Camus travaillait à l’écriture d’un roman : « Que j’ai toujours eu l’intention de pondre sans jamais en avoir eu le temps. On n’a jamais le temps pour l’essentiel, pour le réel, pour les seules choses qui comptent. On en perd trop pour le superficiel ».
« J’ai toujours eu ce sentiment que je ne terminerai jamais le seul livre que j’ai toujours voulu écrire, sur mes racines, ma famille, mon enfance. Sur tout ce qui a contribué à forger l’homme que je suis».
Nous nous sommes retrouvés une dernière fois avec Albert Camus, fin décembre 1959, en compagnie de Pierre Blanchar et d’Ahmed Rafa. Nous devions nous revoir dès son retour de Lourmarin mais cela ne se fit pas, Albert Camus disparaissait le 4 janvier 1960 dans un accident de la route.
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Il s’était installé à Lourmarin, dans la région même d’où était originaire son aïeul, qui avait rejoint l’Algérie un siècle plus tôt. Il vivait là avec sa famille et un « bourricot » que Pierre Blanchar lui avait envoyé de Philippeville.
Depuis plusieurs semaines le garagiste de Lourmarin, qui s’occupait de l’entretien de la Facel Vega du fils Gallimard, demandait à celui-ci de penser à changer les pneus de sa voiture, particulièrement usés. Peut-être que si cela avait été fait il n’y aurait pas eu d’accident où, malgré la pluie qui rendait la route glissante, les conséquences auraient été moins dramatiques.
Automne 1959, Albert Camus a reçu des invitations et il nous invite à aller voir, en sa compagnie, «La Famille Hernandez», avec Robert Castel, Lucette Sahuquet et Marthe Villalonga, au Théâtre Marivaux, à moins que ce soit au Théâtre Gaumont, je ne me souviens plus très bien. Marthe Villalonga pourra nous le rappeler, à l’occasion, puisqu’elle termina la soirée en notre compagnie.
Nous avons ensuite dîné à la brasserie qui faisait l’angle avec le boulevard des Italiens…
– Tu vois, me dit Camus, nous avons bien ri, mais il ne faudrait pas que les Français de métropole voient, à travers des spectacles comme celui-ci, le vrai visage des Français d’Algérie. Ce serait totalement faux et impardonnable. Ces scènes appartiennent à notre folklore, au même titre que les « Mystères de Paris », le « Bal à Jo » ou la « bourrée auvergnate » le sont aux métropolitains.
C’est notre rôle de démontrer que le Français d’Algérie parle certes avec un accent, tout comme le Français de toutes les régions de France, à l’exception, paraît-il, des Tourangeaux, mais qu’il n’a rien à envier aux métropolitains en ce qui concerne la syntaxe ou la pureté du langage. Ce sera à des journalistes comme toi de rappeler sans cesse cette vérité première, de citer à chaque occasion les noms de tous ces Français de chez nous qui appartiennent toujours à l’élite française : hommes de lettres, professeurs, Maîtres du barreau, de la chirurgie, de la médecine, sportifs de très haut niveau, acteurs, chanteurs, musiciens et, hélas, politiciens aussi.
Il faudra rappeler sans cesse que l’Algérie a donné à la France les meilleurs de ses fils, sans les lui marchander.
Je reste persuadé que, si Camus n’avait pas été manipulé par son entourage plus que très libéral, que s’il avait pu, seul, prendre ses décisions, il se serait alors adressé directement à ses frères de Belcourt et de Bab-el-oued, et que son message aurait eu une tout autre résonance. On écoute toujours un « grand frère » quand il vous crie qu’il est près de vous pour trouver une solution, hors le meurtre, le terrorisme, la violence, la trahison, surtout quand ce grand frère est Prix Nobel, à notre grande fierté à tous.
Sa dernière déclaration à Jean Bloch-Michel, après l’affirmation du général de Gaulle sur le droit à l’autodétermination du peuple algérien, peut en témoigner.
«S’il y a un référendum sur l’affaire algérienne, je ferai campagne contre l’indépendance dans toute la presse algérienne et française. Je maintiens qu’algériens, français et musulmans doivent cohabiter».
Albert Camus nous a quittés un 4 janvier 1960… Il nous manque toujours !
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

C’est un h onneur d’avoir cotoyé Albert Camus.
J’ai fêté mon dix huitième anniversaire onze jours avant les accords d’Évian !
J’entendais bien prendre ma part à la défense de nos trois départements d’Algérie que j’assimilais affectivement à nos trois départements de l’Est, régulièrement convoités eux aussi !
Comme Albert Camus, à son époque, j’étais contre l’Indépendance, convaincu que les Algériens, Français ET Musulmans, ne demandaient qu’à cohabiter ! … et la fusion qui s’était opérée à la suite des événements du 13 mai 1958 sur le forum d’Alger, devant les bâtiments du gouvernement général, où l’on vit pour la première fois une population musulmane manifester massivement en faveur du maintien de l’Algérie Française, fut en quelque sorte l’acte fondateur de ma conviction.
C’est après les déceptions enregistrées ensuite que naquit, chez moi, un irrépressible anti gaullisme, que d’autres révélations, pas toujours liées à la guerre d’Algérie, viendront conforter !
Dans les années qui suivirent l’indépendance, des lectures vinrent bousculer mes convictions premières. La lecture d’un livre volumineux de Yves Courrière, intitulé Les Fils de la Toussaint, remarquablement documenté, fut l’une d’entre elles.
