Publié par Dreuz Info le 15 octobre 2021

Les Juifs de France voteraient-ils majoritairement pour, ou contre, Éric Zemmour s’il devenait officiellement candidat à l’élection présidentielle ?

Éric Zemmour passait déjà pour islamophobe. Serait-il en plus judéophobe ?

Les institutions juives, à commencer par le CRIF, la Licra, l’association des Fils et Filles de déportés juifs de France de Serge Klarsfeld, l’hebdomadaire Actualité Juive, mais aussi certaines personnalités médiatiques comme Bernard-Henri Lévy, Jacques Attali, Alain Minc, Anne Sinclair ont publiquement stigmatisé les propos d’Éric Zemmour : « discours de haine », « propos monstrueux », « petit fils de Charles Maurras », « détestable », « rance », « pétainiste »… « Pas une voix juive pour Éric Zemmour » a ordonné le président du CRIF.

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Etranges insultes énoncées par des personnalités médiatiques dont certaines ont adulé, parfois servi, un François Mitterrand décoré de la Francisque par le Maréchal Pétain, qui faisait fleurir la tombe dudit Maréchal chaque année et qui conservait toute son amitié à René Bousquet, le principal organisateur de la rafle du Vel d’Hiv.

La vindicte juive qui s’abat aujourd’hui contre Éric Zemmour n’est pas due aux propos vigoureux qu’il tient contre l’islam. C’est plutôt sa définition de l’appartenance nationale qui a choqué. Dans son dernier ouvrage, « La France n’a pas dit son dernier mot », Éric Zemmour établit un parallèle (douteux) entre Mohamed Merah, le djihadiste de Toulouse enterré en Algérie, et ses victimes juives enterrées en Israël. « Les anthropologues nous ont enseigné qu’on était du pays où on est enterré… pour ce qui est de laisser leurs os, ils (Merah et ses victimes juives) ne choisissaient surtout pas la France. Étrangers avant tout et voulant le rester par-delà la mort ».

Un front juif anti-Zemmour ?

Le front juif anti-Zemmour qui semble s’être constitué n’a en réalité, rien de monolithique. Les « institutionnels » (CRIF et autres institutions communautaires) n’ont jamais fait mystère de leur allégeance à Macron. Ils collent au président en place comme ils ont collé à tous les Présidents qui se sont succédés depuis 40 ans. En bons juifs de cour, ils veulent croire que seul l’Etat peut protéger les Juifs, oubliant qu’au XXème siècle, c’est l’Etat français qui a ordonné le port de l’étoile jaune et organisé la rafle du Vel d’Hiv.

De leur côté, les Minc, Attali, BHL, Anne Sinclair… incarnent le courant « progressiste » juif, négateur du danger islamiste et favorable au multiculturalisme. Le retour prôné par Zemmour à la France d’avant l’immigration de masse leur laisse un goût de « rance » dans la bouche. Eux-aussi se positionnent en opposition à Éric Zemmour… et pour la plupart aux côtés d’Emmanuel Macron.

En sus de ces deux courants institutionnel et multiculturaliste, il en existe un troisième, plus composite, que les propos du polémiste heurtent. Ce courant mêle la droite et la gauche, va de Tribune Juive à Barbara Lefebvre en passant par Guy Konopnicki et nombreux sont ceux qui au sein de ce courant, s’énervent de la réhabilitation de Pétain entamée par Éric Zemmour. Éric Zemmour n’a rien d’un négationniste, il ne nie pas l’existence des chambres à gaz, mais sa défense de la Nation française, lui fait considérer comme dommageable, le lien des Juifs à Israël ainsi que le désir de s’y faire enterrer.

Pourquoi ?

La prédisposition d’Éric Zemmour à unir contre lui certaines portions du judaïsme français interroge. S’il est potentiellement candidat à l’élection présidentielle, pourquoi tient-il à choquer ses coreligionnaires au point de s’aliéner le soutien de certains d’entre eux ?

Deux hypothèses s’entrechoquent.

Accusé par l’extrême droite (Soral & Cie) d’être le candidat d’une communauté, Éric Zemmour pourrait avoir choisi de marquer sa distance. Auquel cas, cette démarche est absurde car pour les antisémites, un Juif restera toujours un Juif, quelle que soit la distance qu’il marque avec sa communauté.

Une autre hypothèse est envisageable : Éric Zemmour est peut-être le premier juif qui, depuis l’affaire Dreyfus, se dresse pour rappeler à la France le contrat qu’elle a passé avec les Juifs il y a plus de deux siècles. En marquant son lien à la Nation française, en affichant son hostilité au séparatisme cultuel et culturel musulman, Éric Zemmour illustre ce que le chercheur Danny Trom a nommé le rôle d’ « opérateur que les juifs ont eu dans le processus d’autodéfinition de la France républicaine depuis la Révolution française ». En renonçant à être les membres d’une tribu ghettoïsée pour devenir des citoyens d’une nation, les Français juifs ont joué le jeu de l’assimilation. Ils ont conquis la liberté de culte, mais ils ont cantonné à la sphère privée tous les signes de leurs différences, culturelle et religieuse.

L’adhésion des juifs à la République et la reconnaissance par la France de la citoyenneté conférée aux Juifs ont représenté la preuve que la nation française avait commencé de se construire et pouvait se construire avec toutes les tribus du monde, pour peu que les membres de chaque tribu jouent le jeu de la citoyenneté et se soumettent aux lois de la République.

En se dressant contre le multiculturalisme et le communautarisme, Éric Zemmour rappelle la France à ses fondamentaux : que l’Etat redevienne l’Etat des citoyens plutôt que le promoteur du « vivre ensemble » … lequel débouche inévitablement sur le « face à face » comme le décrivait intelligemment l’ancien ministre de de l’Intérieur, Gérard Collomb.

Ce rappel à l’ordre irrite l’establishment juif et non-juif, mais aussi les générations plus jeunes qui n’ont pu apprécier la capacité intégratrice de la France d’avant les années 70, celle d’avant l’immigration de masse.

Une candidature d’Éric Zemmour est souhaitée par tous ceux qui souhaitent que le délitement national actuel cesse. Mais s’il souhaite réellement devenir Président de la République, Éric Zemmour ferait bien aussi de cesser certaines provocations inutiles qui rappellent tristement celles dont Jean-Marie Le Pen abusait lorsqu’au début des années 80, François Mitterrand lui faisait la courte échelle pour déstabiliser la droite.

Sinon, et pour utiliser une de ses expressions favorites, il pourrait devenir « l’idiot utile » à la réélection d’Emmanuel Macron en 2022.

Yves Mamou, journaliste et essayiste

Philippe Karsenty, homme d’affaires et porte-parole du Parti Républicain Américain en France

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