Source : Polémia
Chantal Delsol, professeur émérite des universités et membre de l’Institut, vient de publier un livre dont le titre enveloppe l’objet même, La Fin de la Chrétienté[i], sous-titré l’Inversion normative et le nouvel âge. Travail s’efforçant, sur 177 pages denses, à l’objectivité, ce qui est particulièrement intéressant de la part d’un auteur qui continue de se situer parmi « les catholiques traditionalistes ».
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La substitution révolutionnaire des normes morales
Contrairement à Jean-Claude Michéa, avec sa prétendue neutralité axiologique du capitalisme, Chantal Delsol réfute absolument l’argument selon lequel nous assisterions à un étiolement de la norme morale. Elle constate au contraire que nous assistons à une double inversion : « inversion normative » et « inversion ontologique » (nous reviendrons sur celle-ci infra). Pour l’auteur : « L’expérience de chaque jour nous confirme que la morale n’a pas disparu avec la chute de la Chrétienté, et même que la morale envahit tout … (…) Ni la civilisation ni la morale ne s’arrêtent avec la Chrétienté. »
Le professeur Delsol constate que les fascismes, au sens large mais national-socialisme excepté, ont été l’ultime tentative de sauver la Chrétienté, du point de vue civilisationnel, ce qu’avaient compris en leur temps Henri Massis et Charles Maurras vis-à-vis de Mussolini, Franco ou Salazar, actifs contre le « chaos nihiliste ». Chantal Delsol rappelle les mots de Spengler que se répétaient, selon Massis, les créateurs de la Phalange espagnole : « Au dernier moment, c’est toujours un peloton de soldats qui sauve la civilisation ».
Aujourd’hui, tout le monde est antifasciste, chrétiens inclus, aussi nul n’est-il forcé de comprendre les causes de l’ « agonie ou comment s’est arrivé » … Les progressismes ont gagné, mais leur matérialisme est maintenant phagocyté par l’esprit « biblico-révolutionnaire » américain…
L’inversion normative et l’inversion ontologique
« L’humanitarisme, la morale contemporaine, est une morale entièrement tournée vers le bien-être de l’individu, sans aucune vision anthropologique. Ce qui compte, c’est le désir et le bien-être, à l’instant même. » Sous influence américaine, « … l’inversion normative est menée sous l’égide de la culpabilité, ce qui la rend violente et pleine d’amertume. » Et, écrit toujours Chantal Delsol, « à partir du milieu du XXe siècle, l’Église abandonne toute prétention à peser sur la société, et même, elle commence à avoir honte de sa domination séculaire (…) Que l’Église marche dans cette combine infernale, montre à quel point elle est soumise aux circonstances. »
Mais tout ce formidable et irrésistible processus repose sur une « inversion philosophique. Il vaudrait mieux dire une inversion ontologique. »
Les Lumières ont porté, à terme historique, l’invalidation dans les esprits des fondements chrétiens de l’Occident. « Les chrétiens d’aujourd’hui, affolés devant la chute de leur influence, ont tendance à prétendre que toute morale va disparaître, avec l’effacement du monothéisme. C’est méconnaître l’histoire. » En effet, si, avec l’effacement de Dieu, la morale transcendantale certes s’étiole, en revanche une nouvelle morale se développe, produite non dans le Ciel mais dans la Cité, sous l’égide de l’État. Et c’est bien ce que nous pouvons observer, avec le nouvel ordre moral anti-discriminatoire et l’esprit woke.
Quelques réserves sur le discours de Chantal Delsol
Il faut absolument lire la Fin de la Chrétienté. Je me permets tout de même deux critiques sur cet ouvrage marquant.
D’une part, Chantal Delsol observe que « Les animateurs de plateaux de télévision sont les sentinelles et parfois les cerbères de la morale commune (…) Ils ont revêtu le rôle que jouaient les évêques il y a encore un demi-siècle. » Certes, c’est exact, mais l’auteur omet d’évoquer le rôle primordial des juges de l’État de droit, entraînés par les droits de l’homme à confondre droit et morale, à devenir des censeurs, confesseurs et persécuteurs des dissidents. (Pourtant elle a su par ailleurs critiquer très pertinemment la justice internationale[ii]).
D’autre part, l’auteur voit dans la nouvelle morale la marque du paganisme restauré, en oubliant que celui-ci fut précédemment toujours holiste et correspondait à un dessein anthropologique. En revanche, l’exacerbation de l’individualisme narcissique contemporains est l’héritage biblico-révolutionnaire du christianisme ! En effet, pour celui-ci, et ce fut une révolution pour le monde antique, le Salut ne concerne que l’individu et son moi.
