Publié par Jean-Patrick Grumberg le 12 décembre 2021

Des câbles jusqu’à présent inconnus confirment que Rome a signé un accord avec les groupes terroristes palestiniens pour ignorer les attaques contre les juifs, en échange de ne pas frapper d’autres intérêts italiens, et a laissé commettre, voir facilité, l’attentat contre la synagogue de Rome en 1982.

Devenez “lecteur premium”, pour avoir accès à une navigation sans publicité, et nous soutenir financièrement pour continuer de défendre vos idées !

En tant que lecteur premium, vous pouvez également participer à la discussion et publier des commentaires.

Montant libre







Les très graves accusations portées il y a 15 ans par l’ancien président de la République Francesco Cossiga, alors enterrées sous une dalle de silence général, étaient vraies. Le 3 octobre 2008, Cossiga publiait une longue interview au journal israélien Yediot Aharonot. Il accusait l’Italie d’avoir permis au terrorisme palestinien de frapper des cibles juives sur le territoire italien, en échange d’une garantie que les terroristes n’attaqueraient pas de cibles italiennes non-juives.

“En échange d’une ‘carte blanche’ en Italie, les Palestiniens ont assuré la sécurité de notre État et [l’immunité] des cibles italiennes à l’extérieur du pays contre les attaques terroristes. Tant que ces objectifs ne collaborent pas avec le sionisme et avec l’État d’Israël “.

La France a négocié le même type d’accord de la honte sur le dos des juifs, révélait en 2018 Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, expliquant comment il a négocié avec le groupe terroriste Abou Nidal en 1982 pour donner carte blanche à son groupe terroriste, qui venait de commettre l’attentat dans la rue des Rosiers, contre l’assurance qu’il ne frapperait plus la France.

La clause, déclarait l’ancien chef d’État italien, équivalait à une sorte de permis de tuer des juifs, “partisans des sionistes”.

“Nous vous avons vendu”, avoue le président italien au quotidien israélien Yediot Aharonot

La conclusion de Cossiga était sans détour : “Nous vous avons vendu”. L’accusation de l’ancien chef d’État a été complètement ignorée, car ses révélations du mois d’août précédent, qui confirmaient l’existence du désormais célèbre pacte secret entre l’État italien et les organisations palestiniennes, étaient tombées dans l’oreille d’oreilles qui ne voulaient pas l’entendre.

Ainsi,

Lors d’une fête juive, le 9 octobre 1982, plusieurs hommes armés ont lancé des grenades à main et tiré avec des mitraillettes sur des fidèles sortant de la synagogue, tuant Stefano Tache, 2 ans, et blessant 37 personnes, dont son frère, 4 ans, et ses parents.

Selon les documents révélés vendredi, les services de renseignements internes italiens, le Servizio per le Informazioni e la Sicurezza Democratica (SISDE), ont envoyé plusieurs avertissements au gouvernement selon lesquels des groupes d’étudiants palestiniens avaient “l’intention” d’attaquer des cibles juives à Rome. La synagogue figurait en tête de liste des cibles.

Les documents qui viennent d’être révélés par un média italien confirment que Cossiga disait vrai sur toute la ligne.

  • L’attaque contre la synagogue avait été signalée par le SISDE à plusieurs reprises à partir du 18 juin 1982.

    Ce jour-là, le directeur du Sisde Emanuele De Francesco a envoyé un télex “confidentiel et urgent” à la police, aux Carabinieri, à la Guardia di Finanza et au SISMI, intitulé “Attentats probables contre des cibles israéliennes ou juives en Europe”.

    Le texte était concis et sans équivoque : “Une source habituellement fiable a rapporté que les Palestiniens résidant en Europe auraient reçu l’ordre de se préparer à mener une série d’attaques contre des cibles juives israéliennes ou européennes”.
  • Le 27 juin, le SISDE a diffusé une nouvelle “note confidentielle” selon laquelle des groupes d’étudiants palestiniens “ont en tête” des attaques contre des cibles juives à Rome.

    En tête de la liste des objectifs possibles, figurait la synagogue de Rome.
  • Dans une note datée du 27 août 1982, il est clairement indiqué que l’offensive terroriste s’intensifie, mais que “l’attitude des fedayins envers l’Italie pourrait ne pas s’avérer hostile en cas de reconnaissance rapide par l’OLP de la cause du peuple palestinien”.
  • En tout, du 18 juin au 9 octobre, 16 rapports sur de possibles attentats en Italie sont envoyés, le dernier le 2 octobre, une semaine avant l’attentat.

