Publié par Gilles William Goldnadel le 20 avril 2022

Le leader de La France insoumise a pu faire campagne sans avoir à affronter la moindre critique des commentateurs ni la plus modeste attaque de ses adversaires politiques, estime l’avocat et essayiste. Aucun candidat n’a joui d’une telle indulgence qui a confiné à l’immunité, argumente-t-il.

Comment expliquer le succès (relatif) obtenu par Jean-Luc Mélenchon au premier tour ? Sans doute par les piètres résultats réalisés par ses concurrents de gauche.

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Qu’Anne Hidalgo n’ait pas compris qu’il y avait une occasion unique d’imiter les social- démocraties nordiques en progression, proches des préoccupations populaires, notamment en matière d’immigration et de sécurité économique et physique. Que Yannick Jadot, initialement écologiste modéré, ait été contaminé par les étranges idées woke de Sandrine Rousseau relève d’un mystère insondable qui aura été sondé concrètement et sanctionné cruellement dans les urnes.

Mais il est une autre explication plus fondamentale, savamment cachée, qui s’impose pour peu qu’on veuille la rechercher : une indulgence extrême des milieux médiatiques et politiques. Cette indulgence recoupe évidemment celle dont l’extrême gauche jouit médiatiquement depuis toujours.

Celle d’abord et avant tout de ne pas être nommée. Alors que la plupart des médias ont conféré sans barguigner, ni sans se donner l’élémentaire peine d’en donner la définition, l’étiquette d’extrême droite à certains candidats, ces médias se sont abstenus d’étiqueter symétriquement le représentant du Parti communiste ou l’Insoumis ayant célébré avec lyrisme Castro, Chavez et Maduro. Celui-ci aura été rangé plus délicatement « à la gauche de la gauche » ou un peu plus hardiment au sein de la «gauche radicale ». Cet esprit d’asymétrie systémique aura eu pour résultat mécanique de n’extrémiser politiquement et moralement que la droite.

Autre exemple emblématique: le samedi, veille du premier tour du scrutin, un éditorial du Monde, «au nom des valeurs républicaines et de l’inféra national» recommandait de ne voter ni Le Pen ni Zemmour. On notera donc que le même journal se garda bien, au nom des mêmes valeurs, de mettre symétriquement en garde contre un éventuel extrémisme du chef des Insoumis, prompt, par exemple, à faire systématiquement k procès systémique de toute la police à la manière des Traoré. Déjà, avec la même cohérence idéologique, ce quotidien avait publié un éditorial soutenant Jeremy Corbyn contre un Boris Johnson taxé de populiste. Le favori du Monde fut sèchement battu. M. Mélenchon, avec son esprit de modération coutumier, mit cette défaite sur le large dos du grand rabbin d’Angleterre. Quelques semaines plus tard, le poulain anglais du même quotidien et de M. Mélenchon réunis fut mis au ban de son Parti travailliste pour cause d’antisémitisme virulent…

Même le procès de l’islamo- gauchisme de Mélenchon, complaisant envers l’islamisme le plus radical, qui fit défiler son parti dans une sinistre manifestation «contre l’islamophobie» constellée d’étoiles jaunes obscènes, n’a pas eu lieu

Mais qu’une bonne partie de la presse ménage l’extrême gauche par un tropisme idéologique au moins inconscient est chose aussi habituelle que prévisible.
Ce qui l’est moins et relève de l’énigme réside dans le fait que même la droite la plus ferme l’ait ménagée aussi par une sorte d’étrange paresse intellectuelle.
Celle-ci a accepté sans trop maugréer d’être médiatiquement maltraitée par la manipulation sémantique plus haut décrite, avec une manière de résignation proche de la capitulation. Cette manipulation insidieuse des mots ne se limite pas à la géolocalisation politique asymétrique. Ainsi, s’il existe une « fachosphère ». Il n’existe pas de « bolchosphère » dans le champ lexical médiatique. On peut être qualifié de « droitier » mais on n’a jamais rencontré le moindre «gaucher» en politique. La signification en creux de l’absence d’usage de ce vocable est éclairante : si étre très à droite est péjoratif, être très à gauche ne l’est pas.

Aucune bataille culturelle d’envergure n’a été menée contre ce que j’ai nommé dans mon dernier opus « le fascisme d’extrême gauche », pour lui rendre la monnaie de sa phraséologie excessive si payante.

S’agissant plus précisément de Jean-Luc Mélenchon, même le procès de son islamo-gauchisme, complaisant envers l’islamisme le plus radical, qui fit défiler son parti en masse dans une sinistre manifestation « contre l’islamophobie » constellée d’étoiles jaunes obscènes, n’a pas eu lieu.

Seules l’intolérance et la violence physique de nervis désignés sans rire dans la presse comme «antifascistes» auront été déplorées sur le terrain par un Eric Zemmour qui en fut la victime sans assistance démocratique.

Ce combat culturel délaissé relève de l’impensé. On a fait le procès de Hitler et du nazisme, pas celui de Staline et du communisme. Comme s’il ne pouvait y avoir qu’un seul diable dans l’enfer politique mono-satanique. Que la presse de gauche encore en majesté ait religieusement accepté cette démonologie expiatoire à sens unique est depuis trop longtemps consigné. Mais que la droite la moins conformiste et la plus décomplexée continue de s’y conformer avec docilité relève de l’insensé.

Résultat immédiat : elle seule aura été diabolisée.

M. Mélenchon, qui ne l’a donc pas été, pourrait l’en remercier.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel pour Dreuz.info

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