- [i] Éditions du Cerf, Paris, novembre 2021.
- [ii] La Grande méprise, Éditions de la Table ronde, Paris, septembre 2004.

Et donc voici un livre à classer verticalement. Meci de m’avoir fait gagner 20 z’euros (voir pourquoi infra). Il ne peut y avoir de morale si celle-ci ne se réfère pas à une entité transcendantale révélée ou non. Le reste, c’est de la blague même si certains prétendent que la morale sans Dieu existe. Oui, mais alors ce n’est plus une morale mais de l’arbitraire. En effet, comment reconnaître ce qui est juste puisque tout se vaut et serait organisé uniquement selon la loi des hommes au gré du vent ? Comme l’auteure de l’article le fait remarquer à juste titre: “Mme Del Sol(émio?) omet d’évoquer le rôle primordial des juges de l’État de droit, entraînés par les droits de l’homme à confondre droit et morale”. Excellente remarque concernant cette omission. Car les juges et leur droit, beh on leur dit “merde”. Ce ne sont que des mythomanes. What else? Ils ne sont eux-mêmes que des petites gens au final. C’est à dire en l’occurrence pas grand chose puisque, selon eux, il n’y a pas ou plus de Dieu. Et donc, tout devient absurde et vain. Si je devais croire que c’est le cas, je ne me lèverais plus le matin et me bornerais à émarger au chômage. Et le premier qui est sur mon chemin, je le dégommerais en lui sciant la gueule. La loi, quoi. Mais c’est quoi, la loi ? Tout ce que les Allemands ont fait de 1933 à 1945 était parfaitement légal. Où est le problème alors puisqu’il n’y aurait rien de sacré ? Alors, le respect de l’être z’humain et du vîfensemp, eh bien, on s’en tape alors. Après la mort, si c’est fini, ça change quoi de “se battre dans la vie” au final ? Et donc cette société est sans intérêt. Elle est bel et bien mortifère et inutile. Si c’est vers ça qu’on va et on y est déjà peut-être, qu’est-ce qu’on fait ici ?
Critique littéraire claire, nette et précise, merci ! Vous avez écrit ce que je pensais au sujet de la morale sans Dieu (“comment reconnaître ce qui est juste puisque tout se vaut et serait organisé uniquement selon la loi des hommes au gré du vent ?”)
C’est ce que disent souvent les Chrétiens, et j’en ai connu plus d’un qui se comportait particulièrement mal, tenait ce genre de discours, et se croyait intrinsèquement moralement supérieur aux athées du simple fait de sa religion. Avoir l’estampille chrétienne n’est en rien une garantie, et ça en dispense même certain de rigueur. Il faut faire des efforts sur soi-même.
Freddie, nous avons eu maintes fois ce genre de discussions. Ne le prenez pas contre vous, ce n’est pas mon intention de vous contredire pour le plaisir. Mais comprenez qu’il est lassant de répéter, sur un site chrétien qui plus est, que l’homme est faillible et que l’existence d’une morale qui nous vient de Dieu n’est pas un blanc-seing pour faire n’importe quoi : personne ne le pense. Non, il s’agit de comprendre qu’il y a un ordre, une exigence et des limites. La barre est haute et bien des hommes échouent. Mais l’important, c’est le chemin, pas nécessairement le résultat, qui demande beaucoup de temps. N’importe qui peut se réfugier derrière n’importe quel principe, ça n’a jamais été là la question.
Merci Fleur de Lys…… vous résumez ma pensée.
Eh bien, je n’aurai plus qu’à me taire quand vous redirez encore la même chose, un discours qui celui-ci ne vous lasse pas puisque vous aimez le tenir. J’ai compris que Dreuz, site chrétien, c’est votre terrain et que vous avez envie d’y rencontrer des gens qui pensent comme vous ou s’abstiennent d’intervenir, en tout cas sur ce genre de sujet. Tchao, Fleur de Lys.
Vous ne comprenez pas, c’est dommage. Discutez, échangez, oui mais les remarques qui tournent en boucle ne font pas avancer le débat. On est déjà plusieurs à avoir demandé en quoi la morale non chrétienne (laïque, athée…appelez-la comme vous voulez) permettait de dire non à l’avortement, le mariage homo, la pma /GPA, le transhumanisme et autres lubies qui transforment l’homme en objet permanent d’ expérimentation, on n’a jamais eu de réponse. Toujours la même litanie en revanche : “on peut être chrétien et méchant, on peut être gentil et athée”. Donc, c’est vrai qu’à un moment, la lassitude guette (cf le débat sur les fondements juifs du christianisme dernièrement, c’est le même détournement de sujet).
