La guerre d’Algérie, vue par Georges-Marc Benamou et Benjamin Stora ce lundi 14 mars sur «La 2».
Force m’est de constater que le sujet a été, pour une fois, avec une certaine objectivité à laquelle il est vrai nous n’étions pas habitués.
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Ce devait être le côté Benamou, en revanche le côté Stora s’est tout de même imposé puisqu’il n’a pas été question, ni même une simple allusion, aux deux plus horribles massacres de cette première partie de la «guerre», c’est-à-dire celui de Melouza et celui d’El-Halia, un oubli sans doute puisque c’était l’œuvre du FLN et de l’ALN.
Pourquoi avez-vous oublié «ces détails» de la guerre d’Algérie ?
Qu’il me soit permis de leur rafraîchir la mémoire puisque, mais j’en doute, ils les ignoraient !
*Le 28 mai 1957, les 374 habitants de Melouza, au nord-ouest de M’Sila, sur les Hauts plateaux à la frontière de la Kabylie et du Constantinois, en Algérie, vaquent à leurs occupations habituelles, sortir les moutons, creuser la terre sèche pour y planter quelques graines, préparer le couscous au beurre rance de ce midi, etc. en espérant qu’ils n’auront pas à subir une nouvelle attaque du FLN, ils en ont repoussé deux ce dernier mois.
Depuis le début des évènements, en 1954, tout le village soutient le MNA (Mouvement indépendantiste, rival du FLN, fondé par Messali Hadj). La majorité de ces musulmans, les Beni-Illemane, sont «arabophones» et supporte mal les exigences des maquisards Kabyles, qui ont dû se replier à plusieurs reprises, ce qui met en rage Si Abdelkader, responsable du FLN local, qui a perdu plusieurs de ses fellaghas.
Responsable du groupe armé de Melouza, Mohammed Bellounis a négocié récemment avec les forces françaises, notamment avec le capitaine Combette, un soutien militaire afin que ses hommes soient intégrés et armés par l’armée française.
L’Etat-major du FLN ne peut accepter cette décision, c’est une trahison.
Il faut se souvenir que cette guerre interne, entre indépendantiste du FLN et du MNA a fait plus de 10.000 victimes entre 1956 et 1962, dont 3957 tués rien qu’en France métropolitaine.
Sur ordre, le chef de la Wilaya III (Kabylie), le colonel Saïd Mohammedi, décide de faire un exemple en employant les grands moyens. Il ordonne au capitaine Ouddak «d’exterminer cette vermine».
C’est ainsi donc que, ce 28 mai 1957, que 350 «djounouds» très bien armés, commandés par le lieutenant El Barriki, pénètrent dans le village, incendient les gourbis, font sortir tous les hommes et les garçons de plus de 15 ans, les rassemblent et les dirigent vers le village tout proche de Mechta-Kasbah.
Là, sur la place du village, le massacre commence : ils taillent en pièces les prisonniers, au fusil, au couteau, à coups de pioches et ceux qui tentent de s’enfuir sont abattus à la mitraillette.
En moins d’une heure, tout est terminé, il n’y a plus de survivants.
Dorénavant les Arabes de Bellounis engagé dans l’armée française savent quel sera leur sort. Ils sont considérés comme des traîtres.
Quand l’armée française arrive sur les lieux, le 30 mai au petit matin, une effroyable puanteur, une odeur lourde, chaude et fade, flotte dans l’atmosphère, les corps des 315 cadavres déjà en décomposition à cause de la chaleur, du sang séché sur le sol et sur les murs.
Les musulmanes, prises de folie, se déchirent le visage avec leurs ongles en hurlant. Elles glissent sur les flaques de sang gluant, retournent les cadavres mutilés pour retrouver un fils, un mari, un père, un frère. Ce n’était plus qu’un hurlement effrayant.
Les hélicoptères évacuent les rares blessés qui ont échappé à cette folie meurtrière.
Le sang partout, en mares, en plaques, en traînées. Les visages détruits gardant l’empreinte de la terreur indicible.
La hiérarchie fera redescendre la responsabilité de cet horrible massacre, de l’Etat-Major du FLN jusqu’au sous-lieutenant Abdelkader Sahnoun, qui n’a fait qu’obéir aux ordres «exterminer cette vermine» en passant par le colonel Saïd Mohammedi, le capitaine Ouddak et le lieutenant El Barriki.
Un tract distribué aux Algériens par le MNA : «Peuple algérien ne te méprends pas, le FLN prétend lutter pour toi mais ses partisans ne sont que des voleurs et des meurtriers sanglants. Ce crime a été commis par des fauves, assassins du FLN.»
Melouza n’a pas fait oublier l’autre massacre, celui d’El Halia, le 20 août 1955 : ce jour-là, 71 Européens et 52 musulmans furent abattus, mutilés, femmes violées, bébés écrasés contre les murs, ni la tuerie du petit port d’Honaïne (l’un des plus vieux ports de l’Algérie, dans la wilaya de Tlemcen) : 22 musulmans (12 hommes, 8 femmes et 2 enfants) égorgés, mutilés.