J’ai découvert à cette occasion qu’il existait, pour présider aux destinées de l’Algérie, un collège français dont les droits étaient plus importants que ceux du collège musulman, que la carte d’identité d’un Français d’Algérie était le la même couleur que la mienne en Métropole, mais que celle d’un musulman était d’une autre couleur. J’ai découvert que, dans une république qui se disait Une & Indivisible, inscrivant au fronton de tous ses édifices publics le triptyque « Liberté, Égalité, Fraternité », les droits et les devoirs des musulmans n’étaient pas identiques à ceux des Français ! … et je me suis alors posé la question : « si j’étais né musulman, là-bas, d’un père qui a débarqué en Provence en août 1944, d’un grand père tirailleur à Verdun en 1916, comment aurais-je vécu ces différences de traitement ? »
J’ai pris aussi connaissance un jour du contenu de la fameuse lettre que Charles de Foucauld adressa à René Bazin, lettre parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917 :
« Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l’Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l’esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l’étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d’autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu’elle a avec les Français (représentants de l’autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d’elle. Le sentiment national ou barbaresque s’exaltera dans l’élite instruite : quand elle en trouvera l’occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l’islam comme d’un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant. Etc … »
La démographie a également fini par me convaincre que la position d’Albert Camus lui-même aurait fini par évoluer, … sinon nous serions partis pour une guerre interminable qu’une sortie par le haut eut été de plus en plus difficile à imaginer.
Avec l’immense respect que je dois à Camus, conviction chevillée au corps qu’il valait mieux avoir tort avec lui que raison avec Sartre, je ne peux accepter l’idée mortifère du « vivre ensemble » en Algėrie, terre où Français de culture et de confession juive, je suis né. Observez déjà les résultats de cette idéologie en France aujourd’hui!!!!!
Outre un racisme ancré dans une large partie de la population tant européenne que musulmane ( entre souvenirs personnels mais surtout ouvrages de référence à l’appui, en passant en 1934 par le pogrom de Constantine, pour ne citer que celui- là),il me semble que vous oubliez la place de l’islam dans ces pays. Nous avions cru, à l’époque, en Algérie, qu’il était réduit à des pratiques rituéliques, maraboutiques, donc sans danger… c’était faire preuve d’une légèreté sans nom, d’une ignorance crasse.
Faudra-t- il le marteler jusqu’à notre disparition: l’islam majoritaire a vertébré la guerre d’indépendance. Et l’islam exclusivement. La taqqiya était à l’oeuvre( cf les écrits et discours de Ferhat Abbas).
Que seraient devenus athées, chrétiens, juifs et boulistes indifférents dans la nouvelle Algérie sous la férule islamique? Sans même évoquer l’idée que le Fln voulait un état islamique chimiquement pur( cf les discussions entre leaders du Fln et Jean Daniel, les massacres d’Oran, la déception de cette poignée de juifs qui a aidé le FLN dont Sportisse est l’idiot utile de référence etc.).
Domptez l’islam, ensemble juridico- politique et accessoirement spirituel? Une chimère génératrice de meurtres de masse programmés.
incompréhensible.
Cher Monsieur Gomez,
c’est toujours avec grand intérêt que je vous lis et chaque fois j’ai mal a ma France et à son déshonneur durant cette triste période.
Que Dieu vous garde encore longtemps.
De Gaulle est venu au pouvoir grâce a l’armée Française en ALGERIE.
Le 13 MAI 1958 a été le début d’un grand moment de fraternité dans le peuple d’Algerie ,toutes origines confondues.
De Gaulle en a profité et a fait sa grande tournée des villes algériennes en promettant Algérie Française partout (je vous ai compris! sur le forum)
En réalité, déjà dans sa tête il rêvait à l’indépendance .
Certains officiers l’on très vite compris d’ou l’énorme déception et l’engrenage qui a suivi.
Sur le plan politique, compte tenu du triste état de pensée des métropolitains,De Gaulle jouait sur du velours pour engager l’indépendance.
Une intervention musclée militaire en provenance d’Algérie aurait pu changer la donne surtout quand on connait la couardise de nos hommes politique devant la force, mais ça n’a pas eu lieu.
Restait donc a partir dans l’honneur et en faisant en sorte que nos ressortissants pieds noirs puissent rentrer en métropole, pour ceux qui le désiraient.
Hors ,tout le contraire a été fait, Les Accords d’Evian Sont une HONTE , bradés au représentants de la rébellion.
Ce qui reste de la France pour quelques décennies encore (car après il n’y aura plus de FRANCE) restera une tâche indélébile dans notre mémoire.Des évacuations d’urgence avec une valise, vers la métropole, des dizaines de milliers de personnes massacrées , des femmes violées puis envoyées dans les bordels du FLN, des disparitions par milliers, oui là Monsieur Macron , UN CRIME CONTRE L’HUMANITE.
Merci Monsieur De Gaulle pour tant tant d’incompréhension et de lâcheté.
L’excellent livre de Janos KEMENCEI (légionnaire en avant), livre qui pourrait faire l’objet de plusieurs épisodes chez NEXFIX par exemple ,histoires glorieuses qui pourraient faire pâlir bien des films de guerre américains, depuis la Hongrie 1944 ou il n’a que 16 ans puis ALGERIE, INDOCHINE puis a nouveau l’ALGERIE; page 343 Kemency raconte comment a Oran en 1962 des français étaient laissés mort, asséchés,car ayant transfèrés leurs sang de leur vivant a des algériens par le poignet.
Hein Monsieur Macron, c’est pas un crime contre l’humanité, ça?