Publié par Guy Millière le 21 septembre 2021

Je n’ai pas écrit d’article sur Israël depuis la formation du gouvernement dirigé par Naftali Bennett. J’avais dit l’essentiel de ce que j’en pensais au moment de la formation de ce gouvernement, à savoir que c’est un gouvernement hétéroclite, constitué par des gens dont le but essentiel (et médiocre) était d’évincer Binyamin Netanyahou, et dont, en dehors de cela, les positions étaient incompatibles.

J’avais dit que ce gouvernement ne devrait pas vivre longtemps, mais vivrait quand même, car nombre de ses membres savaient que s’ils perdent le pouvoir, ils ne le retrouveront sans doute pas, et perdront sans doute leur siège à la Knesset. Je disais que ce gouvernement serait néfaste pour Israël, et qu’il était le gouvernement rêvé pour l’administration Biden. Je disais qu’inclure dans une coalition gouvernementale israélienne un parti islamiste, qui est une branche de la fraternité des Frères Musulmans, était délétère. Je n’ai pas changé d’avis. Je disais que Naftali Bennett, en acceptant le poste de Premier ministre avait sans doute définitivement montré qu’il n’avait pas l’étoffe d’un homme d’État. J’avais dit sur Koulam radio, la radio française juive sur laquelle j’ai une chronique hebdomadaire (diffusée le mardi soir, et disponible sur le site de la radio : koulam.fr) que la rencontre Naftali Bennett- Joe Biden serait un test qui viendrait confirmer ou infirmer ce que je pensais. La rencontre a eu lieu, il y a trois semaines. Elle a confirmé ce que je pensais, et c’est à vrai dire ce à quoi je m’attendais.

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Naftali Bennett a affirmé ses positions avant de se rendre à Washington, puis à Washington, mais il les a laissées de côté, pour l’essentiel d’entre elles, lors de sa rencontre avec Biden et lors de ses autres rencontres avec des membres de l’administration Biden, et, pour éviter toute forme d’accroc ou de confrontation avec ses interlocuteurs, il n’a pas cherché à les défendre. L’administration Biden connaissait les positions de Naftali Bennett et n’en a tenu aucun compte.

Naftali Bennett a rappelé que Jérusalem est la capitale indivisible d’Israël, et qu’il est hostile à l’ouverture d’un consulat américain pour « les Palestiniens” dans la partie Est de Jérusalem. L’administration Biden a pris note, et a dit, peu de temps après, que l’administration Biden allait ouvrir un consulat pour “les Palestiniens” dans “Jérusalem Est”, ce qui signale la volonté de l’administration Biden de ne pas reconnaitre la partie Est de Jérusalem comme territoire israélien et d’en faire la capitale d’un “État palestinien”, car l’administration Biden entend reprendre les négociations à cette fin, négociations qui n’aboutiront pas, mais impliqueront pressions sur Israël. Qu’a obtenu Naftali Bennett concernant le consulat que l’administration Biden veut ouvrir à “Jérusalem Est” ? Rien. Et il n’a pas fait d’accroc, non. Il n’a pas eu une attitude de confrontation. Que fera-t-il quand l’administration Biden mènera à bien son projet, et s’efforcera de l’imposer ? La réponse est : vraisemblablement, rien encore. Il parlera peut-être et prononcera des mots sans conséquence. Le parti Ra’am, membre de la coalition gouvernementale, est très favorable à un consulat américain à “Jérusalem Est”.  Bennett ferait-il éclater la coalition qu’il est censé diriger et perdrait-il toute place dans la politique israélienne pour défendre Jérusalem ? Je ne pense pas. On verra bientôt si je me trompe.  

Naftali Bennett a énoncé sa position sur la Judée-Samarie. L’administration Biden a rappelé qu’elle était résolument hostile à toute construction dans les implantations israéliennes situées dans ce qu’elle appelle les “territoires palestiniens” et rappelé fermement en ce contexte qu’elle veut une “solution à deux États” (sur les “frontières de 1967”, disent les documents disponibles). Qu’a obtenu Naftali Bennett concernant villes et villages juifs de Judée Samarie ? La même chose que pour la partie Est de Jérusalem : strictement rien. Il n’a pas fait d’accroc, non. Il n’a pas eu une attitude de confrontation. Que fera-t-il lorsque l’administration Biden voudra un retour à la table de négociations, ce qui viendra tôt ou tard ? Le négociateur choisi par l’administration Biden, Hadi Amr, est musulman et a déclaré dans le passé qu’il “comprend le désespoir des auteurs d’attentats suicides” et est prêt à accepter les exigences présentées par Mahmoud Abbas (exigences qui vont de la libération des terroristes “palestiniens” emprisonnés en Israël à la fin de toute présence juive dans les “territoires palestiniens”). Qu’en pense Naftali Bennett ? Il ne le dira pas : il est censé être hostile à toute idée d’État palestinien, mais le redire et insister sur ce point serait contredire ce que pense Yair Lapid, qui devrait lui succéder dans quelques mois, et qui soutient la “solution à deux États” (quand les conditions seront réunies, dit-il). Cela pourrait déplaire au parti Ra’am, à la gauche et à l’extrême gauche. Naftali Bennett se dit défenseur des villes et villages juifs de Judée-Samarie, mais a décidé le gel de toute construction dans les villes et villages juifs de Judée Samarie et il ne dit rien, à ma connaissance, sur les constructions “palestiniennes” dans ce qui a été défini lors des accords d’Oslo comme la zone C en Judée-Samarie. Il ne peut ignorer que ces constructions érodent gravement la présence israélienne en Judée-Samarie, mais il sait que l’administration Biden accepte ces constructions, et il ne pas fait d’accroc, non. Il n’a pas une attitude de confrontation, et adopte plutôt la position couchée et celle de l’aveugle volontaire.

Naftali Bennett, et c’est un point crucial dans le contexte actuel, car le régime des mollahs est à quelques semaines de l’arme atomique, a répété à Washington qu’Israël et son gouvernement n’admettraient pas que l’Iran des mollahs ait l’arme atomique. Il n’a rien obtenu de Biden et de l’administration Biden, sinon une phrase de Biden disant que l’Iran des mollahs n’aurait pas l’arme atomique tant que lui, Joe Biden, serait Président. Les promesses d’un homme tel que Joe Biden n’engagent que ceux qui sont assez stupides pour les croire, et Bennett a dit qu’il croyait Joe Biden ! Joe Biden a dit aussi que si l’Iran des mollahs se rapprochait vraiment de l’arme atomique, il avait d’autres options. L’Iran des mollahs fait déjà plus que se rapprocher vraiment de l’arme atomique, et Biden n’a pas d’autres options. L’administration Biden est prête à tout pour obtenir un accord de l’Iran des mollahs, vraiment à tout. Bennett a dit qu’il croyait que Biden a d’autres options ! Il a dit que le gouvernement israélien et l’administration Biden coordonneraient étroitement leurs stratégies face à l’Iran des mollahs, et il vient d’annoncer la mise en place d’une commission Israélo-Américaine destinée à ce que cette coordination fonctionne. Dès lors que l’administration Biden n‘a aucune autre stratégie que la soumission face à l’Iran, il est aisé de voir où mène la coordination. Il n’est pas même certain dans ce contexte que des actions de sabotage ou des éliminations ciblées soient encore envisageables par le gouvernement israélien en Iran. Bennett a accroché Israël à un bateau rouillé qui fait naufrage appelé administration Biden.  

Benny Gantz est allé à Ramallah rencontrer le chef de bande terroriste Mahmoud Abbas (officiellement Président de l’Autorité palestinienne, et désormais dans la seizième année de son mandat de quatre ans) pendant que Naftali Bennett était à Washington. L’Autorité palestinienne n’a pas bougé d’un millimètre. Israël a, par contre, débloqué plusieurs dizaines de millions de dollars qui iront à l’Autorité palestinienne. Israël n’était pas censé débloquer cet argent tant que l’Autorité palestinienne n’aurait pas renoncé à financer le terrorisme. L’Autorité palestinienne ne l’a pas fait et a empoché l’argent. Ce voyage à Ramallah a été fait à la demande de l’administration Biden, qui avait déjà demandé à Israël de ne riposter que de manière minimale à de récents tirs sur le nord d’Israël venus du Liban. Israël avait obtempéré.

Naftali Bennett a plusieurs fois critiqué Binyamin Netanyahou en disant que celui-ci avait eu une inutile attitude d’hostilité envers les États-Unis. Binyamin Netanyahou a été ferme face à un ennemi d’Israël, Barack Obama.

J’ai été en désaccord avec la politique vaccinale de Binyamin Netanyahou, mais toute la différence entre Naftali Bennett et Binyamin Netanyahou est que Binyamin Netanyahou, lui, est un homme d’État. Ce qu’il a accompli pour Israël est absolument remarquable, et la synergie entre lui et Donald Trump a été extrêmement fructueuse. Et j’en suis certain, Binyamin Netanyahou ne se ferait pas rouler dans la farine par l’administration Biden, qui est une administration ennemie d’Israël.

Naftali Bennett a fait davantage que se laisser rouler dans la farine : il a utilisé la brosse à reluire et a dit que Joe Biden est un véritable ami d’Israël, et est en outre un homme lucide et avisé. Quelques minutes plus tôt, Biden s’était endormi pendant que Naftali Bennett lui parlait : était-ce une preuve de sa lucidité ? Pendant la rencontre la débâcle provoquée par Biden et son administration avait lieu en Afghanistan : la preuve sans doute que Biden est un homme avisé.

Incontestablement, le gouvernement Bennett Lapid est le gouvernement rêvé pour l’administration Biden. Il incarne à mes yeux un danger pour Israël. Et ceux qui en Israël et ailleurs ont voulu la chute de Binyamin Netanyahou, qu’ils soient Israéliens ou amis d’Israël ont fait preuve d’une myopie consternante et ont mis Israël en danger dans un moment difficile.

Les grands médias israéliens sont, comme dans nombre de pays, orientés à gauche et très indulgents vis-à-vis du gouvernement Bennett. Quatre articles sont parus voici peu dans Israël Hayom qui vont dans le sens de ce que je dis ici, et apportent des détails supplémentaires. J’en recommande la lecture à ceux qui parlent anglais. Deux d’entre eux sont de Caroline Glick, que je considère comme la meilleure analyste de la situation géopolitique d’Israël aujourd’hui (et depuis des années), “Why Oslo still rules”, et “Bennett’s voters face Bennett’s diplomacy”. L’un est signé par Ariel Kahana, le correspondant diplomatique du journal, “The government’s first 100 days, down the drain”. Le quatrième est signé par Mati Tuchfeld, le correspondant politique du journal, “A government born in sin does not deserve grace”. Le Jerusalem Post, que je lisais autrefois, continue sa dérive vers la gauche. Le Yediot Aharonot a fait campagne contre Netanyahou et pour l’essentiel n’est plus un journal lisible. Arutz Sheva reste une source d’information honorable, mais n’a rien publié de pertinent ces derniers jours sur le gouvernement Bennett. Je ne cite, bien sûr, pas Haaretz, que je considère comme un journal anti-israélien juste bon pour la poubelle.

© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.

PS Bennett s’est rendu au Caire et a pu annoncer que des vols d’Egyptair desserviraient Tel-Aviv. Ce n’est là que la continuité de ce qui a été enclenché par les Accords d’Abraham. Le monde arabe sunnite, pour l’heure, veut plus encore se rapprocher d’Israël qu’il y a quelques mois, car l’administration Biden renforce la menace iranienne, qui vise le monde arabe sunnite tout autant qu’Israël, et Israël est en position de superpuissance militaire régionale (je consacre un article à ce sujet dans le prochain numéro d’Israël magazine). Bennett ne fait que récolter les fruits de ce qu’ont semé Binyamin Netanyahou et Donald Trump. En parallèle, Yair Lapid, avec l’approbation de Bennett, détériore les relations d’Israël avec la Pologne et les pays du groupe de Visegrad, et détruit le travail de Binyamin Netanyahou qui, en s’assurant l’amitié du groupe de Visegrad, avait pu neutraliser les décisions les plus nocives que l’Union européenne pouvait prendre contre Israël. Il y a sans aucun doute de l’antisémitisme en Pologne, il y en a dans toute l’Europe.  La police polonaise de 1940-44 a sans doute travaillé avec les nazis. Cela a aussi été le cas de la police française. S’appuyer sur l’existence de l’antisémitisme en Pologne, sur ce qu’a fait la police polonaise au temps de la Shoah ou sur d’autres points du même genre pour provoquer un désastre géopolitique ne relève pas d’une grande intelligence stratégique. Binyamin Netanyahou n’a cessé de montrer qu’il avait et a une immense intelligence stratégique.

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