Publié par Drieu Godefridi le 20 novembre 2021

L’Autriche vient d’annoncer des mesures de confinement à l’égard des seules personnes non vaccinées. Que penser de cette décision ?

On lit beaucoup sur les réseaux la parole lénifiante et fausse « La vaccination est une question purement personnelle. Que chacun se décide pour ce qui le concerne et laissons les gens en paix. »

Si seulement c’était aussi simple.

Supposons Rémy, 29 ans. Rémy pense que les vaccins vont tuer des dizaines de millions de gens, qu’ils sont plus dangereux que le virus chinois, lequel d’ailleurs n’existe pas ; Rémy tient à votre disposition des dizaines de liens Youtube, qu’il poste et reposte inlassablement depuis un an sur Facebook et Tiktok, notamment du Pr. Montagnier, pour appuyer ses « théories ». En conséquence de ce qui précède, Rémy refuse furieusement de se faire vacciner, en exigeant le respect de cette décision qui « relève de MA liberté ! ».

Devenez “lecteur premium”, pour avoir accès à une navigation sans publicité, et nous soutenir financièrement pour continuer de défendre vos idées !

En tant que lecteur premium, vous pouvez également participer à la discussion et publier des commentaires.

Montant libre






Supposons une scénette de la vie courante qui se produit tous les jours dans le monde réel : Rémy transmet le virus chinois à Octave, 82 ans. Pris de faiblesse, ayant du mal à respirer, Octave est bientôt hospitalisé. Intubé, entouré de l’affection des siens, Octave décède 72 heures après son admission à l’hôpital. Bien sûr Octave souffrait de « comorbidité » comme le soulignent avidement les antivaxx. À 80 ans on souffre toujours de « comorbidité » : cela s’appelle être vieux et on meurt plus généralement vieux et fragile qu’à 18 ans. Il n’en reste pas moins que, dans notre exemple comme dans la réalité, d’un point de vue juridique, moral et médical, Octave est mort du virus que lui a transmis Rémy.

Si Rémy est aide-soignant, donc en contact tous les jours avec des dizaines de personnes faibles, la question de sa responsabilité se pose avec une acuité d’autant plus grande.

Les vaccins, réalités humaines donc imparfaites, n’empêchent pas de devenir porteur du virus, mais réduisent la contagion. En médecine comme souvent, tout est dans la nuance. Être contagieux ou l’être deux fois moins, ce n’est pas la même chose. Par ailleurs, les vaccinés « portent » moins longtemps le virus. La réduction de la contagiosité est donc double : en substance, et dans la durée.[1] Dit autrement, si Rémy était vacciné, la probabilité de contaminer Octave aurait été réduite ; si Rémy avait tenu ses distances, la probabilité devenait virtuellement nulle. Depuis un an, Rémy avait matériellement la possibilité de se faire vacciner. Il a librement décidé de ne pas le faire, en vertu de « théories » complotistes qui, après l’administration de 7 milliards de doses des différents vaccins, sont désormais aussi fausses en pratique qu’elles ont toujours été fantaisistes en théorie. La circonstance que Rémy, refusant aucun vaccin, risquait de contaminer Octave, deux fois mieux qu’il ne l’eût fait vacciné, est une vérité scientifique, rationnelle, incontestable.

Il n’y a pas de liberté sans responsabilité. On ne peut pas exiger — à bon droit ! — le respect de sa liberté et refuser d’en assumer la responsabilité. L’âme de Rémy le gladiateur de Facebook est empoissée de la mort d’Octave.

Revenons à l’Autriche.

Le confinement des non vaccinés est une privation de liberté de gens qui n’ont commis ni crime, ni délit. À ce titre, elle est insupportable.

L’alternative, qui est la vaccination obligatoire, n’est pas moins odieuse. Car, le respect de l’intégrité corporelle est un aspect essentiel de la liberté (rappelons qu’au-delà du COVID certains vaccins sont déjà obligatoires, notamment et à bon droit ! pour les enfants et pour les « personnels soignants »).

Si vraiment il faut poser le débat entre l’incarcération domiciliaire des non vaccinés et leur vaccination obligatoire, celle-ci paraît tout aussi odieuse mais moins liberticide — car instantanée — que celle-là.

Toutefois, que ferait-on des non vaccinés qui persisteraient dans leur refus d’aucun vaccin disponible ? Leur infliger des amendes confiscatoires réduisant à rien leur patrimoine, comme en rêvent les plus extrémistes ? Les embastiller ? Tout cela paraît aussi exécrable que peu réaliste.

