Source : Lesalonbeige
L’écrivain Andreï Makine, né en Sibérie, académicien franco-russe, prix Goncourt 1995, a été interrogé dans Le Figaro. Extrait.
Mon opposition à cette guerre, à toutes les guerres, ne doit pas devenir une sorte de mantra, un certificat de civisme pour les intellectuels en mal de publicité, qui tous cherchent l’onction de la doxa moralisatrice. À force de répéter des évidences, on ne propose absolument rien et on en reste à une vision manichéenne qui empêche tout débat et toute compréhension de cette tragédie.
On peut dénoncer la décision de Vladimir Poutine, cracher sur la Russie, mais cela ne résoudra rien, n’aidera pas les Ukrainiens. Pour pouvoir arrêter cette guerre, il faut comprendre les antécédents qui l’ont rendue possible. La guerre dans le Donbass dure depuis huit ans et a fait 13 000 morts, et autant de blessés, y compris des enfants. Je regrette le silence politique et médiatique qui l’entoure, l’indifférence à l’égard des morts dès lors qu’ils sont russophones.
Dire cela ne signifie pas justifier la politique de Vladimir Poutine. De même que s’interroger sur le rôle belliciste des États-Unis, présents à tous les étages de la gouvernance ukrainienne avant et pendant la révolution du Maïdan, n’équivaut pas à dédouaner le maître du Kremlin. Enfin, il faut garder à l’esprit le précédent constitué par le bombardement de Belgrade et la destruction de la Serbie par l’Otan en 1999 sans avoir obtenu l’approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. Pour la Russie, cela a été vécu comme une humiliation et un exemple à retenir. La guerre du Kosovo a marqué la mémoire nationale russe et ses dirigeants.
Lorsque Vladimir Poutine affirme que la Russie est menacée, ce n’est pas un « prétexte » : à tort ou à raison, les Russes se sentent réellement assiégés, et cela découle de cette histoire, ainsi que des interventions militaires en Afghanistan, en Irak et en Libye. Une conversation rapportée entre Poutine et le président du Kazakhstan résume tout. Ce dernier tente de convaincre Poutine que l’installation de bases américaines sur son territoire ne représenterait pas une menace pour la Russie, qui pourrait s’entendre avec les États-Unis. Avec un petit sourire triste, Poutine répond : « C’est exactement ce que disait Saddam Hussein ! ». Encore une fois, je ne légitime en aucune manière la guerre, mais l’important n’est pas ce que je pense, ni ce que nous pensons. En Europe, nous sommes tous contre cette guerre. Mais il faut comprendre ce que pense Poutine, et surtout ce que pensent les Russes, ou du moins une grande partie d’entre eux.
Vous présentez la guerre de Poutine comme une conséquence de la politique occidentale. Mais le président russe ne nourrit-il pas une revanche contre l’Occident depuis toujours ?
J’ai vu Vladimir Poutine en 2001, peu après sa première élection. C’était un autre homme avec une voix presque timide. Il cherchait la compréhension des pays démocratiques. Je ne crois pas du tout qu’il ait eu déjà en tête un projet impérialiste, comme on le prétend aujourd’hui. Je le vois davantage comme un réactif que comme un idéologue. À cette époque-là, le but du gouvernement russe était de s’arrimer au monde occidental. Il est idiot de croire que les Russes ont une nostalgie démesurée du goulag et du politburo. Ils ont peut-être la nostalgie de la sécurité économique, de l’absence de chômage. De l’entente entre les peuples aussi : à l’université de Moscou, personne ne faisait la différence entre les étudiants russes, ukrainiens et ceux des autres républiques soviétiques… Il y a eu une lune de miel entre la Russie et l’Europe, entre Poutine et l’Europe avant que le président russe ne prenne la posture de l’amant trahi. En 2001, Poutine est le premier chef d’État à proposer son aide à George W. Bush après les attentats du 11 septembre. Via ses bases en Asie centrale, la Russie facilite alors les opérations américaines dans cette région. Mais, en 2002, les États-Unis sortent du traité ABM, qui limitait l’installation de boucliers antimissiles. La Russie proteste contre cette décision qui ne peut, d’après elle, que relancer la course aux armements. En 2003, les Américains annoncent une réorganisation de leurs forces, en direction de l’Est européen.