Excellente réponse, Fleur de Lys. Nous ne faisons entre autres que parler de référence au Bien. Sans Dieu, pas de morale solide possible. Sinon, au nom de quoi? Et pour quoi? Ils vont nous sortir l’humanisme, càd. zéro. Ils vous diront qu’on ne peut pas tuer ses semblables car c’est comme ça. Oui, mais ce “comme ça” s’appelle le droit naturel qui vient de Dieu. Les pires horreurs de l’Histoire viennent des nihilismes véhiculés par les gauchistes athées: la Shoah et le Goulag sans oublier la Révolution Culturelle de Mao.
“Au nom de quoi”, telle est la question à laquelle effectivement, les athées ne répondent pas. Nous sommes entrés en post modernité sans Dieu et c’est effrayant.
Merci, Fleur de Lys et Galt, vous avez le courage d’affirmer la même vérité que j’ai répétée tant de fois depuis quelque 30 ans sur des sites francophones, ayant réalisé que le socle sur lequel reposait le pays de mon enfance et de ma jeunesse (ainsi que le reste de l’Europe de l’Ouest) était en train de s’effondrer.
Aujourd’hui c’est fait. Il ne reste plus qu’à sauver et mettre à l’abri ce qui peut l’être, en attendant que les yeux des futures générations se dessillent.
Pessimisme ? Les vœux de Nouvel An de membres de ma famille restés en France que je viens de recevoir ne font que m’y inciter. Mais à la grace de Dieu, et Bonne Année 2022 quand même (elle aurait du mal à être pire que 2021 de toute façon).
Merci Atikva pour votre message. Même sur Dreuz, il semble difficile de parler ainsi sans susciter incompréhensions et colère.
Votre famille française ne partage pas votre regard sur le monde ?
Avec tous mes meilleurs vœux pour l’Amérique de Trump, pour vos proches et vous-même.
Je ne vois pas ce qui vous empêche d’apprécier la hauteur de vue de Fleur de Lys et sa parfaite rectitude morale.
Merci beaucoup.
“Le salut ne concerne que l’individu et son moi”…ceci est inexact. Rappelons simplement la phrase provocatrice de St Augustin: “christianus ullus, christianus nullus” un chrétien individuel est un chrétien inexistant…
C’est le protestantisme qui a insisté sur l’ individualisation du salut,(Dieu et moi…) alors que l’aspect communautaire propre au judaïsme a été prolongé dans le catholicisme, sa pensée, ses rites, ses fêtes. Cela dit, il est évident que les changements réels passent par des décisions personnelles. L’appartenance n’est pas magique, ainsi l’Eglise du Christ, sainte, mais composée d’êtres humains faillibles, n’est authentique que lorsqu’elle est signe du monde nouveau initié par Jésus, appelé Royaume de Dieu dans la Bible.
Fin de la foi en Jésus !?
A quand un livre qui déplore la fin de l’islam ?
Jésus est sorti de la tribu de Juda et il est sacrificateur pour l’éternité.
Extrait de la bible :
//car il est notoire que notre Seigneur est sorti de Juda, tribu pour laquelle Moïse n’a rien dit concernant des sacrificateurs//
Israël est une nation de prêtres, cela était valable pour chacun…
Oui mais tous ne sont pas souverains sacrificateurs…
//Dans la seconde partie du tabernacle le souverain sacrificateur seul entre une fois par an, non sans y porter du sang qu’il offre pour lui-même et pour les péchés du peuple//
//Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, en imitation du véritable, mais il est entré dans le ciel même, afin de comparaître maintenant pour nous devant la face de Dieu.
Et ce n’est pas pour s’offrir lui-même plusieurs fois qu’il y est entré, comme le souverain sacrificateur entre chaque année dans le sanctuaire avec du sang étranger//
Le grand prêtre était nommé par l’occupant, dans son intérêt conquérant…
Le sacrifice n’était pas le seul marqueur du sacerdoce. Une nation de prêtres rend grâce à Dieu par son comportement dans la vie, c’est l’essentiel. Iohanan ha matbil, Jean Baptiste fils de Zakarie, prêtre comme son père, a choisi d’annoncer en direct l’appel à la conversion, sans passer par le sacrifice au temple.
