« Ils ont sauvé 20.000 Juifs et sans ça je ne serais pas là aujourd’hui pour en parler », témoigne Kurt Wick, un octogénaire qui a survécu à la Seconde Guerre mondiale en se réfugiant avec ses parents à Shanghai.
« J’aurais fini en cendres à Auschwitz, comme une partie de ma famille », ajoute le vieil homme, qui a consacré les dernières décennies à raconter comment la métropole chinoise est devenue une terre d’asile pour les Juifs fuyant la folie meurtrière hitlérienne.
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« En général, les gens n’en ont jamais entendu parler et pourtant on devrait le savoir parce que c’est le seul endroit du monde dont les portes étaient ouvertes en 1939 pour sauver » les Juifs, explique à l’AFP par téléphone M. Wick, depuis son domicile de Londres. « Il y a même beaucoup de Juifs qui n’en savent rien », regrette-t-il. Des parents de Kurt Wick faisaient partie des 6 millions de Juifs assassinés dans les camps de la mort nazis. Les Japonais ignorent la demande des nazis d’appliquer aussi « la solution finale » née à Vienne, il n’avait qu’un an et demi quand sa famille a fui l’Autriche pour l’Italie, embarquant pour Shanghai depuis le port de Trieste. À l’époque, Shanghai était sous occupation japonaise. Mais Tokyo, pourtant allié de l’Allemagne nazie, y laissait entrer les étrangers sans visa, y compris quelque 20.000 Juifs fuyant l’Europe. « Tous ceux qui sont arrivés étaient des réfugiés sans argent », raconte Kurt Wick. « Ni logement ni nourriture, rien. Nous étions à l’évidence très très pauvres, mais nous étions en sécurité ».
Les réfugiés peuvent compter sur l’aide d’une prospère communauté juive déjà installée depuis la fin du XIXe siècle dans les concessions étrangères. À partir de 1943, sous pression allemande, les Japonais obligent les Juifs d’origine germanique à se regrouper dans un quartier populaire du nord de la ville. Mais ils ignorent la demande des nazis d’appliquer aussi « la solution finale » dans leurs zones d’occupation.
Un musée pour entretenir le souvenir
C’est dans ce « ghetto » que s’est ouvert en 2007 le Musée des réfugiés juifs de Shanghai, dans une ancienne synagogue. Le musée a rouvert ses portes le mois dernier après une rénovation qui a triplé sa superficie. Les autorités cherchent à l’évidence à donner davantage de visibilité à l’histoire de la survie des Juifs de Shanghai.
Le Musée, financé par l’État, souligne l’entente entre les communautés juive et chinoise, confrontées à un même ennemi: l’axe Berlin-Tokyo, et à l’absence d’antisémitisme dans l’histoire de la Chine. Il existait même « une relation spéciale » entre Shanghai et les Juifs, avant même l’arrivée des réfugiés. Elle se poursuit aujourd’hui, assure le conservateur du musée, Chen Jian.
Après la guerre, la quasi-totalité de la communauté juive de Shanghai quitte la ville avant l’arrivée au pouvoir du régime communiste en 1949. Beaucoup gagneront l’État d’Israël, fondé un an plus tôt. Kurt Wick, lui, se retrouvera au Royaume-Uni.
« Cette terre n’a jamais connu l’antisémitisme ». Ce pan de l’histoire sombre dans l’oubli, rappelle le rabbin Shalom Greenberg, co-directeur du Centre juif de Shanghai. « L’histoire dont on parlait à l’époque était celle de ceux qui n’avaient pas survécu, de leur sort terrible avec ce qui s’était passé en Europe. L’histoire des survivants, de manière générale, n’était pas évoquée », explique-t-il.
La capitale économique chinoise compte aujourd’hui une communauté juive forte de quelque 2.000 personnes.
« C’est l’un des rares endroits du monde où l’on n’a pas peur quand on entend quelqu’un dire dans la rue ‘c’est un Juif’ dans la langue locale », témoigne le rabbin, installé à Shanghai depuis plus de 20 ans. « Cette terre n’a jamais connu l’antisémitisme ».

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étonnant que les japonais, alliés des nazis aient lassé faire
recevaient ils des dédommagements? cela n’est ni dit ni démentit
Quelles que soient les raisons,ils ne l’ont pas fait.Ils n’ont pas appliqué la solution finale et ont laissé les juifs vivre, et c’est ça qui est important.
Les Italiens non plus n’étaient pas favorables aux politiques antisémites nazies. Franco non plus d’ailleurs qui a aussi accueilli des Juifs.
Exact et les Italiens se sont même opposés aux lois de Vichy. Et a la milice française en zone libre.
Influences par le protocol des sages de Sion, les Japonais ont protege les Juifs car ils craignaient que les Juifs surpuissants ne detruisent le Japon. Cette histoire est tres bien racontee par le livre « The fugu plan »
Bonjour, merci pour cette page d’Histoire d’autant plus intéressante et instructive qu’elle détonne avec l’épopée du « St Louis » qui inspirera davantage cinéastes et journalistes.
Pour info, il y a eut une autre histoire dans l’Histoire à la même époque, une parenthèse qui redorât le blason d’une Humanité au bord de la faillite totale, celle des juifs sauvés par les Philippines.
Mes parents nes a Shanghai en 1933 et 1936 se sont retrouves dans le camp de concentration japonais de Longhma en 1943..
Il serait intéressant que vous racontiez l’épopée de vos parents.
Dans les années 90, j’avais vu sur Arte un documentaire de 4heures,, Exil Shanghai, realisé par une allemande (dont le prénom était Ulrika
il était composé de témoignages détaillés delà vie des exilés à Shanghai, (pas seulement des juifs allemands fuyant le nazisme)
les premiers juifs installés à Shanghai étaient des anglais d’origine séfarade, les Sassoon et les Kadourie, qui faisaient le commerce(légal) de l’opium.
ils ont aidé les ashkénazes à s’installer à Shanghai.