Publié par Gaia - Dreuz le 19 janvier 2022

Source : France24

En marge de la campagne présidentielle, Éric Zemmour doit faire face à un agenda judiciaire particulièrement chargé. Condamné lundi pour ses propos sur les mineurs isolés, le candidat d’extrême droite est également cité dans deux autres affaires (propos sur Pétain et clip de campagne) en moins de deux semaines.

Dans son programme présidentiel, Éric Zemmour prévoit une série de mesures visant à réformer la justice. Pour l’heure, le candidat d’extrême droite va surtout devoir s’y soumettre pour régler ses démêlés judiciaires. Et ils sont nombreux : trois affaires doivent être jugées du 17 au 27 janvier.

Il y a d’abord l’affaire dite “des mineurs isolés”. Déjà condamné à deux reprises pour injure raciale, Éric Zemmour a été une nouvelle fois reconnu coupable lundi 17 janvier de provocation à la haine par le tribunal correctionnel de Paris. Il a été condamné à une amende de 10 000 euros, conformément aux réquisitions du parquet.

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L’affaire des mineurs migrants, “voleurs”, “assassins” et “violeurs”

Les faits remontent au 29 septembre 2020, à l’époque où Éric Zemmour n’était pas candidat à la présidentielle mais un simple polémiste exerçant sur le plateau de l’émission “Face à l’info” sur CNews. Lors d’un débat diffusé quelques jours après un attentat devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, le journaliste avait évoqué la question des migrants mineurs. “Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent”. Et de poursuivre : “C’est une invasion permanente”, “c’est un problème de politique d’immigration”.

Ses propos avaient immédiatement provoqué l’indignation de militants antiracistes. Une trentaine d’associations s’étaient alors constituées parties civiles. Parmi elles, SOS Racisme, la Ligue des droits de l’Homme (LDH), la Licra, ainsi qu’une vingtaine de conseils départementaux – les mineurs non accompagnés étant pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, gérée par les départements. Dans leurs plaidoiries, ces parties civiles avaient insisté sur la responsabilité de la chaîne d’information, dont le “discours de haine” est “le fond de commerce”.

Nous voulons la fin de ce système qui resserre chaque jour le garrot sur la liberté d’expression et le débat démocratique. Ce système fabrique du délit d’opinion de manière industrielle. Il est urgent de chasser l’idéologie des tribunaux. La justice doit redevenir la Justice. pic.twitter.com/KDyXiFK0oj— Eric Zemmour (@ZemmourEric) January 17, 2022

Après l’annonce du verdict, l’intéressé, qui n’était pas présent à son procès, a ouvertement condamné la décision de justice. “À l’occasion de ce procès, une dizaine d’associations antiracistes et une vingtaine de conseils départementaux, essentiellement de gauche, se sont constitués partie civile à moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, et le tribunal s’est empressé de satisfaire à leurs caprices, a dénoncé le pamphlétaire. C’est la condamnation d’un esprit libre par un système judiciaire envahi par les idéologues.” Sans surprise, l’avocat a annoncé qu’il allait faire appel du jugement du tribunal correctionnel de Paris.

Propos sur le régime de Vichy

Jeudi 20 janvier, ce sont des propos sur Pétain qui seront au centre de l’attention. L’ancien chroniqueur sera cette fois jugé en appel pour contestation de crime contre l’humanité après avoir soutenu en octobre 2019 sur CNews que le maréchal Philippe Pétain, par son action, avait contribué à “sauver des juifs français” durant l’Occupation. Ces paroles avaient suscité un tollé, notamment auprès des historiens spécialistes de la période.

Une amende de 10 000 euros avait été requise en première instance, mais le polémiste a été relaxé en février 2021. La 17e chambre du tribunal de Paris a​ estimé que les propos avaient été prononcés “à brûle-pourpoint lors d’un débat sur la guerre en Syrie”, bien qu’ils contiennent “la négation de la participation [du maréchal Pétain] à la politique d’extermination des juifs menée par le régime nazi”. À moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, il n’est pas impossible que son avocat demande le renvoi de l’audience.

