Publié par Eduardo Mackenzie le 6 juillet 2021

Du 28 avril au 27 juin 2021, la soi-disant “grève nationale” – décrétée par un comité semi-clandestin – a provoqué, selon les seules données crédibles, celles du parquet général et de la police nationale (1), la torture et la mort de deux policiers et d’un fonctionnaire du bureau du procureur général et a blessé et mutilé 1 477 policiers (dont 63 femmes). Par ailleurs, 24 civils ont perdu la vie et 1 147 autres ont été blessés dans des actes directement liés aux violences déclenchées par le syndicat communiste CUT et sa branche Fecode.

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Jamais dans l’histoire de la Colombie une manifestation ʺsyndicaleʺ n’a atteint un tel niveau de férocité. Le pays a vu avec horreur comment les soi-disant ʺgrévistesʺ ont incendié des hôpitaux et des hôtels avec des personnes à l’intérieur, ainsi que des tribunaux de province. Le pays a vu comment des ambulances qui transportaient des patients ont été stoppées et empêchées de circuler, comment des rues et des autoroutes ont été bloquées, provoquant ainsi des pénuries d‘aliments et de médicaments dans des régions entières, comme le secteur économique stratégique Cali/Buenaventura.

La Colombie a vu un bébé mourir dans une ambulance immobilisée et secouée par des manifestants. Le pays a vu le pillage de commerces, la démolition de statues, les attaques contre des organes de presse, des autobus et des édifices publics. A Bogotá, certains habitants ont dû sortir pour défendre leurs maisons avec des bâtons et des couteaux pour empêcher les pilleurs de les envahir. Les émeutes ont considérablement fait augmenter le taux d’infections et des décès dus au Covid-19.

Ce mouvement, qui s’est hypocritement travesti en “manifestation pacifique” contre une réforme fiscale – que le gouvernement a rapidement retirée avant le début des émeutes – a ouvert ses portes aux cellules urbaines des FARC, de l’ELN et d’autres guérillas qui semblaient dissoutes depuis des années, comme le M-19, et qui se sont baptisé ʺpremière ligneʺ, ainsi qu’à des agitateurs étrangers. Un chef de Fecode a avoué que la grève visait la destruction du parti Centro Democrático.

Après deux mois de luttes, la Police nationale est parvenue à réduire les violences et les blocus. La police nationale– avec l’aide des forces militaires de Valle del Cauca– a empêché la subversion d’atteindre ses objectifs : consolider des bastions du pouvoir dans les six principales capitales et dans le port de Buenaventura pour obtenir un changement de régime politique.

Jamais auparavant le sort de la Colombie n’avait autant et aussi directement dépendu de ce corps armé à caractère civil que sont les 157 820 membres de la Police nationale, parmi lesquels se distinguent pour leur héroïsme les 3 500 policiers de l’Esmad (l’escadron anti-émeute).

Cette performance exemplaire a eu un coût très élevé : la moitié des effectifs de l’Esmad, 1 477 personnes (tous des jeunes entre 20 et 25 ans), ont été blessés ou grièvement estropiés avec toutes sortes d’armes, et trois ont perdu la vie. Ils étaient le seul mur de protection dont le pays disposait pendant ces deux mois terribles, contre les assauts de la barbarie narco-communiste.

Cependant, ni le gouvernement, ni les partis politiques, ni les juges, ni la presse ne semblent se rendre compte du rôle salvateur joué par la Police nationale. Je n’ai pas vu un seul geste de remerciement ou de compassion de la part du Président colombien envers les policiers blessés ou envers les familles des fonctionnaires tués. Au contraire, Ivan Duque a annoncé qu’il procédera à une “transformation complète” de la Police et qu’il changera même la couleur de leurs uniformes. Quelle attitude grotesque ! Personne n’oublie que l’affaiblissement de la Police est l’un des points concoctés par JM Santos et les FARC à La Havane. Pendant ce temps, des activistes des FARC à Genève tentent d’intoxiquer le Conseil des droits de l’homme de l’ONU avec leur imposture des ʺ83 meurtresʺ commis, selon eux, par la ʺrépression brutale de la policeʺ. Seulement 83 ? Et pourquoi pas 320 ou 5000 meurtres ? Leur truc à eux, c’est de forger des mythes que la réalité répudie.