…et Jean Baptiste de dire que celui qui venait après lui baptiserait du Saint-Esprit.
Bonne année et meilleurs vœux pour 2022
https://www.babelio.com/auteur/Chantal-Delsol/84301/citations
Chantal Delsol
Quand les journaux traitent quelqu’un de “populiste” – parce que c’est une insulte – c’est pour le disqualifier dans la course politique. Alors, on peut se demander comment cette étrangeté peut se produire; que dans une démocratie où le peuple est théoriquement le souverain, “populiste” soit une insulte. Qu’est-ce que les populistes ont en commun? Qu’est-ce qu’on leur reproche dans les médias? Eh bien, c’est qu’ils défendent l’enracinement, le droit d’habiter chez eux. Et ça, c’est ce qui va contre le projet de la mondialisation qui nous est imposé d’en haut. On est entrés dans le règne du troupeau de Platon. De grands inconnus gouvernent en bergers et les peuples ne sont plus que des moutons, des non-hommes. C’est la démocratie en train de se défaire.
Chantal Delsol
Nous sommes tombés dans un tel abîme de culpabilité devant nos fautes passées que nous devenons capables d’oublier les exigences élémentaires de la politique. Comme si gouverner un pays consistait à expier les fautes passées plutôt qu’à travailler pour les générations présentes et futures.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
Tout se passe comme si le “bien public” de la cité était devenu dorénavant une valeur dépassée, par crainte des particularismes, face au Bien de la terre entière, qu’il faudrait privilégier concrètement.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
On l’a remarqué : dès qu’un leader politique est traité de populiste par la presse, le voilà perdu. Car le populiste est un traître à la cause de l’émancipation, donc à la seule cause qui vaille d’être défendue. Je ne connais pas de plus grande brutalité, dans nos démocraties, que celle utilisée contre les courants populistes. La violence qui leur est réservée excède toute borne. Ils sont devenus les ennemis majuscules d’un régime qui prétend n’en pas avoir. Si cela était possible, leurs partisans seraient cloués sur les portes des granges.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
L’idée même qu’il existerait une limite à l’émancipation sous-entend que l’humanité ne trouvera pas son bonheur dans une liberté et une indépendance poussées jusqu’aux extrêmes. Voilà ce que traduisent les rébellions populistes : l’émancipation se croit sans bornes, mais à son insu elle franchit des bornes, et au-delà se tient l’humanité libérée et souffreteuse. C’est ainsi qu’elle détruit.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
On ne connaît pas de peuple qui préfère l’abstraction aux réalités de l’existence. C’est pourquoi, face aux doctrines des Lumières, la réaction naturelle des peuples est une rébellion du réel.
La fin de la Chrétienté de Chantal Delsol
(p.103) […] Aujourd’hui l’écologie est devenue une liturgie : il est impossible d’omettre la question, d’une manière ou d’une autre, dans n’importe quel discours ou fragment de discours. C’est un catéchisme : on l’apprend aux enfants dès la Maternelle et de façon répétitive, pour leur faire acquérir les bonnes habitudes de penser et d’agir.
Chantal Delsol
L’Europe de l’Ouest et l’Europe centrale parlent l’une et l’autre des valeurs de l’Europe auxquelles elles sont attachées. Cependant il ne s’agit pas des mêmes valeurs. L’Europe de l’Ouest pense au multiculturalisme, à l’universalisme et au mondialisme, à la société de marché. L’Europe centrale pense à l’identité culturelle, à la spiritualité, à l’héroïsme. Elles ne peuvent guère se comprendre.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
Il est cocasse de voir par exemple les gouvernants européens attendre patiemment que les peuples, arriérés, développent un peu plus leur intelligence pour accepter l’entrée de la Turquie dans l’Union [européenne]. Comme s’il n’était question ici que d’une idiotie à résorber ! Le refus de faire entrer la Turquie tient à des opinions sur l’identité européenne, sur l’existence de la différenciation et des limites, et croire que l’on va assécher cette opinion en ajoutant des neurones, tient d’une prétention cléricale.