Enfin, le 27 janvier, Éric Zemmour est assigné en justice pour “contrefaçon du droit d’auteur” devant le tribunal judiciaire de Paris au sujet de son clip de campagne diffusé le 30 novembre, dans lequel il annonçait sa candidature. Ce film publié sur les réseaux sociaux avait suscité les récriminations d’auteurs de productions audiovisuelles. En cause, le recours à des images d’archives et d’extraits cinématographiques utilisés sans autorisation. Parmi les plaignants figurent le réalisateur Luc Besson et les sociétés EuropaCorp et Gaumont pour des images reprises du film Jeanne d’Arc.

Habitué des plateaux TV comme des salles d’audience

Éric Zemmour n’en est pas à ses premières affaires judiciaires. L’homme d’extrême droite a déjà été poursuivi une quinzaine de fois en justice, notamment pour injure raciale, provocation à la haine ou contestation de crime contre l’humanité. Plusieurs fois relaxé, il a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine. La première remonte à mars 2010, après avoir assené dans l’émission “Salut les Terriens” de Thierry Ardisson sur Canal+ que “la plupart des trafiquants sont noirs et arabes… C’est un fait.”

Il avait déclaré le même jour sur France Ô que les employeurs “ont le droit” de refuser des Arabes ou des Noirs. Ces propos lui ont valu une nouvelle condamnation en février 2011. Il a écopé de 2 000 euros d’amende avec sursis.

En 2016, sur le plateau de “C à vous” (France 5), il avait assuré que la France vit “depuis 30 ans une invasion” avec, dans certaines banlieues, une “lutte pour islamiser un territoire”. Cela lui a valu une condamnation en septembre 2019 à 3 000 euros d’amende pour provocation à la haine religieuse. L’éditorialiste a saisi en décembre 2019 la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), reprochant à la France de violer sa liberté d’expression.

Outre ces affaires, Éric Zemmour est engagé dans bien d’autres procédures. La justice a indiqué vendredi qu’il sera jugé en mai 2023 pour diffamation aggravée, pour des propos tenus en 2019 sur le “mouvement féministe” et le “mouvement LGBT”. Une procédure est également en cours pour un discours lors d’une “convention de la droite” organisée par des proches de l’ex-députée du Rassemblement national Marion Maréchal, le 28 septembre 2019, où il avait fustigé des immigrés “colonisateurs” et une “islamisation de la rue”. Condamné à 10 000 euros d’amende en première instance, il a été relaxé en appel en septembre dernier. Le parquet général a toutefois formé un pourvoi en cassation. L’affaire est donc toujours en cours.

Éric Zemmour est aussi poursuivi par l’animatrice Hapsatou Sy et par la porte-parole de la France insoumise Danièle Obono dans deux procès distincts pour “injure raciale”. La ville de Trappes (Yvelines) a aussi porté plainte contre l’auteur du livre “La France n’a pas dit son dernier mot” pour diffamation en mars dernier. L’Institut national d’études démographiques a fait de même en juin 2021.

Éric Zemmour à l’offensive

Parfois, il arrive tout de même que les rôles s’inversent. L’écrivain français a également engagé des poursuites à l’encontre de certaines personnalités. En avril 2009, il avait ainsi assigné en justice le rappeur Youssoupha qui le traitait de “con” et appelait à le faire “taire” dans une de ses chansons. Condamné en première instance en 2011, le rappeur et sa maison de disques EMI ont finalement été déclarés “non coupables” par la cour d’appel de Paris en 2012.

Plus récemment, il a porté plainte contre son ancienne maison d’édition, Albin Michel, pour “rupture abusive de contrat”. Il est aussi engagé dans une procédure contre Paris Match après la publication de photos privées en septembre dernier. Dernièrement, il a porté plainte contre le magazine Closer, qui a révélé la grossesse de sa conseillère et compagne, Sarah Knafo.

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