Poutine s’est durci à partir de 2004, lorsque les pays anciennement socialistes ont intégré l’Otan avant même d’intégrer l’Union européenne, comme s’il fallait devenir anti-russe pour être européen. Il a compris que l’Europe était vassalisée par les États-Unis. Puis il y a eu un véritable tournant en 2007 lorsqu’il a prononcé un discours à Munich en accusant les Américains de conserver les structures de l’Otan qui n’avaient plus lieu d’être et de vouloir un monde unipolaire. Or, en 2021, lorsqu’il arrive au pouvoir, Biden ne dit pas autre chose lorsqu’il déclare que « l’Amérique va de nouveau régir le monde » .
On a le sentiment que vous renvoyez dos à dos les Occidentaux et les Russes. Dans cette guerre, c’est bien la Russie l’agresseur…
Je ne les renvoie pas dos à dos. Mais je regrette que l’on oppose une propagande européenne à une propagande russe. C’est, au contraire, le moment pour l’Europe de montrer sa différence, d’imposer un journalisme pluraliste qui ouvre le débat. Lorsque j’étais enfant dans la Russie soviétique et qu’il n’y avait que la Pravda , je rêvais de la France pour la liberté d’expression, la liberté de la presse, la possibilité de lire différentes opinions dans différents journaux. La guerre porte un coup terrible à la liberté d’expression : en Russie, ce qui n’est guère surprenant, mais aussi en Occident. On dit que « la première victime de la guerre est toujours la vérité » . C’est juste, mais j’aurais aimé que ce ne soit pas le cas en Europe, en France.
De mon point de vue, la fermeture de la chaîne RT France par Ursula von der Leyen, présidente non élue de la Commission européenne, est une erreur qui sera fatalement perçue par l’opinion comme une censure. Comment ne pas être révolté par la déprogrammation du Bolchoï de l’Opéra royal de Londres, l’annulation d’un cours consacré à Dostoïevski à Milan ? Comment peut-on prétendre défendre la démocratie en censurant des chaînes de télévision, des artistes, des livres ? C’est le meilleur moyen, pour les Européens, de nourrir le nationalisme russe, d’obtenir le résultat inverse de celui escompté. Il faudrait au contraire s’ouvrir à la Russie, notamment par le biais des Russes qui vivent en Europe et qui sont de manière évidente proeuropéens. Comme le disait justement Dostoïevski : « chaque pierre dans cette Europe nous est chère » .
La propagande russe paraît tout de même délirante lorsque Poutine parle de « dénazification » …
Le bataillon Azov, qui a repris la ville de Marioupol aux séparatistes en 2014, et qui depuis a été incorporé à l’armée régulière, revendique son idéologie néonazie et porte des casques et des insignes ayant pour emblème le symbole SS et la croix gammée. Il est évident que cette présence reste marginale et que l’État ukrainien n’est pas nazi, et ne voue pas un culte inconditionnel à Stepan Bandera. Mais des journalistes occidentaux auraient dû enquêter sérieusement sur cette influence et l’Europe condamner la présence d’emblèmes nazis sur son territoire. Il faut comprendre que cela ravive chez les Russes le souvenir de la Seconde Guerre mondiale et des commandos ukrainiens ralliés à Hitler, et que cela donne du crédit, à leurs yeux, à la propagande du Kremlin. […]
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Très bon et utile rappel historique. Merci, Monsieur.
Un bel article en effet. J’ai le même sentiment que lui de deux propagandes qui s’affrontent et de deux systèmes étanches qui tendent à se mettre en place.
Il a aussi raison sur nos responsabilités et sur notre absence de compréhension, nous européens, de la Russie.