Je plaide l’idée que la seule combinaison éthiquement acceptable et praticable est le respect de la liberté de chacun — ce qui est déjà le cas — mais en y rattachant d’urgence la responsabilité qui lui est inhérente — ce qui ne l’est pas du tout à l’heure actuelle.

Les principes de la responsabilité de droit commun y suffisent : en refusant le vaccin mais allant au contact de personnes plus faibles, au risque de les contaminer, Rémy commet une imprudence au sens strict, qui est une faute en droit. Cette faute cause la mort d’une personne fragile de façon directe et sans conteste. Faute, dommage et lien de causalité sont clairement établis.

Par ailleurs circule la thèse que la seule vraie alternative à tout ce qui précède est de « laisser courir » le virus (qui n’existe pas). Notons qu’aucun des deux cent pays de la planète n’a adopté cette politique, ce qui mettrait la puce à l’oreille du plus fanatique des antivaxx s’il restait au contact du réel.

Dans nos pays, ce « laisser courir » aurait pour conséquence l’engorgement immédiat des hôpitaux, avec des effets en cascade dans toute la société. Concrètement, quelle que soit votre maladie, il deviendrait rapidement inutile d’appeler une ambulance en cas de malaise de quelque nature que ce soit, car il n’y aurait aucune clinique ni hôpital vers lequel vous acheminer. Les gens mourraient chez eux, dans la rue, agglutinés devant les hôpitaux, d’abord de maladies graves, ensuite de maladies moins graves, bientôt — par le simple passage du temps sans soin — des maladies les plus bénignes.

Je lis parfois sur les réseaux que ce qui précède est un discours de faible. Que la « peur » d’un virus est morbide. Je connais ce discours d’invincibilité, tentation naturelle de ceux qui possède une santé robuste ; mon dernier rhume remonte probablement à 1987. Toutefois, cet illusoire « invincible » n’a-t-il pas des parents ? Des grands-parents, des amis jeunes mais qui souffrent de maladies génétiques ? Des frères et des sœurs, des enfants ?

Ma grand-mère est morte en juin 2019, à l’âge de 96 ans. Sa vie durant, elle s’était montrée plus forte et brave qu’aucun des invincibles de pacotille que j’ai jamais croisés sur les réseaux sociaux. Dans les derniers temps de sa vie, ma grand-mère était devenue si malade qu’il lui était impossible de vivre chez elle ni même dans un centre spécialisé, avec une assistance. Il n’existait aucune alternative à son hospitalisation. Hospitalisée, elle le fut et j’eus le plaisir de lui rendre visite jusqu’à la fin, car on ne réussit pas à la sauver. Si les hôpitaux avaient été saturés, ma grand-mère — qui, vu son âge, n’aurait certainement pas été considérée comme prioritaire — serait morte dans les pires conditions, c’est-à-dire sans les soins qui conviennent, comme on ne laisse plus mourir un chien.

Le fils d’une amie, 7 ans, faisait récemment une chute grave, avec fracture crânienne ouverte. S’il n’avait pas été hospitalisé d’urgence comme il l’a été, il serait mort ou paralysé à vie, réduit à l’état végétatif. On pourrait bien sûr multiplier les exemples à l’infini.

Se rire de l’engorgement des hôpitaux est un ricanement de crétin ignorant.

Assortir la liberté « vaccinale » de la responsabilité qui lui est inhérente me paraît une alternative sérieuse et moralement souhaitable aux politiques liberticides et carcérales.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Drieu Godefridi pour Dreuz.info.

Critical Racist Theory, vient de paraître

[1] Eyre, D. et al., université d’Oxford (2021) “The impact of SARS-CoV-2 vaccination on Alpha and Delta variant transmission”. medRxiv. doi: 10.1101/2021.09.28.21264260, https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.09.28.21264260v1 conclusion: “Vaccination reduces transmission of Delta, but by less than the Alpha variant. The impact of vaccination decreased over time. Factors other than PCR-measured viral load are important in vaccine-associated transmission reductions. Booster vaccinations may help control transmission together with preventing infections.”

Abonnez-vous sans tarder à notre chaîne Telegram, pour le cas où Dreuz soit censuré, ou son accès coupé. Cliquez ici : Dreuz.Info.Telegram.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading