Publié par Jean-Patrick Grumberg le 14 juillet 2021

Les services de renseignement iraniens ont organisé l’enlèvement à New York d’une journaliste américaine et militante contre les persécutions du régime pour la renvoyer en Iran. Le FBI a déjoué leur plan et inculpé plusieurs espions.

Ce mardi 13 juillet, quatre ressortissants iraniens ont été inculpés pour conspirations d’enlèvements, violations de sanctions contre l’Iran, fraudes bancaires, et blanchiment d’argent. Un co-conspirateur et résident californien, également iranien, fait face à des accusations supplémentaires pour avoir organisé l’enlèvement de la journaliste new-yorkaise Masih Alinejad, à l’origine du mouvement antivoile en Iran.

  • Alireza Shavaroghi Farahani, alias Vezerat Salimi, alias Haj Ali, 50 ans ;
  • Mahmoud Khazein, 42 ans ;
  • Kiya Sadeghi, 35 ans ;
  • Omid Noori, 45 ans ;
  • Niloufar Bahadorifar, alias Nellie Bahadorifar, 46 ans, résidante en Californie, et accusée d’avoir fourni les services financiers qui ont permis le complot, tous originaires d’Iran, ont conspiré pour enlever la journaliste, qui habite Brooklyn, par ailleurs auteur et militante qui dénonce l’absence de droits de l’homme en Iran – pendant que les dirigeants européens leur font des courbettes, cherchent à faire du business avec eux, et que les journalistes les présentent comme de souriants et aimables “conservateurs”.

L’Iran cherchait à kidnapper Alinejad parce qu’elle a mobilisé l’opinion publique en Iran et dans le monde, contrairement aux médias qui désinforment sur cet Etat terroriste, et tentait, depuis les Etats-Unis, d’obtenir des changements dans les lois et les pratiques du régime.

  • Mark J. Lesko, assistant du procureur général par intérim pour la division de la Sécurité nationale du ministère de la Justice, a déclaré à l’issue de l’opération :

“Chaque personne aux États-Unis doit être à l’abri du harcèlement, des menaces et des atteintes physiques de la part de puissances étrangères. Grâce à cet acte d’accusation, nous mettons en lumière l’un de ces complots pernicieux visant à nuire à un citoyen américain qui exerçait ses droits au titre du premier amendement, et nous nous engageons à traduire les accusés en justice”.

  • Audrey Strauss, procureur des États-Unis pour le district sud de New York a apporté les précisions suivantes :

Quatre des accusés ont surveillé et planifié l’enlèvement [de Masih Alinejad] une citoyenne américaine d’origine iranienne qui a critiqué l’autocratie du régime, pour l’emmener de force en Iran, où son sort aurait été au mieux incertain.

Parmi les libertés les plus chères à ce pays figure le droit de s’exprimer sans crainte de représailles de la part du gouvernement. Un citoyen américain vivant aux États-Unis doit pouvoir défendre les droits de l’homme sans être pris pour cible par des agents de renseignements étrangers. Grâce à l’exposition par le FBI de leur prétendu stratagème, ces accusés n’ont pas réussi à faire taire les critiques par des enlèvements forcés.”

  • Alan E. Kohler Jr, directeur adjoint de la division du contre-espionnage du FBI, a ajouté :

“Comme le précise cet acte d’accusation, le gouvernement iranien a ordonné à un certain nombre d’acteurs étatiques de comploter l’enlèvement d’un journaliste et citoyen américain basé aux États-Unis, et de mener une surveillance sur le sol américain – tout cela dans l’intention d’attirer notre citoyen en Iran en représailles à sa liberté d’expression.

Un plan digne d’un médiocre mais effrayant film d’espionnage

Farahani est un agent des services de renseignement iraniens. Khazein, Sadeghi et Noori sont des actifs des services de renseignement iraniens et travaillent sous les ordres de Farahani. Depuis au moins juin 2020, Farahani et son réseau de renseignements préparaient l’enlèvement de la journaliste Alinejad aux États-Unis.

