Publié par Manuel Gomez le 6 janvier 2022

Camus travaillait à l’écriture d’un roman : « Que j’ai toujours eu l’intention de pondre sans jamais en avoir eu le temps. On n’a jamais le temps pour l’essentiel, pour le réel, pour les seules choses qui comptent. On en perd trop pour le superficiel ». 

« J’ai toujours eu ce sentiment que je ne terminerai jamais le seul livre que j’ai toujours voulu écrire, sur mes racines, ma famille, mon enfance. Sur tout ce qui a contribué à forger l’homme que je suis». 

Nous nous sommes retrouvés une dernière fois avec Albert Camus, fin décembre 1959, en compagnie de Pierre Blanchar et d’Ahmed Rafa. Nous devions nous revoir dès son retour de Lourmarin mais cela ne se fit pas, Albert Camus disparaissait le 4 janvier 1960 dans un accident de la route.

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Il s’était installé à Lourmarin, dans la région même d’où était originaire son aïeul, qui avait rejoint l’Algérie un siècle plus tôt. Il vivait là avec sa famille et un « bourricot » que Pierre Blanchar lui avait envoyé de Philippeville.

Depuis plusieurs semaines le garagiste de Lourmarin, qui s’occupait de l’entretien de la Facel Vega du fils Gallimard, demandait à celui-ci de penser à changer les pneus de sa voiture, particulièrement usés. Peut-être que si cela avait été fait il n’y aurait pas eu d’accident où, malgré la pluie qui rendait la route glissante, les conséquences auraient été moins dramatiques.

Automne 1959, Albert Camus a reçu des invitations et il nous invite à aller voir, en sa compagnie, «La Famille Hernandez», avec Robert Castel, Lucette Sahuquet et Marthe Villalonga, au Théâtre Marivaux, à moins que ce soit au Théâtre Gaumont, je ne me souviens plus très bien. Marthe Villalonga pourra nous le rappeler, à l’occasion, puisqu’elle termina la soirée en notre compagnie.

Nous avons ensuite dîné à la brasserie qui faisait l’angle avec le boulevard des Italiens…

– Tu vois, me dit Camus, nous avons bien ri, mais il ne faudrait pas que les Français de métropole voient, à travers des spectacles comme celui-ci, le vrai visage des Français d’Algérie. Ce serait totalement faux et impardonnable. Ces scènes appartiennent à notre folklore, au même titre que les « Mystères de Paris », le « Bal à Jo » ou la « bourrée auvergnate » le sont aux métropolitains.

C’est notre rôle de démontrer que le Français d’Algérie parle certes avec un accent, tout comme le Français de toutes les régions de France, à l’exception, paraît-il, des Tourangeaux, mais qu’il n’a rien à envier aux métropolitains en ce qui concerne la syntaxe ou la pureté du langage. Ce sera à des journalistes comme toi de rappeler sans cesse cette vérité première, de citer à chaque occasion les noms de tous ces Français de chez nous qui appartiennent toujours à l’élite française : hommes de lettres, professeurs, Maîtres du barreau, de la chirurgie, de la médecine, sportifs de très haut niveau, acteurs, chanteurs, musiciens et, hélas, politiciens aussi.

Il faudra rappeler sans cesse que l’Algérie a donné à la France les meilleurs de ses fils, sans les lui marchander.

Je reste persuadé que, si Camus n’avait pas été manipulé par son entourage plus que très libéral, que s’il avait pu, seul, prendre ses décisions, il se serait alors adressé directement à ses frères de Belcourt et de Bab-el-oued, et que son message aurait eu une tout autre résonance. On écoute toujours un « grand frère » quand il vous crie qu’il est près de vous pour trouver une solution, hors le meurtre, le terrorisme, la violence, la trahison, surtout quand ce grand frère est Prix Nobel, à notre grande fierté à tous.

Sa dernière déclaration à Jean Bloch-Michel, après l’affirmation du général de Gaulle sur le droit à l’autodétermination du peuple algérien, peut en témoigner.

«S’il y a un référendum sur l’affaire algérienne, je ferai campagne contre l’indépendance dans toute la presse algérienne et française. Je maintiens qu’algériens, français et musulmans doivent cohabiter».

Albert Camus nous a quittés un 4 janvier 1960… Il nous manque toujours !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.

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