Publié par Jean-Patrick Grumberg le 26 mai 2022

Selon un rapport des services secrets allemands que le Spiegel a pu consulter (1), de nombreux néonazis combattent pour la Russie en Ukraine.

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Suis-je surpris de cette nouvelle ? Pas du tout. J’ai enquêté sur le nazisme en Russie (2) et en Ukraine (3), et j’ai établi que la Russie possède plus de néo-nazis que le monde entier réuni. C’est également en Russie, près de Saint Petersburg, que les néo-nazis Allemands partent suivre des stages dans des camps d’entraînement nazis (4), qui existent en toute légalité.

Vladimir Poutine a justifié sa guerre d’agression par la “dénazification” de l’Ukraine, et j’ai indiqué qu’il ferait mieux de balayer devant sa porte : des nazis, il y en a dans tous les pays, mais il n’y en a nulle par au monde autant qu’en Russie.

Un document interne du BND montre désormais que ce sont justement les troupes de Moscou qui intègrent ces groupes nazis qui se sont apparemment joints à l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. C’est ce qui ressort d’un rapport confidentiel des services de renseignement allemands (BND), que le SPIEGEL a pu consulter. Le document de sept pages a été envoyé la semaine dernière à plusieurs ministères fédéraux.

Selon le BND,

  • la “Russian Imperial League” (dont l’auteur de ces lignes a parlé en mars dernier) et le groupe “Rusich”, “au moins deux groupes d’extrême droite” combattent l’armée ukrainienne aux côtés de l’armée russe.
  • Moscou, selon le rapport utilise au moins un “cadre néo-nazi à ses fins”, peut-on lire dans le document.
  • La collaboration avec ces groupes rend “absurde le prétendu motif de guerre de la soi-disant ‘dénazification’ de l’Ukraine”, écrivent les analystes du service de renseignement extérieur allemand.

Le document ne donne aucune indication sur le nombre de combattants néo-nazis. Ces informations, maintenant que celle-ci a été rendue publique, suivront. Toutefois, des groupes et des unités sont nommés.

  • Selon ce document, la “Russian Imperial Legion” (RIL), la branche paramilitaire de l’association nazie “Russian Imperial Movements”, est intervenue dans les combats.

    Après que le groupe ait déjà combattu du côté russe dans le Donbass ukrainien en 2014 et 2015, le chef de la RIL, Denis Gariejew, a écrit sur Telegram, le lendemain du début de l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022 : “Sans aucun doute, nous nous prononçons pour la liquidation de l’entité séparatiste ukrainienne”.

Des néo-nazis avec une expérience militaire

Fondateurs de Rusich Alexej M. et Jan P.

Il n’est pas clair “si l’intégration de néo-nazis a été faite sur demande expresse ou seulement avec l’accord de la direction russe”

Selon le document du BND, les combattants recrutés par Garijew étaient “principalement des personnes ayant une expérience militaire” et des diplômés du centre de formation de l’organisation “Partizan” à Saint-Pétersbourg (dont j’ai également parlé). Il n’est pas clair “si cette décision a été prise sur demande expresse ou seulement avec l’accord de la direction russe”, écrivent encore les analystes du BND.

Selon le BND, l’adjoint de Garijew a été tué lors de combats en Ukraine. Garijew lui-même aurait été blessé et évacué par avion, au moins deux autres membres auraient été grièvement blessés.

Contacts possibles avec le groupe Wagner

Réunion néo-nazie à St. Petersbourg
https://24tv.ua/ru/

Le groupe “Rusich” est également impliqué dans les combats. Il est intégré en de nombreux endroits à la fameuse troupe de mercenaires russes “Wagner”. Il était déjà intervenu dans le Donbass en 2014 et 2015.

Selon le rapport du BND, Rusich était “connue pour sa brutalité particulière” depuis cette époque. Le groupe avait la réputation de “ne jamais faire de prisonniers”. Des parties de l’unité ont probablement aussi combattu en Syrie.

Rusich a fait partie des combats russes sur le territoire ukrainien au plus tard début avril, écrivent les services secrets allemands.

Cruauté avec des chiots

L’un des deux fondateurs de Rusich est considéré comme un sadique “depuis qu’il a tué un chiot lors d’une apparition dans les médias sociaux”, peut-on lire dans le document.

Pour prouver l’arrière-plan nazi de l’organisation, les analystes du BND ont joint à leur rapport des photos des fondateurs de Rusich Alexej M. et Jan P. : une photo montre les montre avec un drapeau à croix gammée, une autre faisant le salut hitlérien devant un feu de camp.

En outre, le néo-nazi Alexander M., originaire de Donetsk, aurait tenté en avril de recruter des volontaires pour la guerre. Il a publié sur Telegram : “Il a été décidé de créer un bataillon pour soutenir les forces prorusses et russes”. M. lui-même avait déjà combattu par le passé dans le Donbass du côté russe. Il est connu du grand public en Russie en tant que correspondant militaire de la chaîne de télévision publique russe “Pervyy Kanal”.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

  1. https://www.spiegel.de/politik/deutschland/ukraine-krieg-organisierte-neonazi-gruppen-kaempfen-fuer-russland-geheimdienstbericht-a-f1632333-6801-47b3-99b9-650d85a51a52
  2. Poutine ferait bien de s’occuper de l’énorme problème des néo-nazis russes
  3. Les néo-nazis d’Ukraine
  4. « Reich sans frontière » : pourquoi les néo-nazis ont les yeux vissés sur la Russie

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