Attirer Alinejad dans un pays étranger

Dans sa première tentative, qui a échoué, le régime islamique a tenté d’attirer Alinejad dans un pays tiers afin de la capturer pour l’envoyer en Iran et la faire disparaître, après torture évidemment :

  • Vers 2018, des représentants du gouvernement iranien ont tenté d’inciter des proches d’Alinejad, qui résident en Iran, à l’inviter à se rendre dans un pays tiers dans le but apparent de la faire arrêter et de la transporter en Iran pour l’emprisonner. Ses proches n’ont pas accepté l’offre.
  • Un appareil électronique découvert sur Farahani contenait, entre autres, une photo de la journaliste aux côtés des photos de deux autres personnes, qui ont tous deux été attirées dans des pays tiers et capturés par les services de renseignement iranien, l’un ayant ensuite été exécuté et l’autre emprisonné en Iran. Sous la photo, un commentaire en farsi qui donne des frissons explique : “Petit à petit, le rassemblement prend de l’ampleur… Tu viens, ou nous devons venir pour toi ?”.

La surveillance

  • À plusieurs reprises en 2020 et 2021, Farahani et son réseau ont fait appel aux services de détectives privés pour surveiller, photographier et enregistrer des vidéos d’Alinejad et des membres de son foyer à Brooklyn.
  • Farahani était ainsi en possession de jours entiers de surveillance au domicile de la journaliste et dans les environs, de vidéos et de photos de sa famille, amis et relations professionnelles, de surveillances de sa résidence.
  • Les espions avaient réussi à installer un flux vidéo haute définition au domicile d’Alinejad. Le réseau possédait ainsi un volume important de contenu allant d’images des visiteurs aux objets se trouvant dans la maison, ainsi que des représentations du langage corporel de leur victime.
  • Le réseau avait changé d’identité et dissimulé le but de la surveillance aux enquêteurs qu’ils avaient recrutés,
  • ils blanchissaient de l’argent aux États-Unis depuis l’Iran pour payer cette surveillance. Sadeghi était le principal point de contact avec les enquêteurs privés, tandis que Noori s’occupait de les payer.

Exfiltration

Farahani a parallèlement recherché des méthodes pour exfiltrer la journaliste hors des États-Unis une fois kidnappée.

  • Sadeghi a contacté un service proposant des vedettes rapides de style militaire pour une “évacuation maritime autonome” à partir de New York, puis sur un voyage par mer de New York au Venezuela, un pays socialiste totalitaire membre de cette toile d’araignée mondiale, ce réseau du Mal, qui entretient des relations amicales avec l’Iran.
  • Khazein a recherché des itinéraires possibles de voyage entre la résidence de la journaliste et un quartier en bord de mer à Brooklyn, entre Brooklyn et le Venezuela, et entre Brooklyn et Téhéran.

Des projets d’enlèvement partout dans le monde

  • Le réseau de Farahani envisageait de kidnapper des victimes dans d’autres pays, notamment au Canada, au Royaume-Uni et aux Émirats arabes unis, et avait organisé le même type de surveillance de ses victimes dans les autres pays.
  • Suite à ce coup de filet, sauf si une coopération internationale permet leur arrestation dans les jours à venir, il semble probable que les autres réseaux ont renoncé à leurs projets, pour l’instant, et se sont dissipés dans la nature.
  • Une tentative d’attentat qui devait faire un très grand nombre de victimes sur le sol français, à Villepinte lors d’un salon international, et d’autres opérations avortées en Amérique latine et en Europe, l’Iran confirme sa réputation d’Etat terroriste et principal sponsor des réseaux terroristes dans le monde, au travers du Hezbollah.
  • Récemment, en décembre 2020, la Turquie a arrêté 11 personnes impliquées dans l’enlèvement vers l’Iran d’un dissident iranien.
  • Des diplomates iraniens étaient derrière le meurtre d’un dissident iranien, Masoud Molavi Vardanjani, dans la ville turque d’Istanbul en novembre 2019. Deux hauts responsables turcs avaient à l’époque déclaré à Reuters que le meurtre avait été commandité par deux agents des services de renseignement du consulat d’Iran.
  • Bahadorifar fournissait entre autres les services financiers depuis les États-Unis à des résidents et entités iraniens, y compris à Khazein, depuis environ 2015. Bahadorifar avait ouvert des comptes bancaires de cartes de crédit et gérait des intérêts commerciaux iraniens aux États-Unis au nom de Khazein.
  • Bien qu’elle n’ait pas participé au complot d’enlèvement, elle l’a financé, et est accusée d’avoir violé les sanctions contre l’Iran, d’avoir commis une fraude bancaire et d’avoir blanchi de l’argent. Elle est également accusée d’avoir effectué des dépôts en espèces de sources opaques pour près de 450 000 dollars.