La fin de la Chrétienté de Chantal Delsol
(p. 90) […] Derrière la chrétienté effondrée ne vient pas le règne du crime, le nihilisme, le matérialisme extrême : mais plutôt des morales stoïciennes, le paganisme, des spiritualités de type asiatique.
ce commentaire annule et remplace le précédent dont la mise en page était défectueuse:
Chantal Delsol
Quand les journaux traitent quelqu’un de “populiste” – parce que c’est une insulte – c’est pour le disqualifier dans la course politique. Alors, on peut se demander comment cette étrangeté peut se produire; que dans une démocratie où le peuple est théoriquement le souverain, “populiste” soit une insulte. Qu’est-ce que les populistes ont en commun? Qu’est-ce qu’on leur reproche dans les médias? Eh bien, c’est qu’ils défendent l’enracinement, le droit d’habiter chez eux. Et ça, c’est ce qui va contre le projet de la mondialisation qui nous est imposé d’en haut. On est entrés dans le règne du troupeau de Platon. De grands inconnus gouvernent en bergers et les peuples ne sont plus que des moutons, des non-hommes. C’est la démocratie en train de se défaire.
Chantal Delsol
Nous sommes tombés dans un tel abîme de culpabilité devant nos fautes passées que nous devenons capables d’oublier les exigences élémentaires de la politique. Comme si gouverner un pays consistait à expier les fautes passées plutôt qu’à travailler pour les générations présentes et futures.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
Tout se passe comme si le “bien public” de la cité était devenu dorénavant une valeur dépassée, par crainte des particularismes, face au Bien de la terre entière, qu’il faudrait privilégier concrètement.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
On l’a remarqué : dès qu’un leader politique est traité de populiste par la presse, le voilà perdu. Car le populiste est un traître à la cause de l’émancipation, donc à la seule cause qui vaille d’être défendue. Je ne connais pas de plus grande brutalité, dans nos démocraties, que celle utilisée contre les courants populistes. La violence qui leur est réservée excède toute borne. Ils sont devenus les ennemis majuscules d’un régime qui prétend n’en pas avoir. Si cela était possible, leurs partisans seraient cloués sur les portes des granges.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
L’idée même qu’il existerait une limite à l’émancipation sous-entend que l’humanité ne trouvera pas son bonheur dans une liberté et une indépendance poussées jusqu’aux extrêmes. Voilà ce que traduisent les rébellions populistes : l’émancipation se croit sans bornes, mais à son insu elle franchit des bornes, et au-delà se tient l’humanité libérée et souffreteuse. C’est ainsi qu’elle détruit.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
On ne connaît pas de peuple qui préfère l’abstraction aux réalités de l’existence. C’est pourquoi, face aux doctrines des Lumières, la réaction naturelle des peuples est une rébellion du réel.
La fin de la Chrétienté de Chantal Delsol
(p.103) […] Aujourd’hui l’écologie est devenue une liturgie : il est impossible d’omettre la question, d’une manière ou d’une autre, dans n’importe quel discours ou fragment de discours. C’est un catéchisme : on l’apprend aux enfants dès la Maternelle et de façon répétitive, pour leur faire acquérir les bonnes habitudes de penser et d’agir.
Chantal Delsol
L’Europe de l’Ouest et l’Europe centrale parlent l’une et l’autre des valeurs de l’Europe auxquelles elles sont attachées. Cependant il ne s’agit pas des mêmes valeurs. L’Europe de l’Ouest pense au multiculturalisme, à l’universalisme et au mondialisme, à la société de marché. L’Europe centrale pense à l’identité culturelle, à la spiritualité, à l’héroïsme. Elles ne peuvent guère se comprendre.
Populisme. Les demeurés de l’Histoire de Chantal Delsol
Il est cocasse de voir par exemple les gouvernants européens attendre patiemment que les peuples, arriérés, développent un peu plus leur intelligence pour accepter l’entrée de la Turquie dans l’Union [européenne]. Comme s’il n’était question ici que d’une idiotie à résorber ! Le refus de faire entrer la Turquie tient à des opinions sur l’identité européenne, sur l’existence de la différenciation et des limites, et croire que l’on va assécher cette opinion en ajoutant des neurones, tient d’une prétention cléricale.
La fin de la Chrétienté de Chantal Delsol
(p. 90) […] Derrière la chrétienté effondrée ne vient pas le règne du crime, le nihilisme, le matérialisme extrême : mais plutôt des morales stoïciennes, le paganisme, des spiritualités de type asiatique.
https://www.babelio.com/auteur/Chantal-Delsol/84301/citations
L’individu individué et borné à son moi égotique vit dans le Soi suprême qui lui-même l’habite, mais ne le sait pas tant que la continuité n’est pas rétablie dans l’Ab-solu; toutes ses “oeuvres” coupées des inspirations Principielles ne sont par la même que fantaisies individuelles et investissements autocentrés, futiles et profanes qui en font un quasi-néant.