Publié par Jean-Patrick Grumberg le 28 septembre 2021

Qu’est-ce qui vous passe par la tête, lorsque vous décidez d’acheter du papier toilette ? Vous devriez avoir honte.

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Vous regardez le prix de vente, la taille du rouleau, le simple ou le triple épaisseur, n’est-ce pas ? Honte sur vous : le changement climatique ne figure pas en tête de liste pour choisir. Il devrait y figurer.

Selon le Natural Resources Defense Council (NRDC), l’industrie du papier hygiénique compte parmi les plus grands contrevenants au climat au Canada.

Dans son dernier rapport sur les mouchoirs en papier, le NRDC a évalué la durabilité de 44 marques de papier toilette, en attribuant à chaque produit une note allant de A+ à F. Les marques Who Gives a Crap et Green Forest ont obtenu les meilleures notes, tandis qu’Angel Soft et Charmin ont terminé en queue de peloton avec des scores extrêmement bas.

« Les entreprises qui détiennent les plus grandes parts de marché ont le pouvoir de faire une différence significative pour l’avenir des forêts du monde », écrivent les auteurs.

« Au lieu de cela, elles adhèrent largement à des formules vieilles de plusieurs décennies qui ont eu un effet dévastateur sur les forêts. »

La note abyssale de Charmin suscite particulièrement l’ire.

  • Malgré une résolution adoptée en 2020 par les actionnaires de Procter and Gamble (le fabricant de Charmin) visant à déterminer comment éliminer la déforestation de ses chaînes d’approvisionnement, l’entreprise a en fait augmenté sa consommation de fibres forestières canadiennes l’année dernière.
  • La dépendance continue de l’industrie du papier tissu au « pipeline de l’arbre aux toilettes » est devenue de plus en plus intenable », a déclaré Shelley Vinyard, responsable de la campagne pour les entreprises boréales du NRDC.

Et pas n’importe quelle fibre canadienne :

  • P&G s’appuie sur des forêts dont l’influence sur le climat est critique, comme la forêt boréale canadienne, pour fabriquer ses produits.

    La forêt boréale canadienne est considérée comme un puits de carbone mondial vital, représentant un pourcentage stupéfiant de 25 % des forêts encore intactes de la planète.

    Elle contient deux fois plus de carbone que les réserves mondiales de pétrole.
  • Toutefois, l’exploitation forestière excessive et d’autres interventions humaines ont entraîné un effondrement constant de cette précieuse ressource, au point que ces forêts émettent désormais plus de CO2 dans l’atmosphère qu’elles n’en absorbent.
  • À elle seule, l’industrie forestière est responsable de cinq tonnes d’émissions de CO2 par Canadien et par an, soit le double des émissions de l’ensemble de nos voitures et camions.
  • Une grande partie de la demande de cette fibre exploitée sert à fabriquer du papier hygiénique. Selon le NRDC, le ménage américain moyen consomme en moyenne trois rouleaux de papier toilette par semaine, soit 100 livres de papier toilette par an.
  • La forêt boréale canadienne est une source majeure de pâte kraft blanchie de résineux du Nord (NBSK), la pâte de résineux préférée utilisée pour les produits en papier tissu aux États-Unis.

« Les grandes entreprises comme P&G doivent commencer à répondre à la pression et accepter leur propre rôle, beaucoup plus important, dans la catastrophe climatique.

Comme pour les voitures, les pailles et les sacs plastiques de supermarché à usage unique, la responsabilité et le coût des choix durables incombent d’abord au consommateur.

Enfin, des entreprises, grandes et petites, proposent des produits en papier tissu qui ne rejettent pas nos forêts dans les égouts », a déclaré M. Vinyard.

« Il est maintenant temps pour les retardataires comme P&G de rattraper les tendances du marché qui évoluent rapidement. »

Avant l’internet, on pouvait dire du journal Le Monde : je l’achète pour emballer le poisson et il termine dans les toilettes.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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