Publié par Albert Soued le 30 novembre 2021
En Iran les femmes protestent

La moitié de la population iranienne est composée de différents groupes ethniques qui sont rebutés par le régime cruel qui dirige le pays. Un soulèvement qui s’y prépare pourrait changer le visage de tout le Moyen-Orient.  

Par Dr Mordechai Kedar est maître de conférences au département d’arabe de l’université Bar-Ilan. Il a servi dans les services de renseignements militaires des FDI pendant 25 ans et s’est spécialisé dans le discours politique arabe, les médias arabes, les groupes islamiques et la scène intérieure syrienne. Connaissant parfaitement les médias arabes en temps réel, il est fréquemment interviewé dans les différents programmes d’information en Israël et est un conférencier de renommée internationale sur le Moyen-Orient.

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Protestation contre l’Iran 

La référence israélienne et occidentale à l’Iran se concentre sur trois questions principales :

  • Le projet nucléaire militaire et les fusées iraniennes ;
  • l’expansion de la présence iranienne (directe et indirecte) dans les États arabes, principalement en Syrie, au Liban et au Yémen ;
  • et le régime des Ayatollahs.

Occasionnellement, il y a une allusion à la situation économique iranienne et à sa crise pandémique COVID-19. Rarement, les éléments politiques, militaires ou éditoriaux s’adressent à la population iranienne qui, en général, est désignée comme “le peuple iranien“.

C’est justement là le problème. Ce peuple n’existe pas. Ce qui existe en Iran, c’est une population dont la moitié est perse, et l’autre moitié un grand nombre de “peuples non perses” : Azéris (dans la partie nord, au sud de l’Azerbaïdjan), Arabes (à Al-Ahwaz donnant sur le Golfe Persique à l’est et au nord), Kurdes (au nord-ouest), Turkmans (au nord-est) et de nombreux autres groupes plus petits : Lurs, Kashkais, Caspiens, Mazendaranis, Gilyaks et autres….

Bien que tous soient citoyens iraniens et que tous soient tenus d’étudier le persan à l’école, la citoyenneté et la connaissance du persan n’ont pas fait d’eux des Perses, de la même manière que la citoyenneté israélienne et la connaissance de l’hébreu n’ont pas fait des Arabes israéliens des Juifs.

Certains de ces groupes ont subi un processus d’intégration dans les organismes gouvernementaux. L’exemple le plus marquant est le fait que le leader suprême actuel, l’ayatollah Khamenei, est azéri et non persan. Ce fait ne convainc cependant pas beaucoup des vingt millions d’Azéris de l’État que l’Iran est bien leur lieu de prédilection. Au contraire, nombre d’entre eux attendent avec impatience le jour où ils obtiendront leur indépendance et rejoindront leurs frères d’Azerbaïdjan, libérés de l’occupation russe il y a plus de 30 ans, lors du démantèlement de l’URSS en États ethniques.

L’État iranien, déjà à l’époque du Shah et après le Khomeini, a exploité les ressources naturelles dans les régions où vivent les groupes non perses. C’est le cas, par exemple, du pétrole et du gaz pillés sur la terre d’Al-Ahwaz, alors que ce qui reste aux habitants de la région, ce sont les toxines dans l’air qu’ils respirent, l’eau qu’ils boivent et le sol qui leur fournit leur nourriture. L’été dernier, l’Iran a détourné plusieurs rivières d’al-Ahwaz, privant ainsi les Ahwazis de leur eau et provoquant la mort de centaines de milliers de troupeaux de bovins et de moutons qui faisaient vivre les habitants de la région. Dernièrement, l’Iran a commencé à déraciner plusieurs milliers de palmiers fruitiers des terres ahwazies pour les transférer au Qatar. Faut-il s’étonner alors que les Ahwazis cherchent désespérément à se libérer de l’occupation iranienne qui a commencé en 1925 ?

Les Balouchis et les Kurdes sont des musulmans sunnites et eux aussi luttent depuis des décennies pour se libérer de l’État iranien.

Le régime iranien réprime brutalement toute forme d’opposition à ses politiques et à sa gouvernance sur les peuples non perses. Son approche standard pour traiter les rebelles consiste à les pendre à des grues dans les rues de la ville afin que tous les passants les voient et les craignent. Le régime recrute également des collaborateurs parmi ces groupes ethniques, afin de repérer tout élément rebelle et incitatif.

Les peuples non perses souffrent de plusieurs problèmes qui entravent leurs efforts pour s’unir contre l’État. Le premier est celui des conflits idéologiques, partisans, tribaux et personnels entre les groupes d’opposition ; le deuxième est le fait que ces minorités, à ce jour, ne se sont pas donné la main dans la lutte contre l’État ; le troisième problème est que leurs établissements sont enracinés dans les services de renseignements iraniens et le quatrième problème est que beaucoup de leurs dirigeants vivent en exil : Irak, Turquie, Europe, États-Unis et autres, et le simple fait qu’ils vivent librement hors du pays constitue un défi à leur légitimité aux yeux des personnes qui sont restées sous le régime perse oppressif dans leur patrie.

Au cours des derniers mois, on peut noter un mouvement par rapport à ces problèmes : certains partis et organisations Ahwazi ont décidé de mettre de côté leurs différences et de reporter leur résolution, jusqu’après la libération et l’indépendance. De plus, ces derniers temps, une nouvelle forme de communication entre les dirigeants des différents groupes ethniques a vu le jour. Ils se sont rendu compte que si un seul groupe se rebelle, les forces iraniennes pourraient facilement le supprimer en peu de temps et que si toutes les nations non perses se rebellent ensemble, au même moment, elles ont plus de chances de réussir.

Contrairement au passé, les dirigeants de la rébellion disposent aujourd’hui de moyens de communication modernes : des conférences par zoom entre les dirigeants en exil ont lieu, Whatsapp donne une image actuelle de ce qui se passe sur le terrain et permet de donner des instructions, Facebook et Twitter servent de plateforme pour diffuser les idées qui trouvent leur chemin vers le grand public par le biais de graffitis peints dans la nuit noire. Trois Israéliens participent également à cet effort de communication, le Dr Edi Cohen, Guy Maayan et l’auteur de ces lignes.

La question qui se pose aux leaders de la rébellion est de savoir quelle est la meilleure date pour son commencement. Finalement, on s’est mis d’accord sur la veille du 16 mars 2022. Ce jour a été choisi car c’est le jour où l’Iran célèbre le “mercredi du feu” (Cheharshanbe Suri), qui s’accompagne de beaucoup de désordre sur la place publique, d’incendies, de célébrations et, malheureusement, de nombreux blessés et morts. Les chefs de la rébellion prévoient, cette nuit-là, de brûler les postes de police, d’attaquer les centres de contrôle et de communication, de détruire les institutions gouvernementales, de s’attaquer aux infrastructures d’électricité et de communication, d’attaquer les dirigeants politiques et les collaborateurs.

Ils partent du principe qu’une révolte générale et planifiée, qui englobe tous les districts des peuples non persans, imposera aux forces de sécurité iraniennes (police, bassidjis, armée et gardes révolutionnaires) une mission impossible en raison de son ampleur, ce qui incitera de nombreux membres des peuples non persans qui servent dans les forces de sécurité à faire défection et à rejoindre les rebelles de leurs peuples respectifs.

Les chefs de la rébellion et les activistes publics de la région sont conscients du prix élevé qu’ils devront peut-être payer de leur vie et de leur liberté, mais ils savent aussi très bien que la liberté n’est pas donnée de bonne volonté mais qu’elle est arrachée de force des ongles de ceux qui la détiennent vigoureusement.

La publicité du soulèvement a commencé cette semaine et des avis concernant le “mercredi du feu” sont déjà apparus sur des maisons au Baloutchistan et à Al-Ahwaz. Les forces armées iraniennes sont déjà au courant du plan et les questions s’accumulent : toutes les organisations vont-elles effectivement se donner la main et se rebeller ce soir-là ? Tous les peuples non perses s’y engageront-ils ou certains préféreront-ils “rester sur la touche” afin de voir où souffle le vent et qui gagne ? Les rebelles pourront-ils s’armer, s’entraîner, s’approvisionner et s’organiser au cours des quatre mois précédant le déclenchement de la rébellion ? Les pays étrangers seront-ils aux côtés des rebelles avant, pendant et après le soulèvement ? Que dira le président américain aux dirigeants iraniens alors qu’il assiste à la répression des masses dans les rues ? Quelle sera la réaction des dirigeants européens qui ont investi des milliards en Iran ? Et de la Chine ? Et de la Russie ?

Toutes ces questions planent au-dessus du soulèvement prévu et sont toujours sans réponse. 

Le point de vue juif 

À ceux qui lisent ces mots et qui n’ont toujours pas consulté leur agenda, permettez-moi de révéler : le soir où la rébellion est censée commencer est la veille de Pourim et lorsque les feux brûleront dans les rues d’Iran et enflammeront – inshallah – l’État, les grilleurs sonneront en entendant le nom du méchant Haman, le maléfique. Si, en effet, le soulèvement réussit – et cela devrait être notre espoir à tous – il n’y aura pas de Pourim plus joyeux que celui qui s’annonce. Et le “salut et le sauvetage” dont bénéficieront les Juifs et l’État d’Israël grâce à lui ne disparaîtront pas de la mémoire d’Am Yisrael pour les générations à venir.

Le démantèlement de l’Iran en groupes ethniques ne sera, pour le Moyen-Orient, pas moins significatif qu’un effondrement similaire de l’URSS pour le système mondial.

A partir de ce post, je souhaite de tout mon cœur et de toute ma force un grand succès aux groupes ethniques non perses en Iran avec leur rébellion planifiée. Leur succès ouvrira une page nouvelle et optimiste dans leurs annales comme dans celles de l’histoire d’Israël et du Moyen-Orient dans son ensemble.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Albert Soued pour Dreuz.info.

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