Il est vrai que que l’État ukrainien n’est pas nazi, et ne voue pas un culte inconditionnel à Stepan Bandera.
Pourtant l’idéologie racialiste semble avoir imbibé cet État dont l’unité ethnique paraît le but. Comment comprendre autrement les discours de beaucoup de ses chefs, et les actions militaires qu’il conduit depuis 2014 ? Comment comprendre autrement ses lois sur l’interdiction de l’enseignement de la langue russe pourtant si proche de l’ukrainien ?
Le « racialisme » ou « racisme » en soi n’est pas un problème, on a le droit d’aimer de vouloir perpetuer sa race. C’est un droit naturel inaliénable, essentiel à la survie et la perpétuation des peuples, quels qu’ils soient. Le problème c’est la « haine raciale », il ne faut pas confondre. Les néonazis sont dans la haine raciale hystérisée par une idéologie contenant une volonté de destruction d’autres peuples.
certes le président ukrainien, juif, n’est sant aucun doute pas nazi mais que dire de la collusion usa/ukraine à l’onu : vidéo de 4 mn:
https://www.facebook.com/watch/?v=487512746078880&ref=sharing
https://www.francesoir.fr/politique-monde/les-etats-unis-confirment-lexistence-de-laboratoires-biologiques-en-Ukraine Laboratoires dénoncés par les russes taxés de menteurs par les américains et labos financés par Biden !!
Quand on tient des propos proches de ceux-ci, avec moins de savoir et de qualité, on est traité de dangereux pro-Poutine et vielle extrême-droite bouffie d’anti-américanisme.
La guerre fait perdre toute mesure et sépare les amis.
Une voix mesurée pour un article intelligent.
Cela m’a fait du bien de vous lire, car emprunter le chemin de l’analyse critique des causes et des effets, rappelez les nombreuses preuves de l’indignation sélective du « Camp du Bien », vous expose illico à devenir « l’antivax » de cette crise, un complotiste, un suppôt du « criminel de guerre » putin.
Même Guy Millière qui a su faire magistralement la part des choses au départ de cette crise guerrière, s’est laissé aller à un repli frileux et des propos excessifs pour ne pas paraître justifier les horreurs de cette guerre déclenchée par le Kremlin.
Mais comme pour la pandémie du Covid, ceux qui sont impactés, sont bien ceux qui présentent de comorbidités ! Et ici l’Ukraine en a de nombreuses qui en fait la cible du virusse (le virus russe) !
L’Ukraine est un pays de fracture et nous avons tout fait pour ne pas le voir et le savoir, tout fait pour ne pas en tenir compt ; nous n’avons rien fait d’intelligent pour empêcher que les braises qui couvaient finissent par provoquer l’embrasement actuel.
Je note – une fois encore – qu’il n’y a que sur Dreuz, que des opinions différentes peuvent ainsi s’exprimer par des articles de fond. Chacun y cherchera sa vérité et surtout y trouvera de l’information factuelle.
« Je note – une fois encore – qu’il n’y a que sur Dreuz, que des opinions différentes peuvent ainsi s’exprimer par des articles de fond. Chacun y cherchera sa vérité et surtout y trouvera de l’information factuelle. »
Dreuz est en effet le seul site où les différents avis, articles (creusés et justifiés) peuvent se lire. Et « discutent » entre eux.
Le meilleur site d’information en langue française tout simplement.
Merci Barakat.
Merci pour cet article ! Enfin un qui ne ment pas effrontément. Je me suis toujours demandé pourquoi l’otan et surtout les américains s’efforcent encore aujourd’hui à diaboliser la Russie. Tant de mains tendues puis mordues en retour. Loin de moi l’idée de légitimer la guerre mais Poutine à présenté le rameau d’olivier et fait acte de civilité depuis de nombreuses années et à mainte reprises envers l’Europe et l’occident. De ce point de vu, toute patience à ses limites. Il serait temps que l’empire otan…uniens prenne ses responsabilités et n’en admette ne serait-ce qu’une part. La parole américaine me semble avoir perdue plus de crédibilité que celle de la Russie qui tend, elle, à respecter ses engagements. À voir comment l’otan-ricains renie sa propre parole, crache sur ses propres traités n’entache plus que sa propre réputation. Sommes-nous réellement encore dupe de cette rhétorique à géométrie variable qui confère à l’ours russe le rôle de perpétuel agresser ?