Cette liste pourrait se poursuive sur des pages et des pages, jusqu’au 5 juillet 1962 à Oran, qui sera l’apothéose de la barbarie des Algériens «fêtant» l’indépendance «offerte» par la France.
Dans la seconde partie de votre «document», ce mardi, toujours sur la 2, il sera question de l’OAS et nous sommes certains qu’aucun «détails» n’échappera à votre «objectivité» et vous poursuivrez sans doute avec les «Accords d’Evian» : expliquerez-vous aux Français que le 19 mars 1962 ce n’était pas la fin de la guerre d’Algérie, que prétendre cela était un mensonge éhonté ?
- Que ce même jour, 19 mars 1962, à Eckmul (Oran), 16 personnes, dont 3 femmes, étaient enfermées dans un hangar par l’ALN (Armée Nationale Populaire) avant de l’incendier. Elles sont toutes mortes carbonisées vivantes.
- Ce même jour, la gendarmerie d’Oran signalait que des dizaines d’Européens étaient séquestrés, jusqu’à ce que mort s’ensuive, pour servir de donneurs de sang pour les combattants de l’ALN. On les retrouva la peau collée aux os et totalement vidés de leur sang.
Après ce 19 mars 1962, et je cite ces chiffres sous le contrôle de M. Eugène-Jean Duval, inspecteur général des armées et les “archives officielles” :
- 91 actions de guerre de l’ALN et du FLN contre la France.
- Le 20 mars 1962, 18 soldats tués et 3 blessés.
- 90 soldats français disparus.
- 239 soldats français, faits prisonniers par l’ALN, qui ne sont jamais revenus.
- 1580 civils européens disparus (dont des dizaines de femmes expédiées vers des bordels militaires de l’ALN).
Entre le 19 mars et le 5 juillet 1962, plus de 5000 enlèvements (officiellement 3093 Français et Européens)
- 1165 civils assassinés.
- 1773 disparus.
- Plus de 60.000 Harkis et Moghaznis, engagés aux côtés de l’Armée française, massacrés ainsi que des membres de leurs familles.
Interdiction, par le gouvernement français, à la Croix Rouge Internationale de s’y intéresser : télégramme (très secret) signé Louis Joxe et daté du 2 avril 1962 : “Je serais, pour ma part, hostile à une intervention quelconque de la Croix Rouge internationale dans tout ce qui concerne les arrestations et détentions d’Européens”.
*Après le 19 mars 1962, blocus de Bab-el-Oued. L’armée, l’aviation, les tanks tirent sur les habitants.
*26 mars 1962, sur ordre de De Gaulle, confirmé par Christian Fouchet, Haut-commissaire en Algérie, l’armée française tire sur une population désarmée qui manifestait devant la Grande Poste de la rue d’Isly, à Alger : «officiellement» 46 morts et 200 blessés (officieusement ?).
Ce rappel, Georges-Marc Benamou, dans le cas ou Stora aurait oublié de vous en faire part ! Comme il a oublié Melouza et El Halia !
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Manuel Gomez pour Dreuz.info.
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Le document de la 5 de la semaine passée et le document de la 2 de cette semaine ne font pas mention de ces massacres. Dans les 2 documents, les Français sont les méchants et les Algériens des pauvres victimes! pauvre de nous!
Bonjour M. Gomez,
Pourriez vous rappeler le pedigree de Mohammedi Saïd, à l’époque de Melouza, commandant de la Willaya 3. Ex Waffen SS, condamné en 1945 puis amnistié. Il était connu par les maquisards pour sa “bondieuserie”, si tu faisais bien tes prières et respectais bien la religion, tu avais droit à des jours de permission. Surnommé le “Gros”, il n’était pas apprécié de ses congénères.
Un tract rédigé par le commissaire politique ALN/FLN de l’époque donnait le point de vue de l’organisation et “justifiait” le massacre pendant qu’à Paris le Monde, l’Humanité et d’autres feuilles le faisaient passer pour un crime commis par l’Armée.
Merci pour vos infos qui remettent les pendules à l’heure.
Le plus triste, c’est qu’une majorité de jeunes Français biberonnés au Vivre-ensemble semble ignorer les ignominies qui furent commises par le FLN en Algérie.
Le plus scandaleux, c’est le désintérêt manifeste de très nombreux Français, plus âgés, qui feignent d’ignorer les horreurs perpétrées contre les Pieds-Noirs, les militaires et les Harkis durant tout ce conflit, y compris après l’Indépendance.
C’est à croire que l’assassinat, les enlèvements, les supplices infligés à des dizaines de milliers d’innocents laissent les gens indifférents, dès lors qu’ils ne sont pas directement concernés ils ne veulent rien savoir.
vae victis (malheur aux vaincus)
il a fallu quelques siècles pour que le génocide vendéen soit reconnu
les jeunes turcs ignorent encore celui de 1915
mais l’autoflagellation des français reste surprenante
“Pourquoi avez-vous oublié «ces détails» de la guerre d’Algérie ?”
justement parce que ce ne sont que des détails, comme ceux dont tu nous rappelle l’horreur ensuite