    Dans trois d’entre eux, la synagogue était explicitement indiquée comme un objectif.

    Le plus explicite et précis est daté du 25 septembre, également envoyé au ministère de l’Intérieur pour information.
  • La Sisde indique qu’une “source habituellement fiable” a signalé la possibilité d’attaques par le groupe dissident palestinien dirigé par Abou Nidal “avant, pendant ou immédiatement après Yom Kippour, qui tombera cette année le 27 septembre”. Le même Abou Nidal qui a commis l’attentat de la rue des Rosiers le 9 août 1982, et qui a pu commettre celui de Rome parce que la France l’a laissé circuler librement.

Malgré les avertissements, les autorités ne protègent pas la synagogue : ils laissent le champ libre aux terroristes

Non seulement la surveillance n’a pas été renforcée, mais le 9 octobre, la voiture de police qui stationne habituellement à l’occasion des fêtes religieuses n’est pas là. La méthode, on se croirait dans le Godfather de Coppola.

  • La surveillance de la synagogue n’a été mise en place que de 19 heures à 7 heures le lendemain matin.
  • Les investigations, immédiatement après l’attentat, n’ont pas été particulièrement rigoureuses et n’ont rien donné.

“J’ai été interrogé non pas au poste de police mais dans une sorte de poste mobile. Ils m’ont posé quelques questions d’ordre général et m’ont laissé partir “, raconte un témoin, Leonardo Piperno, qui a vu deux des terroristes arriver en moto (et qui est aujourd’hui encore convaincu, comme le juge Rosario Prior de l’époque, que tous les terroristes n’étaient pas palestiniens).

  • Le commando, selon les reconstitutions de la police, était composé de 5 personnes, dont 4 sont restées inconnues.
  • Le cinquième terroriste, Abdel Osama al-Zomar , ancien président de l’Association des étudiants palestiniens en Italie, a été arrêté un an plus tard à la frontière entre la Turquie et la Grèce, avec une charge de 60 kg de TNT.

    Son ancienne compagne italienne, Anna Spedicato, a déclaré que l’homme lui avait avoué qu’il était l’organisateur de l’attentat.

    L’Italie a demandé son extradition et il a été immédiatement libéré par la Grèce pour “éviter les ennuis”, c’est-à-dire des attentats sur son sol.

    Il a été condamné par contumace en 1991.

Ce qui s’est réellement passé en Italie dans ces années-là n’est toujours pas totalement élucidé, y compris l’attentat de Bologne en 1980 – 85 morts et 200 blessés – qui a été mis sur le dos du NAR, ou Noyaux Révolutionnaires Armés, alors que Thomas Kram, membre d’un groupe terroriste allemand lié à Carlos le Chacal et aux Palestiniens, se trouvait à Bologne le jour de l’attentat, et que Francesco Cossiga affirme que là aussi, les Palestiniens sont impliqués.

Aldo Moro

By a member of the Red Brigades – http://www.fabioruini.eu/blog/wp-content/uploads/2008/03/morob.jpg

Selon le rapport, l’accord qui autorisait les Palestiniens a commettre des attentats contre des juifs en échange d’une garantie qu’il n’y en aurait pas contre l’Etat italien, été signé en 1973 par le Premier ministre Aldo Moro avec l’OLP d’Arafat et le FPLP, le Front populaire de libération de la Palestine de George Habash.

Ils ont promis de ne pas mener d’attaques terroristes sur le sol italien en échange d’un soutien politique de l’Italie aux Palestiniens.

  • Le 16 mars 1978, Aldo Moro était enlevé par les Brigades Rouges. Les 5 hommes de son escorte ont été tués, via Fani à Rome.
  • Le 9 mai 1978, le corps de Moro est retrouvé, criblé de balles, à l’arrière d’une voiture, dans le centre historique de Rome. Je n’ai pas trouvé d’information pour savoir si la voiture était bien garée. J’espère que oui.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Sources :

  • https://www.ilriformista.it/attentato-alla-sinagoga-di-roma-il-governo-sapeva-ma-non-fece-nulla-i-documenti-segreti-266108/?refresh_ce
  • https://www.ponzaracconta.it/2021/04/05/aldo-moro-gheddafi-e-arafat-3/
  • https://en.wikipedia.org/wiki/Bologna_massacre

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous