Publié par Mauricette le 30 juin 2022

Source : 20minutes

Pour la première fois, le RN aura des vice-présidences à l’Assemblée nationale, un niveau de respectabilité inédit pour le parti d’extrême droite.

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C’était une journée pour les geeks de politique​, ce mardi, à l’Assemblée nationale. Après l’élection, pour la première fois, d’une femme – Yael Braun Pivet – à la tête de l’institution, mardi, l’heure était à l’élection du bureau de l’Assemblée (vice-présidences et secrétariat) et de la questure (qui gère l’intendance de la chambre basse). Après une journée de rumeurs, les résultats ont finalement mis moins de temps que prévu à tomber, offrant une victoire historique et pas que symbolique au RN.

Les vainqueurs du jour

Les députés et députées RN ont bien fait de se lever, ce matin. En remportant deux postes de vice-présidents, le parti est le grand vainqueur de la journée. C’est même une victoire historique : en 1986 le FN n’y avait pas eu droit. En salle des Quatre Colonnes, devant les journalistes, Sébastien Chenu, l’un des nouveaux vice-présidents, l’a joué modeste, mais le symbole est là : « Désormais le bureau reflète ce qu’est l’Assemblée nationale. Nous avons mis fin aux caricatures, nous ne sommes pas là pour déconstruire, nous sommes là pour travailler. Nous présiderons avec impartialité. » Hélène Laporte, l’autre lauréate d’extrême droite, parle même de « grand moment pour la démocratie ». Si Marine Le Pen cherchait de la respectabilité, elle en a trouvé un joli paquet ce mercredi au palais Bourdon.

Le vrai-faux deal du jour

La Nupes – et surtout la France insoumise – accuse depuis la fin de matinée à toute force les macronistes, LR et le RN de s’être entendus pour : conserver une questure (qui gère l’intendance de l’Assemblée nationale) à LR, donner deux vice-présidences au RN. Dans les faits, c’est bien ce qui s’est passé. Et en obtenant 290 et 284 voix, les deux candidats du RN ont dont obtenu près de 200 voix qui ne viennent pas de l’extrême droite. Il y a donc là-dedans des voix macronistes. La majorité a-t-elle fait voter RN ? Là, c’est très très confus : certains affirment que, chez Renaissance, consigne a été donnée de ne voter que pour les candidates de la majorité, d’autres que « c’est plus compliqué ». A gauche, bien sûr, on ne décolère pas : « Les masques tombent (…) Sur les bulletins de votes, nous avons la démonstration que LREM a appelé à voter Front national (sic) », annonce l’écologiste Julien Bayou juste après la proclamation des résultats. « En deux mois on est passés du “barrage au RN” à “faire élire deux vice-présidents de l’Assemblée nationale du RN”, c’est un virage rapide », s’étouffe l’Insoumis Bastien Lachaud.

La bonne excuse du jour

Ah ça, on en a entendu parler des points et du règlement. C’est clairement derrière quoi se réfugie la majorité pour justifier l’élection de deux vice-présidents du RN. « C’est pas un accord, c’est des points ! », clamait le député MoDem Erwan Balanant. Quoi ? En théorie, pour respecter une proportionnalité dans l’attribution des postes, chaque groupe a un nombre de points à dépenser en postes plus ou moins coûteux. Sauf que ce n’est pas contraignant : sans accord global de tous les groupes, les points ne comptent plus vraiment.

Ne pas donner de postes au RN aurait été « fausser et truquer les institutions républicaines », se défend Aurore Bergé, la cheffe du groupe Renaissance (ex-LREM). En vérité, le règlement n’impose aucun choix : s’il y avait une volonté politique d’écarter le RN, de mettre en place un « cordon sanitaire » autour de lui, c’était possible. C’était le cas en 1986. C’est le cas aussi en Allemagne ou au Parlement européen, malgré des dizaines et des dizaines d’élus d’extrême droite dans ces chambres. Répartir les postes entre toutes les forces, y compris l’extrême droite, est un autre choix, pas moins politique.

La petite tension du jour

Les écolos, en présentant deux candidats pour forcer un vote, ont tenté, un peu en désespoir de cause, de faire barrage à l’élection de deux-vice-présidents du RN. En sortant du bois au dernier moment et a priori sans consulter les partenaires de la Nupes, ils ont quand même mis un petit malaise à gauche. « Ils n’ont pas tout à fait joué le jeu du collectif jusqu’au bout », disait pudiquement un député socialiste pendant le vote. Pour les écolos, aucun problème que le reste de la Nupes n’ait pas suivi : « C’est un moment de vérité pour la majorité présidentielle, pas une défiance à nos partenaires », affirmait pendant le vote Benjamin Lucas, un des candidats écolos. Mais, en ne recueillant qu’une trentaine de votes, l’initiative écolo a aussi révélé que, même s’ils n’ont sans doute pas voté RN, le reste de la Nupes n’a pas fait totalement barrage.

Le bilan en vidéo

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