Si vous avez envie de vous intéresser au sujet vous pouvez trouver des éléments de réponse en cherchant les thèses de Mackinder et Spykman.
En langue française, il y a Christian Greiling qui travaille le sujet.
Le rôle de perpétuel agresseur * saleté de correcteur
Et on fait quoi maintenant ? Repentance ?
Non, une fois que le conflit sera un peu tassé, on cherche à améliorer la position stratégique de l’Occident et la diplomatie vis à vis de la Russie. Nous n’avons pas le moindre intérêt à continuer d’en faire un ennemie artificiel depuis que le communisme est tombé dans ce pays. Surtout pas devant la future et inéluctable domination mondiale de la Chine, vis à vis de laquelle la Russie a tout aussi peur et plus à perdre que nous. La manière dont la Russie a été traitée ces 20 dernières années par l’Occident, et surtout par l’Amérique, est la dérive la plus idiote, la plus puéril, la plus incompréhensible et consternante que j’ai pu suivre en géopolitique. C’est comme le dit Poutine, qui est lucide sur la question, la conséquence de l’euphorie des l’Amérique d’avoir gagné la guerre froide, menant les l’Amérique à la place de dominant mondial incontesté. On doit donc maintenant chercher à comprendre les mépris et les erreurs occidentales qui nous ont mener à cette situation, pas pour faire de la repentance, mais simplement pour reconsidérer ce pays comme il le mérite à l’avenir. Il faudra peut être attendre un autre homme que Poutine à la tête de la Russie pour que cela puisse se faire, car vis à vis de l’Occident ce dernier est peut-être désormais irrémédiablement fâché et rejeté.
Entièrement d’accord. En réalité la Russie aurait du être intégrée dans l’OTAN. Il nous a manqué un deuxième Reagan, un vrai chrétien. Tous ses successeurs ont été des apprentis (sorciers) à côté de lui et des incapables à commencer par Bush le père. C’est le problème des démocraties où les dirigeants ne sont pas les plus compétents mais les plus retors et les plus traîtres.
Non! Surtout pas!
Maintenant les vendanges sont faites, on a foiré et précipité la Russie dans l’autre camp. C’est terminé de projeter de l’arrimer à l’Occident. Surtout si le successeur de Poutine est bel et bien Choïgou.
Maintenant il faut accepter ce conflit latent, accepter que nous avons en face de nous un puissant bloc antagoniste. Qui va devenir plus fort à mesure que notre influence va diminuer.
Il faut donc frapper fort, intelligemment et sans attendre.
Tout cela en essayant de sauver notre civilisation et nos valeurs des subversions internes.
Autant dire que c’est l’heure de vérité pour l’Occident et que 39-45 risque de ressembler à une aimable réunion de famille si on continue sur cette pente.
Ca fait du bien de sortir du manichéisme et de commencer à essayer de comprendre avant d’affirmer
Et puis, sur un site de discussion politique, je ne vois pas non plus l’intérêt de « dénoncer Vladimir Poutine » juste parce qu’il est le chef d’un camp adverse à la géostratégie occidentale actuelle. Poutine est avant tout un chef d’état qui agit dans l’intérêt vital à long terme de son pays. Dans le cas ukrainien, une adhésion à l’OTAN était imminente, la Russie était donc au pied du mur et n’avais pas d’autre choix. Car l’OTAN reste actuellement une alliance militaire consubstantiellement anti-russe, c’est sa raison d’être, et c’est la plus puissante alliance militaire que le monde n’ai jamais connu, essentiellement dirigé contre la Russie. A la place d’un chef d’état russe qui fait son boulot, on ne peut pas réagir autrement qu’en empêchant coûte que coûte l’expansion de l’OTAN. Surtout pour le cas de l’Ukraine, qui est une partie historique de la Russie depuis 1000 ans, partageant la même culture et le même peuple que les Russes et dont l’indépendance qui ne date que de 1991 est vécue par les Russes comme une erreur de l’histoire. Les Russes et les Ukrainiens restent des peuples profondément mélés, beaucoup de Russes dans toute la Russie ont de la famille ukrainienne et vis versa.
le nationalisme, s’il est russe ou zemmourien, c’est mal
le drapeau, s’il est français, c’est horrible mais s’il est ukrainien, c’est très bien, même chez la dame écolo rousseau .
l’europe garante de la paix en europe, les va t-en guerre européiste, allEZ comprendre
Même si j’aurais toujours tendance, instinctivement, de faire plus confiance aux États-Unis qu’à n’importe quel autre pays de la planète dans n’importe quel conflit, je soutiendrai toujours les articles qui cherchent à faire réfléchir et à montrer la complexité des relations entre les pouvoirs et les peuples, où l’irrationnel ou le ressenti est parfois autant à l’œuvre que le réel.
Encore une fois, je ne cesse de le répéter, comprendre n’est pas excuser. C’est éviter que les mêmes erreurs se répètent, c’est empêcher que les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Gouverner, c’est prévoir. Trump, lui, l’a compris, comme il a compris les mentalités des peuples et les enjeux. Ses accords d’Abraham, entre des ennemis jusque là irréductibles, en sont la preuve flagrante.
« Gouverner c’est prévoir ».
À cette aune, Zelinsky il est fort !
Effectivement. Mais Biden ne l’a pas aidé non plus.
Enfin un homme vraiment intelligent, quel bonheur de savoir qu’il y a encore des personnes lucides qui savent raison garder, merci !
VOICI LA SUITE ET LA FIN DE CET ARTICLE: Au-delà du débat sur les causes et les responsabilités de chacun dans la guerre, que pensez-vous de la réponse européenne ? Bruno Le Maire a été critiqué pour avoir parlé de guerre totale, mais il a eu le mérite de dire la vérité et d’annoncer la couleur, loin de l’hypocrisie de ceux qui envoient des armes et des mercenaires et entendent ruiner l’économie russe, mais prétendent qu’ils ne font pas la guerre. En vérité, il s’agit bien de provoquer l’effondrement de la Russie, l’appauvrissement de son peuple. Il faut le dire clairement : l’Occident est en guerre contre la Russie. Cependant, s’il y a un aspect positif pour la possible démocratisation de la Russie, c’est que l’on va anéantir la construction oligarchique qui est une vraie tumeur depuis les années 90. J’invite les dirigeants européens à exproprier les oligarques prédateurs, à confisquer ces milliards de roubles volés et investis à Londres et, plutôt que de les bloquer comme on le fait aujourd’hui, à les donner aux pauvres en Europe et en Russie. Que peut-on faire d’autre ? Pour cesser les hostilités, pour donner un avenir à l’Ukraine, on pense toujours qu’il faut avancer ; parfois il faut, au contraire, reculer. Il faut dire : «on s’est trompé». En 1992, après la chute du mur de Berlin, nous nous trouvions à une bifurcation. Nous nous sommes trompés de chemin. Je pensais alors véritablement qu’il n’y aurait plus de blocs, que l’Otan allait être dissoute car l’Amérique n’avait plus d’ennemi, que nous allions former un grand continent pacifique. Mais je pressentais aussi que cela allait exploser car il y avait déjà des tensions : dans le Caucase, en Arménie dans le Haut-Karabakh… À l’époque, j’avais écrit une lettre à François Mitterrand. Quel était le contenu de cette lettre ? J’ignore s’il l’a reçue, mais j’évoquais la construction d’une Europe qui n’avait rien à voir avec le monstre bureaucratique représenté aujourd’hui par Madame von der Leyen. Je rêvais d’une Europe respectueuse des identités, à l’image de la Mitteleuropa de Zweig et de Rilke. Une Europe finalement plus puissante car plus souple, à laquelle on aurait pu adjoindre l’Ukraine, les Pays Baltes et pourquoi pas la Biélorussie. Mais une Europe sans armes, sans blocs militaires, une Europe composée de sanctuaires de la paix. Les deux garants de cette architecture auraient été la France et la Russie, deux puissances nucléaires situées aux deux extrémités de l’Europe, chargées légalement par l’ONU de protéger cet ensemble. Est-ce réaliste ? La Mitteleuropa n’est pas une utopie, elle a existé. Je veux y croire et marteler cette idée. Il y a quelques années, j’ai rencontré Jacques Chirac puis Dominique de Villepin, qui partageaient cette vision d’une Europe de Paris à Saint-Pétersbourg. Mais les Américains en ont décidé autrement. Cela aurait signifié la fin de l’Otan, la fin de la militarisation de l’Europe qui, appuyée sur la Russie et ses richesses, serait devenue trop puissante et indépendante. J’espère tout de même… Lire la suite »
Merci
« l’Amérique n’avait plus d’ennemi » ah bon ???
la propagande s’est arretée toute seule ? il n’y a plus de communisme ni de socialisme ? personne ne voulait plus la destruction des Etats-unis ?
Mais comment peut-on croire une minute que lorsqu’une dictature s’effondre, tout redevient subitement comme avant la dictature ?
on ne peut pas passer subitement d’une culture d’oppression, de terreur et de soumission à une culture de liberté, d’entreprise et de responsabilité.
Sans compter l’histoire à redécouvrir. Car il faut aller dans les archives pour contrer la propagande.
Ai-je raté un épisode ?les archives russes sont -elles accessibles et traduites ? et nos propres archives ? si pour le nazisme, la Résistance, le communisme en France, on ouvrait toutes les archives sans attendre le délai réglementaire ?
« une europe sans armes, sanctuaire de la paix, avec deux puissances nucléraires aux extrémités chargées par ‘l’ONU… »
sanctuaire de la paix sans armes : folie.
europe sans armes : magnifique, c’est justement ce que voulait le KGB.
la france d’un côté, la Russie, de l’autre : pas à dire, c’est équilibré. Et personne ne demande l’avis des peuples au milieu ???
quand on a lu les ouvrages de dissidents ou de KGBistes repentis, qu »on voit l’énorme machine à propagande très efficace dont on n’est pas encore sorti, il y a de quoi pleurer quand on lit de telles choses.Lâcheté ou niaiserie de bisounours, je ne sais pas trop.
Une seule a été lucide, et on ne l’a toujours pas écoutée : la Sainte Vierge qui a dit à Fatima que la Russie répandrait ses erreurs à travers le monde, et cela alors que l’Europe se battait contre l’Allemagne.Les petits bergers portugais ne pouvaient inventer une chose pareille.
Nous sommes encore plus conditionnés que le chien de Pavlov.
L’Allemagne a été dénazifiée avant qu’on lui tende la main.
On rappelle sur ce site régulièrement ce qui a été fait aux Juifs dans tel ou tel pays il y a 80 ans.
mais nous sommes sommés de faire ami ami avec la Russie dont l’empire territorial s’est effondré il y a 30 ans et alors que l’empire (j’allais dire l’emprise) intellectuel du communisme dont elle s’est fait le chantre et dont elle protège les dividendes (pays encore communistes, propagande soviétique non dénoncée…) est quasi planétaire.
Mon père z’l me parlait toujours d’Israël comme terre d’accueil pour les Juifs d’Ukraine devenus apatrides … C’est sûr que ce pays n’était pas et de loin favorable au Juifs.
Il y a eu Oman où tous les Juifs (30 000) y compris enfants et bébés ont été passés au fil de l’épée pour avoir refusé de se prosterner devant une grande croix plantée sur la place de la ville ! Il y eu aussi le fait que pendant la Shoa, l’assassinat de millions de Juifs a été sur le terrain réalisé par des mains ukrainiennes au service des nazis …
https://www.francesoir.fr/politique-monde/les-etats-unis-confirment-lexistence-de-laboratoires-biologiques-en-Ukraine
on ne peut pas reprocher aux pays de l’est de se rapprocher de l’ouest et de s’être mis dans l’OTAN. Tant que le communisme ne sera pas diabolisé comme l’est le nazisme, il y aura des problèmes.
Si Makine veut nous aider, qu’il nous décommunise, qu’il nous montre comme Boukovsky à quel point la propagande soviétique a bien fonctionné. Pareil pour Poutine : qu’il cesse de regretter l’empire soviétique.
marre que ce soit de notre faute. J’ai l’impression qu’on ne sort jamais de la propagande soviétique, à chaque génération ce sont les mêmes rengaines.
Vassalisés par les Etats-unis ??? nous n’habitons pas dans le même pays…
Quant aux Etats-Unis ce sont en majorité des descendants de la vieille Europe, nous sommes encore plus liés à eux qu’à la Russie.
S’ouvrir à la Russie ? mais on n’a pas cessé de le faire !!! Lisez Boukovsky ! Chaque fois qu’elle s’est sentie en difficulté, elle demande de la compréhension à l’ouest.
Quant aux Russes eux-mêmes, il faut bien qu’ils pensent que leur pays a foutu la merde dans le monde entier depuis 1917, mais que ce sont toujours aux Américains qu’on fait des reproches.
«imposer un journalisme pluraliste qui ouvre le débat» est-il écrit dans l’interview. Ce n’est pas exactement le contraire de ce que Poutine a fait en Russie? N’a-t-il pas tripoté la mauvaise et élastique constitution russe pour s’échanger la présidence et la vice-présidence entre lui et Medvedev? N’a-t-il pas instauré un capitalisme d’État pour les copains et un parlement à sa botte lequel n’est qu’une chambre d’enregistrement. N’a-t-il pas museler la presse?
Quand le peuple russe va-t-il enfin devenir mature et cesser de tolérer l’intolérable? Quand vont-ils enfin dépasser le mythe de l’homme fort soit disant nécessaire pour gouverner ce pays immense et impossible et cesser de se faire infantiliser? Seul un véritable régime de primauté du droit est viable pour ce peuple qui nous ressemble tant par sa culture. Il n’y a pas de tyran, il n’y a que des esclaves. Poutine (qu’ils ont laissé faire au final et voyez où ça nous a mené) a bon dos.
Et le peuple russe, lui? Aucun dirigeant occidental, aussi médiocre soit-il, n’aurais oser faire ce que Poutine a fait. Parce qu’il existe un contre-pouvoir qui manque cruellement en Russie : l’opinion publique.
Les Russes n’ont pas le choix. Ils devront descendre en masse dans la rue, renverser ce régime de merde et instaurer un véritable état de droit. Constitution en béton, loi électorale stricte, séparation des pouvoirs, presse libre, gouvernement responsable.
S’il y a d’autres moyens pour se sortir de la mouise, j’aimerais bien les connaître…
Enfin un commentaire juste et équilibré ! L’erreur fondamentale de l’Occident c’est de comparer Poutine à Hitler. Poutine ne veut ni conquérir le monde ni même l’Ukraine, Poutine n’est pas anti sémite et n’a pas d’idéologie sinon la Russie et l’argent (il n’est pas le seul). La grave erreur de l’Occident c’est d’avoir ostracisé la Russie mais la pression de la pensée unique est tellement forte que même des amis de la Russie comme Fillon et Zemmour ont été obligés de faire amende honorable. La dictature commence quand les opinions sont asservies et canalisées. L’Europe aurait du faire le pont avec la Russie, au lieu de cela elle s’est alignée servilement sur l’Amérique. Ou peut être que la Russie avec sa façon trop old school et chrétienne dérange l’Europe, mais aussi l’Amérique ! Vive l’Amérique de Monroe !