Publié par Dreuz Info le 25 septembre 2021

“Ils ont sauvé 20.000 Juifs et sans ça je ne serais pas là aujourd’hui pour en parler”, témoigne Kurt Wick, un octogénaire qui a survécu à la Seconde Guerre mondiale en se réfugiant avec ses parents à Shanghai.

“J’aurais fini en cendres à Auschwitz, comme une partie de ma famille”, ajoute le vieil homme, qui a consacré les dernières décennies à raconter comment la métropole chinoise est devenue une terre d’asile pour les Juifs fuyant la folie meurtrière hitlérienne.

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“En général, les gens n’en ont jamais entendu parler et pourtant on devrait le savoir parce que c’est le seul endroit du monde dont les portes étaient ouvertes en 1939 pour sauver” les Juifs, explique à l’AFP par téléphone M. Wick, depuis son domicile de Londres. “Il y a même beaucoup de Juifs qui n’en savent rien”, regrette-t-il. Des parents de Kurt Wick faisaient partie des 6 millions de Juifs assassinés dans les camps de la mort nazis. Les Japonais ignorent la demande des nazis d’appliquer aussi “la solution finale” née à Vienne, il n’avait qu’un an et demi quand sa famille a fui l’Autriche pour l’Italie, embarquant pour Shanghai depuis le port de Trieste. À l’époque, Shanghai était sous occupation japonaise. Mais Tokyo, pourtant allié de l’Allemagne nazie, y laissait entrer les étrangers sans visa, y compris quelque 20.000 Juifs fuyant l’Europe. “Tous ceux qui sont arrivés étaient des réfugiés sans argent”, raconte Kurt Wick. “Ni logement ni nourriture, rien. Nous étions à l’évidence très très pauvres, mais nous étions en sécurité”.

Les réfugiés peuvent compter sur l’aide d’une prospère communauté juive déjà installée depuis la fin du XIXe siècle dans les concessions étrangères. À partir de 1943, sous pression allemande, les Japonais obligent les Juifs d’origine germanique à se regrouper dans un quartier populaire du nord de la ville. Mais ils ignorent la demande des nazis d’appliquer aussi “la solution finale” dans leurs zones d’occupation.

Un musée pour entretenir le souvenir

C’est dans ce “ghetto” que s’est ouvert en 2007 le Musée des réfugiés juifs de Shanghai, dans une ancienne synagogue. Le musée a rouvert ses portes le mois dernier après une rénovation qui a triplé sa superficie. Les autorités cherchent à l’évidence à donner davantage de visibilité à l’histoire de la survie des Juifs de Shanghai.

Le Musée, financé par l’État, souligne l’entente entre les communautés juive et chinoise, confrontées à un même ennemi: l’axe Berlin-Tokyo, et à l’absence d’antisémitisme dans l’histoire de la Chine. Il existait même “une relation spéciale” entre Shanghai et les Juifs, avant même l’arrivée des réfugiés. Elle se poursuit aujourd’hui, assure le conservateur du musée, Chen Jian.

Après la guerre, la quasi-totalité de la communauté juive de Shanghai quitte la ville avant l’arrivée au pouvoir du régime communiste en 1949. Beaucoup gagneront l’État d’Israël, fondé un an plus tôt. Kurt Wick, lui, se retrouvera au Royaume-Uni.

“Cette terre n’a jamais connu l’antisémitisme”. Ce pan de l’histoire sombre dans l’oubli, rappelle le rabbin Shalom Greenberg, co-directeur du Centre juif de Shanghai. “L’histoire dont on parlait à l’époque était celle de ceux qui n’avaient pas survécu, de leur sort terrible avec ce qui s’était passé en Europe. L’histoire des survivants, de manière générale, n’était pas évoquée”, explique-t-il.

La capitale économique chinoise compte aujourd’hui une communauté juive forte de quelque 2.000 personnes.

“C’est l’un des rares endroits du monde où l’on n’a pas peur quand on entend quelqu’un dire dans la rue ‘c’est un Juif’ dans la langue locale”, témoigne le rabbin, installé à Shanghai depuis plus de 20 ans. “Cette terre n’a jamais connu l’antisémitisme”.

Une petite fille juive et ses amies chinoises dans le ghetto de Shanghai pendant la Seconde Guerre mondiale. Le ghetto de Shanghai en 1943

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