Publié par Abbé Alain René Arbez le 1 décembre 2021

C’est une tradition annuelle à laquelle les Américains sont très attachés, un peu comme le fil conducteur de l’histoire de leur pays.

Les médias se plaisent à nous montrer la tradition conviviale de la dinde partagée en famille avec des amis. Mais c’est plus rarement qu’est explicitée la portée spirituelle de Thanksgiving, par le fait qu’il y a eu dans la première colonie du 17ème siècle un partage avec les Indiens Wampanoags. Les nouveaux arrivants ont appris des Indiens comment cultiver et pêcher dans cette région pour eux inconnue, et les résultats ont été encourageants. A l’initiative du gouverneur William Bradford, c’est un repas festif entre immigrants et indigènes qui donne sens au « thanksgiving ». Mais le véritable arrière-fond de cette tradition est religieux, car le mot thanksgiving signifie « action de grâce », terme biblique s’il en est.

Ainsi, ce qui est rarement mis en valeur, c’est qu’en réalité thanksgiving est l’aboutissement interactif, sur sol américain, de trois pôles essentiels de culture : Jérusalem, Genève et Londres !

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JERUSALEM, GENEVE ET LONDRES…

En 1620, un navire venant d’Angleterre, le Mayflower, aborde au cap Cod dans ce qui est devenu le Massachusetts. A son bord 102 passagers venant de Londres, surnommés les « puritains », et plus tard « les pères pèlerins ». L’Amérique du Nord est encore vierge de présence européenne, mis à part quelques implantations locales sporadiques. Ces immigrants anglais sont des dissidents de l’Eglise d’Angleterre conduite d’une main de fer par le roi Jacques 1er (auquel on doit la King James Bible). Ils désirent vivre leur foi selon leurs principes stricts et envisagent de fonder de nouvelles « Jérusalem » au Nouveau Monde, leur terre promise. En effet, le puritanisme est issu des idées du réformateur genevois Jean Calvin et les références religieuses de ces ardents pionniers prétendent guider leur vie selon la loi de Dieu présente dans la Bible.

Durant la traversée, les pèlerins puritains s’étaient liés par un pacte, le « Mayflower compact » qui allait devenir la constitution de la nouvelle colonie. Pratique du culte calviniste, austérité morale, observances bibliques.

Cet état d’esprit se répand peu à peu parmi les regroupements d’immigrants répartis sur la côte. La Nouvelle Angleterre apporte ainsi son profil : par exemple la presqu’île de Manhattan, initialement nommée « nouvelle Angoulême » par les Français, puis « nouvelle Amsterdam » par les Hollandais, devient finalement « New York » avec la colonisation anglaise. Le pasteur John Donne désire établir « un pont entre le vieux monde et le Royaume du Ciel ». Son collègue le pasteur John Davenport a le projet d’instaurer « le nouvel Israël, terre des élus ».

Plus tard, en 1632, le Maryland se veut moins exclusivement protestant et accueille des catholiques et des anglicans. La Pennsylvanie, fondée en 1681 par le Quaker William Penn, manifeste également une grande tolérance envers les appartenances, avec une option démocratique. Philadelphie, la capitale (phil-adelphos) signifie « amour fraternel ».

Ces trois pôles spirituels et philosophiques : Jérusalem, Londres et Genève, sont donc les fondements invisibles de cette Amérique qui se constitue par étapes. Tocqueville en 1835 remarquait combien les références bibliques étaient courantes dans tous les milieux sociaux américains.

Jusque dans les années 1850, c’est le protestantisme avec cette coloration puritaine qui domine l’espace religieux américain. Vers la 2ème moitié du 19ème siècle, l’arrivée d’immigrants irlandais et italiens va changer la donne en introduisant une communauté catholique grandissante. Dans les années 1850-1860, le vrai problème qui clive la société américaine n’est plus spécifiquement celui des dénominations religieuses. C’est celui de l’esclavage face auquel les Eglises ne sont pas unanimes : les épiscopaliens (anglicans) sont favorable au maintien de l’esclavage pour continuer d’exploiter les plantations de coton et de tabac du sud. En revanche, les méthodistes, les presbytériens calvinistes, et surtout les baptistes et les quakers estiment le statut d’esclave incompatible avec l’égalité humaine voulue par le Créateur. Après la guerre de sécession, les anciens esclaves noirs se rallient massivement aux Eglises baptistes et méthodistes, et donnent naissance aux gospels songs, expression privilégiée de leur condition chantée à travers les critères bibliques.

Au 20ème siècle, on compte aux Etats Unis pas moins de 107 dénominations chrétiennes. La mentalité « laïque » telle qu’on la trouve en France n’existe pas, les groupes confessionnels ont du poids dans la vie sociale et s’expriment ouvertement dans les médias. Les références à Dieu sont habituelles dans les discours des politiques, et même le nouveau mouvement de la cancel culture n’est pas en mesure d’affaiblir ce bloc religieux omniprésent. Les télévangélistes à succès s’alimentent, sous des formes modernes, à l’ancien puritanisme d’origine calviniste.

C’est le président George Washington qui institue le 26 novembre jour de thanksgiving afin que les habitants expriment leur gratitude envers Dieu pour l’indépendance des Etats Unis d’Amérique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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