Publié par Abbé Alain René Arbez le 5 septembre 2021

Jésus rencontre un homme qui n’entend pas et qui ne parle pas. Il le bénit et lui dit : EFFATA ! c’est un petit mot-clé de la langue de Jésus qui a été conservé à travers les siècles, comme le souvenir direct d’une rencontre, mais aussi comme le symbole de l’ouverture du cœur de chacun. En effet, Effata signifie : ouvre-toi, cela n’a rien à voir avec le code magique des Mille et une nuits : Sesame, ouvre-toi ! Car ici le trésor caché est à l’intérieur d’un être humain, mais il prédispose aussi à reconnaître la valeur des autres.

Cet évangile est en fait une catéchèse du baptême, donc de l’ouverture du coeur comme accès permanent à la vie nouvelle. Le sourd muet que Jésus guérit représente l’être humain livré à lui-même, en tant que prisonnier de ses limites. Combien de personnes autour de nous sont en manque de souffle et d’inspiration dans leur existence. Et dans notre société performante en technologies de communication, on voit certains utilisateurs capables de dialoguer avec des interlocuteurs à l’autre bout du monde, mais qui restent complètement fermés et indifférents à leur voisin de palier ! Incapacité d’échange vrai : dans certaines familles, certains groupes, certaines communautés, apparemment, on n’a rien à se dire, c’est une juxtaposition de sourds-muets. Certaines familles allument la télé au moment du repas, car autour de la table on n’a rien à communiquer…Tous auraient besoin d’entendre l’appel : « effata ! »

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C’est face à ce manque profond qui replie et isole que Jésus est souvent confronté. C’est pourquoi il dit à ce sourd-muet, figure de toutes les fermetures d’esprit : effata ! ouvre-toi… Ou plus exactement, si l’on tient compte du fait que le verbe est au passif : sois ouvert ! Et Jésus accomplit de la part de Dieu un geste de délivrance qui rend à cet homme la faculté d’entendre et de s’exprimer. Donc de devenir pleinement vivant, capable de communion. Devant ce miracle, on ne peut s’empêcher de penser au texte prophétique d’Isaïe, annonçant les temps messianiques, quand Dieu rendra tous les hommes de l’univers sensibles à sa présence et à la situation du prochain : alors les oreilles des sourds entendront et les muets auront la parole, nous dit le texte biblique. Ce qui veut dire aussi : la parole des pauvres et des souffrants sera libérée et leur cri sera entendu de tous… par rapport à notre monde actuel, quel changement !

        Pour comprendre le cadre du miracle, soyons d’abord attentifs à l’itinéraire de Jésus évoqué par l’évangile: le voici en territoire de la Décapole, à l’extérieur d’Israël. Il parcourt un pays limitrophe imprégné de coutumes païennes nuisibles à l’être humain par leur violence. Ainsi, le sourd-muet – jusqu’ici enfermé dans les croyances et les habitudes du paganisme – accède à un nouvel état de conscience, grâce à cette rencontre décisive pour son avenir. Sa vie s’ouvre littéralement à une dimension élargie et approfondie, c’est-à-dire à un sens, une parole, qu’il accueille joyeusement en présence de Jésus. Il en est transformé et devient pour les autres un véritable appel à suivre le même chemin d’humanité. C’est pourquoi l’épisode du sourd-muet guéri et réhabilité a été dans l’Eglise primitive une illustration du baptême et de la transmission de la foi.

En guérissant cet homme, Jésus l’a fait rentrer dans le circuit de la vie. Cela correspond bien à l’attitude permanente de Jésus, lui qui fait tomber les obstacles entre les hommes, lui qui déplace les montagnes d’indifférence et d’incompréhension  entre les personnes et entre les groupes, lui qui invite au dépassement de soi.

Auprès de chacun, son regard se porte avec respect sans préjugé sur chaque personne avec l’amour du Père. Il sait reconnaître en chacun et chacune la petite étincelle de lumière qui amorcera un changement de vie. Jésus s’intéresse en effet à ce qui rend l’homme plus humain, capable d’accueillir la vie éternelle, car il veut restaurer en nous l’image de Dieu.

Jésus précise même : il y en a tant qui regardent sans regarder, et qui écoutent sans entendre ni comprendre. Mais vous, mes disciples, heureux vos yeux parce qu’ils voient, vos oreilles parce qu’elles entendent.

D’où la question pour nous : qu’avons-nous fait de ce don particulier d’écoute et de parole reçu au baptême ? L’ouverture du cœur, de la conscience, l’intelligence des choses de la vie, la perception de l’essentiel, Jésus désire et encourage ce déclic salutaire pour chacun et chacune d’entre nous. Effata ! ouvre-toi ! sois ouvert ! Rester fidèles à cette ouverture intérieure devrait se vivre à chaque étape de parcours personnel.

Nous ne pouvons rester sourds aux messages de Dieu au cœur de nos vies, ni nous contenter d’être muets lorsqu’il faudrait avoir le courage de témoigner d’une vérité ultime.  S’il y a – à tout moment – une attente qui s’exprime de la part de nos proches, de nos voisins, de nos collègues, ou provenant d’êtres humains en détresse, ici ou au loin, Dieu nous inspire de répondre avec amour.

Répondre avec discernement, sans être piégés par la seule émotion, car les problèmes ne peuvent pas se résoudre au seul niveau affectif. Certes, Dieu est amour, mais il nous a aussi dotés d’une raison, comme l’a rappelé avec force le pape Benoît XVI, et nous devons allier indissociablement le cœur et la réflexion dans nos relations aux autres. Etre plus proche de Dieu et de sa parole éclairante, c’est se rendre plus proche de nos propres réalités et des réalités des autres, c’est laisser apparaître le profil du Royaume de Dieu, plus lumineux que nos consciences les plus éclairées.

Venez à moi, vous tous qui peinez, je vous apporterai l’apaisement et la sérénité…

C’est dans la présence du Christ aujourd’hui, si proche par son évangile et son pain consacré, que nous puiserons cette sagesse et cette sérénité si nécessaires dans les circonstances de nos vies et les événements du monde.

Grâce à l’Esprit qui murmure en nos cœurs, Dieu nous dit et nous redit sans cesse cette parole du Christ : « effata !  Ouvre-toi ! »

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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