Le chef de l’Etat colombien ne combat pas cette campagne de diffamation contre la Police et n’a pas dit un seul mot sur les souffrances des familles des 1.480 fonctionnaires tués ou blessés. Il n’a pas envoyé de message de soutien ni ne s’est rendu dans aucun hôpital au chevet des policiers blessés et mutilés. Il n’a pas soutenu la tombola organisée en juin par Miguel Uribe Turbay, un conseiller municipal de Bogotá, pour venir en aide aux policiers blessés et tués lors de la grève. Ceux-ci, a expliqué Uribe Turbay, “ont mis leur cœur, leur vie et leur corps pour défendre toute la société, nos libertés, le droit de travailler, de voyager, le droit de tous à vivre”.

L’attitude de Duque envers la police fait froid dans le dos. Le président avale-t-il la mascarade selon laquelle toute action policière pour préserver l’ordre est un ʺusage excessif de la forceʺ ? Duque déclare : “A nos policiers tout le soutien, mais aussi toute notre sévérité”. Par cette ligne ambiguë, il valide les sanctions infligées à la police avant que les faits n’aient été investigués, comme cela s’est produit le 30 juin. Il devrait plutôt féliciter et soutenir, techniquement et moralement, la Police pour sa discipline et son altruisme patriotique.

Pendant plus de deux mois, 12 villes de Colombie ont subi toutes sortes d’attentats sans que le président trouve une politique efficace pour contenir cette déstabilisation. Aujourd’hui, les critiques pleuvent sur lui pour sa faiblesse. Tournant le dos à l’article 213 de la Constitution, il n’a pas déclaré l’état de commotion intérieure. Ignorant les articles 189-4 et 296 du CN, Duque a laissé les opérations d’ordre public entre les mains des maires de gauche. Dévorés par le dogme selon lequel la force publique est ʺillégitimeʺ et ʺviolenteʺ, et qu’elle doit ʺrespecterʺ l’inexistant ʺdroit à la protestation socialeʺ, les maires de Bogotá, Medellín et Cali ont immobilisé l’Esmad ou l’ont jeté désarmé dans les rues pour affronter ou succomber devant les nouveaux types de guerres urbaines.

Les policiers ont été envoyés dans des conditions absurdes : sans dotations à la hauteur de leur mission et sans autorisations claires pour repousser les violents. Toutes les démocraties ont des protocoles à cet égard et protègent légalement leurs policiers. La Colombie, au lieu de suivre les bons exemples, régresse de manière inexplicable et déplorable.

Un grand nombre de policiers ont dû subir, à nouveau, des humiliations, des caillassages, des insultes, des enlèvements, des attentats à l’acide et à la bombe et d’autres agressions (une policière a été violée par des manifestants), pour avoir défendu les libertés et les citoyens. Le chef de l’État ne voit ni ne célèbre cet héroïsme. En revanche, les enragés croient incarner le camp du bien car le gouvernement et l’opposition répètent tous les jours le même mantra : que la “manifestation pacifique” et la “protestation sociale” sont la même chose.

Cette confusion sémantique, fondement psychologique des émeutes, est en train d’engendrer un autre monstre : un projet de loi pour ʺrégulariser la contestation socialeʺ. Cette initiative vise, en réalité, à triturer l’article 37 de la Constitution – qui accorde le droit aux citoyens de ʺse réunir et manifester pacifiquementʺ – et à créer un ʺdroit à la protestation socialeʺ où tout est possible, de la manifestation calme jusqu’à la mutinerie sauvage. Ils estiment que cela garantira, en même temps, “l’exercice des droits des autres citoyens”. Avec cette règle folle, le cycle des “protestations” pourrait recommencer à tout moment. Ivan Duque non seulement ne s’oppose à rien et n’anticipe rien, mais il laisse cette tendance s’épanouir. Résultat : certains juges appliquent la norme non encore approuvée : l’un d’eux a même ordonné à la police de s’excuser auprès de vandales qu’ils avaient capturés, car, dit-il, leurs actes font partie de la ʺprotestation socialeʺ.

Et pour céder encore plus au ʺcomité de grèveʺ, Duque promet de faire table rase de l’existant. Il dit que l’Etat “dédommagera les personnes lésées par les troubles”. L’idée n’est pas de faire payer les destructions aux auteurs, mais d’obtenir l’argent ʺdu cabinet ministériel dont la protestation fait l’objetʺ. Jusqu’où cela nous entraînera-t-il ?

© Eduardo Mackenzie (@eduardomackenz1) pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

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(1) Voir le document «Balance générale – Grève nationale 2021» du ministère de la Défense de la Colombie avec les données du Bureau du procureur général de la Nation et de la Police nationale : mindefensa.gov.co/InformeCorrido_Diario_Balance_Paro_2021.pdf

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