Bahadorifar déjà inculpée

Niloufar Bahadorifar a été inculpé le 1er juillet elle a été mise en liberté provisoire par le juge Ronnie Abrams de la Cour de district des États-Unis pour le district sud de New York, sous caution de 250 000 $ et aucun contact avec les victimes ou les témoins connus, à l’exception de Saman Mehdizadeh.

Le 8 juillet, le juge Abrams a tenu une audience au cours de laquelle Bahadorifar a comparu par vidéo. Elle a plaidé non coupable ; la prochaine conférence est fixée au 15 octobre.

Selon l’acte d’accusation, Bahadorifar alias Nellie “et d’autres personnes connues et inconnues, fournissaient et ont fourni et fait fournir par d’autres des services à l’Iran et au gouvernement iranien depuis les États-Unis et par des personnes américaines”. Depuis, les États-Unis se sont concentrés sur Mahmoud Khazein et sur les communications de la défenderesse concernant des transferts internationaux de centaines de millions de dollars, “dans des pays comme la Russie et la Chine”.

Elle est également accusée de fraude bancaire.

Ceci intervenait alors que les enquêteurs poursuivaient une affaire contre Kaveh Afrasiabi, qui a déclaré avoir été ouvertement payé par la Mission de l’Iran auprès de l’ONU, par le biais de la UN Federal Credit Union.

Etat de choc

J’imagine la stupeur, la peur panique, l’angoisse de cette courageuse journaliste censurée par les médias traditionnels parce qu’ils sont les suppôts du mal, lorsque le FBI a frappé à sa porte pour l’informer que des espions iraniens la surveillaient depuis plus d’un an pour la faire enlever.

Jointe par téléphone après la publication de l’acte d’accusation, Mme Alinejad a déclaré qu’elle était en état de choc. Elle a indiqué qu’elle travaillait avec le FBI depuis que l’agence l’avait contactée il y a huit mois avec des photographies prises par les espions iraniens.

“Les photos m’ont montré que la République islamique s’était beaucoup rapprochée de moi”, a-t-elle déclaré.

Mme Alinejad a ajouté qu’elle s’était attiré les “bonnes attentions” de l’Iran en publiant des informations sur les femmes qui, en Iran, protestent contre les lois exigeant le port du foulard, ainsi que des récits d’Iraniens tués lors des manifestations de 2019.

Elle a expliqué que les agents du FBI les avaient déplacés, elle et son mari, dans une série de maisons sécurisées pendant qu’ils enquêtaient sur l’affaire.

Elle a dit qu’elle était encore sous le choc de la lecture de l’acte d’accusation.

“Je ne peux pas le croire : je ne suis même pas en sécurité en Amérique”, a-t-elle déclaré.

Conclusion

Bahadorifar a été arrêtée le 1er juillet 2021 en Californie. Farahani, Khazein, Sadeghi et Noori sont en fuite.

L’axe du Mal part de l’Iran et passe par toutes les entités et pays les plus dangereux au monde pour la liberté et la vie humaine : la Chine, Cuba, le Venezuela, Gaza, le Hamas, le Hezbollah, la Syrie. Et cet axe du mal, c’est douloureux de le dire, passe aussi par les médias, qui sans exception se comportent comme les avocats de ces pays totalitaires, sanguinaires, afin de les présenter sous une réalité virtuelle et bienveillante.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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  • https://www.justice.gov/opa/press-release/file/1411371/download

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