nous soutenir étant donné que nous avons désormais un ennemi commun : les muzzs qui veut nous anéantir .
Monsieur l’Abbé merci pour tous ces excellents articles qui sont toujours intéressants .
Que du bon sens!