Publié par H16 le 18 septembre 2021

Alors qu’en France, tout indiquait que la situation économique, maîtrisée par un gouvernement d’experts, serait résolument d’un calme olympien, survient soudainement un petit accroc au bon goût jupitérien : les prix de l’énergie commencent à montrer des signes d’affolement.

Flûte et zut, les mois d’hivers, énergivores, pourraient coûter plus cher que prévus aux Français et, pire, aux électeurs. Voilà qui pourrait envenimer une campagne présidentielle pourtant placée sous le signe de la joie de vivre dans un pays apaisé.

Le constat est en effet embarrassant : les prix de l’énergie en Europe ont vigoureusement grimpé ces dernières semaines et ne donnent pas l’impression de se calmer. Cela tombe mal : alors que l’hiver ne s’annonce pas spécialement chaud, les prix de l’énergie ont commencé à grimper un peu partout en France, en Espagne, au Royaume-Uni, en Allemagne.

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Ainsi, depuis le mois d’août 2020, sur le marché ICE de Londres, le prix du gaz naturel a pris quelque 90% pendant que le charbon thermique voyait son prix de référence tripler. Sapristi, certains vont vraiment sentir passer leur prochaine facture d’électricité ou de gaz.

Apparemment, cette explosion des prix comporterait plusieurs facteurs explicatifs, depuis une reprise économique marquée en Asie, qui consomme traditionnellement plutôt du gaz pour ses besoins énergétiques, et qui a récemment accaparé une forte proportion de la production mondiale. Parallèlement, on déplore aussi une baisse de la production russe vers l’Europe suite à des soucis techniques, liés à l’incendie dans une usine de traitement de gaz pour le Yamal-Europe, le gazoduc germano-russe.

Quant à l’électricité, elle marque une hausse importante liée à une demande forte naturelle en cette période de rentrée, et notamment par le fait que la modularité de sa production est assurée par… le gaz (dont le coût augmente) et le charbon (dans une proportion qui diminue heureusement). Dans ce tableau, on se réjouira du choix fait par la France de se concentrer sur le nucléaire, et on pourra s’interroger sur la pertinence de tout faire pour l’abandonner au moment où il devient de plus en plus décisif pour le pouvoir d’achat des Français…

Au demeurant, le plus intéressant de ces hausses bondissantes des tarifs du gaz & électricité est qu’on va inévitablement assister à un accroissement notable des prix des produits qui dépendent justement de ces énergies dans leur fabrication et production, comme la métallurgie (l’acier notamment), la chimie ou l’agroalimentaire dont le rabotage des marges, amoindries par cette hausse, devra être compensé par une hausse des prix au consommateur final (rassurez-vous, c’est bien de vous qu’il s’agit ici).

Bonus supplémentaire : avec la transition écologique qui tombe vraiment à pic, le prix du CO2, totalement artificiel car exclusivement issu de régulations arbitraires, augmente gentiment lui aussi, ce qui ajoute au coût global de production. Youpi.

Eh oui, cette transition énergétique, obstinément votée et revotée par une bande de décroissants au beurre de contribuable, dont la facture estimée était déjà stratosphérique, va donc nous coûter encore plus cher que prévu. Prudent, vous prévoyiez d’y perdre un bras ? Eh bien ajoutez-y vos deux jambes, et le compte n’y sera sans doute pas. Au passage, cela donne une petite idée de ce que « inflation transitoire » signifie vraiment et si le mot foutaise vous vient naturellement à l’esprit, c’est normal : oui, il va y avoir de l’inflation, et son impact n’en sera vraiment pas transitoire.

Devant une telle situation, on pourrait sombrer dans le désespoir. Heureusement, Bruno Le Maire ne laissera pas faire et enfile dare-dare son pyjama de combat, saisit d’un coup d’oeil expert l’ampleur des problèmes, et, sans attendre que son cerveau surpuissant ne distille une autre pensée vagabonde, entre en jeu : puisqu’il le faut, le gouvernement va agir !

En préambule, Bruno nous rappelle un élément fondamental, quasi-philosophique, de toute prise de décision : tout ceci n’est que temporaire (et aussi transitoire que l’inflation). Il n’y a donc aucune raison de s’agiter inutilement.

« Notre analyse, c’est que cette augmentation est temporaire et que les choses devraient se stabiliser en 2022 »

Voilà, ne paniquez pas mes loulous contribuables, tout ceci devrait se stabiliser gentiment en 2022. On est immédiatement rassurés, notamment parce que le ministre, grâce à une puissance d’analyse maintes fois démontrée, ne se trompe jamais. Ca se stabilisera. À quel niveau, à quel moment, et pour qui, on n’en sait rien mais peu importe.

En outre, le Bruno de Bercy ne s’arrête pas en si bon chemin et ne se contentera pas de rassurer les Français : il peut aussi, dans le même temps et grâce à sa souplesse légendaire, les soulager par l’application sur leurs plaies fiscales de riches onguents gouvernementaux : le ministre de l’Économie, tout empreint d’une hardiesse qui sied à ce sémillant quinquagénaire à l’intelligence surdéveloppée, n’a pas exclu de recourir au « chèque énergie », ce procédé vraiment malin par lequel l’État donne une somme d’argent aux Français pour qu’ils puissent payer leur énergie (un peu comme les chèques de rentrée scolaire, mais sans la possibilité d’acheter un écran plat avec). Or, comme cette somme provient directement des étables à licornes de la République qui produisent tous les jours un peu plus de chèques et de subventions à paillettes colorées, on sait déjà que Bruno n’aura pas de mal à distribuer ces chèques pour mettre un peu plus de paillettes dans la vie énergétique des Français.

Enfin, si la distribution de paillettes « chèques énergie » et d’argent gratuit des autres ne suffit pas, l’actuel Ministre des Absences d’Économies propose un petit geste fiscal, toujours tout en souplesse avec un déhanché de toréro : puisqu’il est loisible à l’État de distribuer l’argent qu’il n’a pas, il lui est aussi relativement simple de piocher un peu moins violemment dans les poches de ses contribuables. Nul doute que l’effet obtenu (une augmentation de la distribution d’argent magique couplée à une diminution de la ponction d’argent des autres) sera d’excellente augure pour les finances dont Bruno a la charge.

Que voulez-vous : les élections approchent et le sort du champion actuel de l’Élysée dépend de ces petites entorses à l’excellente gestion du budget français.

Chose encore plus amusante et simultanée : pendant que l’Europe, en comptant sur le vent et le soleil, choisit donc de se passer d’énergie et de retourner à la misère, la Chine choisit, elle, d’augmenter ses capacités et d’innover, chose que la France n’a plus fait avec décontraction depuis au moins un quart de siècle.

Vraiment, heureusement qu’on a Bruno !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © H16. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

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